Gazelle indienne (Gazella bennettii)
La gazelle indienne (Gazella bennettii) est une antilope élancée et gracieuse appartenant à la famille des bovidés. Espèce emblématique des paysages secs et sablonneux de l’Inde et du Pakistan, elle fait preuve d’une remarquable adaptation aux conditions difficiles de son habitat. Son nom scientifique rend hommage à Edward Turner Bennett, un médecin et zoologiste britannique. La gazelle indienne est également connue sous le nom de Chinkara.

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La gazelle indienne possède un corps fin et élancé, lui conférant une grande agilité dans son milieu naturel. Elle mesure environ 65 à 75 cm au garrot et atteint une longueur corporelle totale de 95 à 115 cm, sans compter la queue, qui mesure entre 15 et 20 cm. Son poids varie généralement entre 20 et 25 kg, les mâles étant légèrement plus grands et plus lourds que les femelles.
Le pelage de la gazelle indienne est court et dense, avec une teinte principale variant du sable clair au brun roux, ce qui lui permet de se camoufler efficacement dans les environnements désertiques. Le dessous du corps est plus clair, souvent blanc crème, tandis que la face arbore une coloration plus contrastée avec des bandes blanches autour des yeux et une ligne noire reliant le museau aux oreilles.
L’un des traits distinctifs de ce bovidé est la présence de cornes annelées, qui peuvent atteindre 25 à 39 cm chez les mâles et sont généralement plus courtes et plus fines chez les femelles. Contrairement à d’autres antilopes, les deux sexes peuvent posséder des cornes, bien que celles des femelles soient moins développées.
Étant une habitante des déserts et des steppes arides, la gazelle indienne présente des adaptations notables lui permettant de survivre dans des conditions extrêmes. Elle possède une capacité de thermorégulation efficace, limitant la perte d’eau en réduisant sa transpiration et en concentrant son urine. Ses longues pattes fines lui permettent de se déplacer rapidement et de fuir les prédateurs avec une grande agilité, atteignant des vitesses supérieures à 60 km/h sur de courtes distances.

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L'aire de répartition de la gazelle indienne couvre une grande partie de l'ouest et du centre de l'Inde, s'étendant à travers le Pakistan, le sud-ouest de l'Afghanistan et jusqu'au centre-nord de l'Iran. Le désert du Thar, dans l'ouest de l'Inde, reste un bastion. La répartition au Pakistan a été considérablement réduite par la chasse excessive et, bien que toujours répandue, les populations sont dispersées. En Iran, la répartition est également dispersée et s'étend jusqu'au parc national de Kavir dans la province de Téhéran.
La gazelle indienne occupe les zones arides telles que les déserts de sable, les plaines et collines et les forêts de broussailles sèches. Elle partage son habitat avec plusieurs autres herbivores, tels que l'antilope nilgaut, l'antilope cervicapre, l'antilope tétracère, les chèvres sauvages, et le sanglier.

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La gazelle indienne est un herbivore opportuniste, capable de se nourrir d’une grande variété de végétaux en fonction de la disponibilité des ressources. Son régime alimentaire se compose principalement de graminées, de feuilles, de bourgeons, de fruits et de jeunes pousses d’arbustes. Son régime varie en fonction des saisons. Pendant la mousson, elle se nourrit principalement d’herbes tendres et de jeunes pousses, qui sont abondantes et riches en nutriments. En saison sèche, elle adapte son alimentation en consommant plus d’écorces, de graines et de feuilles résistantes à la sécheresse.
Une des particularités de la gazelle indienne est sa capacité à survivre sans boire d’eau pendant de longues périodes. Elle compense ce manque en puisant l’humidité nécessaire dans les plantes qu’elle consomme, notamment les succulentes et certaines herbes riches en eau. En période de sécheresse, elle privilégie les végétaux contenant une forte teneur en eau, tels que les feuilles de l’acacia et du prosopis.

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La gazelle indienne est polygame, et les mâles dominants établissent des territoires au sein desquels ils tentent de s’accoupler avec plusieurs femelles. La période de reproduction varie selon les régions, mais elle se produit généralement de septembre à novembre, bien que certaines populations puissent se reproduire toute l’année si les conditions sont favorables. Lors de la saison des amours, les mâles deviennent plus agressifs et territoriaux, utilisant leurs cornes pour combattre leurs rivaux. Ces combats consistent en des charges répétées et des affrontements où chaque mâle tente de déséquilibrer son adversaire.
Après l’accouplement, la femelle entre en gestation pour une durée d’environ 5 à 6 mois (150 à 170 jours). Elle met généralement bas un seul petit, bien que des naissances de jumeaux aient été observées. La mise bas a souvent lieu dans des zones isolées et couvertes, où la femelle reste discrète afin de protéger son nouveau-né des prédateurs.
Le faon, pesant environ 1,5 à 2 kg à la naissance, est capable de se lever et de marcher quelques heures après la mise bas. Durant les premières semaines, il reste caché dans la végétation tandis que sa mère vient l’allaiter à intervalles réguliers. Il commence à consommer des végétaux dès l’âge de 2 à 3 semaines, bien que l’allaitement puisse se poursuivre jusqu’à 3 mois. La maturité sexuelle est atteinte vers 12 à 18 mois, bien que les mâles jeunes doivent souvent attendre plusieurs années avant d’accéder à un territoire reproductif, dominé par les mâles plus âgés.
La longévité de la gazelle indienne varie en fonction de son environnement et des menaces qu’elle rencontre. En milieu naturel, elle peut vivre de 10 à 12 ans, bien que de nombreux individus succombent plus tôt à cause de la prédation, des maladies ou des activités humaines. En captivité, où elle bénéficie de soins vétérinaires et d’une alimentation régulière, sa durée de vie peut atteindre 15 ans.

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Contrairement à d’autres gazelles, la gazelle indienne est essentiellement solitaire, bien que des groupes familiaux de 2 à 4 individus puissent se former occasionnellement, notamment entre une mère et son petit. Elle est principalement crépusculaire et nocturne, évitant les heures les plus chaudes de la journée. Elle passe la majeure partie de son temps à brouter et à surveiller son environnement, étant constamment en alerte face aux prédateurs.

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Dans son habitat aride et semi-aride du sous-continent indien, la gazelle indienne est confrontée à plusieurs prédateurs naturels. Ces derniers varient selon les régions et l’état des populations de carnivores dans son aire de répartition. Ses principaux ennemis incluent les grands félins, les canidés sauvages et certains rapaces.
* Léopard indien : Le léopard indien (Panthera pardus fusca) est l’un des principaux prédateurs de ce bovidé. Chasseur opportuniste et extrêmement adaptable, il fréquente divers habitats, y compris les zones désertiques et semi-désertiques où évolue la gazelle indienne. Grâce à son agilité et à sa force, le léopard est capable de capturer aussi bien des adultes que des jeunes faons. Il chasse principalement de nuit, profitant de l’obscurité pour surprendre ses proies.
* Guépard asiatique (quasi disparu) : Autrefois, le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) était l’un des prédateurs les plus redoutables de la gazelle indienne. Ce félin, aujourd’hui quasi éteint en Inde, était spécialisé dans la chasse aux antilopes rapides, comme les gazelles. Grâce à sa vitesse exceptionnelle, il pouvait rattraper une chinkara en pleine course. Malheureusement, en raison de la chasse excessive et de la destruction de son habitat, il a disparu du sous-continent indien et ne subsiste plus qu’en très petit nombre en Iran.
* Loup des indes : Le loup des indes (Canis lupus pallipes) est un prédateur important de la gazelle indienne, surtout en Inde et au Pakistan. Il chasse souvent en meute et peut attaquer aussi bien des adultes que des faons. Contrairement aux félins qui privilégient l’embuscade, les loups utilisent la poursuite et l’endurance pour fatiguer leur proie avant de l’attaquer. Les faons sont particulièrement vulnérables, car ils n’ont pas encore la rapidité nécessaire pour fuir sur de longues distances.
* Dhole : Le dhole (Cuon alpinus), ou chien sauvage d’Asie, est un canidé social qui chasse en meute. Bien qu’il soit plus fréquent dans les forêts et les zones boisées, il peut parfois s’aventurer dans des habitats plus ouverts, où il s’attaque aux petits ongulés comme la gazelle indienne. Toutefois, la raréfaction du dhole en Inde réduit aujourd’hui son impact sur les populations de chinkaras.
* Rapaces : L'aigle royal (Cuon alpinus) et l'aigle des steppes (Aquila nipalensis) peuvent parfois s’attaquer aux jeunes faons laissés sans surveillance par leur mère. Grâce à leur puissance et à leur vol silencieux, ces rapaces sont capables d’emporter de petits animaux en utilisant leurs serres acérées.
* Serpents : Dans certaines régions, de grands serpents comme le python molure (Python molurus) peuvent représenter un danger pour les jeunes gazelles. Ces reptiles constricteurs chassent par embuscade et sont capables d’étouffer leur proie avant de l’avaler entière.
La gazelle indienne doit faire face à une variété d'ennemis naturels tout au long de sa vie. Malgré ces dangers, elle parvient à survivre grâce à son agilité, sa vigilance et ses adaptations comportementales. Toutefois, l’extinction locale de certains prédateurs, comme le guépard asiatique, a modifié l’équilibre écologique de son habitat.

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La chasse indiscriminée a eu des conséquences néfastes sur les gazelles en Afghanistan, en Iran et au Pakistan. La perte d'habitat due au surpâturage, à la conversion des zones à l'agriculture et au développement industriel est également un facteur de déclin des populations.
La gazelle indienne n'est actuellement pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
L'espèce se produit dans plus de 80 parcs nationaux et réserves protégées en Inde, cinq au Pakistan et neuf en Iran. Dans certaines parties de l'ouest de l'Inde, la gazelle indienne est protégée par les villageois pour des raisons religieuses. L'espèce est entièrement protégée par la loi en Inde, au Pakistan et en Iran.

Source: Instinct Animal
La gazelle indienne (Gazella bennettii) appartient à la famille des Bovidae, qui regroupe des ongulés tels que les antilopes, les buffles et les chèvres. Elle fait partie du genre Gazella, qui inclut plusieurs espèces de gazelles adaptées aux milieux arides et semi-arides.
L'espèce a été décrite pour la première fois en 1831 par le naturaliste britannique William Henry Sykes. Le nom scientifique bennettii a été attribué en l’honneur de John Whitchurch Bennett, un officier et naturaliste britannique qui a étudié la faune du sous-continent indien au début du XIXe siècle.
La gazelle indienne est divisée en plusieurs sous-espèces, qui se distinguent par des différences morphologiques et des variations génétiques mineures. Ces sous-espèces sont réparties dans différentes régions d’Asie du Sud-Ouest, notamment en Inde, au Pakistan, en Iran et en Afghanistan. Les principales reconnues sont les suivantes :
- Gazella bennettii bennettii : Forme typique décrite par Sykes en 1831, avec un pelage brun clair et des bandes faciales bien marquées. Inde centrale et occidentale.
- Gazella bennettii christii : Pelage plus clair et cornes légèrement plus courtes. Sud du Pakistan et Baloutchistan.
- Gazella bennettii fuscifrons : Plus sombre que la forme nominale, avec un pelage plus contrasté et des motifs faciaux plus distincts. Nord-ouest de l’Inde et Pakistan.
- Gazella bennettii karamii : Sous-espèce la plus orientale, avec des adaptations aux habitats désertiques. Sud de l’Iran.
- Gazella bennettii salinarum : Légèrement plus petite que certaines autres sous-espèces, bien que les données précises varient. Régions du Pendjab au Pakistan et en Inde.
- Gazella bennettii shikarii : Légèrement plus grande et plus robuste que les autres sous-espèces, avec des variations de teinte du pelage. Iran et Afghanistan.
Certaines études suggèrent qu’il pourrait y avoir d’autres variantes régionales, mais leur statut taxonomique exact reste sujet à débat.

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Nom commun | Gazelle indienne |
Autre nom | Chinkara |
English name | Indian gazelle Chinkara |
Español nombre | Gacela de la India Chinkara |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Gazella |
Nom binominal | Gazella bennettii |
Décrit par | William Henry Sykes |
Date | 1831 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
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