Gazelle dorcas (Gazella dorcas)
La gazelle dorcas (Gazella dorcas) est un petit mammifère ruminant appartenant à la famille des bovidés. Originaire des milieux arides et semi-arides d'Afrique du Nord, du Sahel et du Moyen-Orient, cette gazelle est une espèce emblématique des écosystèmes désertiques qui a su développer des adaptations remarquables pour survivre dans des conditions extrêmes.

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La gazelle dorcas est une espèce de petite taille comparée à d'autres gazelles. Elle mesure entre 90 et 110 cm de longueur, avec une hauteur au garrot de 55 à 65 cm et un poids variant entre 15 et 20 kg, les mâles étant généralement plus grands et plus lourds que les femelles.
Son corps élancé est recouvert d'un pelage court et fin qui varie en couleur du sable clair au brun foncé, selon l’environnement et la sous-population. Cette teinte lui permet de se camoufler efficacement dans son habitat désertique. Une bande plus foncée longe ses flancs et sépare la couleur dorsale de la région ventrale, qui est d’un blanc pur.
Sa tête est fine et allongée, avec de grands yeux noirs cerclés d’une ligne blanche, accentuant son regard expressif. Ses oreilles sont de taille moyenne et pointues, adaptées pour détecter les moindres bruits dans l’environnement hostile du désert. Les cornes de la gazelle dorcas sont caractéristiques : elles sont présentes chez les deux sexes, bien que celles des mâles soient plus épaisses et plus développées. Elles mesurent environ 25 à 40 cm de long chez le mâle et sont légèrement plus courtes chez la femelle. Elles sont légèrement courbées vers l’arrière, puis se redressent avec une extrémité en forme de lyre.
Les pattes de la gazelle dorcas sont longues et fines, bien adaptées à la course et aux sauts. Ses sabots sont relativement petits mais robustes, lui permettant d’évoluer avec agilité sur les sols sableux et rocailleux. Elle est capable de pointes de vitesse allant jusqu’à 80 km/h, ce qui lui permet d’échapper à ses prédateurs naturels.
La gazelle dorcas est similaire en apparence à la gazelle de montagne (Gazella gazella) avec qui elle est physiquement proche, mais elle est plus petite, a de plus longues oreilles et des cornes plus fortement incurvées.

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La gazelle dorcas était autrefois présente dans toute la région sahélo-saharienne, de la Méditerranée au sud du Sahel et de l'Atlantique à la mer Rouge, et s'étendant jusqu'au sud d'Israël, à la Syrie et à la Jordanie (occurrence marginale) et dans la Corne de l'Afrique. L'espèce s'est éteinte au Sénégal, où elle n'était probablement présente que comme visiteur errant ou saisonnier, et des animaux ont ensuite été relâchés dans des zones protégées bien qu'il n'existe aucune information récente sur leur statut. Elle est peut-être éteinte au Nigéria, et son statut actuel au Burkina Faso n'est pas clair.
Cette gazelle habite une grande variété d'habitats arides et semi-arides, mais évite les vastes étendues de dunes et les zones hyperarides. Elle habite préférentiellement les plaines rocheuses à végétation clairsemée. L'espèce a la capacité d'effectuer des changements saisonniers qui lui permettent d'exploiter des zones localisées avec un fourrage de haute qualité et riche en humidité.

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La gazelle dorcas est herbivore et se nourrit principalement de végétaux qu’elle trouve dans son environnement désertique. Son régime alimentaire est varié et dépend des ressources disponibles selon les saisons. Elle se nourrit de feuilles, jeunes pousses, herbes, fruits et fleurs. Parmi les plantes les plus consommées, on trouve des acacias, euphorbes, graminées, arbustes épineux et plantes succulentes qui lui fournissent l’humidité nécessaire à sa survie.
La gazelle dorcas a développé une capacité étonnante à survivre sans boire d’eau pendant de longues périodes. Elle tire l’essentiel de son hydratation des végétaux consommés, notamment ceux qui retiennent beaucoup d’eau. De plus, elle réduit sa perte d’eau en ayant une activité principalement crépusculaire et nocturne, évitant ainsi les températures élevées du jour. Son métabolisme est également adapté : ses reins sont très efficaces pour concentrer l’urine, minimisant ainsi la perte de liquide.

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La reproduction de la gazelle dorcas est influencée par la disponibilité des ressources alimentaires et les conditions climatiques. Le rut a lieu généralement en automne et en hiver, entre septembre et janvier, selon la région. Les mâles deviennent alors plus agressifs et territoriaux, marquant leur territoire à l’aide de sécrétions glandulaires et d’urine. Ils s’affrontent parfois en duels, entrechoquant leurs cornes pour impressionner les femelles et éloigner les rivaux.
Après l’accouplement, la gestation dure en moyenne 5 à 6 mois, aboutissant à la naissance d’un unique faon (rarement des jumeaux) entre mars et avril. À la naissance, le nouveau-né pèse environ 1,5 à 2 kg et est immédiatement capable de se tenir sur ses pattes. Durant les premiers jours, il reste caché dans la végétation, ne se déplaçant qu’en présence de sa mère pour éviter les prédateurs. Le jeune est allaité pendant environ 2 à 3 mois, après quoi il commence progressivement à consommer de la végétation. La maturité sexuelle est atteinte vers 1 an pour les femelles et 1,5 à 2 ans pour les mâles.
La gazelle dorcas a une espérance de vie moyenne de 12 à 15 ans à l’état sauvage, bien que certains individus puissent atteindre 18 ans en captivité. Sa longévité dépend fortement des conditions environnementales, de la prédation et de la disponibilité des ressources alimentaires. Dans la nature, les jeunes sont particulièrement vulnérables, ce qui réduit leur taux de survie.

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La gazelle dorcas vit généralement en petits groupes familiaux de 5 à 10 individus, composés d’un mâle dominant, de plusieurs femelles et de leurs petits. Cependant, en période de sécheresse, elles peuvent se regrouper en troupeaux plus importants pour mieux faire face aux conditions difficiles. Les mâles dominants marquent leur territoire en utilisant leurs glandes préorbitaires, situées près des yeux, qui sécrètent une substance odorante sur les branches et les rochers.
Ces gazelles sont principalement nomades et parcourent de grandes distances à la recherche de nourriture et d’eau, adaptant leurs déplacements aux cycles climatiques. Leur principale défense face aux prédateurs repose sur leur vitesse et leur agilité. Elles adoptent également un comportement appelé "stotting" : elles effectuent de grands sauts verticaux pour signaler leur vigilance et dissuader leurs ennemis.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle dorcas est une proie de choix pour de nombreux prédateurs carnivores qui évoluent dans son habitat aride. Son principal atout pour leur échapper est sa grande vitesse et son agilité, mais cela ne suffit pas toujours face aux chasseurs expérimentés du désert.
* Guépard : Le guépard (Acinonyx jubatus) est l’un des prédateurs les plus dangereux pour la gazelle dorcas en raison de sa rapidité fulgurante. Capable d’atteindre 110 km/h sur de courtes distances, ce félin peut aisément rattraper une gazelle, surtout les jeunes et les individus affaiblis. Les gazelles dorcas tentent d’échapper au guépard par des zigzags rapides, exploitant leur maniabilité supérieure pour semer leur poursuivant.
* Caracal : Le caracal (Caracal caracal), souvent surnommé "lynx du désert", est un prédateurs opportuniste qui chasse aussi bien de petits rongeurs que des antilopes de la taille d’une gazelle dorcas. Ce félin est un excellent sauteur, capable de bondir jusqu’à 3 mètres de haut, ce qui lui permet d’attaquer par surprise. Il privilégie les jeunes gazelles et les individus blessés ou isolés.
* Loup doré africain : Anciennement confondu avec le chacal doré, le loup doré africain (Canis lupaster ou Canis anthus) est un carnivore opportuniste qui peut s’attaquer aux gazelles, en particulier aux faons et aux individus malades. Contrairement aux félins qui chassent en solitaire, ce canidé adopte des stratégies de chasse en petite meute, utilisant la coopération pour isoler et fatiguer une proie avant de la capturer.
* Léopard : Bien que plus rare dans les zones désertiques, le léopard (Panthera pardus) reste un prédateur redoutable. Il chasse en embuscade, bondissant sur sa proie après une approche furtive. Il peut traîner une gazelle jusqu’à un arbre pour la mettre à l’abri des charognards.
* Hyène rayée : Contrairement aux hyènes tachetées qui vivent en grandes meutes, la hyène rayée (Hyaena hyaena) est plus solitaire et opportuniste. Elle se nourrit principalement de carcasses, mais peut aussi chasser de petites antilopes comme la gazelle dorcas si l’occasion se présente.
* Aigle royal : L’aigle royal (Aquila chrysaetos) est un superprédateur aérien capable d’attraper de jeunes gazelles grâce à ses serres puissantes. Il cible principalement les faons, qu’il soulève du sol ou tue d’un coup de bec précis.
* Varan du désert : Bien que principalement charognard, le varan du désert (Varanus griseus) est un grand lézard pouvant s’attaquer aux faons laissés sans surveillance.
Bien qu’exposée à de nombreux prédateurs, la gazelle dorcas a su développer des adaptations remarquables pour maximiser ses chances de survie. Grâce à sa vitesse, ses comportements d’alerte et sa vigilance constante, elle parvient à échapper à la plupart des chasseurs du désert. Toutefois, l’activité humaine, en réduisant les populations de prédateurs et en fragmentant les habitats, modifie ces interactions naturelles, influençant l’équilibre des écosystèmes désertiques.

© Klaus Rudloff - BioLib

La chasse motorisée a eu un impact majeur sur les populations, aggravé par la sécheresse, ainsi que par la perte et la dégradation de l'habitat en raison de l'expansion de l'agriculture et du surpâturage des moutons et des chèvres. La concurrence avec le bétail et la capture de jeunes pour le commerce des animaux de compagnie seraient les principales menaces à la survie de l'espèce à Djibouti.

© Charles J. Sharp - Sharp Photography

La gazelle dorcas est une espèce considérée comme menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN. L'espèce est inscrite à l'Annexe I de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS) et incluse dans le Plan d'action de la CMS pour les antilopes sahélo-sahariennes. Elle est également protégée légalement ou partiellement dans plusieurs États de l'aire de répartition et elle est inscrite à l'Annexe III de la CITES (Algérie, Tunisie).
Cette espèce vit dans divers parcs nationaux, réserves naturelles et autres zones protégées dans un certain nombre de pays dans lesquels elle est présente. Elle est protégée par la loi au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Libye, en Égypte, en Jordanie et en Israël. Mais dans certaines régions, l'application de ces lois est médiocre. Dans de nombreux pays, des propositions ont été faites pour la création de réserves ainsi qu’une meilleure application des lois de protection existante. En Tunisie, il faut déterminer le statut de l'espèce à l'état sauvage.
La gazelle dorcas se porte bien en captivité et est particulièrement commune dans plusieurs collections privées en captivité au Moyen-Orient (la plupart originaires d'Égypte, de la Corne de l'Afrique et du Soudan). En outre, il existe une population captive bien gérée à Almeria (Espagne), issue d'un stock du Sahara occidental.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle dorcas (Gazella dorcas) appartient à la famille des Bovidae, un groupe diversifié comprenant les buffles, les antilopes, les chèvres et les moutons. Sa classification scientifique a fait l'objet de nombreuses révisions en raison des similitudes morphologiques entre les différentes espèces de gazelles et des avancées en biologie moléculaire.
Le naturaliste Carl von Linné a été le premier à décrire cette espèce en 1758 dans son ouvrage Systema Naturae.
En raison de son large éventail géographique, plusieurs sous-espèces de la gazelle dorcas ont été identifiées. Ces sous-espèces se distinguent par des différences de taille, de couleur et d’adaptation aux milieux spécifiques :
- Gazella dorcas beccarii : Principalement endémique du Soudan
- Gazella dorcas dorcas : Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte)
- Gazella dorcas isabella : Péninsule arabique et régions proches du Sinaï
- Gazella dorcas neglecta : Sahel (Mali, Niger, Tchad, Soudan)
- Gazella dorcas osiris : Afrique de l’Est (Éthiopie, Somalie, Soudan)
- Gazella dorcas pelzelni : Sénégal, Mauritanie, Mali
Toutes les sous-espèces ont été décrites sur la base de variations phénotypiques. Cependant, une analyse phylogéographique récente, portant uniquement sur l'ADN mitochondrial, n'a trouvé aucune preuve d'un modèle géographique clair de structure génétique et jette un doute sur la validité des sous-espèces proposées.

© Lady Philippa Scott - Arkive

Nom commun | Gazelle dorcas |
English name | Dorcas gazelle |
Español nombre | Gacela dorcas |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Gazella |
Nom binominal | Gazella dorcas |
Décrit par | Carl von Linné (Linnaeus) |
Date | 1758 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
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