L'oryctérope est un mammifèreplacentaire mesurant en moyenne 1,30 de long pour un poids allant de 40 à 70 kg. La queue mesure entre 44 et 65 cm de long.
La peau épaisse est de couleur gris jaunâtre pâle, avec la tête et la queue blanc cassé à chamoisé (la teinte grise à brun-roux qu'on observe souvent provient du sol, l'animal se tachant en creusant). Les femelles ont tendance à être plus claires.
Cet animal a un peu l'aspect d'un cochon, avec un museau tubulaire et de longues oreilles. Son corps est arqué et recouvert de poils grossiers plus courts sur la face et la queue effilée, mais qui s'allongent sur les membres puissants. Ces derniers sont courts, avec quatre doigts aux pattes antérieures et cinq aux pattes postérieures. Les griffes sont longues et en forme de cuillère, aux arêtes aiguës. La tête allongée se termine par un long museau flexible évoquant un groin. Une couche dense de soie entoure les narines, agissant comme un filtre anti-poussière lorsque l'animal creuse. L'oryctérope n'a ni canines ni incisives, et leurs dents jugales, à croissance continue et à pulpe fragmentée en minces cavités, s'enfoncent dans la dentine, qui n'est pas entourée d'émail mais de cément, contrairement aux autres mammifères.
L'oryctérope est doté d'une longue langue collante et de glandes salivaires bien développées. Son estomac a une région pylorique musculeuse qui fait office de gésier et broie les aliments. Mâles et femelles sont pourvus de glandes odoriférantes anales qui exsudent une sécrétion jaunâtre fétide.
HABITAT
L'oryctérope est une espèce largement distribuée au sud du Sahara, du Sénégal à l'est de l’Éthiopie jusqu'au sud de l'Afrique du Sud. Il est néanmoins absent du désert du Namib en Afrique du Sud-ouest. Il est également présent dans le bassin du Congo, bien que sa distribution dans les forêts tropicales d'Afrique de l'Ouest soit mal connue. La distribution de l'oryctérope est largement déterminée par la distribution des espèces de fourmis et de termites.
Dans son aire de répartition, l'oryctérope se produit dans une grande variété d'habitat, comme les prairies, les forêts et la savane. Il montre une préférence pour les zones à sol sablonneux, et évite les sols rocailleux qui sont difficiles à creuser ainsi que les habitats qui sont extrêmement secs.
ALIMENTATION
Se nourrissant uniquement la nuit, l'oryctérope repère les nids de fourmis et de termites grâce à la remarquable acuité de son ouïe et de son odorat. Il se déplace en zigzag, le museau au ras du sol, ses longues oreilles pointées en avant. Dès qu'une termitière est découverte, il commence à y creuser un petit trou à l'aide de ses griffes pointues. Puis il introduit sa longue langue gluante pour capturer un maximum d'insectes. Il agrandit progressivement le trou et continue ainsi à se nourrir et à creuser en alternance, jusqu'à ce que la totalité de son corps ait pénétré la termitière. Si celle-ci n'est pas détruite en une seule fois, l'oryctérope peut y revenir plusieurs nuits de suite.
Le régime alimentaire de l'oryctérope est à peu près le même tout au long de l'année, bien que les termites soient plus abondants à la saison des pluies et les fourmis pendant la saison sèche. Lorsque sa nourriture favorite se fait rare, il y rajoute d'autres insectes, tels que les coléoptères et leurs larves.
REPRODUCTION
On a peu d'informations sur la reproduction de l'oryctérope. Les naissances ont généralement lieu juste avant ou pendant la saison des pluies, lorsque les termites deviennent plus accessibles. Après une période de gestation dont la durée est comprise entre 7 et 9 mois, la femelle donne naissance à un seul petit. Celui-ci pèse environ 2 kg à la naissance. Le jeune oryctérope restera dans le terrier pendant 2 semaines environ, puis commence à suivre sa mère pour rechercher de la nourriture. À l'âge de 6 mois, le jeune peut creuser pour lui-même. À 12 mois, il atteint sa taille adulte et sa maturité sexuelle au bout de 2 ans.
COMPORTEMENT
L'oryctérope mène une existence très discrète. Animal nocturne et solitaire, il passe ses journées dans un terrier de plusieurs mètres de long qui comporte une chambre suffisamment vaste pour qu'il puisse s'y tenir debout sans difficulté. Des trous peu profonds sont aménagés à proximité du terrier pour les excréments. L'une des principales caractéristiques de l'oryctérope est son aptitude à creuser le sol avec une prodigieuse rapidité, grâce aux fortes griffes de ses membres antérieurs.
Chaque animal dispose de plusieurs terriers ayant des usages différents : abris temporaires qui servent de relais en cas de mauvais temps durant les expéditions nocturnes, refuges d'urgence pour permettre à l'animal d'échapper aux prédateurs et refuge permanent où les jeunes naissent. Ce dernier type de terrier a souvent plusieurs entrées et est fréquemment remanié. Il s'enfonce profondément dans le sol et comprend un vaste réseau de passages ayant jusqu'à 13 m de long.
L'oryctérope partage son domaine avec une variété d'animaux consommant des termites et des fourmis, tels que la hyène, le protèle, le chacal, l'otocyon, les vautours, les oies et le pangolin. Mais tous ces animaux ne mangent pas nécessairement que des insectes, ce qui réduit leur concurrence avec l'oryctérope.
PRÉDATEURS
En plus de l'homme qui est son plus grand prédateur, l'oryctérope peut être la proie du lion, du léopard, du lycaon et de la hyène. Le phacochère peut également parfois s'attaquer aux jeunes. Il parvient souvent à leur échapper en prenant la fuite ou en s'enfouissant rapidement dans le sol. Et, s'il n'a pas le choix, il est capable de se défendre à coups de griffe avec une redoutable efficacité.
MENACES
Les menaces potentielles pesant sur l'oryctérope n'ont pas été quantifiées. Cependant, le commerce de viande de brousse dans les savanes africaines peut constituer une menace réelle pour les populations dans certains pays (par exemple en Zambie et au Mozambique). Les menaces localisées comprennent la perte d'habitat due à l'agriculture et à la chasse de subsistance. Hatt (1934) a observé que des chasseurs autochtones au Congo tuaient des oryctéropes piégés dans des terriers, et que des pygmées Mbuti de la forêt d'Ituri en République démocratique du Congo les fumaient hors de leurs terriers (Carpaneto et Germi 1989). La viande est prisée, tandis que d'autres parties de l'oryctérope, comme la peau, les griffes et les dents, sont utilisées pour fabriquer des bracelets, des breloques et des bibelots, et à certaines fins médicinales (Carpaneto et Germi 1989). Dans l'ouest du Kenya, des chasseurs locaux inondaient des terriers pour tuer des animaux pour se nourrir (Rathbun 2011).
CONSERVATION
L'oryctérope n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
La gravité de la menace que représentent la chasse au gibier et la perte d'habitat pour la conservation des populations d'oryctéropes n'est pas connue, mais les oryctéropes sont présents dans un certain nombre de parcs nationaux protégés bien gérés dans toute leur aire de répartition. Aucune mesure de conservation ciblée n'est recommandée à l'heure actuelle, mais cette question devrait être réexaminée si de nouvelles données sont disponibles. Les oryctéropes peuvent se reproduire avec succès en captivité et les populations des zoos augmentent dans l'hémisphère nord.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît dix-sept sous-espèces différentes d'oryctérope :