Le phacochère commun est facilement reconnaissable par sa tête massive, sa crinière raide et ses longues défenses incurvées. Ces défenses, principalement présentes chez les mâles, peuvent atteindre jusqu’à 60 cm de long et servent principalement à l’autodéfense contre les prédateurs et à l’intimidation lors des combats territoriaux. Les femelles possèdent également des défenses, mais celles-ci sont plus courtes et moins imposantes. Le corps du phacochère est recouvert d'une peau grisâtre et rugueuse, avec de rares poils épars, tandis que la crinière, de couleur plus foncée, forme un contraste distinctif. Sur le visage des , on peut distinguer 3 paires de verrues faciales, dont les verrues suborbitales, les verrues pré-orbitales et les verrues sous-maxillaires. Celles-ci sont composées de tissu conjonctif cartilagineux.
Le phacochère commun mesure généralement entre 90 et 150 cm de long et 50 à 85 cm de haut au garrot, les mâles étant en général plus grands et plus lourds que les femelles. Le poids des adultes varie de 60 à 120 kg chez les femelles et peut atteindre 150 kg chez les mâles. Outre leur robustesse, les phacochères sont aussi bien adaptés pour la course et peuvent atteindre une vitesse de pointe impressionnante, particulièrement utile pour échapper à leurs prédateurs.
Le phacochère commun peut être différencié du phacochère du désert par le nombre d'incisives. En effet, le phacochère commun a deux incisives supérieures et entre 4 et 6 incisives inférieures, contrairement au phacochère du désert qui n'a pas d'incisives.
HABITAT
Le phacochère commun est largement réparti en Afrique subsaharienne, on le trouve en populations dispersées en Afrique de l'Ouest vers l'est jusqu'en Érythrée et en Éthiopie, vers le sud à travers l'Afrique de l'Est, et dans une grande partie de l'Afrique australe jusqu'au sud de l'Angola, au Botswana et au Mozambique jusqu'au nord-est de l'Afrique du Sud. Historiquement, le phacochère commun n'était pas présent dans la région aride du Karoo en Afrique du Sud, où une sous-espèce du phacochère du désert éteinte (Phacochoerus aethiopicus aethiopicus) était présente. L'expansion de la zone sahélienne a entraîné une contraction marquée de l'aire de répartition du phacochère commun depuis au moins le début des années 1980. J. Newby a signalé l'extinction de l'espèce au Niger, mais note ensuite sa persistance dans le centre-sud des monts Aïr, au Niger. De plus, le phacochère commun a été photographié en 2014 dans le parc national du W, au sud-ouest du Niger. Il étend son aire de répartition géographique en Afrique du Sud. Sympatrique avec le phacochère du désert (Phacochoerus aethiopicus delamerei) dans le nord de la Somalie et dans le centre, l'est et le sud-est du Kenya.
Limité aux prairies de savane, aux brousses ouvertes et aux terres boisées. Bien qu'il soit généralement absent des forêts, des fourrés, des prairies fraîches des montagnes, des déserts et des steppes succulentes, le phacochère commun occupe des zones boisées dans certaines parties de l'Afrique de l'Est en Éthiopie. L'espèce a été nregistrée à 3 500 m d'altitude sur le mont Gaysay, dans les hautes terres éthiopiennes.
ALIMENTATION
Le régime alimentaire du phacochère commun est principalement herbivore, mais il est également considéré comme un opportuniste. Il se nourrit principalement de graminées, de racines, de tubercules, de fruits et parfois même de petits invertébrés. Ce régime est rendu possible par son museau solide et sensible, qui lui permet de fouiller le sol pour trouver des racines et des tubercules.
Pendant la saison sèche, lorsque les ressources alimentaires se font rares, le phacochère commun utilise ses défenses et son museau pour creuser le sol en quête de racines, sources d’humidité essentielle. Il est même capable de creuser des trous profonds pour atteindre des plantes-racines ou des bulbes enfouis. En période de sécheresse intense, les phacochères peuvent également consommer de l'écorce d'arbre et du feuillage. Leur alimentation diversifiée leur permet de survivre dans des environnements variés, où l’accès à la nourriture peut être limité. Ce phacochère mange également les excréments des rhinocéros, des buffles et des autres herbivores de la savane.
REPRODUCTION
Le système d'accouplement du phacochère commun est polygame. Les mâles et les femelles s'accouplent avec plusieurs partenaires. Ce n'est qu'au moment où les femelles sont en période d'oestrus que les mâles défendent leur territoire. Les combats entre mâles consistent à pousser et à frapper leur adversaire avec la tête. Les défenses inférieures sont rarement utilisées lors des combats, car elles sont les plus dangereuses. Les blessures et les accidents mortels sont des cas assez rares.
Chez le phacochère commun, l'accouplement est saisonnier. Les femelles sont fertiles 4 à 5 mois après la saison des pluies et les naissances arrivent pendant la saison sèche. Le phacochère commun atteint sa maturité sexuelle vers l'âge de 18 à 20 mois, bien que les mâles ne pourront prétendre à l'accouplement que vers l'âge de 4 ans. Après une période de gestation dont la durée varie entre 170 et 175 jours, la femelle met au monde une portée entre 1 et 7 petits, la moyenne étant de 3 par portée.
Les nouveau-nés passent entre 6 et 7 semaines à l'abri dans un terrier. Le sevrage survient lorsqu'ils ont atteint 21 semaines d'âge. Les mâles quittent leur mère vers l'âge de 2 ans alors que les femelles ne partent que lorsqu'elles sont sexuellement matures.
Le phacochère commun a une espérance de vie moyenne de 10 à 15 ans à l'état sauvage. Toutefois, en captivité, où ils sont protégés des prédateurs et bénéficient de soins constants, ils peuvent vivre jusqu'à 18 ans.
COMPORTEMENT
Le phacochère commun est un animal social qui vit en groupes appelés "sondes", généralement constitués de femelles et de leurs petits. Les mâles adultes, une fois matures, vivent généralement de manière plus solitaire, ne rejoignant les femelles que pour la reproduction. La structure sociale des phacochères est relativement simple, avec des interactions hiérarchiques claires, bien que les combats entre membres d’un même groupe soient rares.
Pour se protéger des prédateurs tels que les lions, les léopards, les hyènes ou encore les grands rapaces, les phacochères adoptent des comportements défensifs variés. Lorsqu’ils sont menacés, ils fuient souvent en courant, queue dressée pour avertir les autres membres du groupe. En cas de confrontation, ils peuvent également faire preuve de combativité, utilisant leurs défenses pour se défendre. Ils adoptent une posture défensive impressionnante, faisant face au prédateur de manière frontale pour maximiser l’intimidation.
Le phacochère commun passe beaucoup de temps dans les terriers pour se protéger de la chaleur et des prédateurs. Ils prennent souvent possession de terriers abandonnés, creusés par d'autres animaux tels que les oryctéropes. Pour s’y abriter, ils reculent dans le terrier, exposant ainsi leurs défenses à l'entrée en cas d'intrusion. Ce comportement ingénieux les rend particulièrement difficiles à déloger de leurs abris.
Les phacochères ont également une relation symbiotique avec certaines espèces d'oiseaux, comme les pique-boeufs, qui se nourrissent des parasites présents sur leur peau. Ce partenariat permet de réduire les infestations de parasites tout en assurant un apport de nourriture régulier pour les oiseaux.
PRÉDATION
Le phacochère commun est la proie de plusieurs grands prédateurs africains. Les principaux incluent les lions, les léopards, les hyènes, les lycaons, et les crocodiles, en particulier pour les jeunes qui sont les plus vulnérables. Bien qu'adultes, les phacochères peuvent également être victimes de prédateurs s’ils sont pris par surprise ou blessés.
Les phacochères communs utilisent plusieurs comportements défensifs pour échapper aux prédateurs :
*Utilisation de terriers : Ils utilisent souvent des terriers abandonnés, comme ceux creusés par les oryctéropes, pour se protéger. Lorsqu’ils sont menacés, les phacochères reculent dans le terrier, exposant leurs défenses à l'entrée pour dissuader les prédateurs.
*Fuite rapide et direction imprévisible : Lorsqu'ils sentent le danger, les phacochères fuient rapidement, souvent avec leur queue dressée, un comportement qui pourrait servir de signal pour alerter d'autres membres de leur groupe.
*Combat et usage des défenses : En cas d’attaque directe, les phacochères peuvent se défendre en chargeant et en utilisant leurs puissantes défenses incurvées. Ces défenses, surtout chez les mâles, peuvent infliger de graves blessures à leurs agresseurs, ce qui décourage certains prédateurs d’attaquer des adultes.
Les phacochères communs sont également vigilants et sont capables de repérer un danger rapidement. Lorsqu’ils sont en groupes familiaux, la coopération entre les membres augmente les chances de détecter les prédateurs, et les phacochères se tiennent généralement prêts à s'échapper ou à se défendre ensemble.
MENACES
Les principales causes naturelles de mortalité sont les extrêmes climatiques (notamment les sécheresses), les maladies (notamment la peste bovine) et la prédation. La désertification a provoqué un déclin dans certaines parties du Sahel. Les principales menaces en Afrique de l’Est sont la dégradation, la perte et la fragmentation des habitats causées par l’homme, ainsi que la concurrence avec le bétail pour l’eau et la nourriture. Chassé pour le divertissement, pour la viande de brousse, pour les peaux, pour les défenses (seules les défenses supérieures sont considérées comme des trophées), comme appât pour la chasse aux grands carnivores, en réponse aux ravages des cultures, pour réduire la pression de pâturage et dans les programmes d'éradication. Dans la province du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, le phacochère commun est un animal considéré comme nuisible en raison des programmes d'introduction.
CONSERVATION
Actuellement, le phacochère commun n'est pas considéré comme une espèce menacée, bien que de nombreuses populations soient en déclin en raison d'une chasse intensive dans les zones non protégées. L'epèce est inscrite dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Le nombre total de phacochères communs en Afrique du Sud est actuellement estimé à au moins 22 250. Aucune estimation actuelle des effectifs dans d’autres pays d’Afrique australe n’est disponible. En Afrique de l’Est, l’espèce est absente ou présente une densité très faible dans de vastes zones, mais elle peut être localement abondante là où la chasse est rare et la densité du bétail est faible. La plupart des populations semblent être en déclin sur une grande partie de leur aire de répartition géographique. Les densités typiques varient de 1 à 10 animaux/km² dans les zones protégées, mais les densités locales sont de 77 animaux/km² sur l'herbe courte du parc national de Nakuru, au centre du Kenya.
TAXONOMIE
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît quatre sous-espèces principales de phacochère commun, différenciées principalement par leur répartition géographique et certaines légères variations morphologiques :
- Phacochoerus africanus africanus : Il s'agit de la sous-espèce la plus répandue, que l'on retrouve dans de nombreuses régions de l'Afrique subsaharienne, notamment dans les pays de l'Afrique de l'Ouest et du Centre.
- Phacochoerus africanus aeliani : Présente dans les régions les plus septentrionales de l'aire de répartition des phacochères, cette sous-espèce se trouve principalement en Afrique du Nord-Est.
- Phacochoerus africanus massaicus : Cette sous-espèce se trouve principalement en Afrique de l'Est, notamment au Kenya, en Tanzanie et dans certaines régions limitrophes.
- Phacochoerus africanus sundevallii : On la retrouve dans la partie australe du continent africain, principalement en Namibie, au Botswana et en Afrique du Sud.
Ces sous-espèces se distinguent par de légères variations de taille, de coloration et parfois de comportement, en fonction des spécificités écologiques de leurs habitats respectifs. Cependant, les différences morphologiques et comportementales entre ces sous-espèces sont souvent subtiles et peu prononcées, ce qui rend leur identification parfois complexe sur le terrain.