Mouflon à manchettes (Ammotragus lervia)
Le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des Bovidae. Originaire des régions arides d'Afrique du Nord, ce mouflon est l'unique représentant du genre Ammotragus. Le mouflon à manchettes est également appelé Aoudad de Barbarie.

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Le mouflon à manchettes possède une morphologie adaptée aux environnements montagneux et arides. Il affiche une silhouette élancée et musclée, caractéristique des caprins. Les mâles mesurent en moyenne entre 1,30 et 1,65 m de longueur (tête et corps) avec une hauteur au garrot oscillant entre 75 et 110 cm. Les femelles sont plus petites, mesurant entre 1,10 et 1,40 m de long pour une hauteur au garrot de 65 à 90 cm. Le poids varie de 40 à 145 kg selon le sexe et les conditions environnementales, les mâles étant plus massifs.
L’une des caractéristiques les plus remarquables du mouflon à manchettes est la présence d’une abondante crinière de longs poils tombant sur la gorge, la poitrine et l’avant des pattes avant. Cette "manchette", plus développée chez les mâles, lui confère une apparence imposante et joue probablement un rôle dans la thermorégulation et la communication sociale.
La robe est généralement de couleur sable à brun-roux, avec des variations selon les saisons et les individus. Cette teinte lui permet de se fondre efficacement dans son environnement rocheux et désertique. Le pelage est relativement court, mais dense, ce qui le protège à la fois du froid nocturne et de la chaleur diurne.
Les cornes sont une autre caractéristique essentielle de cette espèce. Présentes chez les deux sexes, elles sont toutefois plus développées chez les mâles, atteignant 50 à 85 cm de longueur, tandis que celles des femelles dépassent rarement 30 à 40 cm. Les cornes sont épaisses, recourbées vers l’arrière et présentent des stries de croissance. Elles sont utilisées dans les combats entre mâles ainsi que pour l’intimidation.
Les membres du mouflon à manchettes sont solides et bien adaptés à l’escalade. Ses sabots sont larges et dotés d’une surface rugueuse, ce qui lui permet de se déplacer avec agilité sur des terrains rocheux escarpés. Cette adaptation est cruciale pour échapper aux prédateurs et explorer des zones difficiles d’accès à la recherche de nourriture.

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Le mouflon à manchettes, autrefois répandu en Afrique du Nord, a connu un déclin important dû au braconnage et à la concurrence du bétail domestique. Bien qu'une étude génétique soit nécessaire pour confirmer la classification sous-spécifique, six sous-espèces sont actuellement reconnues en fonction des traits morphologiques, chacune ayant une répartition géographique distincte.
- L'Aoudad de l'Atlas (Ammotragus lervia lervia) se trouve le long de la chaîne de montagnes de l'Atlas, du Maroc à l'Algérie et à la Tunisie. Au Maroc, il réside dans le Haut Atlas, en particulier dans le parc national du Toubkal et le parc national du Haut Atlas oriental, et est plus rare en dehors de ces zones, à l'exception du Haut Dadès. Au Maroc oriental, de petites populations vivent dans le Moyen Atlas oriental, l'Atlas saharien et près de la frontière algérienne. Dans l'Anti-Atlas et le Bani, l'espèce est généralement rare, mais plus abondante dans certaines régions comme Irherm, Djebel Lekst et les gorges de l'Assif n'Oumarhouz. En Algérie, des observations sporadiques ont été faites dans les montagnes de l'Atlas algérien depuis 2010, laissant supposer l'existence de petites populations isolées, ainsi que sur le plateau de Tademaït. Récemment, des populations ont été localisées près de Béchar, dans le sud-ouest de l'Algérie. En Tunisie, cette sous-espèce occupe les montagnes de l'Atlas saharien, qui s'étendent du mont Tbessa jusqu'à la péninsule du Cap Bon, et les chaînes de montagnes steppiques du centre du pays. La dispersion de l'Algérie vers la Tunisie a probablement eu lieu par le couloir Tbessa-Chambi et la région de Tamaghza.
- L'Aoudad libyen (Ammotragus lervia Fassini) est limité à l'extrême sud de la Tunisie et à la Libye. En Tunisie, on le trouve dans la chaîne de montagnes s'étendant de la région de Matmata à la frontière libyenne, bien que sa présence dans les régions de Jenein et Senghar soit incertaine. En Libye, une population vit près des montagnes du Tassili (à la frontière algérienne) et du Djebel Uweinat, et pourrait également se trouver dans le Djebel Arkenu et le Djebel Bahari.
- L'Aoudad saharien (Ammotragus lervia sahariensis) a la plus grande répartition, englobant le sud du Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, les montagnes de l'Adrar des Ifoghas (entre le Mali et l'Algérie), les montagnes du Hoggar dans le sud de l'Algérie, le sud-ouest de la Libye, le massif du Tibesti, le massif de l'Ennedi au Tchad et l'ouest du Soudan. Au Sahara occidental, il habite le Zemmur, Oum Dreyga, Negjyr, Adrar Soutuff et le Bass Draa-Seguia Alhamra, où il a été confirmé récemment dans l'Adrar Soutuff et le Bass Draa-Seguia Alhamra, mais est probablement éteint dans les monts Aouserd. Dans le Bass Draa-Seguia Alhamra, on estime qu'il y a moins de 250 individus, tandis que dans les monts Negjyr-Aouserd, moins de 50 pourraient survivre. En Mauritanie, l'accès au massif de Kediet ej Jill est limité en raison des activités minières, et aucun mouflon n'a été observé récemment. Des prospections dans le massif de l'Adrar n'ont pas révélé de mouflons, bien que leur persistance soit possible dans les zones inaccessibles. Au Mali, les mouflons sont présents dans toutes les zones montagneuses de la région de Kidal (Adrar des Ifoghas). Au Tchad, leur présence dans le Tibesti a été confirmée, et des inventaires aériens dans le massif de l'Ennedi ont estimé une population d'environ 1 000 individus en juillet 2016, mais seulement 400 en décembre 2019, ce qui pourrait être lié aux mouvements saisonniers.
- L'Aoudad égyptien (Ammotragus lervia ornata) était autrefois répandu en Égypte, mais a été considéré comme éteint à la fin du XXe siècle. Cependant, des preuves de sa présence ont refait surface dans la zone protégée d'Elbe et dans le désert occidental. Une population habite le Djebel Uweinat, qui pourrait atteindre le Djebel Kissu au Soudan, et pourrait également se trouver dans le Gilf Kebir et le Djebel Nazar en Égypte.
- Le mouflon à manchettes de Kordofan (Ammotragus lervia blainei) était autrefois répandu de l'ouest du Soudan à la côte de la mer Rouge et se limite probablement toujours aux collines de la mer Rouge à l'est du Soudan. Il n'est pas certain que les populations situées plus à l'ouest appartiennent à cette sous-espèce.
- L'Aoudad de l'Aïr (Ammotragus lervia angusi) habite les massifs de l'Aïr et du Termit, au Niger.
Des populations introduites de mouflon à manchettes se trouvent aux États-Unis, au Mexique, en Espagne, en Croatie et probablement en Italie. Ces populations introduites ne sont pas incluses dans l'évaluation. L'espèce se trouve à des altitudes allant de 200 à 4 100 mètres.

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Le régime alimentaire du mouflon à manchettes est principalement herbivore et opportuniste, ce qui signifie qu’il consomme une grande variété de plantes en fonction de la disponibilité saisonnière et des ressources locales. Dans son habitat naturel, il se nourrit principalement de graminées sèches, de plantes herbacées, de feuilles, de bourgeons, de rameaux et même de certaines espèces ligneuses. Il peut également consommer des cactus et des plantes épineuses, qu’il parvient à ingérer grâce à la structure résistante de son palais et de ses dents.
Le mouflon à manchettes est capable de survivre de longues périodes sans eau, une adaptation essentielle aux climats arides. Il obtient une grande partie de son hydratation à partir de la rosée matinale et de l’humidité contenue dans les plantes qu’il consomme. Toutefois, lorsqu’une source d’eau est accessible, il en boit abondamment.
Son comportement alimentaire est nomade, ce qui signifie qu’il se déplace constamment à la recherche de nouvelles ressources. Il peut parcourir de longues distances pour trouver des pâturages saisonniers, évitant ainsi l’épuisement des ressources locales. Cette stratégie lui permet de survivre dans des environnements où la végétation est rare et dispersée.

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Le cycle reproductif du mouflon à manchettes est fortement influencé par les conditions climatiques et la disponibilité des ressources alimentaires. La période de rut survient généralement en automne et en hiver (d’octobre à décembre), bien que des variations existent selon les populations et les conditions locales. Durant cette période, les mâles deviennent particulièrement agressifs et compétitifs. Ils s’affrontent dans des combats ritualisés, où ils se percutent violemment avec leurs cornes. Ces affrontements servent à établir une hiérarchie et à déterminer l’accès aux femelles en chaleur. Les mâles dominants s’accaparent généralement les harems de femelles, tandis que les jeunes mâles et les subordonnés sont évincés.
La gestation dure environ 150 à 165 jours, ce qui conduit aux naissances au printemps (entre mars et mai), lorsque les conditions sont plus favorables pour l’élevage des jeunes. La femelle met bas un ou deux petits, bien que les naissances gémellaires restent rares. Les jeunes sont précoces et capables de se tenir debout quelques minutes après la naissance. Ils restent cachés dans les rochers pendant les premiers jours afin d’échapper aux prédateurs, mais rejoignent rapidement le groupe maternel. L’allaitement dure 3 à 4 mois, mais les jeunes commencent à brouter dès l’âge de 2 semaines. La maturité sexuelle est atteinte vers 18 mois à 2 ans pour les femelles, tandis que les mâles doivent souvent attendre 4 à 5 ans avant d’accéder à la reproduction en raison de la compétition intense avec les mâles dominants.
Le mouflon à manchettes a une espérance de vie moyenne de 10 à 15 ans à l’état sauvage, bien que certains individus puissent atteindre 20 ans en captivité. Sa longévité est influencée par plusieurs facteurs, notamment la disponibilité des ressources alimentaires, la prédation et les conditions climatiques. Les mâles ont souvent une espérance de vie plus courte que les femelles en raison des combats fréquents et du stress lié à la compétition pour l’accès aux femelles.

Source: Futura-sciences

Le mouflon à manchettes est une espèce sociale, vivant en petits groupes dont la composition varie selon la saison et la structure sociale. Les femelles et les jeunes forment des troupeaux pouvant compter jusqu’à 30 individus, tandis que les mâles adultes vivent souvent en petits groupes de célibataires ou en solitaires. Les interactions sociales sont dominées par une hiérarchie claire, particulièrement chez les mâles. Cette hiérarchie est établie par des combats et des démonstrations de force. Les affrontements se font principalement à l’aide des cornes, les mâles s’élançant l’un contre l’autre pour se heurter de plein fouet.
Le mouflon à manchettes est un animal diurne, bien que ses périodes d’activité varient selon la température. Il est généralement actif tôt le matin et en fin d’après-midi, évitant ainsi la chaleur extrême du milieu de journée. C’est un grimpeur exceptionnel, capable de se déplacer sur des terrains rocheux escarpés avec une agilité impressionnante. Cette capacité lui permet d’échapper à ses ennemis naturels qui s’attaquent aux jeunes.

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Le mouflon à manchettes évolue principalement dans des environnements montagneux et arides où la végétation est clairsemée et où les ressources en eau sont limitées. Malgré son adaptation à ces conditions extrêmes, il doit faire face à plusieurs prédateurs naturels. Son agilité et son mode de vie grégaire lui permettent de limiter les risques de prédation, mais certaines espèces restent des menaces importantes, en particulier pour les jeunes et les individus affaiblis.
* Léopard : Le principal prédateur du mouflon à manchettes dans son aire de répartition originelle est le léopard (Panthera pardus). Ce félin est particulièrement bien adapté aux environnements rocheux et escarpés que fréquente le mouflon. Son pelage tacheté lui permet de se camoufler dans les reliefs montagneux, et son mode de chasse furtif le rend redoutable. Le léopard s’attaque aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, bien qu’il privilégie généralement les proies plus faibles ou isolées.
* Guépard : Bien que moins fréquent dans les milieux rocailleux où évolue le mouflon à manchettes, le guépard (Acinonyx jubatus) peut parfois s’attaquer aux jeunes individus ou aux adultes affaiblis. Contrairement au léopard, qui privilégie l’embuscade, le guépard mise sur sa vitesse pour capturer ses proies. Cependant, son endurance limitée et sa préférence pour les terrains ouverts réduisent son impact en tant que prédateur du mouflon.
* Chacal Doré : Le chacal doré (Canis aureus) est un prédateur opportuniste qui s’attaque principalement aux jeunes mouflons et aux individus blessés. Il chasse généralement en petits groupes et profite de la vulnérabilité des nouveau-nés durant les premières semaines de leur vie. Son intelligence et sa capacité à exploiter diverses sources de nourriture en font un concurrent redoutable pour les jeunes bovidés, notamment en période de sécheresse où les ressources alimentaires se raréfient.
* Loup gris : Autrefois présent dans les montagnes d’Afrique du Nord, le loup gris (Canis lupus) pouvait représenter un prédateur significatif pour les populations de mouflons à manchettes. Comme ses cousins d’Eurasie, ce loup chassait en meute, ce qui lui permettait de s’attaquer à des proies plus grandes, y compris les adultes en bonne santé. Toutefois, la rareté de ce canidé dans la région aujourd’hui réduit son impact sur les populations de mouflons.
* Lycaon : Bien que plus rare dans les régions arides où évolue le mouflon à manchettes, le lycaon (Lycaon pictus) peut s’attaquer aux mouflons lorsqu’il pénètre dans leur habitat. Ce carnivore social chasse en meute et excelle dans les poursuites de longue durée, ce qui peut mettre à mal la résistance d’un mouflon adulte. Cependant, ces derniers vivent principalement dans des zones escarpées où les lycaons ne sont pas aussi à l’aise que dans la savane ouverte.
* Aigle Royal : L’aigle royal (Aquila chrysaetos) est l’un des principaux prédateurs aériens du mouflon à manchettes, en particulier pour les jeunes et les petits individus. Ce rapace possède une vue perçante et peut repérer un agneau isolé à plusieurs centaines de mètres de distance. Il utilise une technique de chasse impressionnante : il fond sur sa proie à grande vitesse et la saisit avec ses serres puissantes, parfois en la précipitant du haut des falaises pour la tuer instantanément. Les adultes sont généralement hors de portée de ces rapaces en raison de leur taille et de leur force, mais un aigle peut s’attaquer à un mouflon affaibli ou surpris sur un terrain accidenté.
* Autres Rapaces : D’autres rapaces de grande taille, comme le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus), ne sont pas des prédateurs directs, mais peuvent s’attaquer aux cadavres de mouflons morts.
* Serpent : Dans certaines zones, les grands serpents constricteurs, comme le python de Seba (Python sebae), peuvent représenter une menace pour les jeunes mouflons à manchettes. Bien que cela soit rare, ces reptiles peuvent capturer et étouffer un agneau avant de l’avaler entier.

Crédit photo: Giant Eland - Zoochat
Les principales menaces pesant sur le mouflon à manchettes sont le braconnage et la destruction de l'habitat, principalement due au pâturage du bétail, à la collecte de bois de chauffage, ainsi qu'à la sécheresse et à la désertification. Le déclin de l'Aoudad égyptien (Ammotragus lervia ornatus) a été accéléré par la concurrence avec le bétail et les chameaux sauvages. La disponibilité et la répartition des gueltas (points d'eau), qui peuvent fluctuer d'une année à l'autre, seraient probablement un facteur majeur de l'état des populations en été, lorsque les besoins en eau sont plus élevés dans les zones où les plantes succulentes sont insuffisantes pour répondre aux besoins.

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Le mouflon à manchettes est actuellement considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe II de la CITES. Ammotragus lervia ornatus est classé comme Éteint à l'état sauvage (EW) sur la Liste rouge de l'IUCN.
En Algérie, les populations du nord sont fragmentées et menacées d'extinction. L'espèce a disparu de certaines aires protégées, mais des réintroductions réussies ont eu lieu dans les réserves de chasse de Djelfa et de Moutas. Des populations importantes subsistent dans les montagnes du centre et du sud de l'Algérie.
Au Tchad, une réglementation de la chasse durable et des mesures anti-braconnage sont essentielles. Des études sont nécessaires pour déterminer les effectifs actuels et les répartitions, et la création d'une zone protégée dans les montagnes du Tibesti devrait être envisagée. La présence de mouflons à manchettes a été confirmée dans la zone de conservation de Gebel Elba en Égypte, mais il n'y a eu aucun rapport de sa présence depuis des décennies dans la zone protégée de l'université d'Assiout.
En Libye, le statut de protection de l'espèce est incertain. Elle a été introduite dans la réserve naturelle de Tripoli et pourrait également être présente dans la réserve naturelle du Djebel Nefhusa. Des études de population sont nécessaires. Au Mali, l'Aoudad n'est pas protégé et n'est présent dans aucune aire protégée. Des recensements et des études de faisabilité pour la création d'une zone protégée dans l'Adrar des Ifoghas sont nécessaires. En Mauritanie, le mouflon à manchettes est censé être présent dans la réserve partielle de faune de mouflons de l'Adrar, et des recensements sont proposés.
Au Maroc, bien que le mouflon à manchettes soit protégé par la loi, il est considéré comme une espèce de gibier de grande valeur. La création de réserves et de parcs nationaux a contribué à sa survie dans certaines régions. Dans d'autres régions, le braconnage reste une menace. Au Niger, la chasse est interdite, mais le braconnage constitue la principale menace. Le mouflon à manchettes est présent dans la réserve naturelle nationale de l'Aïr et du Ténéré et dans la Réserve naturelle nationale de Termit et Tin-Toumma.
Au Soudan, le mouflon à manchettes est classé comme espèce protégée, mais la chasse est autorisée avec un permis. L'espèce n'est présente dans aucune zone protégée. En Tunisie, le mouflon à manchettes est protégé par la loi et a été réintroduit dans le parc national du Djebel Chambi. Le braconnage, la perte d'habitats et la sécheresse constituent des menaces. Un programme de réintroduction est en cours. Au Sahara occidental, le braconnage et la concurrence avec le bétail constituent les principales menaces. La création d'une zone protégée et le contrôle de la chasse illégale sont nécessaires.
Une analyse génétique approfondie des sous-espèces reconnues est impérative pour une action de conservation mondiale efficace. La détermination des principales unités génétiques permettra de redéfinir les critères sous-spécifiques actuels et de prendre des mesures de conservation ciblées. La gestion durable de la chasse pourrait constituer une stratégie de conservation efficace dans les pays ou régions où elle n'a pas encore été mise en oeuvre.

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Le mouflon à manchettes appartient à la famille des Bovidae, sous-famille des Caprinae. Son nom scientifique, Ammotragus lervia, a été décrit pour la première fois en 1777 par Peter Simon Pallas. Initialement, il était classé avec les moutons (Ovis), mais des études morphologiques et génétiques ont montré qu’il partage davantage de caractéristiques avec les chèvres (Capra), tout en formant un genre distinct (Ammotragus).
Le mouflon à manchettes présente plusieurs sous-espèces réparties à travers l'Afrique du Nord et certaines régions introduites. Ces sous-espèces varient légèrement en termes de taille, de coloration et d'adaptations locales aux différents environnements arides et montagneux.
- Ammotragus lervia angusi : Plus grande que la plupart des autres sous-espèces, avec un pelage plus dense. Elle vit dans des conditions plus humides que les autres sous-espèces, notamment dans certaines montagnes du nord du Soudan.
- Ammotragus lervia blainei : Ressemble à Ammotragus lervia sahariensis, mais avec une morphologie légèrement plus élancée. Sa robe est plus pâle, ce qui lui permet de mieux se fondre dans son environnement désertique. Elle vit dans les montagnes et plateaux de Libye.
- Ammotragus lervia fassini : Probablement la sous-espèce la plus rare, elle est proche de Ammotragus lervia blainei, mais présente des différences subtiles dans la structure des cornes et la couleur du pelage. Elle vite dans les régions montagneuses isolées du Fezzan.
- Ammotragus lervia lervia : Il s’agit de la sous-espèce nominale décrite en premier. Elle est relativement robuste, avec une crinière bien développée chez les mâles et un pelage de teinte brun sable. On la retrouve dans les zones montagneuses et rocheuses de l’Atlas.
- Ammotragus lervia ornata : Cette sous-espèce est caractérisée par une coloration plus rougeâtre et des cornes légèrement plus fines et recourbées. Elle est aujourd’hui extrêmement rare dans la nature. Elle occupe les déserts rocheux et montagnes de l’est de l’Égypte.
- Ammotragus lervia sahariensis : Plus petite et plus légère que la sous-espèce nominale, elle est adaptée aux conditions extrêmes du Sahara. Sa crinière est moins développée, et son pelage est plus clair pour mieux se camoufler dans le sable. Elle vit dans les régions désertiques du Sahara (Algérie, Mali, Niger).
Outre le fait que les différences morphologiques entre les différentes sous-espèces ne sont pas bien définies et qu'il existe plusieurs zones d'hybridation apparentes, se fier exclusivement aux traits morphologiques est un critère obsolète et inadéquat pour définir les sous-espèces. Par conséquent, afin de réévaluer la distinction entre elles, une analyse génétique complète des individus de toutes les populations distinctes devrait être réalisée. Cela permettrait d'identifier correctement les unités génétiques qui contribueraient à redéfinir les critères sous-spécifiques et, à terme, de mettre en oeuvre des mesures de conservation appropriées pour protéger l'espèce.

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Nom commun | Mouflon à manchettes |
Autre nom | Aoudad de Barbarie |
English name | Barbary sheep |
Español nombre | Carnero de berbería |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Caprinae |
Genre | Ammotragus |
Nom binominal | Ammotragus lervia |
Décrit par | Peter Simon Pallas |
Date | 1777 |
Satut IUCN | ![]() |
Liens internes
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Liens externes
Bibliographie
Grubb, P. (2005). Order Artiodactyla. In Wilson, D. E., & Reeder, D. M. (Eds.), Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference (3rd ed.). Johns Hopkins University Press.
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.
Macdonald, D. (2009). The Encyclopedia of Mammals. Oxford University Press.
Shackleton, D. M. (1997). Wild Sheep and Goats and their Relatives: Status Survey and Conservation Action Plan for Caprinae. IUCN.
Valdez, R. (1982). The Wild Sheep of the World. Wild Sheep and Goat International.
Wacher, T., Newby, J., Magin, C., & Monfort, S. (2002). "Conservation and reintroduction of Ammotragus lervia in North Africa". Oryx, 36(3), 287-294.
Duranton, H., & Thévenot, M. (1996). "Distribution et écologie du mouflon à manchettes au Maroc". Mammalia, 60(2), 213-225.
Bougaham, A., & Sellami, M. (2017). "Habitat preferences and ecological needs of the Barbary sheep in the Algerian Atlas". African Journal of Ecology, 55(4), 475-482