Par rapport aux neuf sous-espèces reconnues, le léopard de Perse est la deuxième plus grande après le léopard d'Afrique. Il mesure entre 91 cm et 1,91 m de long (tête-corps) pour un poids allant de 28 à 90 kg. La queue mesure entre 58 et 110 cm de long. Le dimorphisme sexuel est présent chez ce léopard, la femelle étant plus petite que le mâle.
Bien que la taille varie considérablement sur toute l'aire de répartition du léopard, les principales caractéristiques sont partagées par l'ensemble des sous-espèces. En règle générale, elles ont les jambes courtes ainsi qu’un corps trapu et puissant. Le pelage présente un motif unique avec des rosettes noires sur le dos, les flancs, les épaules et les hanches et des taches noires sur la tête, la gorge, la poitrine et le ventre. La couleur de fond de son pelage distinctif va du jaune pâle à l'or profond sauf pour les parties inférieures, du menton à la queue, qui sont blanches. Les rosettes ainsi que les taches s'étendent jusqu'à l'extrémité de sa queue.
Le crâne est manifestement important par rapport au reste de son corps et permet aux muscles de sa puissante mâchoire de s'attaquer à des proies plus grosses que lui.
HABITAT
Des études récentes ont révélé que le léopard de Perse a une large répartition en Iran, principalement dans la région des deux chaînes de montagnes constituées de l'Alborz qui s'étend du nord-ouest au nord-est et du Zagros du nord-ouest au sud. Sa présence est également enregistrée en Iran près de la frontière avec le Turkménistan dans différentes zones protégées comme le le parc national du Golestan (40 à 45 spécimens), le parc national de Tandooreh (12 à 18 spécimens) et le parc national de Bamu (15 à 20 spécimens). Quelques mentions récemment confirmées en Iraq et en Turquie sont limitées aux zones montagneuses du Kurdistan, où le léopard est connu pour être rare. Il existe de nombreux enregistrements de pièges photographiques datant de 2013-2014 confirmant la présence d'une petite population dans la crête de Zangezur partagée par l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Deux individus ont été recensés dans les monts Talysh, au sud-est de l'Azerbaïdjan. Il existe des preuves récentes de pièges photographiques provenant de la République autonome du Nakhitchevan, en Azerbaïdjan. Un léopard a été filmé en Ossétie du Nord, en Géorgie. Il n'y a pas de signalements récents confirmés au Daghestan, bien que les léopards vivaient au Daghestan en faibles nombres dans les années 1980 et que la dernière photographie confirmée ait été prise en 2009.
Le léopard de Perse occupe principalement les régions reculées et montagneuses. On le trouve notamment dans les environnements secs et arides jusqu'aux forêts de feuillus luxuriantes et les plateaux montagneux enneigés jusqu'à une altitude de 3 200 m.
ÉCOLOGIE
Le régime alimentaire du léopard de Perse varie selon les régions où il habite. Il peut adapter ses repas selon les proies disponibles. En Iran, en Arménie et au Turkménistan, la chèvre sauvage, le sanglier, la gazelle à goitre et le mouflon constituent l'essentiel de l'alimentation du léopard. Il peut également se nourrir de petits animaux sauvages tels que le porc-épic indien, le lièvre du Cap, et parfois s'attaquer au bétail ainsi qu'aux chiens qui les gardent. Une attaque d'un léopard de Perse sur une hémione a également été enregistrée. En Turquie, il se nourrit également de chamois. Ce félin localise sa proie en se postant sur des points élevés, comme les arbres et les rochers. Une fois repérée, il traque furtivement sa cible pour s'en approcher et bondir.
Généralement, le léopard de Perse est de nature nocturne, bien que, sans la présence d'autres grands prédateurs tels que le lion ou le tigre, il ait tendance à être plus diurne. Peu de recherches ont été faites dans les régions habitées par ce léopard. Il est solitaire sauf en période de reproduction où mâles et femelles se rassemblent pour s'accoupler. Il communique avec ses congénères en faisant un bruit rauque comme moyen de contact entre les individus. Les autres cris comprennent entre autres le grondement, le hurlement et le sifflement.
Il n'y a pas de réelles saisons pour la reproduction, mais on note des pics durant l'hiver. Une portée compte entre 1 et 4 petits qui naissent après une période de gestation comprise entre 90 et 105 jours. Les jeunes deviennent indépendants et quittent leur mère entre 13 et 18 mois. L'espérance de vie du léopard de Perse se situe entre 10 et 15 ans en moyenne, mais il peut potentiellement vivre jusqu'à l'âge de 20 ans.
MENACES
Bien que l'aire de répartition du léopard de Perse soit relativement large, la population reste néanmoins faible. En 2005, la population était estimée à moins de 1 300 individus à l'état sauvage avec des populations de plus en plus fragmentées. Historiquement, le léopard persan était beaucoup plus répandu en Asie du sud-ouest, mais la chasse, la destruction des habitats et un déclin des populations de proies ont vu leurs effectifs chuter drastiquement.
En Afghanistan, le commerce de la fourrure de léopard est encore endémique et les troubles civils en cours aggravent encore le sort de ce félin. La situation en Arménie est légèrement différente avec une perturbation humaine résultant de l'élevage et d'autres pratiques agricoles ayant le plus d'impact. En Iran, où vivent entre 550 et 850 léopards persans, la chasse et l'empoisonnement en représailles des prédations sur le bétail ont un impact substantiel sur la viabilité des populations fragmentées. Le taux de mortalité en Iran a révélé que 70 % des mortalités entre 2007 et 2011 étaient le résultat du braconnage ou d'empoisonnement et 18 % étaient à cause des accidents de la route.
CONSERVATION
Le léopard de Perse est une espèce inscrite en Annexe I de la CITES et répertoriée dans la catégorie En danger (EN) sur la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN. En Azerbaïdjan, le léopard est protégé depuis 1969. En Arménie et en Russie, il est protégé par la loi en 1972 ; la population de léopards du Caucase était répertoriée dans le Livre rouge russe dans la catégorie I comme menacée d'extinction. Il est protégé par la loi en Iran depuis 1999.
En 2001, la chasse au léopard a été interdite dans la République autonome du Nakhitchevan et des activités anti-braconnage ont été régulièrement menées dans le sud de l'Arménie depuis 2003. Depuis 2005, sept zones protégées ont été créées dans le Petit Caucase, couvrant une superficie de 1 940 km², et trois dans les monts Talysh d'une superficie de 449 km². La superficie totale protégée du pays s'élève désormais à 4 245 km². Dans le Livre rouge national de Géorgie, le léopard est répertorié comme étant en danger critique d'extinction depuis 2006. Des sanctions pour avoir tué des léopards ont été adoptées et durcies à plusieurs reprises en Arménie et en Azerbaïdjan. En Afghanistan, il a été inscrit sur la liste des espèces protégées du pays en 2009. Au Kazakhstan, la chasse est devenue une infraction pénale en 2021. En Turquie, le léopard est l'une des espèces visées par le plan d'action. préparé pour les espèces menacées du pays.
En 2001, un projet quinquennal de conservation du léopard de Perse a été lancé dans le Caucase, qui soutenait des enquêtes systématiques dans la région, la planification de nouvelles zones protégées et l'agrandissement des zones protégées existantes, la formation des gardes-frontières et des campagnes d'éducation scolaire en Arménie et en Azerbaïdjan. Une unité anti-braconnage a été créée en Arménie. En 2005, le ministère arménien de l'Environnement a approuvé un plan de conservation avec le léopard comme espèce parapluie, et une stratégie pour la conservation du félin dans le Caucase en 2008. En Iran, un plan d'action pour la conservation et la gestion du léopard a été approuvé en 2016. La Future4Leopards Foundation est une des organisations de conservation de l'espèce à but non lucratif dans le pays. Depuis 2019, Nature Iraq cartographie l'habitat potentiel près de la frontière avec l'Iran comme première étape d'un projet de conservation.
Des corridors fauniques pour la dispersion en toute sécurité des léopards entre cette zone et d'autres zones protégées des montagnes d'Alborz en Iran ont été cartographiés sur une superficie de 3 132 km². À partir de 2022, des travaux de conservation supplémentaires sont nécessaires pour conserver les corridors, y compris la protection d'un plus grand nombre de zones. Trois habitats principaux et couloirs appropriés entre les zones protégées des monts Zagros ont été identifiés le long de la frontière internationale entre l'Iran et l'Irak. En 2021, plusieurs auteurs ont suggéré qu'il y avait suffisamment d'habitat convenable dans l'ensemble du Caucase pour plus de 1 000 léopards de Perse, mais qu'une métapopulation ne serait viable que si la persécution était réduite et les proies restaurées.
En 2009, le Centre d'élevage et de réhabilitation des léopards du parc national russe de Sotchi a reçu deux spécimens du Turkménistan dans le cadre d'un programme d'élevage et de réintroduction. Depuis lors, des léopards ont été amenés de divers zoos. Leurs progénitures ont été relâchées dans la nature en 2016 et 2018, dont trois mâles et une femelle dans la réserve de biosphère du Caucase, et un mâle et une femelle dans le parc national d'Alanie en Ossétie du Nord-Alanie.
En 2021, il y avait plus de 100 léopards de Perse en captivité dans les zoos du monde entier, et le programme européen sur les espèces menacées a un programme d'élevage en captivité pour maintenir une population de réserve.
TAXONOMIE
La position systématique du léopard de Perse n'est pas encore entièrement clarifiée. En particulier, il est question de savoir quelles populations présentes entre l'Asie Mineure et le Cachemire appartiennent à cette sous-espèce. Il ne fait aucun doute que les léopards de Perse diffèrent génétiquement et morphologiquement du léopard d'Arabie d'une part et du léopard indien d'autre part. Jusqu'à cinq sous-espèces distinctes ont été initialement décrites dans la zone en question. Selon des études génétiques, basées uniquement sur l'analyse de quelques individus, les spécimens en question pourraient tous être attribués à une seule sous-espèce. En revanche, les analyses morphologiques indiquent que seules les formes ciscaucasienne , saxicolor et transcaucasienne devraient être incluses dans le léopard de Perse. Le nom scientifique Panthera pardus ciscaucasica aurait également priorité sur les autres ayant été proposés en premier. Le léopard d'Anatolie occidentale d'une part et le léopard du Baloutchistan d'autre part semblent former des sous-espèces distinctes. Selon cette révision, cette dernière inclurait également la forme iranienne centrale et probablement le léopard du Cachemire. Cependant, cela n'a pas été confirmé. Même si le léopard du Baloutchistan était reconnu comme une sous-espèce distincte, la ligne de démarcation entre cette forme et le léopard du nord de l'Iran resterait floue. Si le léopard d'Anatolie occidentale devait être considéré comme faisant partie du léopard de Perse, ce nom aurait la priorité, ayant été inventé en premier. En raison de toutes ces incertitudes, l'IUCN, par exemple, conserve pour l'instant le nom traditionnel de saxicolor.
On dit que les léopards répandus dans le nord de l'Iran sont pour la plupart des animaux de grande taille et de couleur claire, tandis que dans le sud du pays, il y aurait des spécimens plutôt de couleur foncée et légèrement plus petits. Cependant, des études récentes n'ont trouvé aucune différence évidente dans le type de fourrure entre les léopards du nord et du sud de l'Iran.
Voici les variétés de léopard de Perse, auparavant considérées comme des sous-espèces indépendantes :
- Léopard d'Anatolie (Panthera pardus tulliana)
- Léopard de Perse centrale (Panthera pardus dathei)
- Léopard du Baloutchistan (Panthera pardus sindica)
- Léopard du Caucase (Panthera pardus ciscaucasica)