Gazelle de Heuglin (Eudorcas tilonura)
La gazelle de Heuglin (Eudorcas tilonura) est une espèce de gazelle peu étudiée, endémique de certaines régions de l'Afrique de l'Est. Elle était considérée par certains auteurs comme une sous-espèce de la gazelle à front roux ou comme conspécifique avec la gazelle de Thomson et la gazelle de Mongalla. Groves (2013) l'a considérée comme une espèce distincte et ce traitement est provisoirement suivi ici. La gazelle de Heuglin est également connue sous le nom de gazelle érythréenne.
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DESCRIPTION
La gazelle de Heuglin est une petite antilope mesurant environ 67 centimètres au garrot et pesant entre 15 et 35 kilogrammes. Elle présente un dimorphisme sexuel peu prononcé, les mâles et les femelles ayant des tailles et des poids similaires.
Son pelage est d'un brun rougeâtre foncé, avec une bande rougeâtre sombre le long des flancs, contrastant avec le ventre et la croupe qui sont blancs. La face est marquée par une teinte plus sombre au centre, avec des cercles blancs autour des yeux, accentuant l'expression vive de l'animal. La queue, mesurant entre 15 et 20 centimètres, est rousse à la base et devient noire vers l'extrémité.
Les deux sexes possèdent des cornes, celles des mâles mesurant entre 22 et 35 centimètres, tandis que celles des femelles sont légèrement plus courtes, variant de 15 à 25 centimètres. Les cornes, annelées à la base, sont fines et se courbent légèrement vers l'intérieur à leurs extrémités. Les oreilles sont relativement longues et pointues, adaptées à une audition fine, essentielle pour détecter les prédateurs dans les vastes étendues ouvertes qu'elle fréquente.
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CC-BY-NC (Certains droits réservés)HABITAT
La gazelle de Heuglin est présente à l'est du Nil, entre la partie sud des collines de la mer Rouge au Soudan et les contreforts sud du massif éthiopien dans l'ouest de l'Érythrée et le nord-ouest de l'Éthiopie. On pense qu'elle est toujours présente dans une grande partie de son aire de répartition historique, mais dans des zones localisées. Il s'agit d'une espèce peu étudiée et très peu de données d'enquête récentes sont disponibles. Les populations d'Érythrée ont été gravement décimées, certaines étant encore présentes dans la région de Kerkebet et peut-être aussi à Gash-Setit dans le sud-ouest. En Éthiopie, l'espèce est toujours présente dans le parc national de Kafta Sheraro dans le nord-ouest et peut-être dans le parc national d'Alatish.
Ce bovidé occupe les prairies sèches et les buissons épineux jusqu'à 1 400 m.
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)ALIMENTATION
En tant qu'herbivore, la gazelle de Heuglin a un régime alimentaire principalement composé d'herbes, de feuilles et de jeunes pousses. Elle est à la fois broutarde et pâtureuse, ce qui signifie qu'elle se nourrit aussi bien en élevant la tête pour atteindre les feuilles des arbustes qu'en baissant la tête pour brouter l'herbe au sol. Cette flexibilité alimentaire lui permet de s'adapter aux variations saisonnières de la disponibilité des ressources végétales dans son environnement aride.
Bien qu'elle puisse survivre pendant de longues périodes sans accès direct à l'eau, elle est plus dépendante de celle-ci que d'autres espèces de gazelles partageant son aire de répartition. Elle obtient une partie significative de ses besoins en eau à partir de la végétation qu'elle consomme, notamment des plantes succulentes et des feuilles riches en humidité. Cependant, lors des périodes de sécheresse prolongée, elle doit s'approcher des points d'eau pour s'hydrater, ce qui peut augmenter sa vulnérabilité aux prédateurs et aux activités humaines. Cette dépendance relative à l'eau influence ses déplacements saisonniers et son utilisation de l'habitat, la poussant à migrer vers des zones où la végétation est plus verte et plus abondante pendant les saisons sèches.
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All rights reserved (Tous droits réservés)REPRODUCTION
Les informations sur la reproduction de la gazelle de Heuglin sont limitées en raison du manque d'études approfondies sur cette espèce. Toutefois, il est probable que, comme d'autres gazelles, elle ait une période de gestation d'environ six mois, après laquelle une seule progéniture naît, généralement pendant la saison des pluies, lorsque les ressources alimentaires sont les plus abondantes. Les nouveau-nés sont précoces et capables de se tenir debout et de marcher peu de temps après la naissance. Dans les premiers jours de leur vie, ils restent cachés dans la végétation, se tenant immobiles pour éviter d'attirer l'attention, tandis que la mère pâture à proximité et revient périodiquement pour les allaiter. Ce comportement de cachette est une stratégie de survie courante chez les antilopes, réduisant le risque de prédation des jeunes vulnérables. La maturité sexuelle est probablement atteinte vers l'âge de 1 à 2 ans, bien que cela puisse varier en fonction des conditions environnementales et de la disponibilité des ressources. Les mâles peuvent adopter un comportement territorial pendant la saison de reproduction, marquant leur territoire avec des sécrétions glandulaires et des tas de crottin pour attirer les femelles et dissuader les rivaux.
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All rights reserved (Tous droits réservés)COMPORTEMENT
La gazelle de Heuglin mène une vie principalement solitaire ou se rassemble en petits groupes de deux à quatre individus. Elle est active principalement pendant les heures les plus fraîches de la journée, à savoir tôt le matin et en fin d'après-midi, évitant ainsi la chaleur intense du milieu de journée. Pendant les périodes les plus chaudes, elle crée des aires de repos en grattant le sol sous des arbustes ou de grands arbres, tels que le balsamier d'Égypte dans les savanes et le Vachellia nubica dans les zones arbustives, où elle se repose à l'ombre pour réguler sa température corporelle. Ces sites de repos sont souvent utilisés de manière répétée, comme en témoignent les accumulations de crottin trouvées à ces endroits.
Le comportement territorial de cette espèce est peu documenté dans la nature. Cependant, des observations en captivité indiquent que les mâles forment des tas de crottin près des limites de leur enclos, sentent et grattent le sol à proximité avant de déféquer, et utilisent également leurs glandes préorbitales pour marquer leur territoire. Ces comportements de marquage olfactif jouent un rôle crucial dans la communication sociale et la délimitation des territoires. En cas de menace, la gazelle de Heuglin compte sur sa vitesse et son agilité pour échapper aux prédateurs, effectuant des courses rapides entrecoupées de sauts spectaculaires, une technique connue sous le nom de "stotting".
Auteur: Philip Sclater
CC0 (Domaine public)PRÉDATION
La gazelle de Heuglin fait face à de nombreux prédateurs naturels qui varient selon son habitat. Parmi les principaux figurent les grands félins, notamment le guépard (Acinonyx jubatus), qui est spécialement adapté pour chasser des proies rapides comme les gazelles. Le léopard (Panthera pardus) est un autre prédateur redoutable, capable d’attaquer des individus isolés, en particulier les jeunes ou les plus faibles.
Les lions (Panthera leo) sont également des prédateurs potentiels, bien qu’ils s’attaquent généralement à des proies plus grandes et chassent en groupe. Cependant, les jeunes gazelles ou les individus malades peuvent être victimes de ces grands félins lorsqu'ils croisent leur chemin.
Les canidés tels que le lycaon (Lycaon pictus) et le chacal doré (Canis aureus) sont aussi des ennemis notoires des gazelles, en particulier lorsqu'ils chassent en meute et ciblent les jeunes faons.
Les rapaces de grande taille, tels que l’aigle martial (Polemaetus bellicosus), représentent une menace pour les jeunes gazelles, profitant de leur vulnérabilité lorsqu’ils sont cachés dans la végétation.
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All rights reserved (Tous droits réservés)MENACES ET STATUT
La chasse et la dégradation de l’habitat dues au surpâturage, au défrichement des broussailles, à la coupe des arbres d’ombrage, à la sécheresse et à l’empiétement agricole sont les principales menaces pesant sur cette espèce.
La gazelle de Heuglin est considéré comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "En danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN.
L'espèce est présente dans le parc national de Kafta Sheraro et peut-être aussi dans le parc national d'Alatish (Éthiopie), dans le parc national du Dinder au Soudan et dans la réserve naturelle de Gash Setit en Érythrée (ce dernier site n'a toutefois pas été officiellement classé). East (1999) a noté que même à cette époque, la protection du parc national de Dinder était inefficace car les habitats ouverts préférés de l'espèce étaient utilisés intensivement pendant la saison sèche par les éleveurs de chameaux qui abattaient les arbres d'ombrage pour nourrir leur bétail. Un petit nombre d'animaux en captivité sont gardés à Al Wabra au Qatar.
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All rights reserved (Tous droits réservés)TAXONOMIE
La gazelle de Heuglin appartient à la famille des Bovidae, qui regroupe un large éventail de mammifères herbivores, notamment les antilopes, les buffles, les moutons et les chèvres.
Auparavant, la gazelle de Heuglin était parfois considérée comme une sous-espèce de la gazelle à front roux (Eudorcas rufifrons), mais des études morphologiques et génétiques ont conduit à la reconnaître comme une espèce distincte. Sa distribution géographique limitée et ses caractéristiques morphologiques spécifiques, comme la coloration du pelage et la forme des cornes, justifient cette classification séparée.
En raison du manque d'études approfondies sur cette espèce, sa taxonomie pourrait encore évoluer avec de nouvelles recherches, notamment en génétique moléculaire et en écologie comportementale.
CLASSIFICATION
| Nom commun | Gazelle de Heuglin |
| Autre nom | Gazelle érythréenne |
| English name | Heuglin's gazelle |
| Règne | Animalia |
| Embranchement | Chordata |
| Sous-embranchement | Vertebrata |
| Classe | Mammalia |
| Sous-classe | Theria |
| Infra-classe | Eutheria |
| Ordre | Artiodactyla |
| Sous-ordre | Ruminantia |
| Famille | Bovidae |
| Sous-famille | Antilopinae |
| Genre | Eudorcas |
| Nom binominal | Eudorcas tilonura |
| Décrit par | Theodor von Heuglin |
| Date | 1863 |
Satut IUCN |  |
SOURCES
Global Biodiversity Information Facility (GBIF)
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Groves, C. P., & Grubb, P. (2011). Ungulate Taxonomy. Johns Hopkins University Press.
IUCN SSC Antelope Specialist Group. (2016). Eudorcas tilonura. The IUCN Red List of Threatened Species 2016.
Heuglin, T. von. (1863). Beiträge zur Fauna Nordost-Afrika’s. Cassel: Theodor Fischer Verlag.