Manimalworld
Manimalworld Encyclopédie des animaux sauvages

Gazelle à goitre (Gazella subgutturosa)


La gazelle à goitre (Gazella subgutturosa) est une antilope gracile appartenant à la famille des Bovidae. Elle doit son nom à la présence, chez le mâle, d'un élargissement du cou et de la gorge pendant la saison de reproduction. Originaire d'Asie centrale et du Moyen-Orient, sa population a fortement décliné au cours des dernières années. La gazelle à goitre est également appelée Gazelle de Perse.


Gazelle a goitre (Gazella subgutturosa)
Gazelle à goitre (Gazella subgutturosa)
© Klaus Rudloff - BioLib
All rights reserved (Tous droits réservés)



DESCRIPTION

La gazelle à goitre est une antilope de taille moyenne qui se distingue par son allure élancée et son cou particulièrement développé chez les mâles. Ce dernier, plus massif en période de rut, lui confère une apparence imposante, d'où son nom. Son corps est recouvert d'un pelage court, généralement beige ou sableux, qui lui permet de se fondre dans les paysages arides et semi-désertiques où elle évolue. Ce camouflage naturel est essentiel pour échapper aux prédateurs et optimiser sa survie.

Les individus adultes pèsent entre 20 et 40 kg, pour une hauteur au garrot variant de 60 à 75 cm. Le dimorphisme sexuel est marqué : les mâles possèdent des cornes longues, annelées et incurvées vers l'arrière, tandis que celles des femelles sont plus courtes, voire absentes chez certaines populations. Son crâne est allongé, ses oreilles sont relativement grandes et pointues, et ses yeux, expressifs, sont adaptés à une vision panoramique qui facilite la détection des menaces. Enfin, ses membres fins et puissants lui confèrent une excellente aptitude à la course, un atout majeur face aux prédateurs.


Gazella subgutturosa
Gazella subgutturosa
© Altay Zhatkanbayev - Arkive
All rights reserved (Tous droits réservés)

HABITAT

La gazelle à goitre est présente de la Mongolie et du nord-ouest de la Chine en passant par l'Asie centrale (Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan et marginalement au Tadjikistan et au Kirghizistan) jusqu'en Iran, en Afghanistan et au Pakistan, ainsi que dans le sud du Caucase. Son aire de répartition historique s'est considérablement réduite. Elle reste largement répandue en Mongolie, dans la région du bassin du Tarim au Xinjiang, en Chine, et dans certaines parties du Kazakhstan. Il existe une population importante dans la réserve naturelle de Shirvan en Azerbaïdjan, et une petite population dans le nord du pays. Des animaux de Shirvan ont récemment été réintroduits dans quatre sites en Azerbaïdjan et un site dans le sud-est de la Géorgie.

En Iran, les gazelles à goitre sont presque entièrement confinées aux zones protégées. La répartition au Pakistan était limitée au désert de Chagai et aux zones adjacentes, mais l'aire de répartition et les effectifs ont été considérablement réduits. Les populations de la péninsule arabique et du sud-est de la Turquie sont désormais considérées comme appartenant à la gazelle des sables d'Arabie (Gazella marica). La frontière entre les deux espèces n'a pas été déterminée avec précision en Irak.

Cette gazelle habite une grande variété d'habitats semi-désertiques et désertiques. Elle monte dans les contreforts et pénètre dans les vallées montagneuses d'Asie centrale, jusqu'à des altitudes de 2 700 m en Mongolie. Les gazelles à goitre effectuent des déplacements saisonniers à la recherche de pâturages et d'eau et, dans les parties nord de l'aire de répartition, évitent les zones de forte neige en hiver.


Gazella subgutturosa habitat
     Répartition actuelle de la gazelle à goitre
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

La gazelle à goitre est un herbivore opportuniste dont le régime alimentaire varie en fonction des saisons et des ressources disponibles. Adaptée aux milieux arides, elle se nourrit principalement de graminées, de feuilles d'arbustes, de jeunes pousses et, en période de disette, de plantes succulentes capables de stocker de l'eau. Cette faculté lui permet de survivre dans des environnements où l'eau est rare, car elle peut extraire l'humidité nécessaire directement de son alimentation.

En hiver et au printemps, lorsque la végétation est plus abondante, elle privilégie les herbes tendres et les plantes à haute valeur nutritive. En revanche, durant l'été, lorsque la sécheresse sévit, elle se rabat sur des végétaux plus coriaces, voire épineux, qu'elle parvient à digérer grâce à son système digestif adapté. Cette plasticité alimentaire lui confère un net avantage dans des habitats où les ressources sont aléatoires. Cependant, la dégradation de son environnement due au surpâturage et à l’expansion humaine limite l’accès à ces ressources et menace sa survie.


Gazelle a goitre male
Gazelle à goitre mâle au Arabia’s Wildlife Centre
© Klaus Rudloff - BioLib
All rights reserved (Tous droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction de la gazelle à goitre est fortement saisonnière et synchronisée avec les conditions environnementales. La période de rut survient généralement en hiver, entre novembre et janvier, durant laquelle les mâles développent un comportement territorial et agressif. Ils utilisent leur cou hypertrophié et leurs cornes pour intimider ou combattre leurs rivaux, cherchant ainsi à monopoliser un harem de femelles.

Après l’accouplement, la gestation dure environ cinq à six mois, et la mise bas a lieu au printemps ou au début de l’été, lorsque la disponibilité en nourriture est optimale pour la lactation et la croissance des jeunes. La femelle donne naissance à un ou deux petits, qu’elle cache durant les premières semaines pour les protéger des prédateurs. Les petits, dotés d’un pelage mimétique, restent immobiles durant la journée pour éviter d’attirer l’attention. Ils sont sevrés après quelques mois, mais atteignent leur maturité sexuelle vers un an et demi pour les femelles, et vers deux ans pour les mâles.

La mortalité infantile est élevée en raison de la prédation et des conditions climatiques difficiles, mais les individus qui survivent peuvent vivre jusqu’à 12 ans à l’état sauvage et davantage en captivité. Toutefois, la pression exercée par la chasse et la fragmentation des habitats réduit considérablement l’espérance de vie des populations sauvages.


Jeune gazelle a goitre.jpg
Gazelle à goitre juvénile
Source: Instinct Animal

COMPORTEMENT

La gazelle à goitre est une espèce diurne et essentiellement grégaire, bien que son mode de vie puisse varier en fonction des conditions environnementales. En période favorable, elle forme des groupes composés de femelles et de leurs petits, accompagnées d’un ou plusieurs mâles dominants. Ces groupes permettent une meilleure vigilance contre les menaces et facilitent la recherche de nourriture.

Les mâles adultes, hors période de reproduction, peuvent être solitaires ou former de petits groupes de célibataires. Pendant le rut, leur comportement devient plus agressif, avec des démonstrations de force impliquant des courses poursuites et des affrontements cornes contre cornes. Ils marquent également leur territoire en urinant et en frottant leurs glandes préorbitales sur la végétation, diffusant ainsi des phéromones pour signaler leur présence.

Très agile et rapide, ce bovidé peut atteindre des vitesses de pointe de 60 km/h et maintenir une course soutenue sur de longues distances pour échapper aux prédateurs. Lorsqu’elle est menacée, elle adopte une posture d’alerte avec un port de tête élevé et peut effectuer des bonds caractéristiques pour signaler le danger à ses congénères avant de s’enfuir. Ce comportement est crucial pour sa survie dans des écosystèmes où elle occupe une place essentielle dans la chaîne alimentaire.


Gazelle a goitre femelle
Gazelle à goitre femelle
© David Blank - Arkive
All rights reserved (Tous droits réservés)

PRÉDATION

La gazelle à goitre occupe une position intermédiaire dans la chaîne alimentaire des écosystèmes arides et semi-arides d’Asie centrale et du Moyen-Orient. En tant qu’herbivore, elle est la proie de nombreux carnivores qui exploitent sa vulnérabilité, notamment les jeunes individus et les adultes affaiblis. Ses principaux prédateurs varient selon les régions, mais incluent des mammifères, des oiseaux de proie et, de plus en plus, des menaces d’origine humaine.

* Loup gris : Le loup gris est le principal prédateur naturel de la gazelle à goitre dans la majeure partie de son aire de répartition. Capable de s’attaquer à des proies plus imposantes, le loup chasse souvent en meute et peut ainsi isoler et épuiser une gazelle adulte au cours d’une poursuite prolongée. Les jeunes et les individus âgés ou blessés sont particulièrement vulnérables, car ils sont moins rapides et résistants.

* Guépard : Dans certaines régions d’Iran et d’Asie centrale, le guépard asiatique (Acinonyx jubatus venaticus) était autrefois un ennemi redoutable pour la gazelle à goitre. Grâce à sa vitesse fulgurante (jusqu’à 110 km/h sur de courtes distances), le guépard pouvait surprendre ses proies avant qu’elles n’aient le temps de fuir. Malheureusement, ce félin est aujourd’hui en danger critique d’extinction, et son impact sur les populations de gazelles est devenu marginal.

* Léopard : Bien que moins spécialisé dans la chasse aux gazelles, le léopard de Perse (Panthera pardus saxicolor) peut s’attaquer aux adultes solitaires, en embuscade, grâce à sa grande force et son agilité. Il privilégie toutefois des terrains plus escarpés et boisés, où les gazelles sont moins fréquentes.

* Lynx et caracal : Le caracal et le lynx sont des félins de taille moyenne qui chassent principalement les jeunes ou les individus affaiblis. Leur approche repose sur la discrétion et la surprise, contrairement aux loups ou aux guépards qui misent davantage sur l’endurance ou la vitesse.

* Renard et Chacal : Les renards (comme le Le renard roux) et les Le chacals (notamment le Le chacal doré) ne représentent pas une menace directe pour les adultes en bonne santé, mais ils sont d’importants prédateurs des nouveau-nés. Ils profitent du fait que les petits restent cachés durant leurs premières semaines de vie pour les attaquer lorsqu’ils sont sans défense.

* Rapace : Les rapaces, bien que moins fréquents comme prédateurs des gazelles adultes, jouent un rôle clé dans la mortalité des jeunes. Parmi eux, l’aigle royal est l’un des plus redoutables. Cet aigle puissant est capable d’enlever un faon grâce à ses serres acérées et de le tuer rapidement avant de le dépecer. Les vautours et d’autres charognards ne s’attaquent pas directement aux gazelles vivantes, mais ils peuvent être attirés par les carcasses laissées par d’autres prédateurs ou par des individus morts de causes naturelles.

Les ennemis naturels de la gazelle à goitre font partie de l’équilibre écologique de son habitat. Toutefois, l’impact des activités humaines dépasse largement celui des carnivores sauvages, rendant l’espèce de plus en plus vulnérable. La protection des populations restantes passe par une meilleure régulation de la chasse, la conservation des habitats et la limitation des conflits avec l’élevage. Si ces mesures ne sont pas mises en place, la pression anthropique pourrait causer un déclin irréversible de cette gazelle emblématique des steppes et des déserts d’Asie.


Gazelle a goitre gros plan.jpg
Gros plan de la gazelle à goitre
© Jonas Livet - Les zoos dans le monde
All rights reserved (Tous droits réservés)

MENACES

Les principales menaces qui pèsent sur cette espèce sont la chasse illégale (pour la viande et dans une moindre mesure pour les trophées) et la perte d'habitat (en raison du développement économique, de la conversion à l'agriculture et de l'augmentation du nombre de bétail domestique). En Asie centrale, l'espèce est sensible aux effets des conditions climatiques hivernales rigoureuses. Les barrières sous forme d'infrastructures linéaires et de clôtures constituent une menace émergente en Asie centrale.


Gazelle a goitre dessin
Illustration de la gazelle à goitre
Auteur: Joseph Wolf - MeisterDrucke

CONSERVATION

La gazelle à goitre est considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Vulnérable" (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN et en Annexe II de la Convention sur les espèces migratrices (CMS).

La gazelle à goitre est protégée par la loi dans la plupart des États de son aire de répartition, même si la mise en oeuvre de cette loi n'est pas toujours efficace. L'espèce est présente dans de nombreux parcs nationaux et réserves dans toute son aire de répartition. Elle a été réintroduite dans quatre sites en Azerbaïdjan et un site en Géorgie (Parc national de Vashlovani). Des réintroductions ont également eu lieu au Turkménistan. Il existe un centre de reproduction près de Boukhara en Ouzbékistan.


Gazelle a goitre d'Arabie (Gazella subgutturosa marica)
Gazelle à goitre d'Arabie (Gazella subgutturosa marica)
© Klaus Rudloff - BioLib
All rights reserved (Tous droits réservés)

TAXONOMIE

La gazelle à goitre est une espèce largement distribuée à travers les steppes, déserts et semi-déserts d’Asie centrale et du Moyen-Orient. En raison de cette vaste répartition géographique, plusieurs sous-espèces ont été décrites, bien que leur classification ait été sujette à des débats taxonomiques. Les sous-espèces de la gazelle à goitre se distinguent principalement par des variations morphologiques, la taille, la coloration du pelage et certaines adaptations écologiques aux habitats spécifiques qu’elles occupent.

- Gazella subgutturosa hillieriana : Cette sous-espèce est parfois considérée comme une population distincte en raison de légères différences morphologiques, mais son statut reste incertain. Elle est souvent regroupée avec Gazella subgutturosa subgutturosa.

- Gazella subgutturosa marica : (Gazelle des sables d'Arabie). Des recherches récentes ont montré que cette gazelle est génétiquement distincte et est désormais considérée comme une espèce distincte Gazella marica (Wacher et al. 2010).

- Gazella subgutturosa subgutturosa : Il s'agit de la sous-espèce nominale, décrite pour la première fois par Güldenstädt en 1780. Elle est l'une des plus largement distribuées et occupe des steppes et des régions désertiques.

- Gazella subgutturosa yarkandensis : Adaptée aux conditions désertiques extrêmes de la Chine occidentale, cette sous-espèce est plus petite que la forme nominale et possède un pelage plus clair, souvent jaunâtre ou sableux.

La classification des sous-espèces de la gazelle à goitre reste incertaine en raison du manque d’études génétiques approfondies. Certains scientifiques considèrent que certaines populations décrites comme sous-espèces ne sont que des variations locales de Gazella subgutturosa subgutturosa.

Des analyses ADN récentes suggèrent que la Gazelle des sables d'Arabie (Gazella subgutturosa marica) pourrait être suffisamment distincte pour être considérée comme une espèce à part entière (ceci est d'ailleurs le cas pour l'IUCN). De même, la variabilité génétique entre les populations d’Asie centrale et celles de Chine mérite une étude plus approfondie.


Gazelle de Perse
La gazelle à goitre est également appelée Gazelle de Perse
© Klaus Rudloff - BioLib
All rights reserved (Tous droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGazelle à goitre
Autre nomGazelle de Perse
English nameGoitered gazelle
Español nombreGacela persa
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreGazella
Nom binominalGazella subgutturosa
Décrit parJohann Anton Güldenstädt
Date1780



Satut IUCN

Vulnérable (VU)

Goitered gazelle
En anglais, la gazelle à goitre est appelée Goitered gazelle
Auteur: Dûrzan Cîrano - Wikimedia Commons
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

SOURCES

Arkive

BioLib

Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices (CMS)

Instinct Animal

Les zoos dans le monde

Liste rouge IUCN des espèces menacées

MeisterDrucke

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wikimedia Commons

Kingswood, S.C., & Blank, D.A. (1996). Gazella subgutturosa. Mammalian Species, 518, 1-10.

Mallon, D. P., & Kingswood, S. C. (2001). Antelopes: Part 4: North Africa, the Middle East, and Asia. IUCN/SSC Antelope Specialist Group.

Groves, C. & Leslie, D. M. (2011). Family Bovidae (Hollow-horned Ruminants)

Wilson, D. E. & Mittermeier, R. A. (Eds.). Handbook of the Mammals of the World - Volume 2: Hoofed Mammals. Lynx Edicions.