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Hylochère (Hylochoerus meinertzhageni)


L'hylochère (Hylochoerus meinertzhageni) est le plus grand suidéSuidaeLes suidés (Suidae) sauvage d'Afrique. Ce mammifèreMammiferesLes mammifères (Mammalia) impressionnant se distingue par sa corpulence et son comportement souvent discret, en raison de son habitat forestier dense. L'espèce a été décrite pour la première fois en 1904 par Richard Meinertzhagen, un naturalisteNaturalisteLes naturalistes et ornithologueOrnithologue Edward BlythLes ornithologues, qui a donné son nom à ce suidéSuidaeLes suidés (Suidae) forestier. Contrairement aux autres espèces de africaines comme le phacochèrePhacochereLes phacochères, l'hylochère a évolué pour s'adapter aux conditions spécifiques des forêts denses et humides du continent africain. L'hylochère est l'unique représentant actuel du genre HylochoerusHylochoerus meinertzhageniGenre Hylochoerus.


Hylochere (Hylochoerus meinertzhageni)
Hylochère (Hylochoerus meinertzhageni)
© Ryan Steiner - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

L'hylochère est le plus grand membre de la famille des suidés. Il mesure entre 1,3 et 2,1 m de longueur pour une hauteur au garrot pouvant atteindre 1,1 m. Le poids de ce sanglier varie entre 100 et 275 kg selon les individus et les sous-espèces. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les femelles étant légèrement plus petites que les mâles.

Son pelage est épais et grossier, de couleur noire ou brun foncé, offrant une bonne protection dans les forêts denses et parfois épineuses. Il est aussi marqué par des soies longues et raides sur le dos, qui se dressent lorsqu'il est alarmé, lui donnant un aspect plus intimidant. La tête est grande et massive, ornée de deux paires de défenses. Les défenses supérieures sont légèrement courbées et les inférieures plus longues et droites. Ces défenses sont plus imposantes chez les mâles et servent à la défense ainsi qu'à l’intimidation lors des combats pour la dominance. Les coussinets des joues du mâle contiennent des glandes odoriférantes, et ce sanglier a aussi une glande odorante préputiale.


Hylochoerus meinertzhageni
Hylochoerus meinertzhageni
© Luiz Moschini - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

À l'échelle continentale, l'hylochère a une aire de répartition semblable à bien des égards à celle du bongo (Tragelaphus eurycerus, étant distribué en populations dispersées dans des étendues intactes de forêt tropicale de plaine en Afrique de l'Ouest et sur la rive droite du fleuve Congo, et également présent dans les forêts mixtes des hautes terres du Rift Albertin, et dans des forêts montagnardes isolées au Kenya et en Éthiopie. Contrairement aux récits précédents, la présence de l'espèce n'a pas été confirmée en Tanzanie. On pense qu'il est éteint en Guinée équatoriale, et il n'y a pas eu de signalement de l'hylochère au Rwanda depuis la fin des années 1980, bien qu'il puisse encore survivre dans la forêt de Nyungwe/Kibira à cheval sur le Rwanda et le Burundi.

Dans toute son aire de répartition, l'hylochère habite une grande variété de types de forêts, allant des zones subalpines et des bosquets de bambous aux forêts de montagne, de plaine et marécageuses, aux galeries, aux savanes boisées et aux fourrés post-culturels. Il montre une préférence pour une source d'eau pratique et permanente, une couverture de sous-bois épaisse dans certaines parties de son domaine vital et une diversité de types de végétation. La variété des habitats forestiers occupés implique un degré élevé d'adaptabilité aux conditions climatiques locales. Par exemple, dans le parc national de Kibale (Ouganda), il sélectionne des fourrés denses d'arbustes, principalement composés de Mimulopsis spp., d'Acanthus pubescens et de Piper spp. entourés de forêts matures ou exploitées, mais l'espèce visite occasionnellement des zones marécageuses et des forêts matures.


Hylochoerus meinertzhageni distribution
     Répartition actuelle de l'hylochère
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

L'hylochère est omnivore et opportuniste. Son alimentation varie en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources. Il consomme principalement des matières végétales, notamment des racines, des tubercules, des fruits tombés au sol, et des feuilles. Son régime alimentaire inclut également des invertébrés tels que les insectes, les vers et parfois de petits vertébrés. Ce suidé a un excellent sens de l'odorat, qui lui permet de détecter les aliments enfouis sous le sol. Avec ses défenses et son museau robuste, il est capable de creuser pour accéder aux racines et tubercules. Son régime varié joue un rôle important dans la dispersion des graines, contribuant ainsi à l'équilibre de l'écosystème forestier.


Hylochere gros plan
Gros plan de l'hylochère
© Eddy Verbeek - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction de l'hylochère est saisonnière et varie selon les régions. En général, les accouplements ont lieu en début d'année et la gestation dure environ cinq à six mois. Les femelles donnent naissance à une portée de un à quatre petits, souvent dans un nid qu'elles creusent et tapissent de feuilles et d'herbes pour protéger les nouveau-nés. Les marcassins, qui naissent avec un pelage rayé pour se camoufler dans leur environnement, sont allaités pendant plusieurs mois avant de commencer à se nourrir de plantes solides. Les jeunes atteignent la maturité sexuelle vers l'âge de trois ans.


Hylochere femelle
Hylochère femelle et son petit au parc national Queen Elisabeth
© Zdeněk Hašek - BioLib
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COMPORTEMENT

L'hylochère est un animal principalement nocturne et crépusculaire, bien qu'il soit parfois actif le jour dans des zones peu dérangées. Il vit en groupes familiaux, composés généralement d'un mâle dominant, de plusieurs femelles et de leurs petits. Les mâles adultes peuvent former des groupes de célibataires, bien que certains préfèrent vivre en solitaire. Lors de la saison de reproduction, les mâles solitaires rejoignent les groupes familiaux et rivalisent pour s'accoupler avec les femelles. Ce sanglier est relativement territorial et marque son territoire avec des sécrétions odorantes produites par des glandes situées sur la face et le corps. Les mâles dominants défendent vigoureusement leur territoire et n’hésitent pas à se battre avec des concurrents pour maintenir leur position.

Les principaux prédateurs de l'hylochère sont les grands carnivores africains, comme le léopard, le lion, la hyène et le crocodile. Cependant, sa taille imposante et ses défenses puissantes en font un adversaire redoutable, dissuadant souvent les prédateurs. Les jeunes sont plus vulnérables et peuvent également être la proie de rapaces et de reptiles.


Hylochere parc national Queen Elisabeth
Hylochère au parc national Queen Elizabeth, Ouganda
© Scott Bowers - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

POPULATION

L'hylochère se produit généralement en faible densité dans la majeure partie de son aire de répartition, mais peut être localement abondant. En 1978, on a enregistré des densités de 0,4/km² dans le parc national de Garamba et de 2,6/km² dans le parc national des Virunga. Dans le parc national de Queen Elisabeth, la densité a été signalée à 10 individus au km² en 1999. Cependant, une chute de 30 % a été enregistrée en 2004, principalement en raison des prédations. Par la suite, cette population a encore diminué et est maintenant proche de l'extinction.


Cochon forestier geant
L'hylochère est également appelé Cochon forestier géant
© Tom Heijnen - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

MENACES

Les hylochères sont très vulnérables à la déforestation et, dans une moindre mesure, à la chasse pour se nourrir. La déforestation, la chasse et d’autres formes de perturbation partout où les populations ont accès aux zones forestières ont conduit à la diminution locale et/ou à l’extinction des populations, notamment en Guinée, à Bwindi et dans le parc national Murchison Falls en Ouganda et en Éthiopie. La transmission de maladies et de parasites peut également représenter des menaces importantes dont les effets sur les populations restent largement inconnus.


CONSERVATION

L'hylochère est une espèce classé dans la catégorie préoccupation mineure (LC) dans la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN depuis 2008.

L'hylochère est présent dans un certain nombre d'aires protégées importantes, notamment : le parc national du Haut Niger (Guinée), le parc national de Sapo (Libéria), le parc national de Taï (Côte d'Ivoire), le parc national de Bia (Ghana), le parc national de Minkébé (Gabon), le parc national d'Odzala (République du Congo), la réserve de chasse de Bili-Uere, la réserve de faune à okapis, le parc national de la Garamba, le parc national de la Maiko, le parc national des Virunga et le parc national de Kahuzi-Biega (RDC), le parc national de Ruwenzori, le parc national de Kibale et le parc national Queen Elizabeth (Ouganda), le parc national d'Aberdares, le parc national du mont Kenya et le parc national du Masaï Mara (Kenya), et le parc national des monts Balé (Éthiopie). Il est également présent et localement abondant dans les concessions de chasse au Cameroun, en République centrafricaine et en Éthiopie.


Hylochere illustration
Illustration d'un hylochère
© Dixon, Royal
CC0 (Domaine public)

TAXONOMIE

Selon la liste taxonomique de l'ITIS trois sous-espèces d'hylochère sont généralement reconnues, en fonction de leur aire de répartition géographique et de certaines différences morphologiques mineures. Les trois sous-espèces présentent des adaptations locales en fonction de leur habitat, mais partagent les mêmes caractéristiques fondamentales, témoignant de leur lien étroit au sein de l'espèce :

- Hylochoerus meinertzhageni meinertzhageni : Cette sous-espèce est présente en Afrique de l’Est, principalement en Ouganda, au Kenya et dans les régions avoisinantes. Elle est généralement la plus grande des trois.

- Hylochoerus meinertzhageni rimator : Est présent en Afrique centrale, notamment au Cameroun, au Congo et en République centrafricaine. Plus petite que la sous-espèce nominale, elle présente des différences légères dans le pelage et la taille des défenses.

- Hylochoerus meinertzhageni ivoriensis : Est présent en Afrique de l’Ouest, principalement en Côte d'Ivoire, au Ghana et au Liberia. Elle se distingue par une taille plus modeste et une adaptation marquée aux forêts humides et denses d’Afrique de l’Ouest.


Giant forest hog (Hylochoerus meinertzhageni)
En anglais, l'hylochère est appelé Giant forest hog
© Dirkvdl16 - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communHylochère
Autre nomCochon forestier géant
English nameGiant Forest Hog
Español nombreHilóquero
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
FamilleSuidae
GenreHylochoerus
Nom binominalHylochoerus meinertzhageni
Décrit parMichael Rogers Oldfield Thomas
Date1904



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

Animal Diversity Web

Biodiversity Heritage Library

BioLib

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Smithsonian National Museum of Natural History

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Wiley Online Library

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press