Le léopard d'Arabie est le plus petit de toutes les sous-espèces de léopards et cependant le plus gros félin de la péninsule arabique. Les mâles ont une longueur totale de 182 à 203 cm, dont 77 à 85 cm de longueur de queue et pèsent environ 30 kg. Les femelles mesurent entre 160 et 192 cm de long, dont 67 à 79 cm de queue et pèsent environ 20 kg.
Outre sa taille nettement plus petite, cette sous-espèce se distingue de ses homologues africains et asiatiques par sa couleur d'ensemble plus claire. En effet, la couleur jaune-or n'est visible que le long du dos de l'animal, tandis que le reste du corps est plutôt beige ou gris-blanc. Le corps est presque entièrement parsemé de rosettes et des taches caractéristiques de l'espèce. Les couleurs de sa fourrure l'aident à se camoufler dans les terrains rocheux dénués d'arbres. La longue queue est utilisée comme balancier pour monter dans les arbres.
HABITAT
À Oman, le léopard d'Arabie demeure dans les montagnes du Dhofar au sud, dans les habitats arides et de mousson de Jabal Al Qamar, Jabal Al Qara et Jabal Samhan. Il semble qu’il ne reste aucune population fonctionnelle de léopards en Arabie Saoudite. Il est possible que des léopards individuels se dispersent occasionnellement en Arabie Saoudite depuis le Yémen, bien que la barrière frontalière puisse constituer un obstacle. Au Yémen, le léopard d'Arabie est peut-être encore présent dans la partie nord des hauts plateaux de l'ouest, dans les hauts plateaux du centre-ouest et dans le sud du Yémen. Sa présence continue a été confirmée à Hawf, près de la frontière d'Oman. En Israël et dans l'État de Palestine, le léopard est localement éteint ainsi qu'aux Émirats arabes unis, en Jordanie et dans la péninsule égyptienne du Sinaï.
Le léopard d'Arabie occupe les zones de hautes montagnes reculées et accidentées qui assurent la sécurité et les points de vue. Sur le terrain aride de son habitat, il a besoin de vastes territoires pour avoir suffisamment de nourriture et d'eau pour survivre.
ÉCOLOGIE
Le léopard d'Arabie est un prédateurcarnivore, mais il peut parfois être observé en journée. Pour se nourrir, il semble se concentrer sur des proies petites à moyennes et stocke généralement les carcasses dans des grottes ou des repaires mais pas dans les arbres. Les analyses des fèces ont révélé que les principales proies sont la gazelle de montagne, le bouquetin de Nubie, le lièvre du Cap, le damans des rochers, le porc-épic, le hérisson du désert , les petits rongeurs, les oiseaux et les insectes. Depuis que la population locale a réduit les ongulés à de petites populations, les léopards sont obligés de modifier leur régime alimentaire en faveur de proies et de bétail plus petits comme les chèvres, les moutons, les ânes et les jeunes chameaux.
Après une période de gestation d'environ 100 jours, la femelle met au monde une portée de 1 à 4 petits dans un endroit abrité, comme une petite grotte ou sous un surplomb rocheux. Pendant les premières semaines, la femelle déplace fréquemment ses petits dans différentes cachettes afin de réduire le risque d'être découvert. Bien que les jeunes ouvrent leurs yeux après environ 9 ou 10 jours et commencent à explorer leur environnement immédiat, ils ne quittent pas la sécurité de la tanière avant l'âge de 4 semaines. Ils sont sevrés au bout de 3 mois, mais restent avec leur mère pendant 2 ans pour acquérir les compétences nécessaires pour chasser et survivre par leurs propres moyens.
Outre l'homme, les principaux concurrents du léopard d'Arabie sont le caracal et le loup d'Arabie. Il a été suggéré que le braconnage humain a réduit la population de léopards à un point tel que la compétition naturelle avec d'autres prédateurs constitue désormais un facteur menaçant. L'analyse de la viabilité de la population en Arabie Saoudite suggère que dans des conditions naturelles stables, en l'absence de braconnage et de repeuplement, le léopard d'Arabie aurait une probabilité de survie de seulement 37 %. Sans la concurrence du caracal, ce chiffre passerait à 89 % et sans le loup d'Arabie à 98%. En supposant un taux de braconnage modéré de six individus par an, l’espèce pourrait disparaître du pays au cours des 100 prochaines années.
Sur le terrain aride de son habitat, le léopard d'Arabie a besoin de grands territoires afin de trouver suffisamment de nourriture et d'eau pour survivre. Le territoire du mâle chevauche habituellement celui d'une ou plusieurs femelles. Il le défend farouchement contre les autres mâles. Malgré ce chevauchement, le léopard d'Arabie est un animal solitaire sauf en période de reproduction.
MENACES
Il reste trois sous-populations distinctes confirmées dans la péninsule arabique, avec moins de 200 individus. Le léopard d'Arabie est menacé par la perte et la fragmentation de son habitat, la disparition de ses proies à cause d'une chasse non-régulée des ongulés, le piégeage pour le trafic d'animaux et l’abattage en représailles pour défendre le bétail. Le 21 décembre 2014, des bergers ont abattu l'ultime représentant recensé de cette sous-espèce en Égypte.
La chasse des proies appréciées du léopard telles que le daman des rochers et le bouquetin par la population locale et la fragmentation de l'habitat, en particulier dans les montagnes de Sarawat, ont rendu incertaine la survie de la population du félin. D'autres raisons de tuer des léopards sont la satisfaction et la fierté personnelles, la médecine traditionnelle et les peaux. Certains spécimens sont tués accidentellement en mangeant des carcasses empoisonnées destinées au loup d'Arabie et à la hyène rayée. Parmi les produits vendus dans la ville de tentes de Mina, en Arabie saoudite, après le Hajj de 2010, des peaux de léopards d'Arabie braconnés au Yémen étaient proposées.
La barrière israélienne en Cisjordanie, construite par le gouvernement israélien au milieu des années 2000, perturbe la migration de tous les animaux terrestres entre Israël et la Palestine, réduisant ainsi les habitats naturels des animaux et réduisant considérablement les pools génétiques, ce qui entraîne la consanguinité et l'infertilité.
CONSERVATION
Le léopard d'Arabie est une espèce en grand danger d'extinction. Elle est inscrite en Annexe I de la CITES interdisant tout commerce. La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie ce félin dans la catégorie En danger critique (CR) depuis 1996.
La réserve naturelle de Jabal Samhan, d'une superficie de 4 500 km², a été créée en 1997 après l'obtention d'enregistrements de léopards par piège photographique. Au cours de la décennie suivante, 17 léopards adultes et un juvénile ont été identifiés. Des léopards étaient également équipés de colliers radio et suivis dans cette réserve naturelle.
Une étude détaillée de la répartition du léopard et des besoins en matière d'habitat est nécessaire pour la gestion de l'espèce. Les informations écologiques nécessaires comprennent des données sur le comportement alimentaire, l'utilisation des pâturages et la reproduction. Ces informations sont d'une grande importance pour la survie de l'espèce. De nombreux sites ont déjà été étudiés et considérés comme adaptés à la préservation léopards dans le plan adopté par la commission nationale pour la conservation et le développement de la faune. Ces zones comprennent Jebel Fayfa, Jebel Al-Qahar, Jebel Shada, qui a déjà été classée zone protégée, Jebel Nees, Jebel Wergan, Jebel Radwa et Harrat Uwayrid. La création formelle de certaines de ces zones est désormais urgente.
Au Yémen, des efforts sont en cours pour conserver les léopards sur deux sites, dont la zone protégée de Hawf. En Arabie Saoudite, les autorités ont entrepris des efforts pour créer la réserve naturelle de Sharaan, une réserve faunique pour le léopard dans la région d'Al-`Ula.
Les premiers léopards d'Arabie ont été capturés dans le sud d'Oman et enregistrés dans le livre généalogique en 1985. L'élevage en captivité a été lancé en 1995 au Centre d'élevage de mammifères d'Oman et est opéré au niveau régional dans la péninsule arabique. Depuis 1999, le livre généalogique régional est coordonné et géré par le personnel du Centre d'élevage de la faune arabe menacée d'extinction à Sharjah. En 2010, neuf institutions ont participé au programme d'élevage et ont gardé 42 mâles, 32 femelles et 3 léopards non sexés, dont 19 ont été capturés dans la nature. Cette population captive comprenait 14 fondateurs qui ont un nombre inégal de descendance.