Gazelle de montagne (Gazella gazella)
La gazelle de montagne (Gazella gazella) est une espèce de gazelle appartenant à la famille des bovidés dans le genre Gazella. Cette espèce évolue principalement dans les régions arides et rocailleuses du Moyen-Orient. Elle se distingue par son adaptabilité aux milieux difficiles et son agilité remarquable. La gazelle de montagne est également appelée Gazelle edmi.

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La gazelle de montagne présente une morphologie adaptée aux environnements arides et escarpés dans lesquels elle évolue. De taille moyenne, elle mesure généralement entre 85 et 105 cm de long, avec une hauteur au garrot variant de 55 à 70 cm. Son poids oscille entre 12 et 25 kg, les mâles étant généralement plus imposants que les femelles.
Son pelage est court et dense, avec une coloration qui varie du brun clair au brun foncé sur le dos, tandis que le ventre est blanc, créant ainsi un contraste net qui peut servir de camouflage dans les environnements rocheux. Une bande sombre court le long de ses flancs, séparant la couleur dorsale du pelage plus clair du ventre. Cette caractéristique est commune à plusieurs espèces de gazelles.
Les deux sexes possèdent des cornes annelées et recourbées vers l’arrière. Celles des mâles sont plus longues et plus épaisses, atteignant souvent 25 à 35 cm, tandis que celles des femelles sont plus courtes et plus fines. Ces cornes jouent un rôle clé dans les affrontements entre mâles pendant la saison de reproduction.
Les membres de la gazelle de montagne sont longs et fins, ce qui lui permet de se déplacer avec une grande rapidité et agilité sur des terrains accidentés. Ses sabots sont adaptés aux surfaces rocheuses et sableuses, lui offrant une excellente adhérence et une grande stabilité. Ses grands yeux et ses oreilles développées lui confèrent une perception aiguisée des menaces environnantes.

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La gazelle de montagne est actuellement présente en Israël et dans les territoires palestiniens, depuis les hauteurs du Golan jusqu'au centre d'Israël, dans la vallée du Jourdain et dans le nord du Néguev. Quelques individus sont encore présents en Jordanie, dans la vallée du Jourdain, en particulier près des fleuves Jourdain et Yarmouk. En Turquie, une petite population a été signalée pour la première fois dans le district de Kirihan, province de Hatay, près de la frontière avec la Syrie. Aucune observation n'a été faite en Syrie depuis les années 1970, bien qu'il soit possible que l'espèce survive sur le Jabal Hermon et peut-être en Haute Galilée. Au Liban, on pensait que l'espèce avait disparu après 1945, mais trois individus ont été observés en 1998 dans les monts Barouk. Les gazelles étaient autrefois présentes dans le Sinaï (Égypte), mais les dernières observations remontent à 1932.
Ce bovidé habite une grande variété d'habitats : collines, montagnes, plaines arides et lisières de terres cultivées. Les gazelles de montagne vivent souvent sur des terrains escarpés, mais évitent les zones rocheuses et peuvent résister à des conditions climatiques difficiles.

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La gazelle de montagne est un herbivore opportuniste qui adapte son régime alimentaire en fonction des ressources disponibles dans son habitat aride. Son alimentation est constituée principalement de plantes ligneuses, de graminées, de feuilles, de fleurs et de fruits. Elle privilégie les plantes riches en eau, ce qui lui permet de survivre dans des zones où l’eau est rare ou absente.
Pendant la saison sèche, elle se nourrit de feuilles d’arbustes et d’herbes sèches. Les plantes succulentes, comme certaines espèces de cactus et d’aloès, lui fournissent une source précieuse d’hydratation. Elle consomme également les gousses et les graines de certaines légumineuses, qui lui apportent des nutriments essentiels.
La gazelle de montagne est capable de réduire ses besoins en eau en adaptant son métabolisme à la sécheresse. Contrairement à d’autres espèces de gazelles vivant en plaine, elle peut survivre pendant de longues périodes sans boire, en tirant l’eau nécessaire de sa nourriture. Lorsqu’elle trouve une source d’eau, elle en profite pour s’hydrater abondamment.
Son mode d’alimentation est influencé par la saison et la disponibilité des ressources. En hiver et au printemps, lorsque les précipitations sont plus fréquentes, elle dispose d’une plus grande variété de plantes fraîches et nutritives. En été et en automne, elle doit se contenter de végétaux plus secs et moins énergétiques.

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La reproduction de la gazelle de montagne est saisonnière et se déroule généralement entre novembre et février. Les mâles entrent en période de rut durant cette période et adoptent un comportement territorial marqué. Ils se disputent les femelles en affrontant leurs rivaux dans des combats où ils croisent leurs cornes avec force. Le mâle dominant forme un harem composé de plusieurs femelles qu’il protège et surveille attentivement. Les accouplements ont lieu après des parades nuptiales, où le mâle courtise la femelle en émettant des sons spécifiques et en effectuant des mouvements de tête et de queue.
Après une période de gestation d’environ six mois, la femelle met bas un seul petit (parfois des jumeaux, bien que ce soit rare). La naissance a lieu dans un endroit isolé, souvent dissimulé parmi les rochers ou la végétation dense, afin de protéger le faon des prédateurs. À la naissance, le petit pèse environ 2 à 3 kg et est couvert d’un pelage tacheté qui lui permet de mieux se camoufler.
Le nouveau-né est nidifuge. Il peut se lever et marcher peu de temps après sa naissance. Néanmoins, pendant les premières semaines, il passe une bonne partie de la journée allongé recroquevillé, les yeux fermés dans sa cachette. La mère reste à proximité et garde son petit. Après 3 à 6 semaines, le jeune commence peu à peu à accompagner sa mère et commence à se nourrir de nourriture solide. Le sevrage intervient généralement vers trois à six mois, et le jeune atteint sa maturité sexuelle entre un an et demi et deux ans. Les femelles restent souvent dans le groupe familial, tandis que les jeunes mâles quittent leur troupeau pour former des groupes de célibataires jusqu’à ce qu’ils deviennent suffisamment forts pour défier un mâle dominant.
La gazelle de montagne a une longévité qui varie en fonction de son environnement et des menaces auxquelles elle est confrontée. En milieu naturel, son espérance de vie est généralement comprise entre 8 et 12 ans, bien que certains individus puissent atteindre 14 ans dans des conditions optimales. En captivité, où elle bénéficie de soins vétérinaires et d’une alimentation constante, sa durée de vie peut être légèrement plus longue, atteignant parfois 15 à 17 ans.

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La gazelle de montagne est une espèce grégaire qui vit en petits groupes composés de femelles et de leurs petits, tandis que les mâles adultes peuvent être solitaires ou se regrouper en petites coalitions. Cependant, durant la saison des amours, les mâles deviennent territoriaux et agressifs, cherchant à dominer un groupe de femelles.
L’activité de cette gazelle est principalement crépusculaire et nocturne, ce qui lui permet d’éviter la chaleur intense du jour. Elle passe les heures les plus chaudes à se reposer à l’ombre ou dissimulée derrière des rochers. Aux heures fraîches, elle part en quête de nourriture et d’eau.
Son agilité et sa rapidité sont ses principaux atouts pour échapper aux prédateurs. Elle peut atteindre des vitesses allant jusqu’à 80 km/h sur de courtes distances et effectuer des bonds impressionnants pour fuir un danger. Lorsqu’elle se sent menacée, elle adopte un comportement d’alerte en relevant la tête et en observant attentivement son environnement avant de fuir.
La communication chez la gazelle de montagne repose sur des signaux visuels, sonores et olfactifs. Elle utilise des mouvements de queue et de tête pour avertir ses congénères d’un danger imminent. Elle marque également son territoire à l’aide de sécrétions glandulaires et d’urine.

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Dans son habitat naturel, la gazelle de montagne fait face à plusieurs prédateurs. Parmi les principaux, on trouve :
* Léopard d'Arabie (Panthera pardus nimr) : Bien que rare, le léopard d'Arabie est l’un des plus redoutables prédateurs de la gazelle de montagne. Ce félin chasse principalement en embuscade, utilisant sa discrétion et sa puissance pour capturer sa proie.
* Caracal (Caracal caracal) : Le caracal est un chasseur opportuniste capable de capturer de jeunes gazelles ou des adultes affaiblis. Grâce à son agilité et à ses sauts impressionnants, il est un prédateurs efficace dans les zones de savane et de semi-désert.
* Loup d'Arabie (Canis lupus arabs) : Le loup d'Arabie est une sous-espèce de loup gris qui s'attaque surtout aux jeunes gazelles, mais peut également chasser des adultes affaiblis ou isolés. Il chasse en meute, augmentant ainsi ses chances de succès.
* Chacal doré (Canis aureus) : Moins dangereux que le loup, le chacal doré est une chasseur opportuniste qui préfère s’attaquer aux jeunes ou aux individus malades. Ce canidé est aussi connu pour consommer des carcasses laissées par d’autres prédateurs.
* Chien (Canis lupus familiaris) : Dans certaines régions, les chiens domestiques abandonnés ou errants attaquent les gazelles, notamment les jeunes ou les individus isolés. Ces chiens ne sont pas des prédateurs naturels, mais ils représentent une menace croissante.
* Aigle royal (Aquila chrysaetos) : L'aigle royal est capable d’attaquer les jeunes gazelles. Ce grand rapace chasse surtout dans les terrains ouverts où il peut plonger à grande vitesse pour capturer sa proie.

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Les menaces pesant sur la gazelle de montagne varient selon les régions où vit l'espèce. Les principales causes de son déclin sont la perte d'habitat et la chasse. Les terres ont été converties en terres agricoles, en pâturages pour le bétail, en villages et en routes. La détérioration de l'habitat a eu un impact majeur sur Gazella gazella acaciae en Israël, où la nappe phréatique a baissé en raison de l'abstraction des sources d'eau souterraines pour l'agriculture. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'une vingtaine d'individus de cette sous-espèce et la consanguinité est une menace majeure pour cette gazelle.

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La gazelle de montagne est actuellement considérée comme menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "En danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN.
L'espèce est protégée par la loi dans tous les pays, mais les mesures de contrôle ne sont pas toujours efficaces. On la trouve dans de petites zones protégées en Israël : En Gedi (14 km²); Ya'ar Yehudia (62 km²); Mezukai Herev (23 km²).

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La gazelle de montagne appartient à l’ordre des Artiodactyles, à la famille des bovidés et à la sous-famille des Antilopinés. Son genre, Gazella, regroupe plusieurs espèces de gazelles, bien que certaines aient été reclassées dans d’autres genres plus récemment en raison d’études génétiques.
Le nom scientifique Gazella gazella a été attribué par le zoologiste Peter Simon Pallas en 1766. L’usage du même mot en nom de genre et d’espèce souligne le fait que cette espèce est typique du genre Gazella, servant de référence pour l’ensemble du groupe.
La taxonomie du genre Gazella est complexe et plusieurs arrangements différents ont été proposés, mais plusieurs problèmes restent non résolus. Gazella gazella a traditionnellement inclus les gazelles de Syrie et du Liban vers le sud jusqu'à la péninsule arabique, avec plusieurs sous-espèces nommées, dont Gazella gazella gazella dans le nord et plusieurs autres dans le sud de l'aire de répartition.
Wronski et al. (2010) ont montré que la gazelle de montagne se compose de deux lignées monophylétiques : un clade du nord (représenté par des échantillons du plateau du Golan) et un clade du sud (basé sur des échantillons de la péninsule arabique, y compris le sud de la vallée de l'Arava), sur la base de marqueurs d'ADN mitochondrial. Lerp et al. (2013) ont produit des conclusions similaires en utilisant des marqueurs nucléaires et en incluant des échantillons du centre d'Israël. L'analyse du lectotype de la gazelle d'Arabie, une étude morphologique et génétique du genre Gazella et une étude génétique des gazelles du sud du Levant étayent toutes l'existence de deux lignées monophylétiques : un clade du nord (Gazella gazella) et un clade du sud (provisoirement nommé Gazella arabica, du sud du Néguev à la péninsule arabique).
Cette classification est désormais suivie par le Groupe de spécialistes des antilopes de la CSE de l'IUCN, Gazella gazella remplaçant Gazella gazella gazella dans la classification précédente et Gazella arabica étant provisoirement retenu pour la classification du sud.

Crédit photo: Haim Shohat/Flash90
Nom commun | Gazelle de montagne |
Autre nom | Gazelle Edmi |
English name | Mountain gazelle |
Español nombre | Gacela arábiga |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Gazella |
Nom binominal | Gazella gazella |
Décrit par | Peter Simon Pallas |
Date | 1766 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Grzimek, B. (1990). Grzimek's Encyclopedia of Mammals. McGraw-Hill.
Nowak, R. M. (1999). Walker’s Mammals of the World (6e éd.). Johns Hopkins University Press.
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Princeton University Press.
Mendelssohn, H., & Yom-Tov, Y. (1999). Gazella gazella in Israel: Ecology and Conservation. Israel Journal of Zoology, 45(2), 181-200.
Yom-Tov, Y., Ilani, G., & Baharav, D. (1978). The Biology of the Mountain Gazelle (Gazella gazella gazella) in Israel. Mammalia, 42(3), 297-316.
Ellerman, J. R., & Morrison-Scott, T. C. S. (1966). Checklist of Palaearctic and Indian Mammals: 1758 to 1946. British Museum of Natural History.
Pallas, P. S. (1766). Miscellanea Zoologica.