Gazelle de Speke (Gazella spekei)

La gazelle de Speke (Gazella spekei) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés dans le genre Gazella. C'est la plus petite des espèces de gazelles. Originaire de la Corne de l'Afrique, elle a parfois été considérée comme une sous-espèce de la gazelle dorcas, bien que cela soit désormais largement ignoré. La gazelle de Speke tient son nom à l'explorateur britannique John Hanning Speke (1827-1864).

DESCRIPTION

La gazelle de Speke est une petite antilope gracile, bien adaptée aux conditions arides de son habitat. Les adultes mesurent généralement entre 50 et 60 centimètres de hauteur au garrot et pèsent entre 15 et 25 kilogrammes. Leur corps élancé est recouvert d'un pelage court et lisse, dont la couleur varie du brun clair au beige, facilitant leur camouflage dans les paysages désertiques. Une bande latérale sombre distincte s'étend de l'épaule à la hanche, séparant le dos brun du ventre blanc. Cette bande est bordée de lignes plus claires, ajoutant un contraste marqué à leur apparence.

La tête de la gazelle de Speke est ornée de marques faciales caractéristiques. Une bande blanche s'étend du museau jusqu'au front, encadrée par deux bandes sombres qui passent au-dessus des yeux et se rejoignent à la base des cornes. Les yeux, grands et expressifs, sont entourés de cercles blancs, accentuant leur regard vif. Les oreilles, de taille moyenne et pointues, sont mobiles et permettent une détection efficace des sons environnants.

Les cornes, présentes chez les deux sexes, sont légèrement incurvées vers l'arrière et mesurent entre 20 et 30 centimètres de long. Chez les mâles, elles sont généralement plus épaisses et plus longues que chez les femelles. Les pattes fines et élancées se terminent par des sabots étroits, adaptés à la course rapide et aux terrains sableux. La queue, relativement courte, mesure environ 15 centimètres et se termine par une touffe de poils noirs.

HABITAT

La gazelle de Speke est endémique de la Corne de l'Afrique et était autrefois largement répandue dans les prairies arides du centre, du nord-est et du nord de la Somalie et dans la région côtière centrale. Elle était encore largement présente dans son aire de répartition historique dans les années 1980, bien que ses effectifs aient été considérablement réduits par la chasse, la sécheresse et le surpâturage de son habitat par le bétail domestique. Elle habitait autrefois la plaine herbeuse de 20 à 40 km de large qui s'étend le long du littoral de Hobyo en Somalie et y était commune au milieu des années 1980, mais la pression de la chasse a éliminé l'espèce des prairies côtières au sud de 2°30' de latitude nord. Au Somaliland (nord de la Somalie), elle était autrefois commune et répandue sur le plateau au sud de la chaîne de Golis à l'ouest jusqu'à environ 44°E. Elle est encore dispersée dans les plaines ouvertes (bans) du Somaliland, à l'ouest jusqu'à environ 44°35'E. La gazelle de Speke a également été signalée dans la région du Puntland au nord de la Somalie, entre Garowe et Galkayo et dans la vallée de Nogaal par Lorenz (2010). Des groupes épars de gazelles de Speke étaient encore rarement rencontrés dans le nord de l'Ogaden, dans l'est de l'Éthiopie au milieu des années 1980, mais la pression de chasse extrême était sur le point d'éliminer l'espèce de l'Ogaden à cette époque et il n'existe aucune information récente indiquant qu'elles y soient toujours présentes.

La gazelle de Speke se rencontre surtout dans les prairies semi-arides, mais aussi dans les arbustes nains (par exemple, Indogofera intricata) et les pâturages stériles, à des altitudes inférieures à 2 500 m. La présence d'une mouche tabanide piqueuse (Haematopota sp.) au milieu de la saison de croissance incite les individus à se déplacer vers la côte ou vers de grandes dunes de sable intérieures où la brise disperse les mouches. Les gazelles de Speke se déplacent également vers ces zones à la fin de la saison de dormance, car la végétation clairsemée reste verte plus longtemps sur ces sites, peut-être parce que les racines accèdent à l'humidité du sol stockée plus profondément dans les dunes. Au Somaliland, la gazelle de Speke se rencontre dans les plaines herbeuses ouvertes (bans), occasionnellement dans les buissons ouverts d'Acacia bussei et sur les flancs de collines pierreux avec des buissons clairsemés d'Acacia etbaica et de Buxus hildebrandtii jusqu'à 1 650 m.

ALIMENTATION

La gazelle de Speke est principalement herbivore et a développé des habitudes alimentaires spécifiques pour survivre dans les environnements arides où la végétation est rare. Son régime alimentaire se compose principalement de feuilles, de pousses, de fleurs et de fruits de diverses plantes désertiques. Elle consomme également des herbes et des graminées lorsque celles-ci sont disponibles, notamment après les rares précipitations qui favorisent une croissance végétale temporaire.

Une caractéristique notable de l'alimentation de la gazelle de Speke est sa capacité à extraire l'humidité nécessaire directement de sa nourriture, ce qui lui permet de survivre sans boire d'eau pendant de longues périodes. Cette adaptation est cruciale dans les régions où les sources d'eau sont rares ou inexistantes. De plus, elle est capable de sélectionner des plantes riches en eau et en nutriments, optimisant ainsi son apport hydrique et énergétique.

La gazelle de Speke adopte un comportement alimentaire opportuniste, ajustant son régime en fonction de la disponibilité saisonnière des ressources. Pendant les périodes de sécheresse, elle peut se nourrir de plantes plus coriaces et moins nutritives, démontrant une grande flexibilité dans ses choix alimentaires. Cette capacité d'adaptation est essentielle pour sa survie dans des habitats où les conditions environnementales sont extrêmement variables.

REPRODUCTION

La reproduction chez la gazelle de Speke est étroitement liée aux conditions environnementales, notamment à la disponibilité des ressources alimentaires. Les périodes de reproduction coïncident généralement avec les saisons où la végétation est la plus abondante, assurant ainsi un apport suffisant en nutriments pour les femelles gestantes et allaitantes. Le mâle établit et défend un territoire pendant la saison de reproduction, marquant les limites avec des sécrétions glandulaires et des dépôts fécaux. Il adopte des comportements démonstratifs pour attirer les femelles, tels que des parades nuptiales impliquant des sauts gracieux et des postures accentuant la taille et la forme de ses cornes. Les combats entre mâles pour l'accès aux femelles peuvent survenir, bien qu'ils soient généralement ritualisés et rarement violents.

Après l'accouplement, la femelle entre dans une période de gestation d'environ 6 mois. Elle donne généralement naissance à un seul petit, bien que des jumeaux puissent occasionnellement naître. La mise bas se déroule dans un endroit abrité, souvent dissimulé par la végétation ou le relief. À la naissance, le faon pèse entre 2 et 3 kilogrammes et présente un pelage tacheté qui lui procure un excellent camouflage. Les premiers jours, il reste caché, immobile pendant de longues périodes, tandis que la mère s'éloigne pour se nourrir, revenant régulièrement pour l'allaiter. Ce comportement réduit le risque de prédation.

Le sevrage intervient généralement entre 3 et 4 mois, bien que le jeune puisse commencer à grignoter de la végétation dès l'âge de quelques semaines. L'indépendance complète est atteinte vers 6 mois, mais les jeunes peuvent rester avec leur mère ou au sein de petits groupes familiaux pendant une période plus longue avant de se disperser pour établir leurs propres territoires.

La gazelle de Speke a une espérance de vie moyenne qui varie selon son environnement et les menaces auxquelles elle est exposée. En milieu naturel, sa longévité est généralement de 8 à 12 ans, bien que certains individus puissent survivre plus longtemps dans des conditions favorables. En captivité, où elle bénéficie de soins vétérinaires et d'une alimentation régulière, elle peut atteindre 14 à 16 ans. Toutefois, ces estimations dépendent de divers facteurs, notamment la génétique, les maladies, le stress et les conditions de vie.

COMPORTEMENT

La gazelle de Speke est principalement diurne, avec des pics d'activité aux premières heures du matin et en fin d'après-midi, périodes durant lesquelles les températures sont plus clémentes. Pendant les heures les plus chaudes de la journée, elle cherche refuge à l'ombre ou se repose, minimisant ainsi la perte d'eau et l'exposition à la chaleur intense.

Socialement, la gazelle de Speke présente une organisation flexible. Les femelles et les jeunes forment souvent de petits groupes, tandis que les mâles adultes peuvent être solitaires ou former des groupes de célibataires. Pendant la saison de reproduction, les mâles deviennent territoriaux et défendent activement leurs zones contre les intrus, utilisant des signaux visuels et olfactifs pour marquer leur présence.

La communication au sein de l'espèce est variée et comprend des signaux visuels, auditifs et olfactifs. Les postures corporelles, telles que l'inclinaison de la tête, le positionnement des oreilles et la queue, transmettent des informations sur l'état émotionnel ou les intentions d'un individu. Les vocalisations, bien que rares, peuvent inclure des grognements ou des sifflements, notamment en situation de stress ou de menace.

En cas de danger, la gazelle de Speke adopte une stratégie de fuite rapide, pouvant atteindre des vitesses de pointe de 80 km/h sur de courtes distances. Cette agilité, combinée à des changements de direction brusques, lui permet d'échapper à la plupart des prédateurs. De plus, sa coloration et son comportement discret contribuent à réduire les risques de détection.

PRÉDATION

Dans son habitat aride et semi-aride de la Corne de l'Afrique, la gazelle de Speke doit faire face à plusieurs prédateurs naturels. Sa petite taille et son mode de vie discret en font une proie potentielle pour divers carnivores et rapaces. Cependant, elle a développé plusieurs adaptations comportementales et physiologiques pour échapper à ces menaces.

*Guépard : Avec sa vitesse exceptionnelle, le guépard (Acinonyx jubatus) représente une menace majeure pour les gazelles, bien qu'il privilégie généralement des proies légèrement plus grandes. Il est capable d’atteindre une vitesse de pointe de 100 km/h en courtes distances, ce qui lui permet de capturer des adultes ou juvéniles.

*Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est un chasseur furtif qui utilise la ruse et l’effet de surprise pour attaquer les gazelles, souvent au lever ou au coucher du soleil. Il chasse généralement en embuscade, profitant du couvert végétal ou des reliefs du terrain.

*Serval et Caracal : Le serval (Leptailurus serval) et le caracal (Caracal caracal) sont des félins de taille moyenne qui s'attaquent principalement aux jeunes gazelles et aux individus affaiblis. Grâce à leurs bonds puissants, ils peuvent surprendre des proies dans les hautes herbes.

*Chacal doré et Chacal à flancs rayés : Le chacal à flancs rayés (Canis adustus) et le chacal doré (Canis aureus) sont des charognards et prédateurs opportunistes. Ils ciblent principalement les jeunes gazelles ou les adultes affaiblis. Ils chassent souvent en couple ou en petits groupes, augmentant ainsi leurs chances de capturer une proie.

*Lycaon : Bien que sa présence soit plus rare dans l’aire de répartition de la gazelle de Speke, le lycaon (Lycaon pictus) peut représenter une menace dans certaines régions. Chassant en meute, il fatigue ses proies par une poursuite prolongée.

*Hyène tachetée : La hyène tachetée (Crocuta crocuta) est un puissant prédateur capable de s'attaquer aux adultes et aux jeunes gazelles. Elle chasse seule ou en groupe, utilisant son endurance et sa force pour attraper des proies.

*Hyène rayée : Moins agressive que sa cousine tachetée, la hyène rayée (Hyaena hyaena) est surtout charognarde, mais peut opportunément capturer des gazelles affaiblies.

*Rapaces : Les jeunes gazelles, qui restent souvent cachées dans la végétation pour éviter les prédateurs terrestres, sont vulnérables aux attaques de grands rapaces tels que l'aigle martial (Polemaetus bellicosus), le pygargue vocifer (Haliaeetus vocifer) et l’aigle couronné (Stephanoaetus coronatus).

*Serpents : Certains serpents de grande taille, comme le python de Seba (Python sebae), peuvent attaquer les jeunes gazelles, bien que ces cas soient rares.

MENACES

L’instabilité politique extrême et les conflits civils et militaires périodiques qui ont eu lieu ces vingt dernières années en Somalie (et qui se poursuivent encore), combinés à l’absence de tout contrôle du gouvernement central, ont entraîné une prévalence des armes, une surexploitation et un manque de protection de la faune sauvage. Il n’existe aucune zone protégée fonctionnelle dans l'aire de répartition de la gazelle de Speke. Un commerce illégal d’espèces sauvages, notamment d’antilopes, s’est développé en Somalie au cours des dernières années. La sécheresse et le surpâturage dus à l’augmentation du nombre de bétail domestique ont eu des effets négatifs sur l’habitat.

CONSERVATION

La gazelle de Speke est considérée comme une espèce menacée d'extinction. Elle est inscrite dans la catégorie En danger (En) sur la Liste rouge de l'IUCN.

Il n'existe pas de zones protégées fonctionnelles ni de programmes de conservation actifs sur le terrain dans son aire de répartition. Son statut de conservation risque donc de continuer à décliner à moins qu'une protection et une gestion efficaces ou des populations représentatives et leur habitat ne soient développés et mis en oeuvre. De petites populations de gazelles de Speke sont maintenues en captivité.

TAXONOMIE

La gazelle de Speke appartient à la famille des Bovidae, qui regroupe diverses espèces d’ongulés ruminants, incluant les antilopes, les buffles, les moutons et les chèvres. Elle fait partie du genre Gazella, qui comprend plusieurs espèces de gazelles africaines et asiatiques. L’espèce a été décrite scientifiquement en 1863 par le zoologiste britannique Edward Blyth, qui lui a donné son nom en hommage à l'explorateur John Hanning Speke.

La gazelle de Speke est une espèce relativement peu étudiée, et jusqu'à présent, aucune sous-espèce officielle n’a été décrite de manière reconnue par la communauté scientifique. Toutefois, des variations morphologiques et génétiques ont été observées au sein de différentes populations réparties en Somalie et dans certaines régions voisines. Ces différences peuvent être liées à l’adaptation locale à des environnements spécifiques, mais elles ne sont pas encore suffisamment caractérisées pour justifier la création de sous-espèces distinctes.

CLASSIFICATION

Fiche d'identité

Nom commun	Gazelle de Speke
English name	Speke's Gazelle
Español nombre	Gacela de Speke
Règne	Animalia
Embranchement	Chordata
Sous-embranchement	Vertebrata
Classe	Mammalia
Sous-classe	Theria
Infra-classe	Eutheria
Ordre	Artiodactyla
Sous-ordre	Ruminantia
Famille	Bovidae
Sous-famille	Antilopinae
Genre	Gazella
Nom binominal	Gazella spekei
Décrit par	Edward Blyth
Date	1863
Satut IUCN

SOURCES

Antelope Specialist Group

Arkive

BioLib

iNaturalist

Liste rouge IUCN des espèces menacées

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wikimedia Commons

Zooinstitutes

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