Gazelle de Rhim (Gazella leptoceros)
La gazelle de Rhim (Gazella leptoceros) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés. Originaire des régions désertiques d'Afrique du Nord, cette gazelle se distingue par sa morphologie fine et élancée, sa capacité à survivre dans des conditions extrêmes, ainsi que par son comportement social et reproductif spécifique. La gazelle de Rhim est également appelée Gazelle leptocère ou Gazelle à cornes fines.

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La gazelle de Rhim est une espèce de gazelle particulièrement adaptée aux environnements désertiques. Son corps fin et élancé lui permet de se déplacer rapidement et avec agilité sur les sols sableux. Elle mesure généralement entre 100 et 110 cm de longueur et présente une hauteur au garrot d’environ 65 à 75 cm. Son poids varie entre 20 et 30 kg, ce qui en fait un animal relativement léger. Une des caractéristiques distinctives de cette espèce est la finesse et la longueur de ses cornes. Celles-ci, présentes aussi bien chez les mâles que chez les femelles, sont légèrement courbées vers l’arrière et peuvent atteindre jusqu’à 40 cm de long. Les mâles possèdent en général des cornes plus robustes et plus épaisses que celles des femelles.
Son pelage est de couleur sable clair, ce qui lui permet de se camoufler efficacement dans son habitat désertique. Ce pelage clair aide également à réfléchir une partie de la chaleur du soleil, limitant ainsi la surchauffe corporelle. Le ventre est généralement blanc, et une fine ligne plus foncée peut être observée sur les flancs. Les pattes sont longues et fines, terminées par des sabots adaptés aux sols meubles du désert. Les yeux sont grands et bordés de cils longs qui protègent contre le sable et l’éblouissement du soleil.
Enfin, le museau de la gazelle de Rhim est relativement étroit, et elle possède des narines capables de retenir l’humidité, une adaptation qui lui permet de limiter la perte d’eau en respirant. Ces caractéristiques morphologiques font de cette espèce une parfaite résidente des milieux arides et désertiques.

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La répartition connue de la gazelle de Rhim est inégale. Il existe des signalements confirmés en Algérie, en Tunisie, en Libye et en Égypte, à l'ouest du Nil. Il existe quelques signalements au Niger et au Tchad, mais ils ne sont étayés par aucune preuve tangible et il n'est pas certain que l'espèce ait jamais été présente au sud du Sahara.
Au cours des 10 dernières années, la présence de la gazelle de Rhim n'a été confirmée que dans le Grand Erg occidental en Algérie et dans le Grand Erg oriental, qui s'étend de l'autre côté de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie, jusqu'à la région du Fezzan en Libye. En Libye, elle a été décrite comme très rare, signalée uniquement au nord de Zell à l'ouest et près de la frontière avec l'Égypte à l'est. Cependant, il existe plusieurs exemples récents d'images publiées par des chasseurs sur des sites de médias sociaux qui montrent des gazelles de Rhim mortes qui auraient été tuées en Libye. L'espèce a disparu de la majeure partie de son ancienne aire de répartition dans le désert occidental d'Égypte et il n'y a plus de signalements confirmés depuis 2004 environ. Les derniers signalements proviennent de sites à l'ouest de l'oasis de Siwa, près de la frontière avec la Libye.
La gazelle de Rhim fréquente les zones de dunes (ergs), d'autres substrats sableux et les dépressions interdunaires. Elle parcourt de vastes territoires à la recherche de végétation éphémère.

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L’alimentation de la gazelle de Rhim est principalement constituée de végétaux adaptés aux environnements arides. Son régime alimentaire est composé d’herbes sèches, de feuilles, de jeunes pousses et de certaines parties de plantes succulentes qui lui permettent de s’hydrater sans avoir besoin de boire fréquemment.
L’une des particularités de cette gazelle est sa capacité à survivre dans des zones où l’eau est rare. Contrairement à d’autres espèces qui doivent s’abreuver régulièrement, la gazelle de Rhim est capable d’extraire une grande partie de l’eau dont elle a besoin à partir des plantes qu’elle consomme. Certaines plantes désertiques, comme les acacias et certaines graminées résistantes à la sécheresse, fournissent une humidité suffisante pour combler ses besoins en eau.
En période de sécheresse intense, elle peut se contenter des rares végétaux trouvés dans son habitat et modifie son comportement alimentaire en recherchant plus activement les plantes riches en eau. Elle est principalement active tôt le matin et en fin d’après-midi, lorsque les températures sont plus clémentes et que l’humidité est légèrement plus élevée, ce qui permet aux plantes de conserver un peu plus d’humidité. Cette adaptation alimentaire est un atout essentiel pour sa survie dans des environnements où la nourriture est souvent limitée et dispersée.

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La reproduction de la gazelle de Rhim est influencée par les conditions climatiques de son habitat. Son cycle reproductif est généralement saisonnier et dépend de la disponibilité des ressources alimentaires. La période de rut a lieu principalement entre la fin de l’automne et le début de l’hiver, période où les mâles deviennent plus agressifs et territoriaux. Ils marquent leur territoire à l’aide de sécrétions glandulaires et d’urine pour signaler leur présence aux femelles et dissuader les autres mâles. Lors des affrontements entre mâles, ils s’affrontent en entrechoquant leurs cornes dans des duels ritualisés visant à établir une hiérarchie.
Après l’accouplement, la gestation dure environ six mois, ce qui signifie que les naissances ont lieu au printemps ou au début de l’été. Cela coïncide généralement avec une période où la végétation est légèrement plus abondante, ce qui assure une meilleure alimentation à la mère et au nouveau-né. La femelle donne naissance à un unique petit, bien que dans de rares cas des jumeaux puissent naître. Le faon est caché dans les broussailles ou dans une zone protégée pendant ses premières semaines de vie afin d’éviter les prédateurs. La mère revient régulièrement pour l’allaiter et le protéger. Au bout de quelques semaines, le jeune commence à suivre sa mère et apprend à se nourrir de végétaux tout en continuant à téter.
L’indépendance complète du jeune intervient après quelques mois, bien qu’il reste souvent avec sa mère jusqu’à la saison suivante. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 1,5 à 2 ans, après quoi les jeunes mâles quittent leur groupe familial pour tenter de former leur propre harem ou rejoindre un groupe de jeunes mâles.
La gazelle de Rhim vit en moyenne 10 à 12 ans à l’état sauvage, et jusqu’à 18 ans en captivité. Sa durée de vie dépend largement des conditions environnementales et des menaces qui pèsent sur elle.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle de Rhim est un animal relativement discret et méfiant, une nécessité pour survivre dans un environnement où les ressources sont rares et les prédateurs nombreux. Elle est généralement active à l’aube et au crépuscule, adoptant un mode de vie crépusculaire afin d’éviter les températures extrêmes du désert. C’est une espèce grégaire, bien que les groupes soient souvent de petite taille, allant de 2 à 10 individus. Ces groupes sont généralement constitués de femelles et de leurs jeunes, dirigés par un mâle dominant. Les mâles solitaires existent également, particulièrement en dehors de la saison de reproduction.
Face au danger, la gazelle de Rhim adopte une stratégie de fuite plutôt que de confrontation. Grâce à ses pattes longues et puissantes, elle est capable d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 65 km/h, ce qui lui permet d’échapper à la plupart de ses prédateurs, notamment les chacals, les hyènes et les grands rapaces. Lorsqu’elle est poursuivie, elle peut effectuer des bonds impressionnants pour dérouter ses poursuivants.
En période de grande chaleur, elle se repose dans des creux sablonneux ou sous l’ombre de rares arbustes pour limiter son exposition au soleil. Elle possède également un excellent sens de l’odorat et une acuité visuelle développée, ce qui lui permet de détecter rapidement les menaces potentielles.

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Bien que la gazelle de Rhim soit une proie difficile à attraper en raison de sa rapidité et de sa vigilance, elle fait face à plusieurs prédateurs naturels dans son habitat désertique. Ceux-ci varient en fonction des régions où elle évolue, mais ils partagent tous un point commun : leur capacité à survivre dans des conditions extrêmes et à chasser efficacement dans le désert.
* Guépard (Acinonyx jubatus) : Le guépard saharien (Acinonyx jubatus hecki), sous-espèce rare et adaptée aux milieux arides, est l'un des prédateurs les plus redoutables de la gazelle de Rhim. Ce félin, bien que plus petit et plus pâle que ses congénères d’Afrique de l’Est, est capable d’atteindre des vitesses de pointe supérieures à 90 km/h, ce qui lui permet d’attraper des proies aussi rapides que les gazelles. Dans la nature, le guépard saharien adopte une technique de chasse furtive : il s’approche discrètement de sa proie avant de déclencher une course fulgurante pour la capturer. Toutefois, en raison de sa faible endurance, il doit réussir à attraper la gazelle en quelques secondes, faute de quoi cette dernière parvient généralement à lui échapper.
* Caracal (Caracal caracal) : Moins connu que le guépard, le caracal est un chasseur opportuniste qui peut s’attaquer aux jeunes gazelles ou aux individus affaiblis. Ce félin, de taille moyenne, est doté d’une grande agilité et d’une capacité impressionnante à bondir pour capturer des proies. Il chasse principalement la nuit et peut traquer une gazelle en utilisant la végétation clairsemée pour se camoufler avant d’attaquer par surprise.
* Chacal Doré (Canis aureus) : Le chacal doré est l’un des prédateurs les plus polyvalents du désert et peut s’en prendre aux jeunes gazelles ou aux individus affaiblis. Contrairement au guépard, il ne chasse pas par la vitesse, mais plutôt par la ruse et l’endurance. Les chacals sont souvent solitaires, mais ils peuvent également chasser en petits groupes familiaux, ce qui augmente leurs chances de capturer des proies de taille moyenne comme la gazelle de Rhim.
* Lycaon (Lycaon pictus) : Bien qu’aujourd’hui extrêmement rare ou disparu dans certaines régions, le lycaon saharien (Lycaon pictus sahariensis) était autrefois un prédateur efficace de la gazelle de Rhim. Contrairement aux félins qui misent sur la vitesse ou la discrétion, le lycaon pratique une chasse en endurance. En meute, ces canidés pourchassaient leurs proies jusqu’à l’épuisement, une technique particulièrement efficace dans les déserts où la chaleur limite les capacités de fuite prolongée des herbivores.
* Aigle Royal (Aquila chrysaetos) : L’aigle royal, bien que plus fréquent dans les montagnes et les zones rocheuses, est un prédateur redoutable pour les jeunes gazelles. Il peut repérer un faon caché dans le sable depuis les airs et fondre sur lui avec une vitesse impressionnante. Grâce à ses puissantes serres, il est capable d’emporter de petits individus avant que la mère n’ait le temps de réagir.
* Vautour : Bien qu’ils ne soient pas des prédateurs au sens strict, les vautours comme le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) jouent un rôle dans l’écosystème du désert en se nourrissant des carcasses de gazelles mortes. Ils suivent souvent les prédateur comme les guépards ou les chacals, attendant l’opportunité de se nourrir des restes d’une proie.

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La principale menace est le braconnage incontrôlé, bien que les perturbations, l'augmentation de l'activité humaine et la dégradation des habitats naturels (en particulier la végétation de l'erg) par la désertification aient également un impact négatif. La disponibilité de motos et de quads bon marché mais robustes a permis aux braconniers d'accéder à presque toutes les parties de l'aire de répartition. Le braconnage est devenu encore plus répandu après les événements du "Printemps arabe" dans les années 2010 et la réduction associée du contrôle et des difficultés économiques. Des centaines d'images de gazelles mortes ont été publiées par des chasseurs sur les sites de médias sociaux, y compris certaines gazelles de Rhim.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle de Rhim est considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "En danger" (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN et en Annexe I de la Convention sur les espèces migratrices (CMS). Elle est aussi inscrite en Annexe I de la CITES.
L'espèce est connue pour être présente dans le parc national de Djebil et le parc national de Senghar (Tunisie). En Égypte, l'espèce était autrefois présente dans la zone protégée de Wadi El Raiyan (PA), mais y est désormais éteinte. Elle est peut-être encore présente dans la PA de Siwa et la PA du Désert Blanc.
Le nombre total de gazelles de Rhim en captivité est inférieur à 100, avec environ 78 aux États-Unis et environ 17 en Europe, tous basés sur un petit nombre de fondateurs.
L'application efficace des interdictions de chasse, en particulier la protection des populations existantes dans les zones protégées (telles que le parc national de Djebil et le parc national de Senghar et peut-être celles de Siwa et du Désert Blanc en Égypte) sont des priorités de conservation immédiates. Des relevés aériens du Grand Erg Occidental et du Grand Erg Oriental sont également nécessaires de toute urgence pour établir la taille actuelle de la population.

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La gazelle de Rhim (Gazella leptoceros), également connue sous le nom de gazelle leptocère, appartient à la famille des Bovidés et à l’ordre des Artiodactyles. L’espèce a été décrite pour la première fois en 1842 par le zoologiste français Frédéric Cuvier, qui lui a donné le nom spécifique "leptoceros", dérivé du grec ancien "leptos" (λεπτός, "fin, mince") et "keros" (κέρας, "corne"), en référence aux cornes longues et élancées de l’animal.
Groves (1988) a inclus la gazelle de Rhim avec la gazelle à goitre (Gazella subgutturosa) dans le sous-genre Trachelocele. Dans une analyse récente des antilopes d'Afrique du Nord, Silva et al. (2015) ont découvert que la gazelle de Cuvier (Gazella cuvieri) et la gazelle de Rhim semblent former un groupe monophylétique. Hassanin et al. (2012) ont découvert que les distances par paires entre les trois taxons étaient très faibles (inférieur à 1,5 %) et ont suggéré que la gazelle de Rhim et la gazelle des sables d'Arabie (Gazella marica) devraient être considérés comme des sous-espèces de la gazelle de Cuvier.
Contrairement à certaines autres espèces de gazelles qui possèdent plusieurs sous-espèces distinctes, la gazelle de Rhim est généralement considérée comme une espèce monotypique, c'est-à-dire qu'elle ne comporte pas de sous-espèces officiellement reconnues. Cependant, des variations morphologiques et génétiques ont été observées selon les populations vivant dans différentes régions du Sahara. Certains chercheurs ont suggéré qu’il pourrait exister des sous-populations présentant des adaptations locales, mais ces distinctions ne sont pas suffisamment marquées pour justifier une classification en sous-espèces distinctes. Néanmoins, deux sous-espèces ont été décrites :
- Gazella leptoceros leptoceros (la forme nominale d'Égypte)
- Gazella leptoceros loderi (d'Algérie et de Tunisie)
Il n'existe pas de barrières géographiques évidentes et les limites entre les deux formes n'ont pas été clairement délimitées. Une analyse ADN est nécessaire pour confirmer la validité – ou non – des deux formes.
Nom commun | Gazelle de Rhim |
Autre nom | Gazelle leptocère Gazelle à cornes fines |
English name | Rhims gazelle |
Español nombre | Gacela blanca |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Gazella |
Nom binominal | Gazella leptoceros |
Décrit par | Frédéric Cuvier |
Date | 1842 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. London: Academic Press.
Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.
Delany, M. J., Happold, D. C. D. (1979). Ecology of African Mammals. Longman Group Ltd.
Haltenorth, T., Diller, H. (1980). Mammals of Africa Including Madagascar. Collins.
Cuvier, F. (1842). Description originale de la gazelle leptocère. Annales des Sciences Naturelles, Zoologie.
Newby, J. (1978). "The Slender-horned Gazelle (Gazella leptoceros) in the Ténéré Desert." Oryx, 14(3), 249-253.
Heckel, J. O., Hammer, S., Zachos, F. E. (2012). "Molecular Phylogeny and Evolution of Gazelles." Journal of Mammalogy, 93(4), 1026-1035.
Sahara Conservation Fund. (2010). Gazella leptoceros Conservation Strategy.
Bousquet, M. (2015). Adaptations écophysiologiques de la gazelle de Rhim aux milieux désertiques. Université de Montpellier.
Benhassine, H. (2018). Impact des activités humaines sur les populations sahariennes de gazelles. Université d’Alger.