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Guib harnaché (Tragelaphus scriptus)


Le guib harnaché (Tragelaphus scriptus) est un bovidé de taille moyenne largement répandue en Afrique subsaharienne. Cet herbivore discret évolue dans les zones boisées et les savanes humides, où son pelage distinctif lui assure un camouflage efficace. L’espèce appartient au genre Tragelaphus, regroupant plusieurs antilopes au dimorphisme sexuel marqué et à l’adaptation éclectique. Le guib harnaché est également appelé guib des marais.


Guib harnache (Tragelaphus scriptus)
Guib harnaché (Tragelaphus scriptus)
© Hans Hillewaert - Wikimedia Commons
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DESCRIPTION

Le guib harnaché est une antilope au corps compact et aux proportions équilibrées, caractérisée par une taille modérée. Son poids varie généralement entre 30 et 80 kg, les mâles étant plus massifs que les femelles. À l’épaule, il mesure environ 60 à 90 cm de hauteur, tandis que sa longueur totale atteint 1,1 à 1,5 m. Son dimorphisme sexuel est manifeste : seuls les mâles possèdent des cornes spiralées, mesurant entre 15 et 50 cm, tandis que les femelles en sont dépourvues.

Le pelage du guib harnaché est l’un de ses traits les plus distinctifs. Il arbore une robe rousse à brun foncé, ornée de rayures blanches transversales et de taches latérales irrégulières. Ces marques, qui rappellent un harnachement, lui valent son nom. Les motifs varient selon les individus et les sous-populations, assurant un camouflage optimal dans les sous-bois denses. Le ventre, la gorge et l’intérieur des membres sont plus clairs, souvent blanchâtres.

Sa tête est relativement courte avec un museau allongé et des oreilles larges et mobiles. Ses yeux sont grands et pourvus d’une bonne acuité visuelle, un atout essentiel pour repérer les prédateurs. Ses membres, bien que fins, sont solides et adaptés aux terrains boisés et marécageux, lui permettant de se déplacer avec agilité.

Enfin, son odorat est très développé, un élément crucial pour détecter les menaces et interagir avec ses congénères. Son corps est conçu pour maximiser la discrétion et la fuite rapide, plutôt que pour affronter directement ses ennemis.


Tragelaphus scriptus
Tragelaphus scriptus
© Bernard Dupont - Flickr
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HABITAT

L'aire de répartition du guib harnaché est très vaste en Afrique subsaharienne, à l'exception d'une grande partie des forêts du bassin du Congo et du sud-ouest. L'espèce est présente dans 40 pays africains, soit plus que toute autre espèce d'antilope. Son aire de répartition s'étend de la Mauritanie, du Sénégal et de la Guinée-Bissau à travers l'Afrique de l'Ouest jusqu'à l'Éthiopie et le sud de la Somalie, puis vers le sud à travers l'Afrique de l'Est et les zones plus mésiques du centre-sud de l'Afrique, s'étendant jusqu'aux zones côtières orientales de l'Afrique du Sud. On le trouve également sur certaines petites îles au large du continent africain, notamment le parc national d'Orango dans l'archipel des Bijagos au large des côtes de la Guinée-Bissau. Le seul pays subsaharien où le guib harnaché n'a pas été récemment signalé, et où il a pu être présent autrefois, est le Lesotho.

Le guib harnaché est largement répandu en Afrique subsaharienne partout où il y a un couvert pour le dissimuler, de la forêt tropicale, à la lisière de la forêt, en passant par les parcelles de forêt-galerie et les buissons près de l'eau dans le sous-désert. Il est naturellement absent des régions arides et semi-arides et des vastes zones de forêt à canopée fermée. Son aire de répartition s'étend des basses altitudes près de la côte en Afrique du Sud, de l'Est et de l'Ouest jusqu'à 4 000 m dans les montagnes d'Afrique de l'Est. Sa capacité à survivre dans des paysages dominés par l'homme et à résister à une forte pression de chasse lui a permis de persister sur une grande partie de son ancienne aire de répartition.


Tragelaphus scriptus 01
     Répartition du guib harnaché
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ALIMENTATION

Le guib harnaché est un herbivore opportuniste, adoptant un régime alimentaire flexible en fonction des ressources disponibles. Son régime inclut une grande diversité de plantes, ce qui lui permet de survivre dans divers habitats.

Son alimentation repose principalement sur des feuilles, des jeunes pousses, des fruits, des fleurs et des écorces. Il affectionne particulièrement les espèces végétales riches en nutriments et évite les parties toxiques des plantes grâce à un comportement de sélection minutieux. Il consomme aussi des graines et des racines, complétant ainsi son apport en fibres.

En période de sécheresse ou lorsque les ressources végétales se font rares, il peut adapter son régime en consommant des plantes plus coriaces et résistantes. Son métabolisme lui permet d'exploiter les ressources alimentaires de son environnement sans dépendre excessivement de l’eau, bien qu’il fréquente souvent les points d’eau pour boire.

Son comportement alimentaire est influencé par son mode de vie discret : il privilégie les zones boisées et les fourrés où il peut se nourrir à l'abri des prédateurs. Il adopte aussi un rythme d’alimentation principalement crépusculaire et nocturne, évitant ainsi les heures les plus chaudes et réduisant les risques de prédation.


Guib harnache male
Guib harnaché mâle
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REPRODUCTION

La reproduction du guib harnaché repose sur un système polygame, où les mâles dominants cherchent à s’accoupler avec plusieurs femelles. La période de reproduction varie selon les régions et les conditions climatiques, bien que des naissances aient lieu toute l’année. Lors de la période de rut, les mâles deviennent plus agressifs et défendent leur territoire contre leurs rivaux en exhibant leur taille et leurs cornes dans des postures impressionnantes.

Après un accouplement réussi, la gestation dure en moyenne 6 à 7 mois, au terme desquels une seule portée voit le jour, généralement composée d’un unique petit pesant 4 à 6 kg. À la naissance, le faon arbore déjà un pelage tacheté qui lui permet de se fondre dans son environnement. Les premières semaines, la mère laisse son petit caché dans la végétation, ne le rejoignant que pour l’allaiter et le nettoyer. Cette stratégie réduit les risques de prédation. Le sevrage intervient progressivement à 4 à 6 mois, mais le jeune reste proche de sa mère pendant près d’un an avant de devenir totalement indépendant. La maturité sexuelle est atteinte vers 12 à 18 mois pour les femelles et légèrement plus tard pour les mâles.

La longévité du guib harnaché varie en fonction de son environnement. Dans la nature, il vit généralement entre 10 et 15 ans, bien que cette durée puisse être réduite par la prédation, les maladies ou la chasse. En captivité, où il bénéficie d’une alimentation contrôlée et de soins vétérinaires, il peut atteindre 18 à 20 ans. Sa survie dépend largement de la disponibilité des ressources alimentaires et de la pression exercée par les prédateurs et les activités humaines.


Guib harnache femelle
Guib harnaché femelle et son petit
© Bernard Dupont - Flickr
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COMPORTEMENT

Le guib harnaché est un animal discret et territorial, qui préfère éviter les confrontations directes avec ses ennemis naturels. Il adopte un mode de vie solitaire ou en petits groupes familiaux, bien qu’on puisse observer des rassemblements plus importants autour des points d’eau ou des ressources alimentaires abondantes.

Son activité est principalement nocturne et crépusculaire, ce qui lui permet de réduire l’exposition face à la prédation. Durant la journée, il reste caché dans des zones denses, se déplaçant avec prudence en utilisant les couverts végétaux. Lorsqu’il est surpris ou menacé, il adopte une stratégie de fuite rapide et zigzagante, exploitant son agilité pour échapper aux poursuivants.

Les mâles sont plus territoriaux que les femelles et marquent leur domaine avec des glandes odorantes situées sur le visage et les sabots. Les affrontements entre mâles sont rares et se limitent souvent à des démonstrations d’intimidation, où ils adoptent des postures impressionnantes pour éviter un combat physique.

Les communications entre individus se font via une combinaison de signaux visuels, olfactifs et sonores. Bien que relativement silencieux, le guib harnaché peut émettre des grognements ou des aboiements brefs en cas de danger.


Guib harnache de Menelik (Tragelaphus scriptus meneliki)
Guib harnaché de Ménélik (Tragelaphus scriptus meneliki)
© Nik Borrow - iNaturalist
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PRÉDATION

Le guib harnaché fait face à de nombreux prédateurs naturels tout au long de sa vie. Son comportement discret et son pelage camouflé sont des adaptations essentielles pour échapper à ces menaces. Cependant, malgré ces stratégies, plusieurs espèces carnivores le chassent régulièrement.

* Lion : Le lion (Panthera leo) est l’un des prédateurs les plus redoutables du guib harnaché, bien qu’il préfère généralement des proies plus grandes. Cependant, dans les régions où les populations de grandes proies sont rares, ce félin peut s’attaquer aux guibs, notamment aux individus isolés ou affaiblis.

* Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est le principal prédateur du guib harnaché. Grâce à son agilité et à son mode de chasse furtif, il est capable d’approcher sa proie sans être détecté. Il utilise sa force pour saisir le guib par la gorge et l’étouffer. Les léopards transportent souvent leur butin dans les arbres pour éviter la concurrence avec d'autres carnivores comme les hyènes.

* Guépard : Bien que le guépard (Acinonyx jubatus) préfère chasser des proies plus petites comme les gazelles, il peut s’attaquer à des guibs, surtout aux jeunes ou aux individus isolés. Sa vitesse exceptionnelle lui permet de capturer un guib en terrain découvert, bien que l’antilope ait une capacité de fuite efficace grâce à ses zigzags rapides.

* Caracal et Serval : Le caracal (Caracal caracal) et le serval (Leptailurus serval) sont des félins de taille moyenne s’attaquant principalement aux jeunes guibs. Leur technique de chasse repose sur l’embuscade et l’agilité, en bondissant sur leur proie lorsqu’elle est distraite ou vulnérable.

* Lycaon : Le lycaon (Lycaon pictus), ou chien sauvage africain, est un chasseur efficace du guib harnaché. Chassant en meute, il poursuit ses proies sur de longues distances jusqu’à épuisement. Le guib a peu de chances d’échapper à une attaque de ces canidés, car leur endurance et leur coordination leur permettent d’encercler et d’attraper rapidement leur cible.

* Chacal : Les chacals (Canis mesomelas, Canis adustus) s’attaquent rarement aux guibs adultes, mais ils représentent une menace sérieuse pour les faons. Opportunistes, ils profitent des faiblesses des jeunes ou des individus blessés, et peuvent également voler des proies abandonnées par d’autres prédateurs.

* Hyène tachetée : Bien que souvent charognarde, la hyène tachetée (Crocuta crocuta) est aussi un prédateur actif capable d’attraper un guib, en particulier si celui-ci est blessé ou piégé dans un terrain découvert. Son endurance et sa morsure puissante en font un danger redoutable.

* Hyène rayée et Protèle : La hyène rayée (Hyaena hyaena) et le protèle (Proteles cristata) sont moins dangereuses pour le guib harnaché, bien qu’elles puissent s’attaquer aux jeunes ou se nourrir de carcasses abandonnées.

* Python de Seba : Le python de Seba (Python sebae) représente une menace pour les jeunes guibs et parfois même pour des adultes de petite taille. Il chasse en embuscade, enserrant sa proie jusqu’à l’étouffement avant de l’avaler entière.

* Crocodile : Les crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) sont de redoutables prédateurs du guib harnaché, surtout lorsqu’il s’approche des points d’eau pour boire. Dissimulés sous la surface, ils attaquent en surgissant brutalement et en traînant leur proie sous l’eau pour la noyer.

* Rapaces : L'aigle martial (Polemaetus bellicosus) est capable d’attaquer et de capturer des jeunes guibs. Il utilise ses serres puissantes pour saisir sa proie et l’emporter vers un perchoir élevé. D’autres oiseaux de grande taille, comme le grand-duc de Verreaux (Bubo lacteus) ou les buses africaines, peuvent s’attaquer aux jeunes faons, bien que ces cas soient plus rares.


Guib harnache orne (Tragelaphus scriptus ornatus)
Guib harnaché orné (Tragelaphus scriptus ornatus)
© Ryne Rutherford - BioDiversity4All
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MENACES

Le guib harnaché a disparu de certaines zones des parties les plus sèches de son ancienne aire de répartition en raison de la destruction de son habitat et de l'aridité croissante, mais il étend sa distribution dans la zone de forêts équatoriales à mesure que celle-ci est ouverte par les activités humaines. Il ne semble pas y avoir de menaces majeures pour sa conservation à long terme, bien que les effectifs puissent diminuer progressivement localement à mesure que la pression de la chasse augmente dans certaines parties de son aire de répartition.


Guib harnache du Sud (Tragelaphus scriptus sylvaticus)
Guib harnaché du Sud (Tragelaphus scriptus sylvaticus)
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CONSERVATION

Le guib harnaché n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN et n'a aucun statut spécifique dans les annexes de la CITES.

Le guib harnaché est présent dans de nombreux parcs nationaux à travers son aire de répartition. Sa capacité à survivre largement dans les régions peuplées et à utiliser avec succès des habitats modifiés par les activités humaines devrait assurer sa survie en dehors des zones protégées dans un avenir prévisible.


Guib du nil tragelaphus scriptus bor
Guib harnaché du Nil (Tragelaphus scriptus bor)
© Sitszasadam - iNaturalist
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TAXONOMIE

L’histoire taxonomique du guib harnaché a connu plusieurs révisions au fil du temps. Il appartient à la famille des Bovidae et au sous-ordre des Ruminantia. Son genre, Tragelaphus, inclut d’autres antilopes africaines au mode de vie semi-forestier comme le grand koudou, le sitatunga ou l’éland commun.

L’espèce Tragelaphus scriptus se caractérise par une grande variabilité phénotypique selon les régions. Certains chercheurs ont suggéré qu’il pourrait exister plusieurs sous-espèces, bien que leur statut ne fasse pas consensus. Les études récentes, notamment basées sur l’ADN mitochondrial, montrent une diversité génétique marquée entre les populations de différentes zones d’Afrique, confirmant une évolution adaptative en fonction des écosystèmes locaux. Actuellement, les principales sous-espèces reconnues sont :

- Tragelaphus scriptus bor (Soudan du Sud, nord de l'Ouganda et Éthiopie occidentale)

- Tragelaphus scriptus decula (Éthiopie et Érythrée)

- Tragelaphus scriptus fasciatus (Angola et sud-ouest de la RDC)

- Tragelaphus scriptus ornatus (Est de la République démocratique du Congo et ouest de l’Ouganda)

- Tragelaphus scriptus phaleratus (Ouest de l’Afrique centrale (Cameroun, Gabon, Congo))

- Tragelaphus scriptus scriptus (Forêts d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, etc.))

- Tragelaphus scriptus sylvaticus (Sud de l’Afrique (Afrique du Sud, Mozambique, Zimbabwe))

Plusieurs études récentes de l'ADN mitochondrial indiquent qu'il existe deux lignées divergentes, l'une au nord et à l'ouest et l'autre au sud et à l'est, et qu'elles pourraient représenter deux espèces distinctes. Le traitement traditionnel d'une seule espèce est suivi ici à titre provisoire, conformément à Plumptre et Wronski (2013), et en attendant les résultats de l'analyse des données d'ADN nucléaire. Il existe quelques populations isolées, comme le guib de Menelik dans les montagnes du Balé en Éthiopie, qui présente un phénotype très distinctif.


Bushbuck
En anglais, le guib harnaché est appelé Bushbuck
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CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGuib harnaché
English nameBushbuck
Español nombreAntílope jeroglífico
Bosbok
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleBovinae
GenreTragelaphus
Nom binominalTragelaphus scriptus
Décrit parPeter Simon Pallas
Date1766



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

Animal Diversity Web

Bernard Dupont - Flickr

BioDiversity4All

BioLib

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wikimedia Commons

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