L'oréotrague est une petite antilope mesurant entre 75 et 115 cm de long, 60 cm au garrot pour un poids allant de 8 à 18 kg. Seuls les mâles portent des cornes droites mesurant 8 cm en moyenne.
L'oréotrague est doté d'un certain nombre de caractéristiques distinctes qui font qu'il est bien adapté à son habitat rocheux. C'est un animal très agile, qui peut évoluer sur des falaises qui nous paraissent infranchissables. Ce bovidé est la seule antilope à marcher sur la pointe de ses sabots et dispose d'un dense et grossier manteau composé de poils creux qui bruissent quand on les secoue ou qu'on le touche. Son pelage, très épais, amortit les chocs en cas de chute et lorsqu'il dresse les poils, il donne l'illusion d'être plus grand qu'il en a l'air.
Le manteau varie en couleur allant du jaune-brun à gris-jaune sur la partie dorsale. Les parties inférieures, le menton et les lèvres sont blanchâtres. Les oreilles bordées de noir ont des parties blanches qui attirent l'attention lorsque l'animal est de profil. Le nez est noir, comme le sont les grandes glandes pré orbitales.
HABITAT
L'oréotrague a une large distribution au nord-est du Soudan, de l’Érythrée, le nord de la Somalie et les hauts plateaux éthiopiens vers le sud à travers l'est de l'Afrique australe jusqu'en Afrique du Sud, le long de la côte ouest de la Namibie et le sud-ouest de l'Angola. Des populations isolées vivent en République centrafricaine (deux zones distinctes dans les hautes terres du nord et de l'ouest) et au sud-est de la République démocratique du Congo. Au Nigeria, il se produit dans et autour du plateau de Jos. Le Burundi est le seul pays dans lequel il vivait auparavant, mais est aujourd'hui probablement éteint.
Cette antilope vit dans les habitats rocheux et les sols caillouteux avec une végétation courte mais abondante, les collines côtières jusqu'à des altitudes de 4 500 m.
ÉCOLOGIE
L'oréotrague est un animal monogame que l'on voit presque toujours en couple et généralement avec un petit. Le lien qui unit le mâle et la femelle est solide et durable. Ils passent la plupart de leur temps à quelques mètres l'un de l'autre, l'un à l'affût d'un éventuel danger pendant que l'autre se nourrit. Cette relation dure jusqu'à ce que l'un des deux meurt. Le couple défend un territoire dans lequel les deux congénères se nourrissent d'herbes et de feuillage peu dense, parfois des graines, des fruits, de bourgeons, de brindilles, d'écorce, et d'herbes pendant la saison des pluies.
Chez l'oréotrague, la saison des amours s'étale de septembre à janvier. La période de gestation est de 210 jours, après laquelle un jeune bien développé naît. Les jeunes se cache dans la végétation pendant les 3 premiers mois, la mère revenant 3 ou 4 fois auprès de son petit pour l'allaiter.
Comme beaucoup d'animaux qui vivent dans le climat chaud de l'Afrique, l'oréotrague se repose généralement pendant les heures les plus chaudes de la journée. Il est également inactif après minuit. Il vit en petit groupe bien qu'il ne soit pas réellement grégaire. On le voit souvent debout sur le sommet d'un rocher. Ces rochers lui servent de camouflage ainsi que pour trouver de la nourriture. Pour marquer son territoire, le mâle dépose sur des tiges arrondies un musc secrété par ses glandes pré orbitales.
Si un prédateur est loin et n'est pas considéré comme une menace immédiate, l'oréotrague reste sur ses gardes et fait face à l'intrus. S'il se trouve dans une situation de faible visibilité, il va se déplacer vers un terrain plus élevé afin qu'il puisse voir le danger. Si le prédateur devient réellement une menace pour lui, l'oréotrague va d'abord se figer. Si l'assaillant s'approche, l'antilope émet un signal d'alarme pour prévenir ses congénères avant de s'enfuir. Après avoir atteint une distance de sécurité, le mâle et la femelle se tournent vers le prédateur et continuent à émettre des appels d'alarme en duo avec l'appel du mâle suivi de peu par l'appel de la femelle.
Ce bovidé est plus vulnérable à la prédation par rapport à d'autres animaux africains (par exemple, les céphalophes et phacochères) parce qu'il vit dans un habitat ouvert. Le léopard et le caracal sont considérés comme les principaux prédateurs de l'oréotrague, car ils montrent le plus grand chevauchement avec leur aire de répartition.
MENACES
L'oréotrague est vulnérable à la chasse mais aussi à la concurrence pour la nourriture avec les chèvres. Ces menaces ont entraîné d'énormes déclins chez cette espèce, jusqu'à l'extinction pour certaines populations. La sous-espèce vivant à l'ouest du Nigeria et de la République centrafricaine, Oreotragus oreotragus porteousi, est d'ailleurs en danger d'extinction à cause de ces menaces.
CONSERVATION
L'oréotrague n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN. Seule la sous-espèceOreotragus oreotragus porteousi est actuellement classée comme En danger (EN).
L'avenir de l'oréotrague dépend de sa protection continue dans de nombreux parcs nationaux, réserves, concessions de chasse et terres agricoles privées. Présente notamment au parc national du Serengeti, la survie de cette antilope semble assurée dans cet endroit. Les grandes populations vivant dans les zones très difficiles d'accès sont également soupçonnées d'être assez sûr. Toutefois, Oreotragus oreotragus porteousi est en danger d'extinction et si aucune tentative n'est faite pour le sauver, comme mettre en œuvre des mesures de protection concrètes ou un programme de reproduction en captivité, cette sous-espèce pourrait bien disparaître rapidement.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît cinq sous-espèces différentes d'oréotrague :