Le jharal est un mammifère dont la taille varie entre 90 et 140 cm de long, de 65 à 100 cm de haut, pour un poids allant de 60 à 90 kg. La taille de la queue varie de 9 à 12 cm. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles étant plus grands et plus lourds que les femelles.
Les deux sexes sont dotés d'une paire de cornes qui courbent en arrière et légèrement vers l'intérieur vers le corps, ce qui empêche des blessures graves en cas de batailles entre mâles pendant la saison des amours. Les cornes des mâles sont plus développées que celles des femelles. Elles peuvent mesurer jusqu'à 45 cm de long, tandis que celles de la femelle ne dépassent pas les 20 cm.
Le jharal est un proche parent de la chèvre sauvage. Il est parfaitement adapté à la vie sur les pentes escarpées des montagnes de l'Himalaya. Il dispose d'un pelage composé de longs poils sur toute la surface du corps (sauf le visage). La fourrure est de couleur rougeâtre à brun foncé avec un sous-poil épais le gardant au chaud pendant l'hiver. Au printemps, lorsque les températures augmentent, il perd beaucoup de son manteau qui devient plus léger en couleur. Les jeunes sont très similaires aux adultes dans leur aspect, mais leur pelage est uniformément brun et leurs jambes noires. Les mâles adultes se distinguent facilement par leur collerette prononcée et leur crinière. Celle-ci est composée de poils longs mesurant 25 cm environ et de couleur gris ardoise à jaune paille. La femelle adulte en hiver est gris-brun avec le museau et les pattes plus sombres.
Les sabots sont bien adaptés, faisant du jharal un excellent grimpeur. Ils sont dotés d'un rebord dur en kératine qui entoure un tampon convexe mou et spongieux lui permettant une meilleure préhension sur les roches lisses et dures. La tête est proportionnellement petite, avec de grands yeux et de petites oreilles pointues.
HABITAT
Le jharal est une espèce que l'on trouve dans les montagnes de l'Himalaya. Il vit notamment en Chine au sud-est du Tibet, au nord de l'Inde (Jammu-et-Cachemire au Sikkim) et au Népal. L'espèce a également été introduite en Nouvelle-Zélande et dans la province occidentale du Cap en Afrique du Sud. En Himalaya, le jharal occupe les habitats montagneux généralement entre 2 500 et 5 000 m d'altitude selon la saison et aussi suivant le temps de la journée. En hiver, il a tendance à occuper les pentes inférieures, en évitant la neige profonde et fréquente les falaises du sud où la végétation est plus exposée et disponible pour se nourrir. En Nouvelle-Zélande, il vit sur les pentes des montagnes et la garrigue entre 750 et 2 250 mètres d'altitude, préférant les pentes exposées au nord qui sont plus ensoleillées et accumulent moins de neige en hiver.
ALIMENTATION
Le jharal est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose principalement d'herbes, de fruits, de graminées et de feuilles. Ses courtes jambes lui permettent de se tenir en équilibre, tout en atteignant les feuilles des arbustes et des petits arbres. Ce bovidé consomme plus de plantes ligneuses que les autres espèces d'herbes, son alimentation se composant de 75 % d'herbes naturelles.
REPRODUCTION
Le jharal est une espèce vivipare. Dans l'Himalaya, la période du rut se déroule de fin octobre à janvier, pouvant se prolonger jusqu'en février, et en Nouvelle Zélande d'avril à juillet. Après une période de gestation de 7 mois, la femelle quitte le groupe pour donner naissance à un seul petit dans un coin isolé. Les jumeaux sont très rares dans la nature, mais plus fréquents en captivité. Le nouveau-né est déjà capable de marcher 3 heures après sa naissance. Au bout de quelques jours, mère et enfant rejoignent à nouveau le troupeau. À 6 mois, le jeune est sevré et atteint sa maturité sexuelle vers l'âge de 2 ou 3 ans. À l'état sauvage, l'espérance de vie du jharal est de 10 à 14 ans. En captivité, la durée de vie est de 21 ans au maximum. Les femelles ont tendance à vivre plus longtemps que les mâles.
COMPORTEMENT
Le jharal est une espèce diurne. En début de matinée, il se déplace vers les hauteurs sur les alpages et redescend vers les falaises et les forêts de broussailles pour la nuit. L'espèce vit en troupeaux mixtes composés le plus souvent d'une quinzaine d'individus et pouvant aller jusqu'à 80 en fonction du terrain. Pendant l'ornière, la concurrence pour les privilèges d'accouplement fait rage chez les mâles qui se battent entre eux en entrechoquant violemment leurs cornes. Néanmoins, l'intensité de ces luttes semble être inférieure à celle observée chez d'autres espèces d'ongulés. En dehors de la saison de reproduction, les mâles vivent généralement en groupes séparés des femelles et des jeunes de moins de 2 ans. Les groupes de mâles sont plus grands que les groupes exclusivement féminins. Il n'y a pas de hiérarchie de dominance apparente au sein des groupes.
PRÉDATEURS
Dans les montagnes de l'Himalaya, le principal prédateur du jharal est la panthère des neiges (Panthera uncia). En Nouvelle-Zélande, où il a été introduit, son seul ennemi est l'homme.
MENACES
En Chine, les principales menaces pesant sur le jharal sont la chasse incontrôlée et la déforestation. En Inde, le thar de l'Himalaya est parfois chassé pour sa viande et, il ne semble pas y avoir de concurrence avec le bétail pour la nourriture. Son habitat est suffisamment isolé et enneigé pour réduire au minimum les menaces pouvant provenir de l'homme. Au Népal, les menaces proviennent des populations humaines en expansion entraînant l'augmentation de l'élevage, la perte d'habitat et le braconnage. En raison de ces facteurs, les populations de tahr sont de plus en plus isolées. Les avalanches pendant les hivers avec fortes chutes de neige peuvent également être un facteur de mortalité important pour le jharal.
CONSERVATION
Le jharal est considéré comme une espèce moyennement menacée. Il est inscrit dans la catégorie Quasi menacé (NT) sur la Liste rouge de l'IUCN et ne figure pas dans les annexes de la CITES.
En Chine, il se produit dans la réserve naturelle de Qomolangma sur la frontière sino-népalaise. Les mesures de conservation proposées pour la Chine comprennent entreprendre une enquête et un recensement pour déterminer la répartition et l'état de l'espèce.
En Inde, ce bovidé se produit dans quelques zones protégées sur une bande très étroite le long des zones de Timberline dans l'Himalaya. Bien que toujours présente sur une grande partie de son aire de répartition historique, l'absence de données sur l'état de la population s'oppose à la désignation d'un statut satisfaisant dans son aire relativement restreinte. Les mesures de conservation proposées pour l'Inde sont :
1) Élargir l'étendue du parc national de Great Himalaya
2) Mettre en place le parc national Srikhand (Himachal Pradesh)
3) Concevoir des réserves communautaires de base innovantes pour les espèces qui doivent inclure une base communautaire de protection, le tourisme, la sensibilisation, etc.
Au Népal, une proportion importante des populations de jharals se produit dans des zones protégées, mais il existe également des populations dispersées en-dehors de ces réserves qui ne bénéficient pas du même taux de protection. Les mesures de conservation proposées pour le Népal sont :
1) Comme pour le grand bharal, maintenir un contrôle rapproché sur les quotas de chasse
2) Envisager un programme réglementé afin de réduire la chasse pour ne conserver que celle de subsistance pour les villageois locaux
3) Étudier l'impact de la fragmentation croissante des populations. Les premières étapes pour résoudre ce problème seraient de commencer dans des domaines choisis par la cartographie de l'habitat du jharal, telles que les falaises, suivis par des enquêtes de terrain pour valider la présence ou l'absence de l'espèce