Le chat sauvage du Caucase
diffère du chat forestier par sa couleur gris plus clair, avec un motif plus pâle sur les flancs et la queue. Il est de taille similaire, mesurant 70 à 75 cm de longueur de la tête au corps, 26 à 28 cm de hauteur d'épaule. Il pèse 5,2 à 6 kg, rarement plus de 8 kg.
HABITAT
La distribution du chat sauvage du Caucase en Anatolie et dans le Caucase repose principalement sur des suppositions génériques d’experts. La répartition contemporaine reflète autant la recolonisation du continent à partir des refuges glaciaires que la fragmentation moderne des habitats des chats sauvages par l'homme, posant des questions délicates quant à la bonne répartition des habitats et la conservation de l’espèce. Même si la fragmentation de l'habitat causée par l'homme doit être atténuée, l'adaptation phylogénétique régionale sur plusieurs milliers d'années doit être conservée.
La chat sauvage du Caucase est distribué dans le maquis, la végétation à feuilles caduques et mixtes et autour des habitats de zones humides de l'ouest, du nord-ouest et du nord de l'Anatolie en Turquie et sur les versants sud et ouest et les basses terres des montagnes du Caucase en Géorgie, en Azerbaïdjan, en Arménie et en Russie. Selon Kitchener et coll. (2017) le statut de la sous-espèceFelis silvestris caucasica n’est pas clair. En Anatolie, les populations de chats sauvages du Caucase sont présentes en permanence dans les forêts mixtes de feuillus tempérées humides, relativement moins fragmentées, du nord de l'Anatolie, comprenant les provinces de Balikesir, Bursa, Yalova, Sakarya, Düzce, Bilecik, Bolu, Zonguldak, Karabük, Bartin, Kastamonu, Sinop, Samsun, Ordu et les parties nord de Cankiri, Corum et Amasya. Vers le nord-est, le chat sauvage est présent sur les pentes nord des montagnes orientales de la mer Noire couvertes de forêts mixtes de feuillus et localement dans les forêts de conifères intérieures de Giresun et Gumushane. Il est également présent dans les forêts fragmentées des provinces d'Ardahan et de Kars et là où la végétation des prairies et des steppes des hautes terres est suffisamment haute pour fournir un couvert. F. silvestrisest également présente sous forme de populations fragmentées dans les forêts des provinces d'Eskisehir, Kutahya, Usak, Manisa, Izmir et Canakkale et au nord d'Aydin, dans l'ouest de l'Anatolie, dans les habitats forestiers et humides. Bien que certaines populations du centre-sud et de l'est de la Méditerranée en Turquie aient été précédemment mentionnées comme chats sauvages européens, des études récentes par piège photographique indiquent que ces populations appartiennent plutôt au chat sauvage d'Afrique sur la base de leur phénotype. En Anatolie orientale intérieure, Felis silvestris est rarement présent dans la région comprenant les provinces de Tunceli, Bingol et Bitlis dans des habitats appropriés et où l'interférence du lynx du Caucase pourrait être moindre. Cependant, cette population pourrait également s'hybrider avec le chat sauvage d'Afrique vers le sud, dans les provinces de Diyarbakir, Mardin, Siirt, Sirnak et Hakkari. Les populations de chats sauvages de l'ouest, du nord-ouest et du nord de l'Anatolie sont censées appartenir au chats sauvages européens. Dans le reste de la partie anatolienne de la Turquie, le chat sauvage d'Afrique ou des populations hybrides sont présentes en populations fragmentées.
En Géorgie, les populations de chats sauvages du Caucase se trouvent dans les contreforts du Petit et du Grand Caucase, où l'habitat leur convient. En Arménie, il est présent dans les forêts de feuillus et les forêts arides clairsemées des provinces d'Ararat, Vyots Dzor, Syunik, Tavush et Lori, entre 700 et 2 500 m d'altitude. En Russie, il est présent dans les contreforts du Grand Caucase et dans l'est de la mer Noire, dans les forêts de feuillus et autour des habitats de zones humides. Bien que la majorité de l'écosystème du Grand Caucase n'ait pas été étudiée pour cette espèce, sa répartition est censée être continue dans les habitats forestiers jusqu'à 1 800-2 000 m.
BIOLOGIE
Le chat sauvage du Caucase est un animal carnivore dont le régime alimentaire se compose essentiellement de rongeurs comme les souris ou les campagnols et de lagomorphes (lapins, lièvres. Les oiseaux, lézards et autres reptiles sont d'importance secondaire dans son alimentation.
Il n'y a quasiment aucune information sur le comportement reproducteur des chats sauvages du Caucase. En général, les chats sauvages sont polygames, ce qui signifie qu'un mâle s'accouple avec plus d'une femelle pendant la saison de reproduction. La période de gestation dure généralement entre soixante et soixante-huit jours. Les portées comptent de un à sept chatons. Les jeunes commencent à chasser aux côtés de leur mère à l'âge de soixante jours. Les chatons ont plus ou moins atteint leur pleine croissance à dix mois, bien que la croissance du squelette se poursuive au-delà de dix-huit à dix-neuf mois. La famille se dissout au bout de 5 mois environ, les jeunes partant établir eux-mêmes leur territoire. Les femelles deviennent matures sur le plan reproductif à partir de six mois environ.
On connaît peu d’informations sur les habitudes des chats sauvages du Caucase. Comme tous les chats sauvages européens, ils sont probablement nocturnes, mais peuvent également être actifs pendant la journée lorsqu'ils ne sont pas dérangés par les activités humaines. La vue et l’ouïe sont leurs principaux sens lors de la chasse. Ils guettent leur proie, puis l'attrapent en exécutant quelques sauts pouvant atteindre trois mètres. Lorsqu'ils chassent près des cours d'eau, ils attendent sur les arbres qui surplombent l'eau. Les chats sauvages tuent leurs proies en les saisissant dans leurs griffes et en leur perçant le cou ou l'occiput avec leurs crocs. Ils ne persistent pas à attaquer si leur proie parvient à s'échapper. Les chats sauvages européens sont principalement solitaires, sauf pendant la période d'accouplement. Sur son propre territoire, le chat sauvage dépose des marques odorantes à différents endroits, et il peut également laisser des marqueurs visuels sur les arbres en les grattant ainsi qu'en laissant une odeur à travers les glandes de ses pattes. Ils s'abritent dans les creux d'arbres tombés ou vieux, dans les fissures rocheuses et dans les terriers abandonnés par d'autres animaux, sans jamais creuser leur propre terrier.
MENACES ET STATUT
Les chats sauvages du Caucase souffrent de la destruction des forêts de feuillus et de maladies qui se propagent facilement par les chats domestiques et affectent leurs populations. La Liste rouge de l'IUCN et d'autres sources ne fournissent pas la taille totale de la population de chats sauvages du Caucase. Dans l'ensemble, le chat sauvage européen est classé dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) par l'IUCN. Les chats sauvages contrôlent les populations de petits mammifères dont ils se nourrissent et jouent ainsi un rôle important dans l'écosystème dans lequel ils vivent.
Les chat sauvage du Caucase est protégé par la loi en Turquie et toute forme de chasse ou de mise à mort est interdite, et le braconnage ne constitue pas une menace sérieuse pour l'espèce en Turquie et dans le Caucase. Il est également entièrement protégé dans la région du Caucase, en Géorgie, en Arménie et en Russie. Cependant, une action immédiate est nécessaire pour évaluer l'état et les besoins de conservation de toutes les populations de Turquie et du Caucase, car le nombre d'études est très limité dans cette région. L'élimination des chats domestiques sauvages dans les habitats primaires des chats sauvages serait une étape importante pour garantir la viabilité de l'espèce. La mortalité d'origine humaine dans les habitats primaires des chats sauvages devrait également être minimisée par les corridors d'habitat.
Il est également nécessaire d'identifier les zones de contact entre le chat sauvage européen et le chat sauvage d'Afrique et d'évaluer le niveau de compétition et d'hybridation entre les deux espèces en Turquie et dans le Caucase. La modélisation des tendances futures de la répartition des deux espèces selon différents scénarios climatiques est également nécessaire pour définir des actions de conservation appropriées pour le chat sauvage européen.
TAXONOMIE
Le chat sauvage du Caucase a été décrit par Konstantin Satunin en 1905 sur la base d'une peau d'une femelle collectée près de Borjomi en Géorgie. Le nom scientifique de Felis silvestris trapezia a été proposée en 1916 pour un spécimen zoologique mâle de la collection du Musée d'histoire naturelle de Londres, originaire des environs de Trabzon, dans le nord de la Turquie.
Le statut taxonomique des chats sauvages que l'on trouve dans les îles méditerranéennes (Corse, Crète et Sardaigne) n'est pas encore clair. D'autres études doivent être menées afin de savoir s'il s'agit bien de chats sauvages ou simplement d'hybrides.