Le bouquetin de Nubie est l'une des plus petites espèces de bouquetin. Il mesure entre 1,05 et 1,25 m de long, de 65 à 75 cm de haut pour un poids allant de 25 à 75 kg. La queue mesure de 15 à 20 cm de long. Le dimorphisme sexuel est prononcé chez cette espèce, les femelles mesurant près d'un tiers de moins que les mâles.
La couleur du pelage est d’un brun léger et sablonneux, avec un ventre blanc, tandis que les jambes portent des marques noires et blanches bien visibles. En août, la couleur des mâles change devenant brun foncé à noir sur le cou, la poitrine, les épaules, les côtés du ventre, la face avant des cuisses, et les pattes antérieures supérieures. Les mâles ont de longues barbes noires qu'ils utilisent pour le marquage et exciter les femelles pendant la reproduction. Les femelles les plus âgées développent également une barbe.
Les cornes, que l’on retrouve chez les deux sexes, mesurent entre 35 et 120 cm de long. Celles des mâles sont bien plus grandes que celles des femelles. Elles sont longues, minces et striées sur leur courbe extérieure.
Dans l'état actuel, la différenciation entre les espèces et sous-espèces de bouquetin est très controversée, toutes les espèces étant précédemment classées comme sous-espèce de bouquetin des Alpes. Le statut du bouquetin de Nubie ne fait pas exception comme celui du bouquetin d'Abyssinie.
HABITAT
Le bouquetin de Nubie vit en Afrique du Nord-est ainsi que dans certaines parties de l'Arabie. On le trouve notamment en Égypte, Éthiopie, Israël, Jordanie, Oman, Arabie Saoudite, Soudan et Yémen. Autrefois, il occupait également les territoires du Liban et de la Syrie.
Le bouquetin de Nubie est la seule espèce de bouquetin adapté à la vie dans des régions chaudes et arides du désert. Il habite essentiellement les régions montagneuses, y compris les gorges, les affleurements et les zones d'éboulis dans les régions arides à végétation clairsemée. Ils se produisent à différentes altitudes, depuis le niveau de la mer jusqu'à 3 000 mètres. En été, ce bovidé se déplace dans les hauteurs des montagnes pour éviter la chaleur et redescend en hiver lorsque les températures sont plus basses. La population sauvage est actuellement estimée à 1 200 individus.
ALIMENTATION
En raison des contraintes de chaleur et d'eau, le bouquetin de Nubie se nourrit habituellement pendant la nuit, en début de matinée ou en soirée. Son régime principal inclut des arbustes, le feuillage des arbres (notamment Acacia), des bourgeons, des fruits, et de temps en temps de l'herbe. Si l'eau est disponible, il se désaltère tous les jours.
REPRODUCTION
L'accouplement a lieu pendant les mois de fin d'été avec un pic en octobre. Les mâles les plus forts se battent entre eux avec leurs cornes. Le vainqueur pourra alors prétendre à l’accès aux femelles pour assurer sa descendance. La gestation dure entre 150 et 165 jours. La majorité des jeunes naissent en mars. Généralement, un seul petit naît, mais il arrive que naissent des jumeaux et plus rarement des triplés. La maturité sexuelle est atteinte à 2 ou 3 ans, et les descendants doivent alors quitter leur troupeau de naissance. Les individus peuvent vivre jusqu'à 17 ans.
COMPORTEMENT
Le bouquetin de Nubie vit en troupeau composé d'individus du même sexe. Ces groupes peuvent aller jusqu'à 20 animaux. Les groupes de femelles gardent leur progéniture jusqu'à l'âge de 3 ans, après quoi les mâles doivent quitter le troupeau maternel. Cette espèce est principalement diurne bien qu'elle se nourrisse essentiellement le soir.
Pendant les mois d'hiver, ce bouquetin cherche refuge dans des affleurements rocheux ou des grottes pour éviter le froid, le vent ou la pluie. Pour se reposer, il se creuse un petit lit peu profond dans le sol. Le long des rives de la mer Morte et de la péninsule arabique, les températures peuvent dépasser 38 degrés Celsius. Pendant les périodes chaudes comme celles-ci, le bouquetin de Nubie passe souvent la journée dans les zones ombragées.
PRÉDATEURS
Comme tous les herbivores, le bouquetin de Nubie doit faire face à quelques prédateurs naturels tels que le léopard (Panthera pardus), le loup (Canis lupus), la hyène rayée (Hyaena hyaena), les aigles et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Lorsqu'il est menacé, il se dresse sur ses pattes arrière pointant ses puissantes cornes vers son ennemi. Dans la mesure où il vit au bord des falaises, cela réduit directement le risque de prédation et il passe donc beaucoup de temps sur des parois rocheuses.
MENACES
Il existe une combinaison diverse de menaces dont le bouquetin de Nubie doit faire face. Ces menaces varient en gravité sur toute son aire de répartition. La concurrence avec le bétail et les chameaux sauvages est considérée comme une menace importante en Égypte et en Arabie Saoudite, de même que la concurrence avec l'âne sauvage d'Afrique (Equus africanus) en Oman. La disponibilité et la distribution des points d'eau en Égypte, qui varie d'année en année, sont également susceptibles d'avoir une influence majeure sur les populations de bouquetins.
La perte et la dégradation de son habitat sont également une cause de préoccupation. Des niveaux élevés de touristes se trouvent sur les sites d'eau, d'alimentation et d'accouchement en Israël. L'extension des routes, l'élevage et l'empiétement sont d'autres pressions de développement qui dégradent l'habitat en Arabie Saoudite, dans et autour des refuges restants des bouquetins.
La petite taille des populations restantes ainsi que leur fragmentation sur la majeure partie de leur aire sont préoccupantes, car les possibilités de dispersion sont limitées et peuvent conduire à une diversité génétique réduite et une diminution des chances de survie. La chasse est une menace supplémentaire à des degrés plus ou moins importants. Au Yémen, par exemple, de nombreuses personnes possèdent des armes automatiques, augmentant ainsi la menace de chasse pour ces animaux.
CONSERVATION
Le bouquetin de Nubie est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Une interdiction générale de la chasse au bouquetin a été mise en place en Arabie Saoudite en 1979, mais le braconnage reste difficile à contrôler, surtout dans les régions éloignées. L'espèce est plus efficacement protégée contre la chasse en Israël.
Le bouquetin de Nubie évolue dans un certain nombre de zones protégées, y compris les deux réserves d'Arabie Saoudite créées par la Commission nationale pour la conservation de la faune et le développement (NCWCD) principalement pour la protection de cette espèce. Ces dernières sont surveillées en permanence par des gardes. La réserve naturelle de Dana et la réserve de Mujib en Jordanie détiennent également des populations de bouquetins de Nubie. En outre, la Société royale pour la conservation de la nature (RSCN) a établi un centre d'élevage en captivité dans la réserve de Mujib, en 1989, où le groupe initial de 20 bouquetins a été multiplié à plus de 100 animaux. Plus de 30 de ces animaux ont maintenant été réintroduits avec succès dans la nature. Il est pourtant difficile de coordonner la même politique ainsi que les efforts dans tous les pays où est présente l'espèce. Cependant, il est essentiel qu'il y ait un effort de coopération entre les pays pour maintenir les parcelles contiguës, de l'habitat et pour protéger ce magnifique bouquetin, pour éviter d'autres extinctions locales.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le bouquetin de Nubie fut décrit par Frédéric Cuvier en 1825 en tant que sous-espèce de bouquetin des Alpes. Ce n'est qu'en 1987, qu'il fut officiellement reconnu comme une espèce distincte.
* Dans certains biomes riches et habitat luxuriants, les caprins sont généralement remplacés par des cervidés et autres grands bovidés. En Afrique, les gazelles dominent les steppes et les prairies ouvertes sèches. Ainsi, les espèces de Caprinae se sont adaptées à la vie dans des environnements plus difficiles. Ropiquet et al. proposent dans une étude, datant de 2006, que l'ancêtre commun de chèvres sauvages est né de l'hybridation interspécifique entre les chèvres ancestrales (proto- Capra) et le tahr ancestral (proto- Hemitragus ). Le produit de cette hybridation était une chèvre avec un génome mitochondrial mieux adapté à de hautes altitudes et aux mitochondries plus efficace, leur conférant ainsi un avantage particulier à la vie dans les montagnes.
* Malgré son statut d'espèce menacée et sa nature insaisissable, les populations de bouquetins de Nubie sont devenues des attractions touristiques majeures dans plusieurs régions. À l'oasis de Guédi, sur la mer Morte, une population s'est même habituée à l'homme, et les mâles souvent prévisibles s'aventurent dans l'un des trous d'eau populaire auprès des touristes.