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Nyala (Tragelaphus angasii)


Le nyala (Tragelaphus angasii) est une élégante antilope africaine appartenant à la famille des bovidés et au genre Tragelaphus. Elle a été décrite pour la première fois en 1849 par George French Angas et présente le plus grand dimorphisme sexuel parmi les antilope à cornes spiralées. Il ne faut pas la confondre avec le nyala de montagne, une espèce menacée vivant dans la région de Bale en Éthiopie. Le nyala est également appelé Nyala des plaines.


Nyala (Tragelaphus angasii)
Nyala (Tragelaphus angasii)
© Steve Cornish - Flickr
CC-BY (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le nyala est une antilope de taille moyenne, caractérisée par un dimorphisme sexuel très marqué. Les mâles sont plus imposants, atteignant une hauteur au garrot de 110 à 120 cm et un poids oscillant entre 98 et 125 kg, tandis que les femelles sont plus petites, mesurant environ 90 cm au garrot pour un poids de 55 à 68 kg. Cette différence de taille et de masse entre les sexes s’accompagne de distinctions marquées dans la robe et les attributs physiques.

Les mâles arborent un pelage long et sombre, allant du brun chocolat au gris ardoisé, avec une crinière dorsale abondante et des franges ventrales blanches qui accentuent leur silhouette. Ils possèdent également une paire de cornes spiralées pouvant atteindre 80 cm de longueur, qui sont absentes chez les femelles. En revanche, ces dernières présentent une robe plus claire, d’un brun rougeâtre, et sont parsemées de fines rayures blanches verticales qui leur confèrent un camouflage efficace dans leur environnement naturel.

Le nyala arbore plusieurs marques blanches caractéristiques : une bande dorsale qui s’étend du cou à la base de la queue, des taches sur le visage, ainsi que des motifs sur les jambes et autour des yeux. Les membres sont plus sombres vers les extrémités, notamment chez les mâles, et la queue est longue et touffue, avec un dessous blanc bien visible.

Les membres du nyala sont adaptés à son mode de vie discret et agile : ses sabots fins et robustes lui permettent d’évoluer avec aisance dans les zones boisées et les terrains accidentés. Sa morphologie générale, bien que gracile, cache une force musculaire importante, notamment chez les mâles qui doivent affronter leurs rivaux lors des joutes de reproduction.


Tragelaphus angasii
Tragelaphus angasii
© Micha L. Rieser - Wikimedia Commons
CC-BY (Certains droits réservés)

HABITAT

L'aire de répartition naturelle du nyala s'étend du sud-est de l'Afrique, de la basse vallée du Shire au Malawi jusqu'à l'est de l'Afrique du Sud et au Swaziland, en passant par le Mozambique et le Zimbabwe. Il a été introduit en Namibie sur des terres privées dans les districts agricoles commerciaux du nord. De même, il n'est pas présent naturellement au Botswana, mais certaines fermes de Tuli Block, à l'est, ont été colonisées suite à la propagation du nyala à partir de populations introduites dans des fermes de la région adjacente d'Afrique du Sud. Au Swaziland, l'espèce avait disparu dans les années 1950, mais elle a été réintroduite avec succès. Ce bovidé vit dans les fourrés denses et les biotopes forestiers denses et couverts à proximité d'un point d'eau.


Tragelaphus angasii habitat
     Répartition actuelle du nyala
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le nyala est un herbivore opportuniste qui adopte un régime mixte composé de feuilles, de fruits, de jeunes pousses, de fleurs et, à l’occasion, de graminées tendres. Son alimentation est largement influencée par la saisonnalité et la disponibilité des ressources végétales dans son habitat. En période sèche, il se tourne davantage vers les plantes ligneuses et les feuilles riches en nutriments, tandis qu’en saison humide, il profite de l’abondance de verdure et de fruits tombés au sol.

Cet ongulé se nourrit principalement en fin de journée et pendant la nuit, évitant ainsi les heures les plus chaudes. Son régime alimentaire repose sur une grande diversité de plantes, incluant des espèces spécifiques comme les acacias, les figuiers sauvages et divers arbustes. Il utilise fréquemment ses lèvres préhensiles pour arracher les feuilles et peut se dresser sur ses pattes arrière pour atteindre des branches plus élevées.

Grâce à son système digestif complexe de ruminant, le nyala est capable d’exploiter une grande variété de végétaux, y compris des espèces riches en tanins et difficiles à digérer. Sa capacité à s’adapter à la disponibilité des ressources alimentaires lui permet de survivre dans des environnements fluctuants, bien qu’il reste fortement dépendant des points d’eau à proximité de ses zones de pâturage.


Nyala male
Nyala mâle au parc d'iSimangaliso
© Bernard Dupont - Flickr
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

Le cycle reproductif du nyala est influencé par les conditions environnementales, mais il n’est pas strictement saisonnier. Les accouplements peuvent avoir lieu tout au long de l’année, avec cependant des pics de naissances coïncidant avec la saison des pluies, période où les ressources alimentaires sont plus abondantes.

La période de rut est marquée par des interactions sociales complexes entre les mâles, qui rivalisent pour l’accès aux femelles en âge de procréer. Contrairement à d’autres antilopes, les combats physiques sont relativement rares chez le nyala. Les confrontations prennent plutôt la forme de parades d’intimidation, où les mâles adoptent une posture imposante, hérissent leur crinière et exécutent des mouvements lents et exagérés pour impressionner leur rival. Si l’un des compétiteurs ne cède pas, une confrontation physique peut survenir, mais elle est généralement brève.

Après la copulation, la gestation dure environ 7 mois. La femelle s’isole pour mettre bas un unique petit, pesant entre 5 et 7 kg. Dès sa naissance, le nouveau-né est caché dans la végétation dense, où il reste dissimulé pendant plusieurs semaines, n’émergeant qu’à mesure qu’il gagne en force et en autonomie. Ce comportement est essentiel pour sa survie, car les jeunes nyalas sont particulièrement vulnérables aux prédateurs. Le sevrage commence autour de trois à quatre mois, mais le jeune continue à suivre sa mère jusqu’à l’âge d’environ un an. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à l'âge de 11 ou 12 mois et les mâles vers 18 mois, bien que ces derniers ne soient socialement mûrs qu'à partir de 5 ans.

La longévité du nyala varie en fonction de son environnement. À l'état sauvage, il vit généralement entre 10 et 15 ans, bien que certains individus puissent atteindre jusqu'à 16 ans dans des conditions optimales. En captivité, où il est protégé des prédateurs et bénéficie de soins vétérinaires, il peut vivre jusqu'à 20 ans. Sa survie est influencée par la prédation, les maladies et la disponibilité des ressources alimentaires.


Nyala femelle
Nyala femelle au zoo de Schönbrunn en Autriche
© Spacebirdy - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le nyala est une espèce discrète et prudente, vivant en petits groupes familiaux composés de femelles et de leurs petits. Les mâles adultes sont plus solitaires ou forment de petites associations temporaires. La structure sociale est flexible, sans hiérarchie rigide, et les individus communiquent principalement par des signaux visuels et sonores.

En raison de sa nature méfiante, le nyala est rarement observé en pleine lumière. Il préfère évoluer dans les zones ombragées et adopte un mode de vie semi-crépusculaire. Lorsqu’il est menacé, il peut rester immobile pour se fondre dans la végétation ou s’enfuir en effectuant de rapides bonds agiles.

L’utilisation des glandes odorantes situées sur le visage et les pattes joue un rôle essentiel dans la communication territoriale et sociale. Les mâles marquent leur territoire en frottant leurs glandes faciales contre les arbres et en déposant des sécrétions odorantes sur le sol.

Les interactions avec les autres espèces sont limitées, bien que le nyala partage souvent son habitat avec d’autres antilopes comme le grand koudou ou le guib-harnaché.


Nyala femelle et son petit
Nyala femelle et son petit au zoo de Münich, Suisse
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

PRÉDATION

Le nyala est une antilope relativement discrète et bien adaptée à son environnement, mais il reste une proie de choix pour plusieurs prédateurs dans son habitat naturel. Ses principaux ennemis sont les grands carnivores africains, bien que d'autres facteurs, comme la prédation opportuniste et la pression humaine, puissent également menacer sa survie.

* Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est le principal prédateur du nyala. Ce félin furtif et opportuniste est particulièrement bien adapté à la chasse en milieu boisé, qui constitue l’habitat privilégié du nyala. Grâce à sa technique d'embuscade, le léopard peut s’approcher silencieusement de sa proie avant de bondir et de la maîtriser par une morsure au cou. Il cible autant les jeunes que les adultes, bien que les mâles adultes de grande taille puissent parfois lui échapper. Un atout majeur du léopard est sa capacité à hisser ses proies dans les arbres. Ainsi, il peut tuer un nyala et le stocker sur une branche haute, à l'abri des charognards.

* Lion : Le lion (Panthera leo) est également un prédateur du nyala, bien que ce dernier ne constitue pas une proie principale pour lui. En raison de sa taille plus modeste comparée à d'autres ongulés comme les buffles ou les zèbres, le nyala est souvent chassé par des lions lorsqu’il est isolé, en particulier les femelles et les jeunes. Ils chassent généralement en groupe, ce qui leur permet de s’attaquer même aux mâles adultes. Les lions privilégient les zones plus ouvertes, et ils ont moins d’occasions de surprendre les nyalas dans les forêts denses. Cependant, lorsque ces antilopes s’aventurent en périphérie des savanes, elles deviennent plus vulnérables aux attaques des fauves.

* Lycaon : Les lycaons (Lycaon pictus), ou chiens sauvages africains, figurent parmi les prédateurs les plus efficaces du nyala. Chassant en meute, ils excellent dans les courses d’endurance et poursuivent leurs proies jusqu’à l’épuisement. Contrairement aux félins, qui comptent sur la surprise et l’agilité, les lycaons misent sur la coopération et la persévérance pour acculer leur cible. Ces canidés s’attaquent principalement aux jeunes et aux femelles, bien que plusieurs individus puissent collaborer pour abattre un mâle adulte.

* Hyène tachetée : La hyène tachetée (Crocuta crocuta) est à la fois un prédateur et un charognard. Elle chasse parfois activement les nyalas, en particulier les individus faibles, malades ou isolés. Bien qu’elle ne soit pas aussi rapide que les lycaons, elle compense par sa force impressionnante et ses mâchoires puissantes capables de briser les os. Les hyènes pratiquent souvent le vol de proie, s’appropriant des carcasses abandonnées par des léopards ou des lycaons.

* Crocodile du Nil : Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) représente un danger pour les nyalas lorsqu’ils s’approchent des points d’eau pour boire. Caché sous la surface, ce reptile géant peut bondir en un éclair et saisir un nyala par les jambes ou la gorge, l’entraînant ensuite sous l’eau pour le noyer. Les jeunes et les femelles sont les plus vulnérables, bien que même un mâle adulte puisse être capturé par un crocodile de grande taille. Ce type de prédation est relativement rare, mais il constitue une menace constante pour les nyalas vivant près des rivières et des marécages.

* Autres prédateurs pour les jeunes : Les jeunes nyalas sont particulièrement vulnérables aux prédateurs, et plusieurs espèces opportunistes peuvent s’attaquer à eux. On peut citer notamment le python de Seba (Python sebae) ou encore l'aigle couronné (Stephanoaetus coronatus). Ces prédateurs ciblent surtout les nouveau-nés, qui restent cachés dans la végétation pendant les premières semaines de leur vie.

Grâce à son camouflage, son agilité et ses stratégies d’évitement, il parvient néanmoins à échapper à bon nombre de menaces. Cependant, la prédation reste un facteur clé dans la régulation des populations de nyalas, maintenant un équilibre dans l’écosystème où il évolue.


Nyala male au Malawi
Combat de nyalas mâles en rut au Malawi
Crédit photo: Papphase - Wikimedia Commons
CC0 (Domaine public)

MENACES

Le nyala a disparu de plusieurs zones de son ancienne aire de répartition due principalement à la perte de son habitat converti en terres agricoles et en pâturage pour le bétail, ainsi que les effets combinés de la peste bovine et de la chasse. Cependant, il reste relativement répandu à l'intérieur et à l'extérieur de son ancienne aire. Actuellement, il n'y a pas de menaces majeures pour les populations de nyalas, bien que certaines, vivant dans des parcs nationaux ont récemment connu un déclin, notamment au parc national de Lengwe au Malawi.


Nyala portrait
Gros plan d'un nyala
© Joachim S. Müller - Flickr
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

CONSERVATION

Le nyala n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN et n'a aucun statut spécifique aux annexes de la CITES.

Plus de 80 % de la population totale estimée de nyalas se produit dans des parcs nationaux. Les principales populations survivent dans les zones protégées d'Afrique du Sud dans les réserves du KwaZulu-Natal, dans la réserve d'Hluhluwe-Umfolozi et au parc national Kruger. Cette antilope se produit également en grand nombre sur des terres privées (10-15 %) en Afrique du Sud. Les nyalas réagissent bien à la protection, à tel point que la surpopulation peut devenir un problème de gestion. Les efforts de réhabilitation de la faune du Mozambique offrent la perspective que les nyalas puissent retrouver leur abondance d'antan dans des zones telles que les parcs nationaux de Gorongosa et de Banhine.


Nyala KwaZulu-Natal
Nyalas photographiés au KwaZulu-Natal en Afrique du Sud
© Bastiaan Notebaert - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

Le nyala appartient à la famille des Bovidae, un groupe de mammifères ruminants qui comprend des antilopes, des buffles, des chèvres et des moutons. Il est classé dans le genre Tragelaphus, qui regroupe les antilopes à cornes spiralées comme le bongo ou le sitatunga. Le nyala a été décrit pour la première fois en 1849 par George French Angas, un naturaliste britannique, qui lui a donné le nom spécifique Tragelaphus angasii en son propre honneur.

Son affiliation taxonomique a été révisée à plusieurs reprises, notamment en raison de sa proximité morphologique et comportementale avec d’autres espèces du même genre. Certains spécialistes ont suggéré des relations évolutives étroites avec le guib harnaché (Tragelaphus scriptus), bien que des études génétiques aient confirmé son statut d’espèce distincte.

Le nyala est une espèce monotypique, ce qui signifie qu'aucune sous-espèce officiellement reconnue n'a été décrite à ce jour. Toutefois, certaines variations phénotypiques ont été observées selon les régions, notamment en ce qui concerne la taille, la coloration du pelage et la densité des rayures blanches. Ces différences sont principalement attribuées à des facteurs environnementaux et à l’isolement de certaines populations, mais elles ne justifient pas la reconnaissance formelle de sous-espèces distinctes.

En revanche, il existe une espèce étroitement apparentée : le nyala de montagne (Tragelaphus buxtoni), parfois appelé nyala géant, qui est endémique aux hauts plateaux d'Éthiopie. Ce dernier est cependant bien distinct du nyala des plaines (Tragelaphus angasii) sur le plan morphologique et écologique, bien qu’il partage un ancêtre commun.


Nyala des plaines
Le nyala est également appelé Nyala des plaines
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communNyala
Autre nomNyala des plaines
English nameNyala
Español nombreNiala
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleBovinae
GenreTragelaphus
Nom binominalTragelaphus angasii
Décrit parGeorge French Angas
Date1849



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

VOIR AUSSI


* Nyala de montagneNyala de montagneNyala de montagne (Tragelaphus buxtoni)


SOURCES

Liens internes

African Wildlife Foundation (AWF)

Animal Diversity Web

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Liens externes

Bernard Dupont - Flickr

Futura-Sciences

Joachim S. Müller - Flickr

Smithsonian National Museum of Natural History

Steve Cornish - Flickr

Wikimedia Commons

Bibliographie

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Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.

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