Comparée à la plupart des autres sous-espèces, la girafe du Kordofan est relativement petite, mesurant entre 5 et 6 mètres, avec des taches plus irrégulières sur l'intérieur des pattes. Comme l’être humain, la girafe possède sept vertèbres cervicales. Avec sa langue de 50 centimètres de long, elle peut arracher les feuilles des arbres les plus hauts. C’est pourquoi les girafes ne sont pas en concurrence avec presque aucune autre espèce en matière de nourriture. Leur habitat est étroitement lié à la présence d’arbres dont elles mangent les feuilles.
La girafe du Kordofan est présente dans le Nord du Cameroun, dans le Sud du Tchad, en République Centre Africaine, dans l’Ouest du Sud Soudan et au Nord-Est de la République démocratique du Congo dans le parc national de Garamba. Historiquement, une certaine confusion a existé sur la limite exacte de l'aire de répartition de cette sous-espèce par rapport à la girafe du Niger, avec des populations du nord du Cameroun par exemple autrefois attribuées à cette dernière. Des travaux génétiques ont également révélé que toutes les girafes provenant d'Afrique de l'Ouest dans les zoos européens sont en fait des girafes du Kordofan.
Le jour, les girafes parcourent par groupes de six à huit individus un territoire d’une surface de 120 kilomètres carrés à la recherche de nourriture. L'animal dominant d’un groupe est souvent une femelle âgée. Normalement, les girafes se déplacent à l’amble, de manière paisible. En fuite, elles peuvent atteindre une vitesse de 55 km/heure. Pour communiquer, elles émettent des sons non-perceptibles par l’oreille humaine. Elles produisent des sonorités dans la plage des infrasons sauf lorsque la mère appelle son petit.
POPULATION
Tout au long de son aire de répartition, la girafe du Kordofan est menacée par la croissance de la population humaine, la destruction de son habitat par le développement agricole qui en découle, mais le braconnage menace aussi la girafe ainsi que les conflits armés qui subsistent dans ces régions, de plus, les populations restantes sont en outre isolées les unes des autres. Leur peau est utilisée pour des produits de luxe et ils produiraient suffisamment de viande pour nourrir les braconniers pendant des semaines. Des études génétiques récentes montrent également des populations génétiques distinctes de girafes, ce qui rend la conservation de ces sous-espèces encore plus importante.
En 2018, on comptait environ 1 400 girafes du Kordofan dans la nature. Depuis cette année-là, la girafe du Kordofan est classée en danger critique d'extinction (CR) sur la Liste rouge de l'IUCN. Un tiers de la population totale se trouve dans le parc national de Zakouma au sud du Tchad. On ne recense que 38 individus encore en vie dans le parc national de la Garamba en République démocratique du Congo. D'autres populations isolées se trouvent dans divers parcs nationaux comme le parc national de Waza au Cameroun, le parc national de Bamingui-Bangoran en République centrafricaine et les parcs de la Bénoué, du Faro et de Bouba Njida au Cameroun.
En captivité, la girafe du Kordofan est présente dans divers zoos : Parc zoologique de Paris, Bioparc de Doué-la-Fontaine, Jardin zoologique de Lyon et Parc zoologique de Champrepus. Les girafes du parc zoologique de Planckendael, proche de Malines (Belgique), sont aussi des girafes du Kordofan.
TAXONOMIE
Le système taxonomique actuel de l'IUCN répertorie une espèce de girafe portant le nom de Giraffa camelopardalis et huit sous-espèces. La classification en espèce avait été remise en question dans le passé, notamment en 1904 où Richard Lydekker considérait la girafe réticulée comme une espèce à part entière. Une étude ADN présentée en 2016 par une équipe de chercheurs dirigée par Julian Fennessy et Axel Janke, basée sur 190 individus, représentait l'analyse génétique la plus complète à ce jour. Dans cette étude, quatre groupes monophylétiques ont été identifiés, qui, selon les chercheurs, ont été reconnues comme des espèces indépendantes.
Dans une autre étude génétique approfondie réalisée en 2020, la girafe réticulée, l’une des espèces indépendantes précédemment reconnues, était désormais considérée comme une sous-espèce. Pour l'Afrique de l'Ouest, les scientifiques ont identifié une sous-espèce jusqu'alors méconnue, caractérisée par des haplotypes indépendants et qu'ils ont identifiée comme étant Giraffa camelopardalis senegalensis. Elle est plus étroitement apparentée à la girafe du Nord, mais elle était déjà éteinte au début des années 1970. Selon ce point de vue, le genre Giraffa peut être divisé en trois espèces avec un total de dix sous-espèces. En revanche, une analyse génétique présentée au printemps 2021 par Raphael TF Coimbra et ses collègues sur 50 individus de l'ensemble de la population privilégie à nouveau le modèle à quatre espèces.
*Girafe du Nord - Giraffa camelopardalis (Linnaeus, 1758)
*Girafe du Sud - Giraffa giraffa (von Schreber, 1784)
La girafe du Nord est divisée en plusieurs sous-espèces dont le nombre est sujet à désaccord. L'étude de 2020 nomme également la girafe de Rothschild (Giraffa camelopardalis rothschildi) comme sous-espèce, mais jugée par Raphael TF Coimbra et ses collègues en 2021 comme étant identique à la girafe de Nubie. Une étude de séquençage du génome entier réalisée en 2021 suggère que la girafe du Nord est une espèce distincte et postule l'existence de trois sous-espèce distinctes, et plus récemment, d'une quatrième aujourd'hui éteinte, la girafe du Sénégal (Giraffa camelopardalis senegalensis). Les éléments suivants sont généralement reconnus :
- Girafe de Nubie - Giraffa camelopardalis camelopardalis (Linnaeus, 1758)
- Girafe du Kordofan - Giraffa camelopardalis antiquorum (Jardine, 1835)
- Girafe du Niger - Giraffa camelopardalis peralta (Thomas, 1898)