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Gazelle de la reine de Saba (Gazella bilkis)


La gazelle de la reine de Saba (Gazella bilkis) était mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés. Cette gazelle, endémique du Yémen, est aujourd'hui considérée comme éteinte. Très peu d’informations directes existent sur cette espèce en raison du manque d’observations scientifiques approfondies.


Gazelle de la reine de Saba (Gazella bilkis)
Gazelle de la reine de Saba (Gazella bilkis)



DESCRIPTION

La gazelle de la reine de Saba était une gazelle de petite à moyenne taille, avec une morphologie adaptée à la vie en milieu aride. Les quelques spécimens collectés suggèrent un poids compris entre 15 et 25 kg, une hauteur au garrot d’environ 50 à 60 cm, et une longueur corporelle avoisinant 90 cm.

Son pelage était court et lisse, avec une couleur de base variant entre le sable clair et le brun fauve, lui offrant un excellent camouflage dans les paysages arides du Yémen. Le ventre et la face interne des membres étaient plus clairs, généralement blanc crème, créant un contraste marqué avec le reste du corps. Une fine ligne sombre parcourait les flancs, délimitant la séparation entre la teinte du dos et celle du ventre.

La tête était relativement fine, avec un museau allongé et des yeux expressifs dotés de grandes pupilles sombres, assurant une excellente vision périphérique pour détecter les prédateurs. Comme chez d'autres gazelles, ses oreilles étaient longues et pointues, bien adaptées pour capter les sons à distance.

Les cornes, présentes chez les mâles et certaines femelles, étaient relativement courtes et incurvées vers l’arrière, légèrement annelées et symétriques. Leur longueur variait probablement entre 15 et 25 cm, bien que les observations restent limitées.


Gazella blikis
Gazella blikis

HABITAT

La gazelle de la reine de Saba a été décrite à partir de cinq spécimens collectés en 1951 dans les montagnes proches de Ta'izz (Yémen). Les localités concernées étaient Wadi Maleh, Usaifira et Jabal Zarba. Elle a été vue en petits groupes de 1 à 3 individus sur les coteaux d'euphorbes à une altitude de 1 230 - 2 150 m. Cet animal n'a jamais été vu dans les zones cultivées ou près des routes.


EXTINCTION

La gazelle de la reine de Saba est une espèce présumée éteinte, connue uniquement à partir de quelques spécimens collectés dans les années 1950 près de Ta’izz, au Yémen. Son extinction reste un mystère en raison du manque de données, mais plusieurs facteurs ont probablement contribué à sa disparition.

Le dernier enregistrement officiel de cette espèce remonte à 1951, lorsque quelques spécimens ont été collectés dans les montagnes yéménites. Depuis, aucune observation confirmée n’a été rapportée, malgré des recherches occasionnelles. En 1985, une expédition menée par des zoologistes dans les régions supposées abriter cette gazelle n’a trouvé aucune preuve de sa présence. En raison de l’absence de nouvelles données, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) a officiellement déclaré la gazelle de la reine de Saba éteinte en 1999.

Bien que les raisons précises de son extinction ne soient pas entièrement documentées, plusieurs facteurs sont considérés comme ayant joué un rôle majeur :

* Destruction et fragmentation de l’habitat : Le Yémen a connu une forte expansion démographique au XXᵉ siècle, entraînant une augmentation de l’agriculture, du pâturage intensif et du développement urbain. Ces activités ont considérablement réduit l’habitat naturel de la gazelle, diminuant ainsi les ressources alimentaires et augmentant sa vulnérabilité.

* Chasse excessive et pression humaine : La chasse a été l’un des principaux facteurs du déclin des gazelles au Moyen-Orient. La gazelle de la reine de Saba aurait été une cible pour les chasseurs locaux, à la fois pour la viande et pour le trophée que représentaient ses cornes. Le développement des armes à feu a facilité cette chasse, rendant l’espèce plus vulnérable.

* Pression des prédateurs et compétiteurs : Avec la réduction de son habitat, la gazelle de la reine de Saba est devenue plus exposée à ses prédateurs naturels, tels que le léopard d’Arabie (Panthera pardus nimr) et le loup d’Arabie (Canis lupus arabs). De plus, l’introduction de bétail domestique a accru la compétition pour les ressources alimentaires, rendant la survie encore plus difficile.

* Changements climatiques et raréfaction des ressources : Les variations climatiques naturelles du Yémen, associées aux périodes de sécheresse prolongée, ont pu avoir un impact négatif sur la survie de la gazelle. Avec moins de précipitations et une raréfaction des sources d’eau et de végétation, l’espèce aurait souffert de stress alimentaire et d’une mortalité accrue.

Bien que la gazelle de la reine de Saba soit officiellement déclarée éteinte, certaines hypothèses suggèrent qu’une petite population pourrait encore subsister dans des zones reculées du Yémen. Cependant, en raison du conflit qui affecte la région, il est difficile d’organiser des expéditions scientifiques pour vérifier cette possibilité. Jusqu’à présent, aucune preuve concrète (traces, excréments, photographies ou observations fiables) n’a été enregistrée. Il est donc probable que l’espèce ait bien disparu à jamais, victime de l’activité humaine et des conditions environnementales difficiles.


TAXONOMIE

La gazelle de la reine de Saba appartient à la famille des Bovidae, qui comprend diverses espèces d’ongulés ruminants comme les antilopes, les bovins, les chèvres et les moutons. Elle fait partie du genre Gazella, qui regroupe plusieurs espèces de gazelles vivant en Afrique et en Asie.

L’espèce a été décrite pour la première fois en 1951 à partir de spécimens collectés près de Ta’izz, au Yémen. Peu d’études ont été réalisées sur cette gazelle avant sa disparition, ce qui rend son positionnement exact dans l’arbre phylogénétique difficile à établir avec certitude. Les gazelles du genre Gazella ont évolué pour s’adapter aux milieux ouverts, allant des prairies aux zones désertiques. Leur diversification s’est produite au cours du Pléistocène, il y a plusieurs centaines de milliers d’années, en réponse aux variations climatiques et à l’expansion des environnements arides en Afrique et en Asie. La gazelle de la reine de Saba aurait pu diverger d’un ancêtre commun avec la gazelle de montagne ou gazelle d'Arabie, formant une lignée unique adaptée aux montagnes yéménites. Cependant, faute de données ADN, il est difficile d’établir avec précision si elle était une espèce distincte ou une sous-espèce d’une autre gazelle déjà connue. Certains chercheurs estiment qu’il pourrait s’agir d’une population isolée de la gazelle d'Arabie, ayant évolué avec quelques différences morphologiques.

Le nom commun "gazelle de la reine de Saba" fait référence à la reine de Saba, une figure légendaire mentionnée dans plusieurs traditions historiques et religieuses, notamment dans la Bible, le Coran et les écrits éthiopiens. La reine de Saba aurait régné sur le royaume de Saba, une civilisation antique située dans l’actuel Yémen et sud de l’Arabie, où vivait cette gazelle. Cette référence historique donne à l’espèce un caractère noble et mystérieux, en lien avec les terres montagneuses du Yémen, supposées être le coeur de cet ancien royaume. L’association de cette gazelle avec la reine de Saba est purement symbolique et vise à souligner son origine géographique et son statut unique en tant qu’espèce endémique du Yémen.

Le nom scientifique de cette gazelle suit la nomenclature binomiale classique introduite par Carl von Linné, où le genre est suivi de l’espèce. L’épithète spécifique bilkis est une référence directe à Bilkis, le nom traditionnel de la reine de Saba dans la culture arabe et islamique. Ainsi, le nom scientifique Gazella bilkis peut être traduit comme la "gazelle de Bilkis", rendant hommage à la légendaire souveraine et renforçant l’identité culturelle et géographique de l’espèce.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGazelle de la reine de Saba
English nameQueen of Sheba's gazelle
Español nombreGacela de la reina de Saba
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleAntilopinae
GenreGazella
Nom binominalGazella bilkis
Décrit parColin P. Groves
Douglas M. Lay
Date1985



Satut IUCN

Espèce éteinte (EX)

SOURCES

Encyclopédie Britannica

Liste rouge IUCN des espèces menacées

The Sixth Extinction

Wikipédia

Groves et Lay (1985) A new species of the genus Gazella (Mammalia: Artiodactyla: Bovidae) from the Arabian Peninsula

Greth et al. (1993) Bilkis gazelle in Yemen – status and taxonomic relationships

Mallon et Kingswood (2001) Antelopes. Part 4: North Africa, the Middle East, and Asia. Global Survey and Regional Action Plans

Bulletin de l'Ornithological Society of the Middle East (1991) Gazelles in Yemen and southern Saudi Arabia

Groves (1997) Some mammals of Yemen and their ectoparasites

Sanborn et Hoogstraal (1953) The Taxonomy of Arabian Gazelles

Lerp et al. (2012) The Curious Case of Gazella Arabica