Le léopard indien est l'un des cinq grands félins que l'on trouve en Inde. Un mâle adulte mesure entre 1,20 et 1,40 m de long pour un poids allant de 50 à 77 kg. La femelle est plus petite, mesurant de 1,04 à 1,17 m de long pour un poids de 29 à 34 kg. Balaji, un léopard captif au Sri Venkateswara Zoological Park en Inde, pesait 108 kg lors de sa capture en 1998, et souffrait d'obésité morbide. Âgé de 10 à 12 ans lors de sa capture, il est mort 15 ans après, atteignant un âge avancé pour un léopard. L'animal errait clandestinement près du parc, attiré par les proies faciles que constituent les herbivores du zoo.
Le léopard indien est doté d'un pelage plus foncé que celui de la léopard d'Afrique avec des taches circulaires sombres légèrement teintées de rouge pâle. Il existe également des léopards noirs (plus nombreux par rapport aux autres sous-espèces) qui semblent être presque noir solide, mais en réalité leurs taches sont visibles en plein soleil. Ils appartiennent bien à la même sous-espèce mais ont juste une coloration différente.
HABITAT
Le léopard indien vit sur le sous-continent indien de l'Ouest de l'Indus jusqu'au Nord de l'Himalaya. Dans l'Est, le cours inférieur du Brahmapoutre et le delta du Gange forment des barrières naturelles entre son aire de répartition et celle du léopard d'Indochine. Ce léopard est distribué partout en Inde, au Népal, Bhoutan, Bangladesh et certaines parties du Pakistan. Dans l'Himalaya, il est sympatrique avec la panthère des neiges jusqu'à 5 200 m d'altitude.
Son habitat se situe dans les forêts tropicales, les forêts sèches de feuillus, les forêts tempérées ainsi que dans les forêts de conifères. Il est, par contre, absent des mangroves des Sundarbans.
Contrairement au léopard d'Afrique, le léopard indien ne monte pas sa proie dans les arbres pour la manger, le couvert forestier de son habitat offrant peut-être une meilleure protection contre les regards avides comme cela peut être le cas en Afrique. Par ailleurs, si la diversité des prédateurs concurrents est similaire à celle que l'on trouve en Afrique, les concentrations sont moins importantes dans la mesure où les principaux prédateurs de l'Inde à l'exception des dholes sont solitaires.
Les moeurs du léopard indien sont similaires à celles du léopard d'Afrique. C'est un animal solitaire et les adultes ne se rencontrent que pour s'accoupler. Le territoire des mâles chevauche celui de plusieurs femelles. C'est un animal très adaptable qu'on retrouve dans tous les écosystèmes de l'Inde des milieux arides à la forêt dense en passant par la montagne, ce qui en fait le fauve le plus répandu. Son espérance de vie est de 12 à 17 ans.
Le léopard indien cohabite avec le tigre du Bengale. On observe néanmoins que, lorsque le tigre est présent, les léopards sont moins nombreux et de plus petite taille. En effet, dans ce cas-là, le léopard se rabat alors sur de plus petits gibiers pour ne pas être en compétition avec ce gros félin.
PRÉDATEURS
Le principal ennemi naturel du léopard indien est le tigre. Lorsqu'il est confronté a un tigre, le léopard n'a pas d'autre choix que de s'échapper en grimpant à un arbre. Les dholes peuvent également être dangereux surtout lorsqu'ils sont en meute. Lorsque le dhole est seul, le léopard n'hésite pas à l'attaquer et à le dévorer.
Les interactions entre le léopard indien et l'ours lippu sont rares, car ils préfèrent s'éviter. De force égale, l'issue d'une confrontation entre les deux espèces reste incertaine. L'ours lippu peut dérober la proie d'un léopard qui, lui, dévore parfois ses petits. Un léopard du Sri Lanka femelle a été filmé entrain de repousser un ours adulte qui voulait lui voler sa proie.
Malgré ses puissantes mâchoires, la hyène rayée ne constitue pas réellement une menace contre un léopard adulte. En revanche, une hyène rayée repoussera souvent un léopard pourtant plus gros d'une carcasse.
La chasse aux léopards indiens pour le commerce illégal d’espèces sauvages constitue la plus grande menace à leur survie. Ils sont également menacés par la perte d’habitat et la fragmentation de populations autrefois connectées, ainsi que par divers niveaux de conflits homme-léopard dans des paysages dominés par l’homme.
Une menace immédiate importante pour les populations de léopard sauvages est le commerce illégal de peaux et de parties de corps braconnées entre l'Inde, le Népal et la Chine. Les gouvernements de ces pays n’ont pas réussi à mettre en oeuvre des mesures de répression adéquates, et la criminalité liée aux espèces sauvages est restée pendant des années une faible priorité en termes d’engagement politique et d’investissement. Il existe des bandes bien organisées de braconniers professionnels, qui se déplacent d'un endroit à l'autre et installent leur campement dans les zones vulnérables. Les peaux sont grossièrement séchées sur le terrain et remises aux revendeurs, qui les envoient pour traitement ultérieur dans des centres de séchages indiens. Les acheteurs choisissent les peaux auprès de revendeurs ou de tanneries et les acheminent clandestinement via un réseau complexe d'interconnexions vers des marchés extérieurs à l'Inde, principalement en Chine. Les peaux saisies à Katmandou confirment le rôle de la ville en tant que point d'étape clé pour les peaux illégales introduites clandestinement depuis l'Inde à destination du Tibet et de la Chine. Il est probable que les saisies ne représentent qu’une infime fraction du commerce illégal total, la majorité des peaux de contrebande atteignant leur marché final prévu.
L'expansion des terres agricoles, l'empiétement des humains et de leur bétail dans les zones protégées sont les principaux facteurs contribuant à la perte d'habitat et à la diminution des proies sauvages. En conséquence, les léopards s’approchent des établissements humains, où ils sont tentés de s’attaquer aux chiens, aux porcs et aux chèvres et le bétail domestique, qui constitue une partie importante de leur alimentation, s’ils vivent à la périphérie des habitations humaines. Des situations de conflits homme-léopard s’ensuivent et se sont multipliées ces dernières années. En représailles aux attaques contre le bétail, les léopards sont abattus, empoisonnés et piégés dans des collets. Ils sont considérés comme des intrus indésirables par les villageois. Les défenseurs de l'environnement critiquent ces actions, affirmant que les humains empiètent sur l'habitat naturel de l'animal. À mesure que les zones urbaines se sont développées, les habitats naturels des léopards ont diminué, ce qui les a poussé à s'aventurer dans les zones urbanisées en raison de l'accès facile aux sources de nourriture domestiques. Le Karnataka connaît un nombre élevé de conflits de ce type. Ces dernières années, des léopards ont été aperçus à Bangalore et le département des forêts a capturé six individus dans la périphérie de la ville et en a transféré quatre vers divers autres endroits.
La fréquence des attaques de léopards contre les humains varie selon la région géographique et la période historique. Étant donné que l'Inde et le Népal abritent la majorité de la population de léopards indiens, les attaques ne sont régulièrement signalées qu'en Inde et au Népal. Parmi les cinq grands félins, les léopards sont moins susceptibles de devenir des mangeurs d'hommes (seuls les jaguars et les panthères des neiges ont une réputation moins redoutable). Alors que les léopards évitent généralement les humains, ils tolèrent mieux la proximité des humains que les lions et les tigres et entrent souvent en conflit avec les humains lorsqu'ils attaquent le bétail.
Des attaques en Inde sont encore signalées, car la population de léopards en Inde est plus nombreuse que celle de tous les autres grands carnivores réunis, par conséquent le nombre d'humains tués par les léopards est également supérieur à celui tué par tous les autres grands carnivores réunis. Au Népal, où la plupart des attaques ont lieu dans les régions du centre du pays, c'est-à-dire dans le Terai, les collines moyennes et le petit Himalaya, le taux de prédation des léopards sur les humains se traduit par environ 1,9 décès humains par an par million d'habitants.
CONSERVATION
Le léopard indien est considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit en Annexe I de la CITES interdisant tout commerce de l'espèce. La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie ce félin dans la catégorie Vulnérable (VU).
Bien que l'Inde et le Népal soient parties contractantes à la CITES, la législation nationale des deux pays n'intègre ni ne répond à l'esprit et aux préoccupations de la CITES. Il manque des ressources humaines qualifiées, des installations de base et des réseaux efficaces pour contrôler le braconnage et le commerce des espèces sauvages. Le léopard indien est considéré comme vulnérable en Inde, au Bhoutan, et au Népal mais en danger critique d'extinction (CR) au Pakistan.
Frederick Walter Champion fut l'un des premiers en Inde à plaider, après la Première Guerre mondiale, pour la conservation des léopards, à condamner la chasse sportive et à reconnaître leur rôle clé dans l'écosystème. Billy Arjan Singh a défendu leur cause au début des années 1970.
Des endroits comme le parc national de Kaziranga servent de refuges importants pour ces félins et sont protégés par des hommes armés qui suivent des règles strictes anti-braconnage et protègent les ressources vitales pour le léopard et toutes les autres espèces indiennes qui y vivent. Des efforts ont été déployés par le Département des forêts de l'Inde afin de déménager les léopards qui s'aventurent trop près des villages. Plus de terres doivent être mises à disposition du léopard indien et quand ils errent dans les villes, les gens devraient les remettre dans la forêt, pas les tuer ou les mettre dans une cage.
Il existe quelques centres de sauvetage des léopards en Inde, comme le centre de sauvetage de Manikdoh à Junnar, mais d'autres centres de sauvetage et de réadaptation sont en cours de planification. Certains experts de la faune sauvage pensent que de tels centres ne constituent pas une solution idéale, mais que la résolution des conflits en modifiant le comportement humain, l'utilisation des terres ou les modes de pâturage et en mettant en oeuvre une gestion forestière responsable pour réduire les conflits entre hommes et animaux serait bien plus efficace pour conserver les forêts et les léopards.