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Gazelle de Mongalla (Eudorcas albonotata)

La gazelle de Mongalla (Eudorcas albonotata) est une espèce de petite antilope endémique du Sud-Soudan et des régions voisines. Ce bovidé est souvent considéré comme une sous-espèce de la gazelle à front roux. Cependant, certaines classifications la reconnaissent comme une espèce distincte. Cette distinction est principalement basée sur des différences morphologiques et géographiques.


Gazelle de Mongalla (Eudorcas albonotata)
Gazelle de Mongalla (Eudorcas albonotata)
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DESCRIPTION

La gazelle de Mongalla est une antilope de taille relativement modeste, dont l'apparence rappelle celle de la gazelle de Thomson, bien qu'elle s'en distingue par plusieurs traits spécifiques. Elle mesure en moyenne entre 55 et 65 cm au garrot, avec une longueur corporelle d'environ 90 à 110 cm. Son poids varie entre 20 et 30 kg, ce qui en fait un animal léger et taillé pour la course.

Son pelage est caractérisé par une teinte fauve sur le dos et les flancs, tandis que son ventre et l'intérieur de ses pattes sont blancs, contrastant nettement avec le reste du corps. Une ligne sombre, moins marquée que chez d'autres espèces du même genre, sépare les parties claires et foncées. Sa tête est relativement fine, avec des oreilles moyennes et des yeux grands et expressifs, adaptés à une vision panoramique pour détecter les prédateurs.

Les cornes, présentes chez les deux sexes mais plus développées chez le mâle, sont annelées et légèrement courbées vers l'arrière avant de s'incurver légèrement vers l'avant à leur extrémité. Leur longueur varie de 20 à 35 cm chez les mâles, tandis que celles des femelles sont plus courtes et plus fines. Ces cornes jouent un rôle crucial dans les combats entre rivaux lors de la saison des amours.

L'anatomie de la gazelle de Mongalla est optimisée pour la vitesse et l'endurance. Ses membres longs et fins, associés à une musculature puissante, lui permettent d'atteindre des pointes de vitesse proches de 70 km/h. Cette aptitude est essentielle pour échapper aux nombreux prédateurs qui peuplent les plaines où elle évolue.


Eudorcas albonotata
Eudorcas albonotata
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HABITAT

La gazelle de Mongalla habite les plaines inondables et les savanes plates du Soudan du Sud, à l'est du Nil, mais sans atteindre les frontières de l'Ouganda et du Kenya. Elle a été observée dans la région de l'Omo, dans le sud-ouest de l'Éthiopie, mais il n'existe aucune information récente sur sa présence dans ce pays.

La gazelle de Mongalla vit dans les plaines inondables ouvertes et les prairies de savane du Soudan du Sud. Cette gazelle est adaptée au cycle nomade annuel dans les plaines inondables de l'est du Sudd, une région écologiquement particulière où de vastes inondations sont suivies d'une aridité extrême. Pendant la saison des pluies, la gazelle de Mongalla se regroupe en fortes densités de population avec d'autres espèces migratrices telles que le cobe de Buffon et le topi.


Eudorcas albonotata distribution
     Répartition actuelle de la gazelle de Mongalla
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ÉCOLOGIE

Comme la plupart des antilopes de son genre, la gazelle de Mongalla est un herbivore strict, se nourrissant principalement de graminées, de jeunes pousses et de feuillages divers. Son régime alimentaire varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources. Durant la saison des pluies, elle privilégie les herbes tendres et riches en nutriments, qui lui apportent l’énergie nécessaire pour sa croissance et sa reproduction. En saison sèche, elle adapte son régime en consommant davantage de feuilles d’arbustes, de plantes succulentes et parfois même d’écorces riches en fibres.

La reproduction chez la gazelle de Mongalla suit un cycle saisonnier, généralement lié aux précipitations qui conditionnent la disponibilité des ressources alimentaires. Les mâles deviennent territoriaux durant la saison des amours, marquant leur territoire à l’aide de sécrétions glandulaires et en effectuant des parades spectaculaires pour attirer les femelles. La gestation dure environ six mois, après quoi la femelle met bas un unique petit, bien que des naissances gémellaires aient été observées de manière exceptionnelle. À la naissance, le nouveau-né pèse entre 3 et 5 kg et reste caché dans la végétation durant ses premières semaines de vie afin d’échapper aux prédateurs. La mère revient l’allaiter plusieurs fois par jour jusqu’à ce qu’il soit suffisamment fort pour suivre le troupeau. L’indépendance est atteinte vers l’âge de six mois, mais les jeunes restent souvent en groupes juvéniles jusqu’à un an avant de s’intégrer pleinement aux adultes. La maturité sexuelle est atteinte à environ un an et demi chez les femelles, tandis que les mâles doivent souvent attendre deux ans ou plus avant d’être assez forts pour défier les dominants et établir leur propre territoire.

La gazelle de Mongalla adopte un mode de vie grégaire, se déplaçant en petits groupes familiaux ou en troupeaux plus importants lors des migrations saisonnières. Ces groupes offrent une protection accrue contre les prédateurs grâce à une vigilance collective. Lorsqu’un danger est détecté, une alerte est donnée par des mouvements brusques et des bonds caractéristiques, signalant au reste du troupeau de fuir. Les déplacements sont largement conditionnés par la disponibilité de la nourriture et de l’eau. En période de sécheresse, certains groupes entreprennent des migrations vers des zones plus favorables, bien que l’espèce ne soit pas aussi migratrice que d’autres gazelles du même genre.


Gazelle de Mongalla gros plan
Gros plan de la gazelle de Mongalla
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PRÉDATION

En raison de sa petite taille et de son abondance relative dans son habitat, la gazelle de Mongalla est une cible privilégiée pour plusieurs prédateurs. Les principaux carnivores qui la chassent incluent les lions (Panthera leo), les guépards (Acinonyx jubatus), les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) et les lycaons (Lycaon pictus).

Les jeunes sont particulièrement vulnérables et tombent fréquemment sous l’attaque de chacals, de servals et même de rapaces opportunistes. Pour survivre, la gazelle de Mongalla mise sur sa rapidité et son agilité, lui permettant de distancer la plupart de ses prédateurs terrestres. Les bonds spectaculaires qu’elle réalise en pleine fuite sont une stratégie visant à dérouter ses poursuivants et à démontrer sa vigueur, un phénomène connu sous le nom de "stotting".

L’homme constitue également une menace importante, notamment à travers la chasse illégale et la fragmentation de son habitat due à l’expansion agricole et aux conflits armés dans certaines régions d’Afrique de l’Est.


MENACES

Il n'existe pas de menaces majeures évidentes à l'heure actuelle. La population de l'écosystème de Boma est apparemment stable et n'est pas exposée à une pression de chasse importante. Cependant, l'habitat est potentiellement vulnérable aux changements du régime hydrologique causés par les barrages et les projets de dérivation des eaux ainsi que par les propositions de développement de l'agriculture commerciale.


CONSERVATION

La gazelle de Mongalla n'est pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Préoccupartion mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.

L'espèce est présente dans le parc national de Boma et dans la réserve de chasse de Mongalla, bien que les déplacements saisonniers entraînent de très grandes fluctuations de son nombre. La grande population survivante dans le Jonglei reste entièrement sans protection.


TAXONOMIE

Longtemps considérée comme une sous-espèce de la gazelle de Thomson ou encore de la gazelle à front roux, la gazelle de Mongalla a finalement été reconnue comme une espèce distincte en raison de différences morphologiques et génétiques notables. Les études phylogénétiques ont mis en évidence des divergences significatives avec les autres espèces du genre Eudorcas, justifiant ainsi son classement séparé.

Incluse dans le genre Eudorcas d'après Groves (2000) et Grubb (2005), la gazelle de Mongalla est ici traitée comme une espèce distincte, d'après des auteurs récents (FitzGibbon et Wilmshurst 2013, Groves 2013, Hashim et Kingdon 2013) (voir toutefois Grubb 2005 qui l'inclut avec la gazelle à front roux).


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGazelle de Mongalla
English nameAddax
Mongalla Gazelle
Español nombreGacela de Mongalla
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreEudorcas
Nom binominalEudorcas albonotata
Décrit parLionel Walter Rothschild
Date1903



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Wikipédia

Groves (2000). Antelopes, Deer, and Relatives: Fossil Record, Behavioral Ecology, Systematics and Conservation: "Phylogenetic relationships within Antilopini (Bovidae)". Yale University Press

Grubb (2005). Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference (3e édition): "Order Artiodactyla". Johns Hopkins University Press

FitzGibbon et Wilmshurst (2013). Mammals of Africa, Volume VI: "Eudorcas thomsonii Thomson's Gazelle". Bloomsbury Publishing

Groves (2013). Mammals of Africa, Volume VI: "Genus Eudorcas Ring-horned gazelles". Bloomsbury Publishing

Hashim et Kingdon (2013). Mammals of Africa, Volume VI: "Eudorcas albonotata Mongalla Gazelle". Bloomsbury Publishing

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.

Estes, R. (2012). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.