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Grand cobe des roseaux (Redunca arundinum)


Le grand cobe des roseaux (Redunca arundinum) est un mammifère herbivore appartenant à la famille des bovidés dans le genre Redunca. Cette antilope est largement répartie en Afrique australe et orientale, où elle occupe principalement des habitats humides bordant les rivières, les marécages et les prairies inondables. Cette espèce est remarquable par son adaptation aux milieux aquatiques, sa morphologie particulière et son comportement social structuré.


Grand cobe des roseaux (Redunca arundinum)
Grand cobe des roseaux (Redunca arundinum)
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DESCRIPTION

Le grand cobe des roseaux est une antilope de taille moyenne à grande, mesurant entre 80 et 105 cm au garrot pour un poids variant de 50 à 95 kg. Comme chez la plupart des bovidés, un dimorphisme sexuel est observable : les mâles sont généralement plus imposants que les femelles et portent des cornes, tandis que ces dernières en sont dépourvues.

Son pelage est généralement de couleur brun clair à brun rougeâtre, avec des nuances plus foncées sur la face dorsale et des parties ventrales plus claires. Il présente une ligne dorsale plus foncée, et une tache blanche bien visible sur le museau et sous la gorge. Une autre caractéristique distinctive du grand cobe des roseaux est la présence d’un anneau de poils blancs autour des yeux, accentuant son regard expressif.

Les cornes du mâle sont incurvées vers l'avant en forme de lyre, mesurant entre 30 et 45 cm de longueur. Elles sont épaisses à la base et se terminent en pointes effilées. Elles jouent un rôle essentiel dans les combats territoriaux et pour l’attraction des femelles.

Le corps du grand cobe des roseaux est adapté à la vie dans les milieux humides. Ses pattes relativement longues et fines lui permettent de se déplacer aisément dans les hautes herbes et les terrains marécageux. Ses sabots, bien développés, l’aident à marcher sur des sols détrempés sans trop s’enfoncer. Il possède aussi une queue relativement courte, d’environ 25 à 35 cm, qui se termine par un toupet de poils noirs.

Son odorat et son ouïe sont particulièrement développés, ce qui lui permet de détecter les prédateurs à distance et de réagir rapidement en cas de danger. Sa vue, bien que moins performante que celle d'autres antilopes, reste suffisamment bonne pour détecter les mouvements dans son environnement.


Redunca arundinum
Redunca arundinum
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HABITAT

Le grand cobe des roseaux est présent depuis l'extrême sud du Gabon jusqu'à l'ouest de la Tanzanie, puis vers le sud jusqu'en Afrique du Sud. L'espèce reste largement répandue dans les zones protégées et autres sites à faible ou moyen niveau de peuplement, y compris des populations importantes sur des terres privées au Zimbabwe, en Afrique du Sud et en Namibie. Le grand cobe des roseaux était autrefois présent localement dans les savanes du sud de la République du Congo, où sa présence a été confirmée pour la dernière fois en 1974 dans la réserve de faune du mont Fouari, mais il est peut-être aujourd'hui éteint en raison d'une chasse intensive. En Namibie, l'espèce est présente naturellement dans le nord-est, mais a été introduite sur des terres privées en dehors de son aire de répartition naturelle dans les districts agricoles du nord, où elle est désormais relativement nombreuse. Lynch et Watson (1990) ont aperçu un individu dans le parc national de Sehlabathebe au Lesotho, mais il s'agissait peut-être d'un individu errant du KwaZulu-Natal. L'espèce était autrefois présente dans la majeure partie de l'Angola, mais elle ne survit plus que localement.

Les grands cobes des roseaux occupent les prairies inondables et les prairies de drainage dans les savanes boisées. Les habitats les plus importants en Afrique du Sud sont les vallées dans lesquelles la couverture herbacée est haute (ou il y a une couverture herbacée appropriée) et l'eau permanente est disponible. Ils préfèrent les îlots d'herbe et évitent la végétation ligneuse. Les grands cobes des roseaux vivent jusqu'à 1 800-2 000 m d'altitude dans les montagnes du Drakensberg en Afrique du Sud.


Redunca arundinum repartition
     Répartition actuelle du grand cobe des roseaux
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CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

Le grand cobe des roseaux est un herbivore strict, dont le régime alimentaire est principalement composé d'herbes fraîches et de plantes aquatiques. Il privilégie les espèces végétales des zones humides et des prairies inondables, notamment des graminées tendres, qui constituent l’essentiel de son alimentation. Il consomme également des jeunes pousses et des feuilles lorsque la disponibilité en herbe est réduite.

Son régime est très dépendant de la saison. Pendant la saison des pluies, il bénéficie d’une abondance de végétation fraîche et nutritive. En revanche, pendant la saison sèche, lorsque l’herbe devient plus rare, il peut se rabattre sur des plantes plus coriaces et parfois sur des herbes plus sèches.

Le grand cobe des roseaux a une forte dépendance à l’eau. Il boit fréquemment, parfois plusieurs fois par jour, et reste généralement à proximité des sources d’eau. Il n’est pas aussi résistant à la sécheresse que d'autres antilopes africaines comme l'oryx ou la gazelle, ce qui explique son attachement aux habitats humides.


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Grand cobe des roseaux mâle
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REPRODUCTION

Le grand cobe des roseaux suit un cycle de reproduction saisonnier, influencé par les conditions environnementales et la disponibilité des ressources alimentaires. La période de reproduction atteint généralement son pic en fin de saison des pluies, moment où la nourriture est abondante, favorisant ainsi la gestation et la croissance des jeunes.

La gestation dure environ 7 à 8 mois, après quoi la femelle met bas un unique petit, bien qu’il soit exceptionnellement possible d’observer des naissances de jumeaux. Les naissances ont lieu dans des zones de végétation dense, où le petit peut rester caché des prédateurs pendant ses premières semaines de vie. À la naissance, le nouveau-né pèse entre 5 et 7 kg et est recouvert d’un pelage plus clair que celui des adultes. Il reste caché dans les herbes hautes pendant les premiers jours, ne se déplaçant que lorsque sa mère revient pour l’allaiter. L’allaitement dure environ 4 à 6 mois, bien que le jeune commence à consommer de l’herbe dès l’âge de quelques semaines.

Les jeunes cobes atteignent leur maturité sexuelle entre 18 et 24 mois, bien que les mâles ne puissent généralement pas se reproduire avant d’avoir atteint au moins 3 à 4 ans, âge auquel ils sont capables de défier les mâles dominants pour obtenir un territoire et des femelles.

La longévité du grand cobe des roseaux varie en fonction des conditions environnementales, des menaces naturelles et des soins apportés en captivité. Dans la nature, cette antilope vit généralement entre 10 et 12 ans, bien que certains individus puissent atteindre jusqu’à 15 ans dans des conditions optimales. En captivité, où elle est protégée des menaces et bénéficie d’une alimentation stable, sa longévité peut s’étendre jusqu’à 18 ans.


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Grand cobe des roseaux femelle
© Dominique Mignard - Mammifères Africains
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COMPORTEMENT

Le grand cobe des roseaux est une espèce diurne, active principalement tôt le matin et en fin d’après-midi, évitant les heures les plus chaudes de la journée. Il est généralement grégaire, vivant en petits groupes familiaux de 5 à 15 individus, bien que des rassemblements plus importants puissent se former dans les zones riches en ressources.

Le mâle adulte est territorial et défend farouchement son domaine contre les autres mâles. Il marque son territoire en grattant le sol, en frottant ses glandes faciales contre la végétation et en urinant. Les combats entre mâles peuvent être intenses, bien que souvent ritualisés. Ils consistent en des affrontements où les adversaires s’empoignent avec leurs cornes dans des démonstrations de force. Le vainqueur obtient le droit de s’accoupler avec les femelles présentes sur son territoire.

En cas de menace, le grand cobe des roseaux adopte une posture d’alerte, dressant la tête et les oreilles tout en restant immobile pour évaluer le danger. Il émet un sifflement d’alarme en cas de menace imminente, alertant ainsi les autres membres du groupe. Lorsqu’il est poursuivi, il peut effectuer des bonds rapides et imprévisibles pour semer ses prédateurs.


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Portrait du grand cobe des roseaux
© Bernard Dupont - Flickr
CC-BY-SA (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Le grand cobe des roseaux occupe principalement des zones humides et des prairies ouvertes, où il est exposé à de nombreux prédateurs. Sa position dans la chaîne alimentaire en fait une proie privilégiée pour plusieurs grands carnivores africains.

* Lions : En tant que superprédateur, le lion (Panthera leo) est l’un des principaux ennemis du grand cobe des roseaux. Il chasse surtout les individus adultes, bien que les jeunes puissent également être ciblés si les opportunités se présentent.

* Léopards : Le léopard (Panthera pardus) est un félin opportuniste qui s'attaque principalement aux jeunes cobes et aux individus malades ou affaiblis. Grâce à sa capacité à évoluer dans des environnements boisés proches des marécages, il constitue une menace constante.

* Guépards : Bien qu’il privilégie les proies plus petites comme les gazelles, le guépard (Acinonyx jubatus) peut s’attaquer aux jeunes cobes des roseaux, surtout dans les zones de savane ouvertes.

* Hyènes tachetées : Dotée d’une mâchoire puissante et d’une stratégie de chasse collective, la hyène tachetée (Crocuta crocuta) est capable de s’attaquer aux adultes. Elle cible également les jeunes isolés ou affaiblis.

* Lycaons : Le lycaon (Lycaon pictus) est un chasseur en meute extrêmement efficace. Son endurance et sa coopération lui permettent de capturer des cobes adultes, notamment en les poursuivant sur de longues distances.

* Chacals : Moins puissants que les autres prédateurs, les chacals (Canis mesomelas, Canis adustus) sont des charognards et opportunistes qui s’attaquent principalement aux jeunes cobes, aux veaux abandonnés ou aux individus blessés.

* Crocodiles du Nil : Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) est l’un des prédateurs les plus redoutables du grand cobe des roseaux. Étant donné que cette antilope est fortement dépendante des zones humides, elle est régulièrement exposée aux attaques des crocodiles lorsqu'elle s’abreuve ou traverse des cours d’eau. Ces grands reptile ciblent aussi bien les jeunes que les adultes.

* Aigles martiaux : L'aigle martial (Polemaetus bellicosus) est un puissant rapace capable de capturer et de tuer de jeunes cobes des roseaux, notamment ceux qui restent cachés dans la végétation après la naissance.

* Pygargues vocifères : Moins fréquent que l’aigle martial, le pygargue vocifère (Haliaeetus vocifer) s’attaque principalement aux jeunes et aux individus affaiblis.


Grand cobe des roseaux iSimangaliso Wetland Park
Grand cobe des roseaux au iSimangaliso Wetland Park
© Bernard Dupont - Flickr
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MENACES

Le grand cobe des roseaux est particulièrement vulnérable à la chasse car il est lent et d'une taille pratique pour être chassé par des chiens et transporté par un ou quelques chasseurs. Il préfère également les habitats bien arrosés qui sont attrayants pour l'implantation agricole. Des déclins et des extinctions ont été documentés dans de nombreuses régions d'Afrique australe et il a été éradiqué dans une grande partie de son aire de répartition d'origine.


CONSERVATION

Le grand cobe des roseaux n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN et n'a aucun statut spécifique dans les annexes de la CITES.

Environ 60 % de ce total estimé se trouve dans des zones protégées et 13 % sur des terres privées. Les principales populations se trouvent dans des parcs nationaux tels que Selous (Tanzanie), Kafue (Zambie), Nyika (Malawi), Gorongosa (Mozambique), Okavango (Botswana) et Kruger et Eastern Shores (Afrique du Sud).


Grand cobe des roseaux zoo de Johannesburg
Grand cobe des roseaux au zoo de Johannesburg
© Wolfgang Dreier - BioLib
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TAXONOMIE

Le grand cobe des roseaux appartient au genre Redunca, qui comprend également deux autres espèces : le cobe de montagne (Redunca fulvorufula) et le cobe des roseaux (Redunca redunca). Ces trois espèces partagent des caractéristiques morphologiques et écologiques communes, bien qu'elles occupent des habitats distincts.

Décrit pour la première fois par Pieter Boddaert en 1785. Cependant, il est important de noter que des divergences existent dans la littérature scientifique concernant l'attribution de la description de cette espèce. Certaines sources attribuent la description à Johann Christian Daniel von Schreber en 1777, tandis que d'autres l'attribuent à Pieter Boddaert en 1785. Ces divergences peuvent résulter de différentes interprétations des publications historiques ou de variations dans les systèmes de nomenclature utilisés à l'époque.

Des études phylogénétiques récentes basées sur l’ADN ont confirmé que le grand cobe des roseaux est plus étroitement lié au cobe des roseaux que au cobe de montagne qu'à celui de montagne, bien que des hybridations aient pu se produire dans certaines zones de contact. Cette classification continue d’être affinée grâce aux avancées en biologie moléculaire et à l’analyse des populations.

Le grand cobe des roseaux est une espèce relativement homogène sur le plan morphologique et écologique, et il ne présente pas de sous-espèces officiellement reconnues. Cependant, des variations géographiques existent à travers son aire de répartition en Afrique de l'Est, centrale et australe, ce qui a conduit certains chercheurs à suggérer la possibilité de sous-populations distinctes.


Southern reedbuck
En anglais, le grand cobe des roseaux est appelé Southern reedbuck
© Daniel Branch - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communGrand cobe des roseaux
Autre nomCobe des roseaux du Sud
English nameSouthern reedbuck
Español nombreRedunca meridional
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleReduncinae
GenreRedunca
Nom binominalRedunca arundinum
Décrit parPieter Boddaert
Date1785



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

VOIR AUSSI


* Cobe des roseauxCobe des roseauxCobe des roseaux (Redunca redunca)

* Cobe de montagneCobe de montagneCobe de montagne (Redunca fulvorufula)


SOURCES

African Wildlife Foundation (AWF)

Arkive

Bernard Dupont - Flickr

BioLib

iNaturalist

Kenya Wildlife Service (KWS)

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammifères Africains

South African National Biodiversity Institute (SANBI)

South Africa Online

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

Ultimate Ungulate

Estes, R. D. (1991). Princeton University Press.The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals.

Wilson, D. E., & Mittermeier, R. A. (2011). Handbook of the Mammals of the World, Vol. 2: Hoofed Mammals. Lynx Edicions.

Moodley, Y., Bruford, M. W. (2007). Molecular biogeography: towards an integrated framework for conserving Pan-African biodiversity. PLOS ONE.