Le mouflon à manchettes est un ongulé mesurant entre 1,30 et 1,65 m de long, de 75 à 110 cm de haut, pour un poids allant de 40 à 140 kg. La taille de la queue varie de 12 à 25 cm de long. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles étant plus grands et plus lourds que les femelles. Les deux sexes sont dotés d'une paire de cornes qui s'incurvent en demi-cercle vers l'arrière pouvant mesurer jusqu'à 55 cm de long. Celles des mâles sont plus épaisses, plus longues et plus fortement striées que celles des femelles.
Le pelage du mouflon à manchettes est de couleur fauve pâle. La zone ventrale et la partie interne des pattes sont blanchâtres. Une crinière de poils plus longs longe l’échine et le dos, ainsi que sur le dessous du cou, formant une sorte de frange.
En apparence, ce bovidé est en quelque sorte un intermédiaire entre un mouton et une chèvre. C'est un animal trapu et robuste avec des jambes courtes et un visage assez long.
HABITAT
Autrefois, le mouflon à manchettes était largement répandu en terrain accidenté et montagneux du désert et semi-désert en Afrique du Nord, mais a subi une forte baisse en raison du braconnage et de la concurrence pour la nourriture avec le bétail domestique. Les plages des six sous-espèces supposées peuvent être résumées comme suit :
- Ammotragus lervia lervia se produit dans les montagnes du Maroc, à l'exception de la moitié ouest du Rif, et dans le nord de l'Algérie et le nord de la Tunisie.
- Ammotragus lervia ornatus était autrefois répandu dans le désert à l'est et à l'ouest de l’Égypte et on supposait qu'il s'était éteint. Cependant, Wacher et al. (2002) ont rapporté la preuve de la présence du mouflon à manchettes à la fois dans la zone protégée d'Elbe et le désert occidental entre 1997 et 2000.
- Ammotragus lervia blainei était autrefois répandu de l'ouest du Soudan jusqu'à la côte de la mer Rouge, mais actuellement son aire se limite probablement aux collines de la mer Rouge à l'est du Soudan. Il pourrait aussi être présent dans le sud de la Libye.
- Ammotragus lervia Fassini ne se trouve que dans l'extrême sud de la Tunisie et en Libye
- Ammotragus lervia angusi habite le massif de l'Aïr (Niger) et Massif Termit (Niger)
- Ammotragus lervia sahariensis est la sous-espèce la plus répandue. On le trouve au sud du Maroc et du Sahara occidental, au sud de l'Algérie, au sud-ouest de la Libye, au Soudan, dans les montagnes de l'Adrar de Iforas au Mali, au Niger, en Mauritanie et sur le massif du Tibesti.
L'espèce a également été introduite aux États-Unis, dans le nord du Mexique et en Espagne (sur le continent et les Îles Canaries). Ces populations introduites ne sont pas cartographiées sur la carte ci-dessous. Le mouflon à manchettes a tendance à habiter dans les zones rocheuses abruptes du niveau de la mer jusqu'à une altitude de 4 100 m. Son habitat préférentiel exige un terrain rocheux ayant un faible couvert forestier pour l'ombre et peut errer loin des sources d'eau pendant de longues périodes.
ALIMENTATION
Le mouflon à manchettes est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose d'herbes et de feuillages d'arbustes et d'arbres. Il se nourrit principalement la nuit lorsque les plantes accumulent l'humidité de l'atmosphère ou se couvrent de rosée, ce qui lui permet de vivre loin des points d'eau et de survivre pendant les périodes sèches dans son habitat aride.
REPRODUCTION
Chez le mouflon à manchettes, il n'y a pas de véritable saison de reproduction, bien que l'on constate un pic entre septembre et novembre. Après une période de gestation d'environ 160 jours, la femelle met au monde entre 1 et 2 petits. Les nouveau-nés restent cachés avec leur mère pendant quelques jours avant de retourner vers le troupeau. Les jeunes sont capables de caracoler dans les rochers quelques heures après la naissance. Ils sont sevrés vers l'âge de 3 ou 4 mois et atteignent leur maturité sexuelle vers 18 mois. L'espérance de vie du mouflon à manchettes est de 20 ans environ. Certains spécimens vivant en captivité ont vécu jusqu'à l'âge de 24 ans.
COMPORTEMENT
Comme tous les animaux vivants dans le désert, le mouflon à manchettes est actif pendant les heures les plus fraîches de la journée, à l’aube ou au crépuscule. Pendant les heures les plus chaudes de la journée, il se repose à l'ombre d'un rocher. C'est un animal exceptionnellement agile sur les pentes escarpées des montagnes, pouvant effectuer aisément des sauts de 2 m de long en départ arrêté. D'autre part, il ne craint pas de courir sur les terrains les plus accidentés.
Ce mouflon est un animal grégaire qui vit généralement en groupe. Toutefois, les mâles peuvent être de mœurs plus solitaire. Le manque de végétation dans son habitat aride l'oblige à une certaine adaptation face aux menaces. Comme il ne peut se cacher, le mouflon à manchettes opte pour l'immobilité lorsqu'il est menacé, la couleur de son pelage lui permettant de se fondre dans son environnement. Il lui arrive de faire de petits mouvements migratoires lorsque la nourriture vient à manquer.
PRÉDATEURS
Les prédateurs naturels du mouflon à manchettes sont peu nombreux. À part l'homme qui reste son pire ennemi, le léopard et le caracal sont les seuls prédateurs connus pour ce bovidé.
MENACES
Les principales menaces pesant sur le mouflon à manchettes sont le braconnage et la destruction de son habitat principalement en raison du surpâturage, la collecte de bois, la sécheresse et la désertification. Dans le Sahara occidental, la chasse par les soldats de l'armée a été une menace sérieuse, et il se peut que la population dans cette région soit déjà éteinte. Le déclin de la sous-espèceAmmotragus lervia ornatus a sans doute été accéléré par la concurrence avec le bétail. La disponibilité et la distribution des points d'eau seraient probablement un facteur majeur dans la condition des populations, et les deux peuvent fluctuer d'une année à l'autre.
CONSERVATION
Le mouflon à manchettes est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe II de la CITES. Ammotragus lervia ornatus est classé comme Éteint à l'état sauvage (EW) sur la Liste rouge de l'IUCN
Alors que le mouflon à manchettes est protégé par la loi dans la plupart des pays de son aire de répartition, le manque d'application de ces lois est un problème grave pour la conservation de cette espèce. Cela s'explique du fait regrettable que la majorité de ces pays disposent de peu de fonds disponibles pour la conservation de ces animaux. Pour la sous-espèce égyptienne, il faudrait pouvoir confirmer sa présence ou son absence à l'état sauvage. En cas d'observation positive sa protection deviendrait clairement une priorité, suivie par une protection efficace de toutes les populations qui restent. Le zoo de Giza en Egypte détient une population de mouflons, qui pourrait être utilisée à l'avenir pour des programmes de réintroduction. Le Service de la faune égyptienne, en coopération avec le zoo, a déjà identifié certaines zones pour des réintroductions possibles.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît six sous-espèces distinctes de mouflon à manchettes :