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Gazelle de Thomson (Eudorcas thomsonii)


La gazelle de Thomson (Eudorcas thomsonii) est une des gazelles les plus connues et la plus commune en Afrique de l'Est. Autrefois classée dans le genre Gazella, elle est aujourd'hui placée dans le genre Eudorcas avec la gazelle à front roux, la gazelle de Heuglin et la gazelle de Mongalla. Petite antilope rapide, c'est le quatrième animal terrestre le plus rapide, après le guépard, l'antilope d'Amérique et le springbok. La gazelle de Thomson doit son nom à l'explorateur Joseph Thomson.


Gazelle de Thomson (Eudorcas thomsonii)
Gazelle de Thomson (Eudorcas thomsonii)
© Bob - Wikimedia Commons
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DESCRIPTION

La gazelle de Thomson est un ongulé de petite taille, reconnu pour sa finesse, son élégance et ses couleurs contrastées. Elle mesure entre 80 et 120 cm de long, avec une hauteur de 55 à 82 cm et un poids variant de 15 à 35 kg. Cette espèce présente un dimorphisme sexuel, les mâles étant plus grands et plus massifs que les femelles.

Son pelage est court et lisse. La partie supérieure du corps est brun clair, tandis qu’une bande plus claire souligne les flancs, bordée d’une marque brune ou noire bien visible. Le ventre et la croupe sont blancs. Son visage arbore un mélange de blanc, de fauve, de brun foncé et de noir, avec des variations selon les individus. Elle est parfois confondue avec la gazelle de Grant, qui se distingue par une bande noire longeant entièrement ses flancs et une croupe blanche s’étendant toujours au-dessus de la queue.

Les cornes, présentes chez les deux sexes, diffèrent par leur forme : celles du mâle sont épaisses, annelées et atteignent jusqu’à 30 cm, tandis que celles de la femelle sont plus fines, droites, non annelées et ne dépassent pas 10 cm.

Grâce à sa silhouette élancée, la gazelle de Thomson est taillée pour la course. Elle peut atteindre une vitesse moyenne de 70 km/h et dépasser les 90 km/h en sprint. Lorsqu’elle est poursuivie par un prédateur, elle peut courir en ligne droite ou en zigzags. Elle est également capable d’effectuer des bonds allant jusqu’à 2 mètres de haut et 7 mètres de long.


Eudorcas thomsonii
Eudorcas thomsonii
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HABITAT

La gazelle de Thomson habite actuellement une aire de répartition relativement restreinte dans le sud du Kenya et le nord de la Tanzanie, en grande partie limitée aux hautes plaines et aux savanes d'acacias au-dessus de 500 m. Les plus grandes populations se trouvent dans les ranchs de Mara, la réserve nationale de Masai Mara et les pâturages de Laikipia et Kajiado. En Tanzanie, l'espèce occupe environ la moitié de son ancienne aire de répartition.

La gazelle de Thomson vit dans les prairies basses du Kenya et de Tanzanie. Elle est relativement résistante à la sécheresse, ce qui lui permet de rester dans les plaines sèches, bien longtemps après que la plupart des autres ongulé sont partis à la recherche d'habitats plus humides. La gazelle de Thomson du Serengeti suit un schéma de déplacements saisonniers globalement similaire à celui des populations de gnous et de zèbres migrateurs, mais elle reste plus longtemps dans l'aire de répartition de la saison des pluies dans les plaines ouvertes du sud-est de l'écosystème et ne migre pas aussi loin vers le nord que la réserve de Masai Mara au Kenya pendant la saison sèche.


Eudorcas thomsonii repartition
     Répartition actuelle de la gazelle de Thomson
© Manimalworld
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ALIMENTATION

La gazelle de Thomson est un herbivore dont l’alimentation est principalement constituée d’herbes courtes et de jeunes pousses. Son régime alimentaire varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources. Pendant la saison des pluies, elle privilégie les graminées fraîches et nutritives, tandis qu’en saison sèche, elle se tourne vers les feuilles, les gousses d’acacia et les plantes ligneuses capables de stocker de l’eau.

Son appareil digestif est adapté pour extraire un maximum de nutriments des végétaux qu’elle consomme. Comme les autres ruminants, elle pratique la rumination, ce qui signifie qu’elle régurgite partiellement les aliments ingérés pour les mâcher de nouveau et ainsi faciliter leur digestion. Cette capacité lui permet d’assimiler des fibres végétales que d’autres herbivores non ruminants ne pourraient pas exploiter efficacement.

En raison de ses besoins alimentaires, la gazelle de Thomson est une espèce grégaire qui migre en fonction de la disponibilité des ressources alimentaires. Elle accompagne souvent les grands troupeaux de gnous et de zèbres lors de leurs déplacements saisonniers. Ces derniers broutent les hautes herbes, laissant derrière eux des prairies plus rases, idéales pour les gazelles de Thomson qui préfèrent les herbes courtes.

Contrairement à certains herbivores qui ont un besoin constant d’eau, la gazelle de Thomson est capable de survivre plusieurs jours sans boire, en tirant l’humidité nécessaire des végétaux qu’elle consomme. Toutefois, lorsqu’une source d’eau est disponible, elle n’hésite pas à s’y abreuver.


Gazelle de Thomson 03
Particularités physiques de la gazelle de Thomson
Source: L'univers fascinant des animaux Fiche N°90

REPRODUCTION

La reproduction chez la gazelle de Thomson est saisonnière et dépend en grande partie des conditions climatiques et de l’abondance des ressources alimentaires. Les accouplements ont généralement lieu pendant la saison des pluies, ce qui permet aux jeunes de naître dans un environnement où la nourriture est plus abondante.

Les mâles établissent des territoires qu’ils défendent farouchement contre les rivaux. Ils marquent ces territoires avec leurs glandes odorantes situées près des yeux et en urinant sur le sol. Lors de la période de reproduction, ils adoptent un comportement agressif envers les autres mâles et tentent d’attirer les femelles en exhibant leurs cornes et en adoptant des postures de dominance.

La gestation dure environ six mois, après quoi la femelle met bas un seul petit, bien que des naissances gémellaires soient possibles mais rares. Peu après la naissance, le faon reste caché dans les hautes herbes pendant plusieurs jours. La mère revient régulièrement pour l’allaiter et le nettoyer afin d’éliminer toute odeur susceptible d’attirer des prédateurs.

Vers l’âge de deux semaines, le jeune commence à suivre sa mère et à s’intégrer au troupeau. Le sevrage s’effectue généralement entre trois et quatre mois, bien que le petit puisse continuer à téter plus longtemps s’il en a l’occasion. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge d’un an pour les femelles et environ deux ans pour les mâles.

La longévité de la gazelle de Thomson dépend de plusieurs facteurs, notamment son environnement, la pression des prédateurs, la disponibilité de la nourriture et les conditions climatiques. En général, cette espèce a une espérance de vie plus courte à l’état sauvage que dans un environnement protégé. À l’état sauvage, elle vit entre 10 et 12 ans en moyenne. En captivité, la longévité peut aller jusqu’à 15 ans, grâce à l’absence de toute menace et à une alimentation contrôlée.


Gazelle de Thomson femelle
Gazelle de Thomson femelle et ses petits
Source: L'univers fascinant des animaux Fiche N°90

COMPORTEMENT

La gazelle de Thomson est une espèce très sociale qui vit en troupeaux pouvant compter de quelques individus à plusieurs centaines, notamment lors des grandes migrations. Ces groupes sont généralement composés de femelles et de jeunes, tandis que les mâles adultes forment soit des petits groupes entre eux, soit des territoires qu’ils défendent contre d’autres mâles.

Les gazelles de Thomson sont des animaux diurnes, c’est-à-dire qu’elles sont actives principalement le jour. Elles passent la majeure partie de leur temps à brouter et à surveiller leur environnement. Lorsqu’elles détectent un danger, elles adoptent une posture d’alerte et émettent parfois des signaux visuels en dressant leur queue et en effectuant des bonds appelés "stotting". Ce comportement consiste à sauter verticalement avec les pattes tendues, ce qui sert à avertir les autres membres du troupeau d’une menace imminente.

L’une des particularités de cette gazelle est sa vitesse. Elle est capable de courir à des pointes atteignant 80 km/h et de maintenir une vitesse élevée sur de longues distances, ce qui en fait l’une des antilopes les plus rapides d’Afrique. Sa capacité à zigzaguer rapidement lui permet d’échapper à des prédateurs comme le guépard, qui bien que plus rapide sur une courte distance, a une endurance limitée.

Les interactions sociales entre individus sont marquées par des comportements de toilettage mutuel et des jeux, en particulier chez les jeunes. Ces jeux sont essentiels à leur développement et les préparent aux interactions sociales et aux dangers de la vie adulte.


Gazelle de Thomson juvenile
Gazelle de Thomson juvénile
© Bernard Dupont - Flickr
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

PRÉDATION

La gazelle de Thomson évolue dans un environnement où la prédation joue un rôle clé dans sa sélection naturelle et son comportement. Ses principaux prédateurs sont les carnivores africains, qui exploitent sa petite taille et sa relative vulnérabilité. Toutefois, grâce à sa vitesse et son agilité, elle possède des stratégies efficaces pour éviter d’être capturée.

* Guépard : Le guépard (Acinonyx jubatus) est le principal ennemi naturel de la gazelle de Thomson, en raison de sa capacité à sprinter à une vitesse de 95-100 km/h sur de courtes distances. Il se faufile dans les hautes herbes pour approcher sa proie à une distance de 50 à 100 mètres avant d’entamer une course fulgurante. Il vise souvent les jeunes ou les individus inattentifs.

* Lion : Le lion (Panthera leo) est un autre prédateur majeur de la gazelle de Thomson, bien que sa méthode de chasse diffère de celle du guépard. Les lions chassent généralement en groupe (les lionnes étant les principales chasseuses). Ils tendent des embuscades en utilisant la végétation comme couverture et en encerclant leur proie. Contrairement aux guépards, ils ne misent pas sur la vitesse pure, mais sur leur puissance et leur coordination en groupe.

* Hyène tachetée : Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) sont des chasseurs sociaux et opportunistes qui opèrent en meute et tirent parti de leur endurance exceptionnelle. Contrairement aux grands félins, les hyènes ne sprinent pas, mais poursuivent leur proie sur de longues distances jusqu’à l’épuisement. Elles attaquent fréquemment les jeunes et les individus affaiblis.

* Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est un chasseur solitaire qui chasse principalement de nuit et mise sur l’effet de surprise. Il se cache dans les buissons et bondit sur sa proie avec une attaque éclair. Il vise surtout les jeunes gazelles ou celles qui se sont isolées du troupeau.

* Lycaon : Le lycaon (Lycaon pictus) est un chasseur de groupe ultra-coordonné, connu pour son taux de succès très élevé (jusqu’à 80 % des chasses réussissent). Il traque la gazelle sur plusieurs kilomètres, la poussant à l’épuisement. Les membres de la meute se relayent pour maintenir la pression sur leur proie.

* Chacals : Le chacal à chabraque (Canis mesomelas) et le chacal à flancs rayés (Canis adustus) sont de petits prédateurs opportunistes qui attaquent surtout les faons laissés sans surveillance. Ils agissent souvent en duo ou en petit groupe.

* Rapaces : L'aigle martial (Polemaetus bellicosus) et l'aigle couronné (Stephanoaetus coronatus) sont capables d’attraper les jeunes gazelles en plein jour.



Gazelle de Thomson zoo de Pafos
Gazelle de Thomson au zoo de Pafos, Chypre
Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes

MENACES

Bien qu'aucune menace majeure ne semble peser sur la gazelle de Thomson, il semble que plusieurs sous-populations aient connu un déclin. Dans le cratère du Ngorongoro, ce déclin a été attribué à de nombreuses raisons complexes, notamment la disponibilité de l'eau, l'impact du tourisme, la modification de l'habitat due à l'invasion de plantes exotiques, la gestion des incendies et le développement routier. La chasse illégale est une préoccupation majeure dans l'ouest et le nord de l'écosystème du Serengeti-Mara. Le déclin dans le Serengeti pourrait être lié à l'augmentation du nombre de gnous, qui sont des concurrents pour la nourriture.


Gazelle de Thomson au Masai Mara
Gazelle de Thomson au Masai Mara, Kenya
© Sergey Yeliseev - Flickr
CC-BY-NC-ND (Certains droits réservés)

CONSERVATION

La gazelle de Thomson n'est pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.

La gazelle de Thomson est présente dans un certain nombre de zones protégées de son aire de répartition, les zones centrales de la sous-population du Serengeti-Mara étant protégées par le parc national du Serengeti et la réserve naturelle du Masai Mara, où le tourisme animalier est la seule utilisation des terres autorisée. Les zones centrales sont entourées de zones tampons : Maswa, Grumeti et Ikorongo au sud-ouest, la zone de conservation de Ngorongoro et la zone de contrôle de la faune de Loliondo au sud-est et les ranchs de Mara au nord.


Gazelle de Thomson du Serengeti (Eudorcas thomsonii nasalis)
Gazelle de Thomson du Serengeti (Eudorcas thomsonii nasalis)
© Allan Hopkins - Flickr
CC-BY-NC-ND (Certains droits réservés)

TAXONOMIE

La gazelle de Thomson appartient à la famille des Bovidae, qui regroupe de nombreux ongulés tels que les antilopes, les buffles, les chèvres et les moutons. Elle fait partie de la sous-famille des Antilopinae, qui comprend les antilopes légères et rapides adaptées aux milieux ouverts.

La gazelle de Thomson compte généralement deux sous-espèces reconnues :

- Eudorcas thomsonii nasalis : Cette sous-espèce est plus rare et présente des différences mineures avec la forme nominale. Elle est généralement plus grande et présente une bande noire plus fine sur les flancs. Son aire de répartition est plus restreinte et située principalement au nord de l’aire de répartition principale de l’espèce.

- Eudorcas thomsonii thomsonii : C’est la sous-espèce nominale, la plus répandue, vivant principalement en Tanzanie et au Kenya. Elle possède la bande noire caractéristique bien marquée sur les flancs et une robe beige doré sur le dos.

La distinction entre ces sous-espèces est parfois débattue, car leurs caractéristiques morphologiques sont relativement proches. Certaines études suggèrent même que les différences observées pourraient être liées à des variations écologiques plutôt qu’à une séparation évolutive marquée.

La gazelle de Thomson est une espèce fascinante du point de vue taxonomique et évolutif. Son classement dans le genre Eudorcas reflète une séparation avec les gazelles asiatiques du genre Gazella, confirmée par des études génétiques. Bien que seule une ou deux sous-espèces soient actuellement reconnues, la diversité morphologique et écologique de ce bovidé pourrait suggérer des variations locales plus importantes. Son évolution a été marquée par des adaptations à la course rapide, à un régime alimentaire sélectif et à un comportement migratoire, faisant d’elle l’une des antilopes les plus emblématiques de l’Afrique de l’Est.


Thomson's gazelle
En anglais, la gazelle de Thomson est appelée Thomson's gazelle
Source: Zoo de Leipzig

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGazelle de Thomson
English nameThomson's gazelle
Español nombreGacela de Thomson
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreEudorcas
Nom binominalEudorcas thomsonii
Décrit parAlbert Günther
Date1884



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

Allan Hopkins - Flickr

source Arkive

Bernard Dupont - Flickr

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Sergey Yeliseev - Flickr

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wikimedia Commons

Zoo de Leipzig

Zooinstitutes

L'univers fascinant des animaux Fiche N°90

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.

Estes, R. D. (2012). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.

Spinage, C. A. (1986). The Natural History of Antelopes. Croom Helm.

Durant, S. M., et al. (2004). "Factors affecting life and death in Serengeti cheetahs: Environment, age, and sociality." Behavioral Ecology, 15(1), 11-22.

Hopcraft, J. G. C., et al. (2010). "Why are wildebeest the most abundant herbivore in the Serengeti ecosystem?" Oecologia, 162, 85-96.

Sinclair, A. R. E., & Arcese, P. (1995). Serengeti II: Dynamics, Management, and Conservation of an Ecosystem. University of Chicago Press.