L'éland de Derby est une grande antilope mesurant entre 2,10 et 3,4 m de long, de 1,4 à 1,80 m de haut, pour un poids allant de 300 à 900 kg. Les deux sexes disposent de cornes spiralées pouvant mesurer 1,23 m de long maximum. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles étant plus grands et plus lourds que les femelles.
Le pelage varie en couleur allant du gris sable au brun rougeâtre. Le corps comporte entre 8 et 15 bandes verticales blanchâtres sur les côtés. Une crête de poils noirs courts s'étend sur le cou au milieu du dos, et devient particulièrement importante sur les épaules. Les jambes fines sont plus claires sur leurs surfaces intérieures, avec des marques noires et blanches au-dessus des sabots. Des marques noires sur les oreilles et les jarrets sont également visibles.
Il est relativement facile de reconnaître les deux sous-espèces :
- Taurotragus derbianus derbianus est caractérisé par quinze bandes, une plus petite taille, et une couleur générale fauve
- Taurotragus derbianus gigas est plus grand, a une couleur générale sable, et dispose de douze bandes sur le corps
Comme l'éland commun, l'éland de Derby est doté d'un grand fanon de peau qui pend sous la gorge. Les oreilles sont larges et arrondies. Les cornes spiralées que les deux sexes portent sont plus ouvertes que chez l'éland commun.
HABITAT
Autrefois, l'éland de Derby vivait tout le long d'une bande étroite de savane boisée qui s'étendait à travers l'Afrique de l'ouest du Sénégal jusqu'à la vallée du Nil. L'écart dans sa récente répartition entre le Mali et l'est du Nigeria contient de vastes zones d'habitats apparemment propices.
- Taurotragus derbianus derbianus vivait autrefois du Sénégal au Togo, bien que sa présence au Togo aurait pu être une confusion avec le bongo également présent dans ce pays. La sous-espèce est encore présente dans le sud du Sénégal, à l'extrême nord de la Guinée, probablement au sud-ouest du Mali et peut-être à l'est de la Guinée-Bissau.
- Taurotragus derbianus gigas se produit en Afrique centrale. On le trouvait auparavant du nord-est du Nigeria jusqu'au nord-ouest de l'Ouganda. Aujourd'hui, il survit principalement au nord-est de la République centrafricaine. Une population distincte vit dans le nord du Cameroun, avec des troupeaux qui traversent la frontière entre le Tchad à l'Est. Certains spécimens vagabonds peuvent entrer sur le territoire nigérian. Ils peuvent encore se produire dans le sud-ouest du Soudan, à partir d'où ils peuvent visiter le nord-est de la République Démocratique du Congo et le nord-ouest de l'Ouganda.
L'éland de Derby occupe les savanes, les forêts à feuilles larges et les clairières. Il vit également sur les franges du désert. Il habite des endroits près de paysages vallonnés ou rocheux et ceux ayant des sources d'eau à proximité.
ALIMENTATION
L'éland de Derby est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose d'herbes et des feuilles, ainsi que d'autres parties des plantes. Durant la saison des pluies, il erre en troupeaux et se nourrit de graminées. Il peut manger des herbes grossières et sèches si rien d'autre n'est disponible. Il mange aussi des fruits. Une étude en Afrique du Sud a démontré que le régime alimentaire d'un éland se compose de 75% d'arbustes et 25% de graminées, avec des proportions très variables.
Ce bovidé a besoin d'un apport régulier en eau dans son alimentation. C'est la raison de sa préférence d'un endroit ayant une source d'eau à proximité. Cependant, certaines adaptations lui permettent de survivre en cas de manque d'eau par le maintien d'une quantité suffisante de celle-ci dans son corps. Il produit des excréments très secs par rapport aux bovins domestiques. Dans les déserts, il peut obtenir l'eau nécessaire à partir de l'humidité de plantes succulentes. Une autre méthode pour conserver l'eau est de se reposer dans la journée, et de s'alimenter la nuit, de sorte à réduire au minimum la quantité d'eau nécessaire pour se rafraîchir.
REPRODUCTION
Bien que l'éland de Derby puisse se reproduire tout au long de l'année, on note néanmoins des pics durant la saison des pluies. Une femelle peut rester dans l'œstrus pendant 3 jours, et le cycle œstral est de 21 à 26 jours. Comme chez toutes les antilopes, l'accouplement a lieu lorsque la nourriture est abondante. Dans certaines régions, des saisons de reproduction distinctes existent. En Afrique australe, des femelles ont été observées donnant naissance entre le mois d'août et octobre, et en Zambie la plupart des naissances ont lieu entre juillet et août.
Après une période de gestation d'environ 9 mois, la mère donne naissance à un seul petit qui restera avec elle durant les 6 premiers mois de sa vie. Le sevrage survient entre 4 et 5 mois. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à environ 2 ans et les mâles entre 4 et 5 ans. À l'état sauvage, l'espérance de vie de l'éland de Derby est d'environ 20 ans et de 25 ans en captivité.
COMPORTEMENT
Principalement nocturne, l'éland de Derby possède de grands domaines vitaux et des modèles de migrations saisonnières. C'est une espèce grégaire qui vit en troupeaux composés d'une vingtaine d'individus. Cette antilope est très vigilante et très méfiante, ce qui rend son observation très difficile. Si un individu du troupeau sent un danger, il pousse un cri rauque tout en s'enfuyant, répétant le processus jusqu'à ce que toute la troupe est conscience du danger. En dépit de son énorme taille, l'éland géant peut se déplacer rapidement, pouvant courir jusqu'à 70 km/h sur de courtes distances.
PRÉDATEURS
Le principal prédateur de l'éland de Derby est le lion. La hyène tachetée et le léopard sont également des ennemis potentiels mais plus souvent pour les plus jeunes. En raison de sa grande taille, il se révèle être un bon repas pour les grands carnivores.
MENACES
Les principales menaces qui pèsent sur la population d'élands de Derby vivant en Afrique de l'Ouest sont la chasse excessive pour sa viande riche et la destruction de son habitat causée par l'expansion des populations humaines. La population de l'est doit également faire face aux mêmes menaces en plus des causes naturelles telles que les sécheresses et la concurrence avec les animaux domestiques qui contribuent grandement à leur déclin. Les populations de l'Est avaient déjà baissé drastiquement en raison de l'épidémie de peste bovine transmise par le bétail domestique. Sa disparition en Gambie a été attribuée principalement aux effets dévastateurs de cette maladie. Les populations d'Afrique centrale ont diminué de près de 60 à 80 % pendant et après le déclenchement de la peste bovine de 1983 à 1984, mais ont presque récupéré depuis. Durant la Seconde Guerre mondiale, d'autres guerres civiles et des conflits politiques, la situation a également empiré, car ces conflits ont nui à leurs habitats naturels.
CONSERVATION
L'éland de Derby est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN et n'a aucun statut spécifique dans les annexes de la CITES.
L'unique population raisonnablement sûre d'éland de Derby vivant en Afrique de l'Ouest se produit dans le parc national de Niokolo-Koba au Sénégal et dans la réserve de chasse de la Falémé. Celle vivant à l'Est se produit dans divers parcs nationaux au Cameroun ainsi qu'en République centrafricaine. Une gestion efficace de ces réserves permettrait d'assurer la survie de cette superbe antilope.
En 2000, la direction des parcs nationaux du Sénégal (DPNS), en coopération avec la Société pour la protection de l’environnement et de la faune (SPEFS) a capturé quelques individus dans le Parc national du Niokolo Koba et les ont transportés en sécurité dans la Réserve Bandia. Plus de 80 individus vivent aujourd’hui en semi-captivité dans les réserves de Bandia et Fathala. Le programme de conservation est géré par un groupe d’experts, de bénévoles et d’étudiants tchèques, travaillant main dans la main avec la coopération tchéco-sénégalaise. Le dernier grand projet, financé par le Ministère de l’environnement tchèque, s’est terminé avec succès en 2009. Actuellement, Derbianus CSAW est l’organisme principal dans la coopération tchéco-sénégalaise pour la conservation de cette antilope.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes d'éland de Derby :