Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Gazelle de Grant (Nanger granti)


La gazelle de Grant (Nanger granti) est une gazelle emblématique des savanes africaines, reconnue pour son élégance et son adaptation remarquable aux environnements arides. Ce bovidé est classé dans le genre Nanger avec la gazelle de Soemmerring et la gazelle de Thomson.


Gazelle de Grant (Nanger granti)
Gazelle de Grant (Nanger granti)
© Khemthong Tonsakulrungruang - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

La gazelle de Grant est l'une des plus grandes espèces de gazelles. Les mâles mesurent entre 86 et 97 cm au garrot et pèsent de 50 à 80 kg, tandis que les femelles, plus petites, atteignent 76 à 87 cm de hauteur pour un poids de 30 à 50 kg. Le dimorphisme sexuel est donc prononcé, les mâles étant non seulement plus grands mais aussi dotés de cornes plus longues et plus robustes que celles des femelles. Les cornes des mâles mesurent généralement entre 60 et 80 cm, contre 30 à 40 cm pour les femelles. Ces cornes, annelées et recourbées vers l'arrière, confèrent à l'animal une allure majestueuse.

Le pelage de la gazelle de Grant est caractéristique : la partie supérieure du corps est de couleur sable ou fauve, tandis que le ventre, l'intérieur des pattes et les fesses sont blancs. Une fine bande noire s'étend de l'œil à la commissure des lèvres, surmontée d'une bande blanche, ajoutant à l'élégance de son visage. Une rayure noire est également présente sur l'arrière de la cuisse. Ces marques distinctives permettent de différencier la gazelle de Grant de la gazelle de Thomson, plus petite et dotée d'une bande noire plus marquée sur les flancs.

Adaptée aux conditions arides, la gazelle de Grant possède un système de régulation thermique efficace. Elle est capable de laisser sa température interne s'élever jusqu'à 46 °C, tout en maintenant son cerveau à une température inférieure grâce à un mécanisme de refroidissement par évaporation nasale. Ce système nécessite une consommation d'eau importante, rendant la gazelle de Grant plus dépendante de l'eau que certaines autres espèces de gazelles.


Nanger granti
Nanger granti
© Teddy Kinyanjui - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le complexe d'espèces de gazelles de Grant habite la zone aride Somali-Masaï, du Soudan du Sud et de l'Éthiopie au centre de la Tanzanie, et de la côte Kenya/Somalie au lac Victoria. Les aires de répartition des trois sous-espèces sont les suivantes :

- Nanger granti granti (gazelle de Grant) est répartie de la rive nord de la rivière Ruaha dans le centre de la Tanzanie jusqu'au Kenya au sud du lac Baringo et du mont Kenya, et du lac Victoria à l'ouest jusqu'à la rivière Voi à Tsavo à l'est.

- Nanger granti notata (gazelle de Bright) est répartie du nord-est de l'Ouganda au sud de la Somalie, avec une aire de répartition qui entoure le lac Turkana et s'étend à travers les régions très arides du nord du Kenya. On pense qu'une ceinture de hautes terres et de forêts a séparé la gazelle de Grant de la gazelle de Bright.

- Nanger granti petersii (gazelle de Peters) est présente dans l'est du Kenya, depuis la basse vallée de Tana jusqu'à l'ouest du fleuve Juba en Somalie. Cette espèce a récemment étendu son aire de répartition à la majeure partie du parc national de Tsavo Est au Kenya.

L'habitat de toutes les sous-espèces comprend le sous-désert, les buissons épineux de basse altitude, les savanes boisées, les plaines ouvertes et les prairies de montagne jusqu'à 2 500 m. La gazelle de Grant habite des plaines ouvertes et sèches et des savanes ouvertes, y compris certaines hautes terres fraîches. Son habitat est typique des plaines et des savanes du parc national du Serengeti. Une grande partie de l'aire de répartition de la gazelle de Bright est très sèche, mais elle habite périodiquement des savanes et des semi-déserts frais des hautes terres. Dans les régions plus au sud-est, elle tolère des zones plus boisées que les autres espèces. La gazelle de Peters est essentiellement une espèce de plaine et, dans le delta du fleuve Tana, elle vit sur des plaines très plates qui sont périodiquement inondées.


Nanger granti repartition
     Répartition actuelle de la gazelle de Grant
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

La gazelle de Grant est un herbivore ruminant dont le régime alimentaire varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources. Elle est à la fois brouteuse et phyllophage, se nourrissant d'herbes, de feuilles, de jeunes pousses, d'arbustes et parfois d'écorces d'arbres, notamment en période de sécheresse. Cette flexibilité alimentaire lui permet de survivre dans des habitats où la végétation est clairsemée.

Pendant la saison des pluies, la gazelle de Grant privilégie les graminées vertes et les herbacées riches en nutriments. En revanche, durant la saison sèche, elle se tourne davantage vers les feuilles et les jeunes pousses des arbustes, qui contiennent une teneur en eau plus élevée. Cette adaptation lui permet de réduire sa dépendance aux points d'eau, bien qu'elle puisse s'abreuver lorsqu'ils sont disponibles.

Une particularité notable est sa capacité à se nourrir principalement la nuit pendant la saison sèche. En broutant la nuit, elle profite de la rosée présente sur les plantes, ingérant ainsi une quantité d'eau significative qui l'aide à réguler sa température corporelle pendant les journées chaudes. Cette stratégie alimentaire nocturne est une adaptation essentielle à la survie dans les environnements arides.


Gazelle de Peters (Nanger granti petersii)
Gazelle de Peters (Nanger granti petersii)
© Craigscribbles - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction chez la gazelle de Grant est étroitement liée à son comportement territorial. Les mâles établissent et défendent des territoires qu'ils marquent avec leurs excréments et leur urine. Pendant la saison de reproduction, qui s'étend généralement de septembre à décembre, les mâles deviennent particulièrement agressifs, se livrant à des combats d'intimidation pour attirer les femelles.

Après une période de gestation d'environ 5,5 à 6 mois, la femelle donne naissance à un seul petit, pesant entre 5 et 7 kg. Les naissances peuvent survenir tout au long de l'année, mais un pic est souvent observé entre octobre et décembre. À la naissance, le faon est caché dans la végétation, où il reste immobile pendant les premières semaines de sa vie. La mère le rejoint plusieurs fois par jour pour l'allaiter et le nettoyer, éliminant ainsi toute odeur susceptible d'attirer les prédateurs. Ce comportement de cachette est une stratégie de survie courante chez de nombreuses espèces de gazelles. Le sevrage survient généralement entre 4 et 6 mois après la naissance, bien que cela puisse varier légèrement en fonction des conditions environnementales et de la santé du jeune. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers 1,5 an, tandis que les mâles y parviennent autour de 3 ans.

La longévité de la gazelle de Grant en milieu naturel varie selon les conditions de vie et la présence de prédateurs. En moyenne, elle vit entre 10 et 12 ans dans la nature. En captivité, où elle bénéficie de soins médicaux et de conditions alimentaires stables, la longévité peut atteindre jusqu’à 20 ans, ce qui est supérieur à celle observée dans la nature.


Gazelle de Grant femelle
Gazelle de Grant femelle et son petit
© GRID-Arendal - Flickr
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

La gazelle de Grant est un animal social et grégaire, vivant en groupes dont la taille varie en fonction des conditions environnementales. Ces groupes peuvent comprendre de six à trente individus, mais lors de conditions favorables, notamment en présence de ressources alimentaires abondantes, ils peuvent se rassembler en troupeaux de plusieurs centaines d'animaux.

Les structures sociales au sein des troupeaux sont complexes. On observe des groupes de femelles avec leurs petits, des groupes de mâles célibataires et des mâles territoriaux solitaires. Les mâles territoriaux défendent activement leur territoire contre les intrusions d'autres mâles, utilisant des comportements d'intimidation tels que des postures de dominance et des combats front contre front.

Les gazelles de Grant sont principalement diurnes, mais elles peuvent également être actives pendant la nuit, surtout en période de sécheresse, afin de profiter de la fraîcheur nocturne et de la rosée sur les plantes. Elles communiquent entre elles par des signaux visuels, tels que des postures d'alerte, et des vocalisations, notamment des grognements d'alarme en présence de prédateurs.


Gazelle de Grant au Serengeti
Gazelles de Grant au Serengeti en Tanzanie
© Charles J. Sharp - Sharp Photography
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

PRÉDATION

La gazelle de Grant est confrontée à de nombreux prédateurs dans son habitat naturel, principalement en Afrique de l'Est, où elle évolue dans les plaines ouvertes et les savanes. Bien qu'elle soit rapide et dotée d'une excellente vigilance, plusieurs carnivores redoutables la chassent, notamment les félins, les canidés et certains reptiles :

* Guépard (Acinonyx jubatus) : Le guépard est le prédateur le plus dangereux pour la gazelle de Grant, car il est capable d’atteindre une vitesse de 100 km/h sur de courtes distances. Il cible principalement les jeunes ou les adultes distraits, qu'il attaque en effectuant des accélérations fulgurantes. Toutefois, si la gazelle repère le guépard suffisamment tôt, elle peut lui échapper grâce à son endurance et à sa capacité à zigzaguer rapidement.

* Lion (Panthera leo) : En raison de sa puissance et de sa stratégie de chasse en groupe, le lion est un prédateur redoutable. Contrairement au guépard, qui mise sur la vitesse, le lion utilise l'embuscade et la chasse collective pour attraper ses proies. Les lionnes, en particulier, sont souvent chargées de la traque et ciblent les individus les plus faibles ou isolés.

* Léopard (Panthera pardus) : Moins spécialisé que le lion ou le guépard, le léopard s'attaque surtout aux jeunes gazelles et aux adultes affaiblis. Il chasse souvent de nuit et profite de sa discrétion pour s'approcher au plus près avant de bondir sur sa proie. Contrairement aux lions, qui mangent leur proie immédiatement, le léopard peut hisser une gazelle dans un arbre pour la mettre à l'abri des charognards.

* Caracal (Caracal caracal) et Serval (Leptailurus serval) : Le caracal et le serval ne sont pas une menace pour les adultes, mais ils peuvent s'attaquer aux petis=ts cachés dans la végétation.

* Hyène tachetée (Crocuta crocuta) : Opportuniste et puissante, la hyène tachetée peut chasser seule ou en groupe. Contrairement aux guépards, elle ne compte pas sur la vitesse, mais sur l’endurance et la force pour harceler ses proies jusqu'à l’épuisement.

* Lycaon (Lycaon pictus) : Ce carnivore chasse en meute et utilise une stratégie de poursuite longue distance. Contrairement aux félins qui comptent sur des attaques rapides, les lycaons traquent leurs proies jusqu'à ce qu'elles soient trop fatiguées pour continuer à fuir. Ils peuvent ainsi s’attaquer aux gazelles adultes en bonne santé, ce qui en fait l’un des prédateurs les plus efficaces.

* Chacal (Canis spp.) : Le chacal s'attaque rarement aux adultes, mais il représente une menace pour les jeunes faons. Son agilité et son opportunisme lui permettent de repérer les petits cachés dans la végétation.

* Crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) : Lorsqu'une gazelle de Grant s'approche d'un point d'eau pour boire ou traverser une rivière, elle court un risque considérable d'être attaquée par un crocodile du Nil. Ce crocodile peut saisir une gazelle adulte par les pattes ou le cou et la noyer avant de la dévorer.

* Rapaces : Les jeunes faons sont également vulnérables aux grands rapaces, tels que l’aigle martial (Polemaetus bellicosus) et l'aigle ravisseur (Aquila rapax).


Gazelle de Grant gros plan
Gros plan de la gazelle de Grant
© Susan Adams - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

MENACES

La gazelle de Grant reste une espèce très répandue au sein et en dehors des parcs nationaux. Cela, en dépit de la perte d'une partie de son aire de répartition convertie en terres agricoles et le déclin de certaines populations à cause du braconnage et de la concurrence avec le bétail. Il est tout de même préoccupant de constater que la plupart des populations semblent être en déclin dans une grande partie de son aire de répartition (par exemple, au Tsavo) et que celles qui sont connues pour être stables ou à la hausse ne représentent qu'environ 25 % du nombre total de cette espèce.


Gazelle de grant reserve nationale de samburu
Gazelle de Grant dans la réserve nationale de Samburu, Kenya
© Bernard Dupont - Flickr
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

CONSERVATION

Avec une population totale comprise entre 140 000 et 350 000 individus, la gazelle de Grant n'est actuellement pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.

Environ 30 % de la population se produit dans des parcs nationaux. La gazelle de Grant semble être relativement bien protégée et en sécurité puisqu'une fraction substantielle de sa population se trouve dans des zones protégées, telles que le parc national du Serengeti, le parc national du Taragire (bien que la majeure partie de la population de gazelles de Grant du Serengeti se trouve bien loin de la limite occidentale de la zone protégée où se déroule la plupart des activités de braconnage), la réserve naturelle de Mkomazi (Tanzanie) et la réserve naturelle de Masai Mara, le parc national du lac Nakuru, le parc national d'Amboseli et le parc national de Nairobi (Kenya). La plus petite partie de la population de gazelles de Bright vit dans des zones protégées. Le parc national de Tsavo et la réserve naturelle de la rivière Tana sont les seules zones protégées situées dans l'aire de répartition de la gazelle de Peter.


Gazelle de Grant dessin
Illustration de la gazelle de Grant
Source: Brehms Tierleben, Small Edition 1927
CC0 (Domaine public)

TAXONOMIE

La gazelle de Grant appartient à la famille des Bovidae. Elle fait partie de la sous-famille des Antilopinae, connue pour ses espèces légères et rapides, adaptées aux milieux ouverts comme les savanes et les steppes arides d'Afrique et d'Asie. L'espèce est nommée en hommage à James Augustus Grant (1827-1892), un explorateur et officier britannique qui a joué un rôle majeur dans l'exploration de l'Afrique de l'Est, notamment dans la découverte des sources du Nil aux côtés de John Hanning Speke.

La gazelle de Grant présente plusieurs variations morphologiques et génétiques selon les régions, ce qui a conduit à la reconnaissance de plusieurs sous-espèces. Bien que la classification exacte soit encore débattue, les principales sous-espèces reconnues sont :

- Nanger granti brighti : répandue en Ouganda et dans certaines régions du Kenya.

- Nanger granti granti : présente principalement en Tanzanie et au Kenya.

- Nanger granti notata : habite certaines parties de la Tanzanie et du Kenya oriental.

- Nanger granti petersii : présente en Somalie et au nord-est du Kenya.

- Nanger granti robertsi : se trouve en Tanzanie méridionale et au Mozambique.


Grant's gazelle
En anglais, la gazelle de Grant est appelée Grant's gazelle
© D. Gordon E. Robertson - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGazelle de Grant
English nameGrant’s gazelle
Español nombreGacela de Grant
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreNanger
Nom binominalNanger granti
Décrit parVictor Brooke
Date1872



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

African Wildlife Foundation (AWF)

Animal Diversity Web

Arkive

Bernard Dupont - Flickr

GRID-Arendal - Flickr

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Wikimedia Commons

Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.

Kingdon, J., & Hoffmann, M. (2013). Mammals of Africa: Volume VI. Bloomsbury Publishing.

Caro, T. M. (1994). "Cheetahs of the Serengeti Plains: Group Living in an Asocial Species." University of Chicago Press.

Sinclair, A. R. E., & Arcese, P. (1995). Serengeti II: Dynamics, Management, and Conservation of an Ecosystem. University of Chicago Press.