Selon une étude génétique récente, le léopard de Chine est une des neuf sous-espèces de léopards. Il est particulièrement distinctif en raison d'un pelage particulièrement pâle par rapport à la plupart des autres sous-espèces, et les rosettes sombres sont plus grandes et espacées par d'épais anneaux ininterrompus. Son pelage d’hiver varie d’un jaune clair à un jaune roux teinté de doré, alors qu'en été il est plus brillant et les rosettes sont d’une couleur plus vive. Le pelage des léopards vivant dans le bassin de la rivière Amour, des montagnes du nord-est de la Chine et de la péninsule Coréenne est de couleur crème, surtout en hiver. Les rosettes des flancs sont épaisses et bien espacées, les cercles sont épais et plus foncés au centre. Bien adapté à la vie dans les climats rigoureux et froids, son pelage épais peut croître de 7 cm en hiver.
Le léopard de Chine mesure entre 1,07 et 1,36 m de long, de 64 à 78 cm de haut pour un poids allant de 25 à 48 kg. Le dimorphisme est visible chez cette sous-espèce, les mâles étant plus lourds que les femelles. La queue mesure entre 82 et 90 cm de long.
HABITAT
Aujourd'hui, dans l'Extrême-Orient russe, l'habitat du léopard de l'Amour couvre une superficie d'environ 7 000 km². L'animal est bien adapté au climat froid et enneigé de la région, et plusieurs spécimens traversent souvent les frontières entre la Russie, la Chine et la Corée du Nord via la rivière Tumen malgré la présence d'une haute et longue clôture en fil de fer barbelé. fil qui marque la frontière entre ces États.
Les premières images, obtenues via un piège photographique, d'un léopard de Chine sauvage dans le nord-est de la Chine ont été prises en 2010 dans la réserve naturelle nationale de Hunchun, située dans les monts Changbai, dans les provinces du Jilin et du Heilongjiang. L'habitat présent dans cette région se compose de forêts de conifères à feuilles larges et de pins coréens, à des altitudes de 600 à 1 200 m, où la température annuelle moyenne est d'environ 1,5 °C. Dans cette zone, les léopards ont été photographiés à plusieurs reprises par des pièges photographiques installés de janvier 2013 à juillet 2014, couvrant jusqu'à 4 858 km².
Ailleurs en Chine, l'aire de répartition des léopards est plus fragmentée avec de petites populations trouvées principalement dans six réserves isolées, dont la réserve naturelle nationale de Fobing. Dans la province du Shanxi, des léopards ont été repérés dans 16 zones protégées lors d'un comptage par caméra entre 2007 et 2014.
ÉCOLOGIE
Le léopard de Chine est principalement solitaire et nocturne. Les individus occupent des domaines vitaux dont la taille varie selon l'abondance des proies. Selon le sexe, l’âge et la taille de la famille, le territoire d’un individu peut mesurer entre 5 000 et 30 000 ha. Là où les animaux sauvages sont présents en abondance, il y vit de manière permanente ou migre en suivant les troupeaux d'ongulés tout en évitant les zones neigeuses.
Chez le léopard de Chine, les chaleurs durent entre 12 et 18 jours, et dans des cas exceptionnels, jusqu’à 25 jours. Après une période de gestation comprise entre 90 et 105 jours, la femelle met au monde entre 2 et 3 petits. Ceux-ci pèsent entre 500 et 700 g chacun. Totalement aveugles à la naissance, les nouveau-nés ouvrent les yeux au bout de 7 ou 10 jours et commence à ramper vers 15 jours. Ils sortent de leur tanière au deuxième mois et commencent alors à manger de la viande, bien qu'ils ne soient sevrés qu'à l'âge de 5 ou 6 mois. La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 2-3 ans. En captivité, certains individus ont vécu jusqu’à l'âge de 21 ans.
MENACES
Le léopard de Chine est considéré comme l'un des grands félins les plus menacés au monde. Il est menacé par le braconnage, qui touche aussi bien les léopards que ses proies, la destruction de son habitat, la déforestation, ou encore l'exploitation des forêts dans lesquelles il vit. Son habitat naturel est menacé par les incendies de forêt et la construction de nouvelles routes. En raison du petit nombre de léopards de Chine se reproduisant dans la nature, le pool génétique de cette sous-espèce est si petit que la population risque de souffrir de dépression consanguine. En 2015, un léopard de Chine sauvage a été diagnostiqué positif au virus de la maladie de Carré, dans le kraï du Primorskii. La petite population sauvage est probablement exposée à des porteurs et transmetteurs de maladies domestiques ou sauvages.
Le léopard de Chine est sympatrique avec le tigre de Sibérie dans certaines régions. Dans les monts Changbai, les léopards ont été observés à des altitudes plus élevées et à des distances plus éloignées des colonies et des routes que les tigres. Ces derniers peuvent tuer des léopards si les densités de proies de grande et moyenne taille sont faibles. La compétition entre ces deux grands prédateurs diminue pendant les périodes estivales où, outre les grands ongulés, ils peuvent également se nourrir de petites proies. En hiver, les conditions sont moins favorables aux tigres et l’extension de la niche trophique chevauche celle des léopards, atteignant probablement son apogée.
Le léopard de Chine est également sympatrique avec les ours bruns, mais aucune interaction entre les deux espèces n'a été enregistrée.
CONSERVATION
Le léopard de Chine est une espèce hautement menacée d'extinction. Il est inscrit en Annexe I de la CITES (commerce et chasse interdits). La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie ce félin dans la catégorie En danger critique (CR) depuis 1996.
En 2001, une réunion s'est tenue à Vladivostok dans le but de concevoir et de planifier des recommandations de gestion et des activités nécessaires pour assurer le rétablissement et la survie continue de la population sauvage de léopard de Chine dans les pays de l'aire de répartition. Les participants chinois ont annoncé la création d'une nouvelle zone protégée dans la province du Jilin, la réserve naturelle de Hunchun. Depuis 2014, des biologistes russes et chinois collaborent à la surveillance transfrontalière de la population de léopards de Chine.
L'Amur Leopard and Tiger Alliance (ALTA) est une initiative d'organisations de conservation russes et occidentales visant à conserver le léopard et le tigre de Sibérie et à assurer un avenir aux deux espèces dans l'Extrême-Orient russe et le nord-est de la Chine. ALTA opère dans toute l'Asie du Nord-Est selon le principe directeur selon lequel seules des actions de conservation coopératives et coordonnées de toutes les parties intéressées peuvent sauver ces sous-espèces/populations menacées de l'extinction. En ce qui concerne la conservation des léopards, ALTA vise à conserver une population de 35 femelles adultes (100 au total) dans le sud-ouest de Primorye et dans la région frontalière Jilin-Heilongjiang, et créer une deuxième population de 20 femelles adultes (60 adultes au total) dans l'ancienne aire de répartition du léopard. Les projets de conservation :
- Quatre équipes anti-braconnage comptant au total 15 membres dans l'aire de répartition du léopard de Chine.
- Un groupe de travail spécial composé de policiers locaux et d'équipes anti-braconnage dirigé par le procureur de Khasan.
- Surveillance de la population de léopards grâce au comptage des traces de neige et au comptage des pièges photographiques.
- Surveillance et analyse de l'impact des incendies sur l'habitat du léopard et de l'efficacité de la lutte contre les incendies.
- Évaluation de l'habitat à l'aide de techniques de système d'information géographique (SIG) : évaluation du rôle de la qualité de l'habitat, de la propriété foncière, de l'utilisation des terres, du statut de protection, des établissements humains, des élevages de cerfs, des routes et des établissements humains à l'aide de données de surveillance et d' images satellite.
- Élaboration de plans d’aménagement du territoire prenant en compte les besoins futurs des léopards.
- Soutien aux zones protégées dans l’aire de répartition du léopard.
- Compensation pour le bétail tué par les léopards et les tigres.
- Un programme éducatif complet pour les écoliers et les étudiants.
- Soutien aux baux de chasse et programme de rétablissement des ongulés.
- Campagne médiatique pour sensibiliser au sort du léopard.
- Soutien et assistance technique pour la nouvelle réserve naturelle de Hunchun en Chine, limitrophe de l'aire de répartition du léopard de Chine en Russie.
EN CAPTIVITÉ
En 1961, un programme d'élevage en captivité du léopard de Chine a été mis en place, commençant par neuf spécimens "fondateurs" nés dans la nature. Une enquête génétique moléculaire a révélé qu'au moins deux de ces spécimens qui auraient dû fournir un pedigree varié en captivité avaient des informations génétiques incompatibles avec tout autre léopard de Chine né dans la nature. Ainsi, les populations des zoos américains et européens incluent des gènes apportés par un mâle "fondateur" qui n'était même pas un léopard de Chine. La stratégie du programme européen sur les espèces menacées a été de minimiser sa contribution et de maintenir la diversité génétique des populations captives.
En décembre 2011, il y avait 173 léopards de Chine en captivité hébergés dans des zoos à travers le monde, contre moins de 100 individus dans la nature. A l'intérieur de l'EESP, sont conservés 54 mâles, 40 femelles et 7 spécimens dont le sexe n'est pas précisé. Dans les zoos américains et canadiens, 31 autres mâles et 41 femelles sont hébergés dans le cadre du programme de gestion de la population.
Le léopard de l'Amour est une des 4 sous-espèces de léopard incluses dans les programmes d'élevage européens (EEP). C'est un félin très apprécié dans les zoos européens, se prêtant à des stages pédagogiques liés à la conservation de l'espèce. L'animal est également inclus dans les programmes d'élevage américains (SSP) et est donc l'un des félins les plus populaires dans les zoos du monde entier. Le coordinateur du programme de sélection européen est actuellement le zoo de Londres (EAZA-2017). En réalité, avec les nouvelles lignées que les zoos prévoient pour les grands félins, le léopard est généralement désavantagé par rapport aux autres espèces. Dans les zoos modernes, les concepteurs essayent d'éliminer l'ancien concept de cages fermées et de barres métalliques, pour faire place à de grands espaces ouverts entourés de douves et à des reconstitutions d'habitats naturels, pour le bien-être des animaux et pour l'immersion du visiteur. Des fossés séparent les visiteurs des animaux et assurent la sécurité des deux. Cependant, les capacités d'escalade et l'agilité du léopard en font une espèce inadaptée à ce concept. En effet, le léopard a besoin que sa zone soit fermée par le haut pour l'empêcher de sauter ou de grimper. Les félins qui répondent le mieux à cette nouvelle lignée sont le tigre et le lion, désormais ambassadeurs de la filière "fauves" dans les grands zoos européens.