Gazelle de Waller (Litocranius walleri)
La gazelle de Waller (Litocranius walleri) est une antilope élancée et gracieuse, remarquable par son long cou et son comportement alimentaire unique. Originaire de l'Afrique de l'Est, elle évolue principalement dans des habitats arides et semi-arides. Cette espèce appartient à la famille des Bovidae et à la sous-famille des Antilopinae. Elle est l'unique représentante du genre Litocranius. La gazelle de Waller est également appelée gérénuk.

© Klaus Rudloff - BioLib

La gazelle de Waller possède une morphologie distinctive qui la différencie nettement des autres antilopes africaines. Sa silhouette élancée est accentuée par ses longues pattes fines, adaptées à la course et aux déplacements rapides dans des environnements ouverts. Toutefois, son trait le plus remarquable est sans aucun doute son long cou, qui lui a valu le surnom de "gazelle girafe". Ce cou allongé lui permet d’atteindre des feuillages situés bien plus haut que ceux accessibles aux autres antilopes de taille similaire.
Le corps de la gazelle de Waller est recouvert d’un pelage court et lisse, de couleur fauve ou brun-roux sur le dos, tandis que la face ventrale est plus claire, souvent blanche ou crème. Une fine ligne de démarcation sépare ces deux teintes. La tête est relativement petite par rapport au reste du corps, avec un museau effilé et de grands yeux expressifs. Les oreilles, larges et mobiles, lui permettent de capter le moindre bruit, ce qui est crucial pour détecter d’éventuels prédateurs.
Les mâles et les femelles présentent un dimorphisme sexuel notable. Les mâles possèdent des cornes robustes, annelées et recourbées en forme de lyre, atteignant environ 25 à 44 cm de long. En revanche, les femelles sont totalement dépourvues de cornes. Par ailleurs, les mâles sont généralement plus grands et plus massifs que les femelles, atteignant un poids compris entre 35 et 52 kg, tandis que les femelles pèsent entre 28 et 45 kg. La hauteur au garrot varie de 80 à 105 cm, mais si l’animal se dresse sur ses pattes arrière pour se nourrir, il peut atteindre près de 2 mètres.
Les membres postérieurs de la gazelle de Waller sont particulièrement puissants et musclés, facilitant non seulement la posture debout, mais aussi les déplacements rapides et les bonds pour fuir un danger. L’animal possède une queue courte, mesurant environ 25 à 35 cm, qui se termine par une touffe de poils noirs.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle de Waller était autrefois largement répandue dans la brousse semi-aride du nord-est de l'Afrique, du sud de Djibouti au nord-est de la Tanzanie. La limite nord de l'aire de répartition se situe à environ 11 ° 30'N à Djibouti et la limite sud autour du parc national de Tarangire en Tanzanie. Ce bovidé occupe encore une grande partie de son aire de répartition historique. Elle a été décrite comme l'espèce d'antilope la plus commune et la plus répandue en Somalie par Funaioli et Simonetta (1966) mais peu d'informations récentes sont disponibles sur sa répartition actuelle dans cette région et on s'attendait à ce qu'elle ait été sévèrement réduite. L'espèce reste largement répandue mais peu répandue au Somaliland, dans le nord de la Somalie.
La gazelle de Waller habite les zones de brousse, les fourrés, les zones semi-arides et arides de buissons épineux (en dessous de 1 600 m), évitant les forêts denses et les habitats très ouverts dominés par l'herbe.

© Manimalworld

L’un des aspects les plus fascinants de la gazelle de Waller est son régime alimentaire spécialisé et sa méthode unique de se nourrir. Contrairement à de nombreuses autres antilopes qui broutent l’herbe au sol, la gazelle de Waller est un brouteur sélectif de haut niveau. Grâce à son long cou et à sa capacité à se dresser sur ses pattes arrière, elle atteint des feuillages situés jusqu’à 2 mètres de hauteur, exploitant ainsi une niche alimentaire moins concurrentielle.
Son régime alimentaire est principalement composé de feuilles, de jeunes pousses, de fleurs, de fruits et parfois d’écorces d’arbres et d’arbustes. Parmi les espèces végétales les plus couramment consommées figurent les acacias, les commiphoras et divers arbustes épineux. Son museau allongé et ses lèvres préhensiles lui permettent de saisir avec précision les feuilles, même parmi des branches épineuses.
La gazelle de Waller est un animal strictement phytophage, mais ce qui la distingue encore davantage est son indépendance vis-à-vis de l’eau. En effet, elle peut survivre sans boire pendant de longues périodes, car elle tire toute l’humidité nécessaire de sa nourriture végétale. Cette adaptation est essentielle dans son habitat aride où l’eau est rare, lui permettant de s’installer dans des zones où d’autres herbivores ne peuvent pas survivre.

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Le cycle reproductif de la gazelle de Waller est marqué par un système polygame, où un mâle dominant peut s’accoupler avec plusieurs femelles dans son territoire. Les mâles deviennent sexuellement matures vers 1,5 à 2 ans, tandis que les femelles peuvent se reproduire dès l’âge de 9 à 12 mois.
La période de reproduction n’est pas strictement saisonnière, mais elle est souvent influencée par les conditions environnementales et la disponibilité de la nourriture. Lorsqu’une femelle est en oestrus, elle attire les mâles par des signaux olfactifs et comportementaux. Les mâles rivalisent parfois pour l’accès aux femelles en adoptant des postures impressionnantes, en abaissant la tête et en exposant leur encolure pour paraître plus imposants.
Après l’accouplement, la gestation dure environ 6 à 7 mois. La femelle met bas un seul petit, pesant environ 3 kg à la naissance. Contrairement à d’autres antilopes qui se regroupent en grands troupeaux pour protéger leurs jeunes, la gazelle de Waller adopte une stratégie plus discrète. La mère cache son petit dans la végétation pendant plusieurs semaines, ne revenant que pour l’allaiter et le nettoyer, minimisant ainsi le risque de prédation.
Le sevrage intervient généralement après 3 à 4 mois, bien que le jeune puisse commencer à brouter dès l’âge de quelques semaines. La croissance est relativement rapide, et les jeunes deviennent indépendants vers 1 an. Les femelles peuvent alors rejoindre un groupe de femelles adultes, tandis que les jeunes mâles sont souvent exclus et doivent établir leur propre territoire.
La gazelle de Waller peut vivre entre 8 et 12 ans en milieu naturel et jusqu’à 15 ans en captivité. Sa longévité est influencée par de nombreux facteurs, notamment la prédation, la disponibilité de la nourriture et les conditions environnementales. Malgré ses adaptations remarquables aux milieux arides, la survie de cette espèce dépend fortement des efforts de conservation et de la préservation de son habitat naturel.

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La gazelle de Waller est une espèce essentiellement diurne, bien qu’il puisse être active tôt le matin et en fin d’après-midi pour éviter la chaleur intense de la journée. Elle vit généralement en petits groupes familiaux composés de femelles et de leurs petits, tandis que les mâles adultes sont souvent solitaires ou territoriaux. Ces derniers marquent leur territoire en frottant leurs glandes préorbitales contre les arbres et en urino-déposant sur certaines zones stratégiques.
La gazelle de Waller est un animal relativement discret, préférant fuir silencieusement plutôt que d’affronter un prédateur. Lorsqu’elle est menacé, elle peut adopter une posture figée pour se camoufler dans son environnement, ou bien il peut fuir en effectuant de grands bonds rapides.
Bien que la gazelle de Waller soit territoriale, les affrontements entre mâles sont rarement violents. Ils se limitent généralement à des intimidations par des postures et des parades gestuelles, notamment en se redressant sur leurs pattes arrière et en se mesurant du regard.

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La gazelle de Waller évolue dans les savanes et zones arides de l’Afrique de l’Est, où elle doit constamment rester vigilante face à de nombreux prédateurs. Son physique élancé et son agilité lui permettent d’échapper à certaines menaces, mais elle demeure une proie convoitée pour plusieurs carnivores.
* Lions : Les lions (Panthera leo), en tant que superprédateurs, chassent les gazelles de Waller lorsqu’ils en ont l’occasion, bien qu’ils préfèrent généralement des proies plus grandes et plus abondantes. Leur technique de chasse repose sur la coopération en groupe et l’embuscade.
* Léopards : Chasseurs solitaires et opportunistes, les léopards (Panthera pardus) sont particulièrement dangereux pour les gérénuks. Grâce à leur agilité et à leur capacité à grimper aux arbres, ils peuvent surprendre ces antilopes, surtout lorsqu’elles s’éloignent de la protection de la végétation.
* Guépards : Spécialistes de la vitesse, les guépards (Acinonyx jubatus) sont des prédateurs redoutés des gérénuks, notamment des jeunes et des individus isolés. Bien que le gérénuk soit rapide et agile, il a du mal à échapper à un guépard lancé à pleine vitesse.
* Lycaons : Les lycaons (Lycaon pictus) chassent en meute et sont très efficaces pour poursuivre des proies sur de longues distances. Leur endurance et leur coopération leur permettent de rattraper et d’épuiser même les animaux les plus rapides, y compris la gazelle de Waller.
* Chacals : Moins dangereux pour les adultes, les chacals représentent une menace importante pour les jeunes gérénuks, qu’ils peuvent attraper lorsqu’ils sont cachés dans la végétation ou temporairement laissés seuls par leur mère.
* Hyènes tachetées : Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) sont des charognards opportunistes, mais aussi d’excellents chasseurs. En groupe, elles sont capables de capturer des gazelles de Waller, en particulier lorsqu’elles les surprennent ou les coincent contre un obstacle naturel.
* Hyènes rayées et Hyènes brunes : Bien qu’elles soient principalement charognardes, la hyène brune (Parahyaena brunnea) et la hyène rayee (Hyaena hyaena) peuvent attaquer un jeune ou un individu affaibli si l’occasion se présente.
* Python de Seba : Le python de Seba (Python sebae) est un grand serpent constricteur peut occasionnellement s'attaquer aux jeunes gazelles, en particulier lorsqu’elles sont cachées dans les hautes herbes.
* Rapaces : Des rapaces comme l'aigle couronné (Stephanoaetus coronatus) ou l’aigle martial (Polemaetus bellicosus) sont capables d’attraper et d’emporter des jeunes gérénuks.

© Phyllis Greenberg - Arkive

La gazelle de Waller peut résister dans une certaine mesure aux pressions de la chasse, ce qui lui a permis de survivre largement dans des régions comme l'Ogaden en l'absence totale de protection. Son habitat est sujet à l'empiètement du nombre croissant d'éleveurs et à l'abattage des arbres pour le bois de chauffage et le charbon de bois. Les conflits civils, les guerres et les troubles ont affecté une grande partie de l'aire de répartition en Somalie et dans l'Ogaden au cours des dernières décennies. Si les tendances actuelles se poursuivent, il pourrait finir par disparaître de grandes parties de son aire de répartition actuelle jusqu'à ce qu'il soit largement limité à des zones d'habitat convenable efficacement protégées et gérées. Ces zones ne représentent actuellement qu'une petite partie de son aire de répartition restante. La plus grande population protégée, dans le parc national de Tsavo, a été réduite par la peste bovine et la sécheresse. L'expansion agricole, par exemple dans la steppe masaï du sud, empiète sur son habitat, mais la majeure partie de l'aire de répartition de la a gazelle de Waller est trop aride pour soutenir l'agriculture.
La gazelle de Waller est une espèce considérée comme moyennement menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Quasi menacée" (NT) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Environ 10 % de la population vit dans des parcs nationaux et les réserves qui sont intégralement protégées. D'importantes populations protégées se trouvent dans celui de Mago et d'Awash en Éthiopie, ceux de Sibiloi, Tsavo et Meru et dans la réserve de gibier de Samburu au Kenya et dans la réserve de gibier de Mkomazi et dans le parc national de Tarangire (Tanzanie). La propagation des fourrés suite au surpâturage des prairies par le bétail ou à la destruction des éléphants par le braconnage peut favoriser cette situation.

© Stan Osolinski - Arkive

La gazelle de Waller appartient à l'ordre des Artiodactyles, un groupe de mammifères ongulés caractérisés par un nombre pair de doigts. Elle fait partie de la famille des bovidés, qui regroupe des animaux tels que les antilopes, les buffles et les chèvres. Au sein de cette famille, elle est classée dans la sous-famille des Antilopinae, aux côtés d'autres antilopes élancées adaptées aux milieux ouverts et semi-arides. Elle est la seule espèce du genre Litocranius, ce qui signifie qu’il n’a pas de proches parents immédiats au sein des antilopes africaines. Elle est cependant phylogénétiquement lié aux gazelles du genre Gazella et aux antilopes du genre Ammodorcas.
Son nom scientifique walleri est un hommage à Gerald Waller, un explorateur et naturaliste britannique qui a contribué à la description de l'espèce. Le nom commun "gérénuk" provient de la langue somalie, où il signifie "cou de girafe", en raison du long cou caractéristique de l’animal. Ce surnom est particulièrement approprié, car le gérénuk est souvent comparé à une petite girafe en raison de sa posture élancée et de sa manière de se nourrir.
La gazelle de Waller est divisée en deux sous-espèces, qui se distinguent principalement par leur répartition géographique et de légères différences morphologiques :
- Litocranius walleri sclateri : Se trouve principalement dans l'est du Kenya et le nord de la Tanzanie. Cette sous-espèce a été nommée en l'honneur du zoologiste britannique Philip Lutley Sclater. Elle a un pelage légèrement plus foncé et des proportions légèrement différentes par rapport à Litocranius walleri walleri.
- Litocranius walleri walleri : Présente dans le sud de l'Éthiopie, en Somalie et dans le nord du Kenya. Considérée comme la sous-espèce nominale, elle présente une coloration légèrement plus claire que l'autre sous-espèce.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
Nom commun | Gazelle de Waller |
Autres noms | Antilope girafe Généruk |
English name | Gerenuk Waller's gazelle |
Español nombre | Gerenuc Gacela de Waller |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Litocranius |
Nom binominal | Litocranius walleri |
Décrit par | Victor Brooke |
Date | 1878 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Smithsonian National Museum of Natural History
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
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