Gazelle de Mongolie (Procapra gutturosa)
La gazelle de Mongolie (Procapra gutturosa) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés. Elle est principalement présente dans les steppes d’Asie centrale, notamment en Mongolie, en Chine et dans certaines parties de la Russie. Cette espèce joue un rôle écologique essentiel dans ces vastes écosystèmes, servant de proie à de nombreux prédateurs et contribuant à la diversité biologique de son habitat.

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La gazelle de Mongolie est un animal de taille moyenne qui présente des adaptations spécifiques à son environnement de steppe aride. Les adultes mesurent généralement entre 110 et 150 cm de long, avec une hauteur au garrot variant entre 60 et 80 cm. Leur poids oscille entre 20 et 40 kg, les mâles étant légèrement plus massifs que les femelles.
Le pelage de la gazelle de Mongolie varie en fonction des saisons. En hiver, il devient plus épais et adopte une teinte grisâtre ou brun pâle, ce qui permet une meilleure isolation contre le froid. En été, le pelage s’éclaircit et devient plus fin, facilitant la thermorégulation sous un climat chaud et sec. La face ventrale reste blanche toute l’année, contrastant avec la robe dorsale.
L’un des traits les plus distinctifs de cette espèce est la présence d’un goitre proéminent, plus visible chez les mâles, particulièrement en période de rut. Ce renflement est causé par le développement des glandes du cou et pourrait jouer un rôle dans la communication ou la séduction des femelles. Cette caractéristique est également visible chez une autre espèce, la gazelle à goitre.
Les cornes sont une autre caractéristique notable. Contrairement à d’autres espèces de gazelles où les femelles sont également pourvues de cornes, seules les mâles en possèdent. Ces cornes sont fines, légèrement incurvées vers l’arrière et peuvent atteindre jusqu'à 30 cm de longueur. Elles servent principalement à l’intimidation et aux combats entre mâles lors de la période de reproduction.
L’espèce est parfaitement adaptée à la course, avec des membres longs et fins qui lui permettent d’atteindre des vitesses allant jusqu’à 65 km/h. Cela lui confère un avantage important pour échapper aux prédateurs. Ses sabots sont bien adaptés aux terrains durs et secs de la steppe, lui permettant de se déplacer efficacement sur de longues distances.

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La gazelle de Mongolie est présente dans l'est de la Mongolie et dans les régions adjacentes de la Russie et du nord-est de la Chine. On trouve encore de plus petites populations dans le centre et l'ouest de la Mongolie où elles étaient auparavant abondantes. Il existe une population déplacée dans la steppe de Homin Tal, dans la province de Zavkhan, au centre-ouest de la Mongolie. Au cours des 50 dernières années, l'aire de répartition géographique de la gazelle de Mongolie a été réduite d'environ 76 %. La grande majorité des gazelles de Mongolie se trouvent désormais en Mongolie même. Dans ce pays, l'espèce est présente en grand nombre dans seulement quatre provinces : Dornod, Khentii, Sukhbaatar et Dornogobi et en plus petit nombre dans d'autres provinces.
Cette gazelle occupe les steppes arides vallonnées et les plaines herbeuses, en particulier les steppes à stipe (Stipa spp.) et parfois les semi-déserts. Les gazelles de Mongolie se déplacent constamment sur leur territoire à la recherche de nourriture, sauf pendant les saisons de reproduction et de la mise bas.

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La gazelle de Mongolie est un herbivore strict qui dépend des ressources végétales disponibles dans la steppe aride où elle vit. Son régime alimentaire est composé principalement de graminées, mais aussi de plantes herbacées et de petits arbustes. Parmi les espèces végétales les plus consommées, on retrouve l’armoise (Artemisia), le carex (Carex), ainsi que certaines légumineuses qui fournissent des protéines essentielles.
En raison de la grande variabilité climatique de son habitat, l’alimentation de la gazelle varie au fil des saisons. Pendant l’été, elle se nourrit principalement d’herbes fraîches et de jeunes pousses, riches en nutriments et en eau. En hiver, lorsque la couverture végétale se raréfie et que la neige recouvre le sol, elle se contente de végétaux secs et de racines qu’elle parvient à extraire du sol gelé avec ses sabots.
Une particularité de cette espèce est sa capacité à survivre sans accès direct à une source d’eau liquide pendant de longues périodes. Elle tire une grande partie de son hydratation de la végétation qu’elle consomme, ce qui est une adaptation clé à son environnement semi-aride. Cependant, lorsque l’eau est disponible, notamment après des précipitations, elle en profite pour s’abreuver abondamment.
La gazelle de Mongolie est une espèce migratrice qui suit les variations saisonnières de la disponibilité alimentaire. En été, elle se déplace vers des zones plus verdoyantes, tandis qu’en hiver, elle descend vers des vallées où la neige est moins épaisse et où la nourriture est plus accessible.

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La période de reproduction de la gazelle de Mongolie a lieu principalement à la fin de l’automne et au début de l’hiver, entre novembre et décembre. C’est à ce moment que les mâles entrent en rut et développent un comportement territorial et agressif. Ils utilisent leurs cornes pour se battre entre eux afin de gagner l’accès aux femelles.
Les mâles établissent des harems composés de plusieurs femelles, qu’ils défendent contre les rivaux. Pendant cette période, les interactions sociales sont marquées par des affrontements spectaculaires où les mâles s’affrontent en entrechoquant leurs cornes et en tentant de se repousser mutuellement. Les combats sont généralement ritualisés et rarement mortels, bien qu’ils puissent occasionner des blessures.
Après l’accouplement, la gestation dure environ cinq à six mois, et les naissances ont lieu au printemps, entre mai et juin. Cette synchronisation avec le retour des températures plus clémentes et l’abondance de nourriture maximise les chances de survie des nouveau-nés. Les femelles mettent généralement bas un seul petit, bien que des naissances gémellaires puissent occasionnellement se produire. Le faon, à sa naissance, pèse entre 2 et 3 kg et est recouvert d’un pelage tacheté qui lui permet de se camoufler efficacement dans la steppe. Il reste caché dans la végétation pendant les premières semaines, la mère ne venant l’allaiter que quelques fois par jour pour ne pas attirer l’attention des prédateurs.
Le sevrage intervient entre deux et trois mois après la naissance, mais les jeunes restent souvent avec leur mère jusqu’à la prochaine saison de reproduction. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de un à deux ans, bien que les jeunes mâles n’aient généralement pas accès aux femelles avant d’avoir dominé un territoire.
L'espérance de vie de la gazelle de Mongolie varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment la prédation, les conditions environnementales et les menaces humaines. Dans la nature, elle peut vivre entre 6 et 10 ans. En captivité, où elles bénéficient de soins vétérinaires et d'une alimentation stable, les gazelles de Mongolie peuvent vivre jusqu'à 12 à 15 ans. Cependant, cette espèce est rarement maintenue en captivité en raison de son besoin d’espace et de son comportement sauvage.

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La gazelle de Mongolie est une espèce grégaire qui forme des troupeaux de tailles variables. Pendant l’été, les groupes sont relativement petits, composés de quelques individus seulement. Cependant, en hiver, lorsque les conditions deviennent plus difficiles, les troupeaux peuvent se regrouper en vastes assemblées comptant parfois plusieurs milliers de têtes.
Cette stratégie de regroupement leur offre une meilleure protection contre les prédateurs. Lorsqu’un danger est détecté, les individus situés à la périphérie du groupe donnent l’alerte en effectuant des bonds caractéristiques et en émettant des sons d’avertissement. Ce comportement collectif permet à l’ensemble du troupeau de fuir rapidement.
Les gazelles de Mongolie sont des animaux diurnes, bien qu’elles puissent être plus actives à l’aube et au crépuscule pour éviter les températures extrêmes. Elles passent la majeure partie de leur journée à chercher de la nourriture et à surveiller leur environnement pour détecter d’éventuels prédateurs.
Cette espèce pratique de longues migrations saisonnières, parcourant parfois plusieurs centaines de kilomètres en quête de meilleures conditions de vie. Ces déplacements sont influencés par la disponibilité de la nourriture, la couverture neigeuse et la présence de points d’eau.

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La gazelle de Mongolie est une proie essentielle dans l'écosystème des steppes d’Asie centrale. Son mode de vie grégaire et sa capacité à courir à grande vitesse lui permettent d’échapper à bon nombre de prédateurs. Toutefois, elle reste vulnérable face à plusieurs carnivores qui exercent une pression importante sur ses populations, notamment les loups, les lynx, les renards et certains rapaces.
* Loup Gris (Canis lupus) : Le loup gris est le principal prédateur de la gazelle de Mongolie. Présent dans toute l’Asie centrale, ce canidé s’attaque aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, en particulier en hiver lorsque les autres proies se font plus rares. Les loups chassent généralement en meute, ce qui leur permet d’organiser des stratégies efficaces pour capturer leurs proies. Ils poursuivent les gazelles sur de longues distances, les épuisant jusqu’à ce qu’elles soient incapables de continuer leur course. Les jeunes, les individus âgés ou affaiblis sont les plus vulnérables, car ils ont moins d’endurance et de réactivité face aux attaques.
* Lynx commun (Lynx lynx) : Le lynx commun est un prédateur plus discret mais tout aussi redoutable. Ce félin au mode de chasse solitaire se nourrit principalement de lièvres et de petits mammifères, mais il est également capable de s’attaquer aux jeunes gazelles ou aux individus affaiblis. Contrairement aux loups, qui misent sur l’endurance, le lynx privilégie l’embuscade. Il utilise son pelage tacheté pour se camoufler dans la végétation et se positionne à proximité des passages fréquentés par ses proies. Cependant, en raison de la rapidité et de la vigilance des gazelles adultes, le lynx préfère s’attaquer aux faons, qui sont plus faciles à capturer.
* Renard Corsac (Vulpes corsac) : Bien que le renard corsac soit un prédateur opportuniste de petite taille, il peut représenter une menace pour les jeunes gazelles, notamment lorsqu’elles sont cachées dans la végétation par leur mère. Il ne chasse pas les adultes, car ceux-ci sont bien trop rapides et puissants pour lui. Toutefois, il profite de toute opportunité pour capturer un faon laissé sans surveillance. Il utilise principalement sa ruse et sa discrétion pour éviter d’alerter la mère et se faufiler jusqu’à la proie. Outre les faons, le renard corsac se nourrit aussi de rongeurs, d’oiseaux et d’insectes, jouant un rôle important dans la régulation des populations de petits animaux de la steppe.
* Aigle Royal (Aquila chrysaetos) : L'aigle royal est l’un des rares prédateurs aériens capables de capturer des jeunes gazelles. Ce rapace majestueux, qui peut atteindre une envergure de plus de 2 mètres, est un chasseur puissant et précis. Il repère ses proies depuis les hauteurs et fond sur elles à grande vitesse, pouvant atteindre 240 km/h en piqué. Les faons isolés sont particulièrement vulnérables, car ils ne sont pas encore assez rapides pour s’enfuir efficacement. L’aigle royal les saisit avec ses serres puissantes et les emporte dans les airs.
* Chien errant (Canis lupus familiaris) : Outre les prédateurs naturels, la gazelle de Mongolie est également menacée par des espèces introduites. Les chiens errants ou semi-sauvages, souvent abandonnés ou utilisés par les éleveurs locaux, peuvent s’attaquer aux gazelles, en particulier aux jeunes et aux individus affaiblis. Leur comportement de chasse est similaire à celui des loups, bien qu’ils soient généralement moins organisés et efficaces.

Auteur: Philip Sclater

Les principales menaces qui pèsent sur cette la gazelle de Mongolie sont les épidémies, la chasse illégale, la conversion de l'habitat, la fragmentation de l'habitat et les hivers rigoureux. La chasse illégale (en plus de la récolte légale) est une menace croissante et la chasse axée sur les mâles avant et pendant le rut pourrait avoir de graves conséquences sur la fécondité de la population.
La voie ferrée Oulan-Bator-Pékin est clôturée à double barrière et a effectivement isolé les petites populations occidentales de la population centrale de l'est de la Mongolie, bien que la grande population et la grande mobilité de l'espèce aient permis un flux génétique suffisant. Les épidémies et les hivers rigoureux entraînent une forte mortalité sporadique. L'augmentation du nombre de têtes de bétail a conduit à une augmentation de la transmission de maladies associées (par exemple, la pneumonie bactérienne causée par Pasteurella, la grippe virale, la fièvre aphteuse et l'anthrax). La répartition de la gazelle de Mongolie est influencée par l'activité du campagnol de Brandt. Par exemple, dans les années 1990, une forte augmentation de la population de ce campagnol de Brandt a détruit une vaste zone de pâturage dans les provinces de Sukhbaatar et de Dornod et les gazelles ont disparu de ces zones et se sont déplacées vers le nord.

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La gazelle de Mongolie n'est actuellement pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN et est inscrite en Annexe II de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS).
Ce bovidé est présent dans certaines zones protégées de Mongolie, mais la majeure partie de la population vit en dehors de ces zones. La gazelle de Mongolie bénéficie d'une protection juridique en Mongolie et en Chine, mais la mise en oeuvre de cette protection n'est pas pleinement efficace.
En 1988-1990, 600 gazelles nouveau-nées ont été transférées dans la steppe de Homin Tal, dans la province de Zavkhan, au centre-ouest de la Mongolie, où la population était tombée à 600 individus et, en 1996, elle avait augmenté à plus de 3 500. Certaines populations de l'ouest et du centre de la Mongolie sont menacées d'extinction locale.

Source: Volodins Bioacoustic Group

La gazelle de Mongolie, scientifiquement nommée Procapra gutturosa, appartient à la famille des bovidés et à l'ordre des artiodactyles. Son nom scientifique peut ainsi être traduit par "antilopine à goitre" ou "gazelle à grosse gorge", une description fidèle à l’apparence de cette espèce qui se distingue par un renflement du cou, surtout chez les mâles en période de reproduction.
Contrairement à d'autres gazelles du genre Gazella, les espèces du genre Procapra ont une morphologie plus adaptée aux climats froids. Son goitre bien visible chez les mâles en période de rut est une caractéristique notable. Elle se distingue des autres antilopes par son pelage saisonnier, plus épais en hiver et plus fin en été. Cette classification permet de situer la gazelle de Mongolie dans l’arbre évolutif des mammifères et de mieux comprendre ses relations avec d'autres espèces proches.
La gazelle de Mongolie est une espèce monotypique, ce qui signifie qu’aucune sous-espèce officiellement reconnue n’a été décrite à ce jour. Contrairement à certaines autres espèces de gazelles, la gazelle de Mongolie ne présente pas de variations suffisamment marquées pour justifier une classification en sous-espèces distinctes.
Cependant, des études génétiques et morphologiques ont montré des différences régionales au sein des populations vivant dans différentes parties de la Mongolie, de la Chine et de la Russie. Ces variations peuvent être influencées par des facteurs environnementaux tels que la disponibilité des ressources alimentaires, le climat et la pression des prédateurs. Dans certains cas, les populations de gazelles de Mongolie ont été étudiées séparément en fonction de leur aire de répartition, notamment celles situées dans :
* Les steppes mongoles centrales et orientales
* Les zones frontalières entre la Mongolie et la Chine
* Certaines parties de la Sibérie méridionale
Toutefois, ces variations restent insuffisantes pour établir des sous-espèces distinctes au sein de Procapra gutturosa. Des recherches plus approfondies pourraient, à l’avenir, révéler des sous-groupes génétiquement distincts, mais pour le moment, l’espèce est considérée comme homogène d’un point de vue taxonomique.

© Norbert Sauberer - iNaturalist

Nom commun | Gazelle de Mongolie |
English name | Mongolian Gazelle Dzeren |
Español nombre | Gacela De Mongolia |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Procapra |
Nom binominal | Procapra gutturosa |
Décrit par | Peter Simon Pallas |
Date | 1777 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
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