Gazelle dama (Nanger dama)
La gazelle dama (Nanger dama) est une espèce de gazelle appartenant à la famille des bovidés dans le genre Nanger. Ce mammifère habite principalement les savanes et les déserts d'Afrique du Nord, en particulier dans la région saharienne et les zones semi-arides du Sahel. C'est un animal remarquable, reconnu pour sa beauté et sa grâce. Son étude permet de mieux comprendre les dynamiques écologiques et comportementales des grandes espèces herbivores dans un environnement hostile.

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La gazelle dama est une espèce élégante, de taille moyenne et bien adaptée à son habitat désertique. Elle présente un corps mince et agile, idéal pour la course dans des environnements difficiles. Le pelage de la gazelle dama est généralement beige ou sable clair, avec des taches blanches sur le ventre, les pattes et autour de la bouche, ce qui lui permet de se camoufler dans son environnement naturel. Les taches foncées sur la partie supérieure du corps et la tête contrastent avec la couleur claire du pelage, offrant une protection supplémentaire contre les prédateurs.
Les adultes mesurent entre 70 et 100 cm au garrot et pèsent entre 40 et 70 kg, les mâles étant généralement plus grands que les femelles. Ils possèdent des cornes fines et incurvées qui peuvent atteindre une longueur de 35 à 50 cm chez les mâles adultes. Les cornes de la gazelle dama sont généralement plus développées chez les mâles, un trait qui est commun parmi les espèces de gazelles, servant à défendre leur territoire et à dissuader les autres mâles. Ces cornes peuvent aussi être utilisées dans des combats rituels entre mâles lors de la période de reproduction.
Les membres de la gazelle dama sont longs et fins, ce qui lui permet de courir rapidement pour échapper à ses prédateurs. Les sabots, comme chez toutes les gazelles, sont adaptés pour la course, permettant à l'animal de se déplacer avec une grande agilité et rapidité sur des terrains accidentés et sablonneux.

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Autrefois répandue dans les zones du Sahara et du Sahel, mais son aire de répartition et son nombre ont été extrêmement réduits. La gazelle dama est aujourd'hui probablement éteinte au Maroc et en Algérie. En Tunisie, on pense qu'elle était présente dans le sud et qu'elle a disparu avant le XXe siècle. Il existe des signalements historiques de gazelles dama dans l'extrême sud de la Libye, ce qui pourrait représenter un mouvement d'animaux vers le nord depuis les montagnes du Tibesti, mais aucune preuve récente.
Au sud du Sahara, la gazelle dama a été observée dans toute la zone sahélienne, du nord du Sénégal au Soudan. Elle était autrefois présente au Sénégal uniquement pendant la saison sèche, ou les périodes de sécheresse, et on pense qu'elle est éteinte en Mauritanie et dans les zones sahéliennes du nord-est du Nigéria et du nord du Burkina Faso où elle a déjà été observée, quoique rarement. Il n'existe aucune observation récente confirmée au Soudan, bien qu'East (1999) ait mentionné qu'elle pourrait encore être présente à faible densité dans le Darfour-Nord et le Kordofan-Nord.
Depuis 2000, des gazelles dama n'ont été signalées que dans cinq sites : le sud du Tamesna, l'est du Mali (dernier enregistrement en 2006); le massif de l'Aïr et la réserve naturelle nationale de Termit/Tin Toumma au Niger, et la région de Manga et la réserve de faune d'Ouadi Rimé Ouadi Achim au Tchad. Une grande partie de l'ancienne aire de répartition n'a pas été étudiée ces dernières années en raison de l'instabilité politique et du manque de sécurité, et il existe une très faible possibilité que de petits groupes persistent ailleurs. Des rapports locaux non confirmés suggèrent que de petites populations pourraient exister dans deux autres endroits, mais comme les gazelles dama effectuent des déplacements sur de longues distances, les "nouveaux" petits groupes pourraient représenter des nomades et non des sous-populations distinctes.
La gazelle dama habite les prairies sahéliennes, les savanes peu boisées et les steppes subdésertiques à végétation d'acacias et de panicules. Elle évite généralement les zones vraiment sablonneuses, mais fréquente les basses montagnes et les plateaux montagneux, probablement comme refuge. Dans le sud du Maroc, on l'a trouvé dans des zones sans acacias, mais avec une couverture arbustive dense.

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La gazelle dama est un mammifère herbivore strict, se nourrissant principalement de plantes herbacées, de feuillage et de jeunes pousses. Adaptée aux conditions difficiles de son habitat désertique, elle peut survivre avec très peu d'eau, obtenant une grande partie de son hydratation à partir des plantes qu'elle consomme. Ce bovidé est capable de se nourrir de variétés de végétation adaptées à des conditions arides, telles que les graminées et les arbustes épineux, qu'il mange en grande quantité pour satisfaire ses besoins énergétiques.
En période de sécheresse, la gazelle dama peut alterner son régime alimentaire, mangeant également des graines et des fruits provenant des plantes succulentes, qui possèdent plus d'humidité. Cela lui permet de survivre dans des environnements où d'autres herbivores échoueraient. La capacité de la gazelle dama à s'adapter à des conditions alimentaires variables lui donne un avantage comparatif dans des paysages où les ressources végétales sont souvent sporadiques et limitantes.
Le régime alimentaire de la gazelle dama varie également selon les saisons. Durant les mois plus secs, elle peut se nourrir d'herbes sèches et d'écorces, tandis qu'en saison plus humide, elle peut accéder à une plus grande variété de végétation verte et nutritive. En raison de sa dépendance à une végétation parfois rare et de la compétition avec d'autres espèces herbivores, la gazelle dama peut également migrer sur de longues distances à la recherche de nouvelles zones de pâturage. Ces déplacements sont souvent dictés par les conditions climatiques et la disponibilité des ressources alimentaires.

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La reproduction de la gazelle dama est marquée par une période de rut, durant laquelle les mâles rivalisent pour l'attention des femelles. La saison de reproduction dépend largement des conditions climatiques et de la disponibilité des ressources alimentaires, mais elle se situe généralement dans les mois plus frais, lorsque les conditions de survie sont les meilleures pour les jeunes gazelles à naître.
La gestation chez la gazelle dama dure environ six mois, et la femelle donne naissance à un seul petit à la fois. Les naissances ont lieu principalement pendant les périodes où les ressources alimentaires sont plus abondantes, afin de maximiser les chances de survie des petits. Les nouveau-nés pèsent environ 3 à 4 kg à la naissance, et leurs premières semaines de vie sont critiques. Les jeunes sont extrêmement vulnérables et doivent être protégées des prédateurs et du stress environnemental.
La mère, après avoir donné naissance, s'occupe exclusivement de son petit pendant les premiers mois. Pendant cette période, le jeune gazelle dépend entièrement du lait maternel pour sa croissance et son développement. À mesure qu'il grandit, il commence à introduire des herbes et des plantes dans son alimentation, mais le lait reste une source importante de nutrition jusqu'à l'âge de six mois environ. Les jeunes sont sevrées progressivement, mais cela dépend des conditions et des ressources alimentaires.
Les mâles et les femelles atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de 12 à 18 mois, mais les mâles ne participent généralement à la reproduction avant d'atteindre l'âge de deux ans ou plus. La durée de vie moyenne de la gazelle dama en milieu naturel est d'environ 10 à 12 ans, bien que cette durée puisse être réduite en raison des prédateurs ou de facteurs environnementaux.

Source: BIOPARC Valencia
La gazelle dama est principalement un animal diurne, actif durant la journée et se reposant la nuit, bien que certaines populations puissent présenter une activité accrue pendant les périodes de chaleur extrême, lorsque la température est plus supportable. Elle vit en petits groupes, souvent composés de quelques individus, mais peut former des groupes plus importants pendant les périodes de reproduction ou lorsque les ressources sont abondantes. Les groupes sont généralement composés de femelles et de leurs jeunes, tandis que les mâles adultes tendent à vivre solitairement ou à former des groupes de mâles.
Les gazelles dama ont un comportement social complexe, marqué par des interactions régulières entre les individus, notamment dans le cadre des combats de dominance entre mâles pour l'accès aux femelles. Ces interactions peuvent inclure des postures de soumission, des combats physiques, et des démonstrations de force. Ces comportements sont essentiels dans la hiérarchie sociale et la sélection des partenaires pour la reproduction.
Elles ont une stratégie de défense principalement basée sur leur capacité à courir rapidement, en utilisant la vitesse et l'agilité pour échapper à tout danger. Leur habileté à courir à grande vitesse, atteindre des vitesses allant jusqu'à 80 km/h, fait d'elles des animaux extrêmement difficiles à capturer pour les prédateurs. Le sens de l'olfaction est également un facteur important pour détecter les menaces. Les gazelles dama, comme de nombreuses autres espèces, utilisent des stratégies d'évasion pour éviter la confrontation directe, et elles s'échappent souvent à la moindre alerte de danger. La vigilance au sein du groupe est également un comportement clé qui permet à ces animaux de survivre dans un environnement où les prédateurs sont fréquents.

Auteur: Ltshears - Wikimedia Commons

Les prédateurs de la gazelle dama comprennent plusieurs carnivores africains qui ont évolué pour capturer des proies rapides et agiles comme les gazelle. La gazelle dama, étant une proie de taille moyenne et plutôt fragile en raison de son habitat difficile, doit constamment faire face à des prédateurs de grande taille qui la menacent de manière significative, notamment les grands félins et les hyènes. Cependant, grâce à sa rapidité et ses comportements d'évasion, elle parvient à échapper à la majorité de ses ennemis dont voici les principaux :
* Lion (Panthera leo) : Le lion est l'un des prédateurs les plus redoutables de la gazelle dama, en particulier dans les régions où les deux espèces coexistent, comme dans les savanes et les zones semi-arides de l'Afrique. Bien que les lions préfèrent généralement des proies plus grandes, comme les antilopes ou les zèbres, ils attaquent également des gazelles, particulièrement les jeunes, les faibles ou les individus malades. Les gazelles dama sont assez rapides et agiles pour fuir un lion si elles ont suffisamment d'espace pour s'échapper.
* Guépard (Acinonyx jubatus) : Le guépard est un prédateur particulièrement dangereux pour la gazelle dama, car il est l'un des animaux terrestres les plus rapides au monde, capable d'atteindre des vitesses de 100 km/h en de courtes distances. Le guépard utilise sa vitesse fulgurante pour chasser des proies plus petites et rapides comme la gazelle dama. Ce félin chasse généralement seul ou en petits groupes, et sa méthode consiste à courir à grande vitesse pendant de courtes périodes pour rattraper et saisir sa proie, généralement en l'attaquant au niveau des jambes pour la faire tomber. Bien que la gazelle dama puisse échapper à un guépard sur une longue distance grâce à sa propre agilité, sa capacité à se faufiler dans des terrains difficiles est essentielle pour éviter ce prédateur.
* Hyène tachetée (Crocuta crocuta) : Les hyènes tachetées sont des chasseuses opportunistes et des charognards qui représentent également une menace pour la gazelle dama. Bien qu'elles soient principalement connues pour leur comportement de charognard, les hyènes chassent activement lorsque l'occasion se présente. Elles chassent souvent en groupes organisés et peuvent capturer des proies plus petites, comme les gazelles, en utilisant des techniques de harcèlement et de travail d'équipe.
* Léopard (Panthera pardus) : Le léopard est un prédateur opportuniste et solitaire, qui attaque généralement des proies plus petites et plus vulnérables que celles ciblées par les lions ou les guépards. Bien qu'il préfère des proies comme les impalas ou les babouins, il chasse parfois des gazelles, y compris la gazelle dama, en particulier lorsqu'il chasse seul. Son approche discrète, en utilisant des techniques de camouflage et des attaques rapides, fait de lui un chasseur efficace.
* Chacal doré (Canis aureus) : Bien que le chacal doré ne soit pas aussi redoutable que les grands félins, il représente tout de même une menace pour les jeunes gazelles ou les individus malades et vulnérables. Les chacals sont des prédateurs plus petits, mais ils sont très intelligents et peuvent attaquer en meutes, ce qui les rend plus efficaces pour capturer des proies fragiles comme les jeunes gazelles. Ils peuvent également se nourrir de charognes, mais la chasse active est courante, surtout en période de pénurie alimentaire.
* Rapaces : Outre les grands carnivores mentionnés, la gazelle dama peut être menacée par d'autres prédateurs opportunistes. Parmi ceux-ci, on trouve des rapaces tels que les aigles et les vautours, qui peuvent attaquer des jeunes gazelles vulnérables lorsqu'elles sont trop faibles ou séparées de leur groupe.

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Les principales menaces pesant sur cette espèce sont la chasse incontrôlée (par les nomades, les militaires et autres) et la perte et la dégradation de l'habitat dues au surpâturage par le bétail domestique et à l'expansion de l'élevage due à la construction de puits forés qui permettent aux éleveurs de rester sur place toute l'année. La sécheresse prolongée a également un impact sur la qualité des pâturages.

Source: Bioparc - Zoo de Doué la Fontaine
La gazelle dama est considérée comme une espèce extrêmement menacée. Elle est inscrite dans la catégorie "En danger critique" (CR) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe I de la CITES et de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS).
Trois des cinq populations sauvages existantes se trouvent dans des aires protégées : Ouadi Rimé-Ouadi Achim, Termit-Tin Toumma NNR et Aïr-Ténéré NNR. L'insécurité a affecté toutes ces populations à un moment donné et empêche toujours les déplacements vers les sites au Niger.
Des gazelles dama en captivité ont été relâchées dans des enclos clôturés sur six sites (bien que deux de ces opérations aient échoué) pour la reproduction en captivité ou dans le cadre de programmes de réintroduction à long terme : Maroc (Safia, R'Mila; Sous-Massa : disparu); Tunisie (Bou-Hedma : seulement 3 mâles) et Sénégal (Guembeul et Ferlo Nord, Katané). Aucune de ces populations n'est encore considérée comme une "réintroduction complète dans la nature". Au total, il y en a environ 250. Environ 550 individus sont détenues dans des zoos dans le cadre de programmes d'élevage contrôlé et on estime qu'il y en a 900 dans les ranchs du Texas.

Crédit photo: Alex Kantorovich - Zooinstitutes
La gazelle dama est une espèce d'antilope appartenant à la famille des Bovidae, et plus précisément au genre Nanger, qui regroupe plusieurs espèces de gazelles africaines. Cette espèce a été longtemps classée sous le genre Gazella, mais des études récentes ont conduit à sa reclassification dans le genre Nanger, en raison de différences morphologiques et génétiques.
Le nombre de sous-espèces ainsi que leur validité est encore débattue de nos jours. Actuellement, trois sous-espèces sont reconnues par certains des organismes :
- Nanger dama dama (gazelle dama du Sahel) : originaire des régions sahéliennes du Mali, du Niger et du Tchad.
- Nanger dama mhorr (gazelle dama de Mhorr) : Historiquement présente dans l'ouest du Sahara, en Mauritanie et au Maroc. Aujourd'hui, elle survit grâce à des programmes de réintroduction en Afrique du Nord et en Europe (notamment en Espagne).
- Nanger dama ruficollis (gazelle dama à cou roux) : On la trouve historiquement dans des régions allant du Niger au Soudan, en passant par le Tchad.
Bien que ces trois sous-espèces aient été décrites historiquement, certaines études génétiques récentes suggèrent que les différences entre elles sont limitées et qu'elles pourraient ne pas justifier une distinction au niveau sous-spécifique. Certains chercheurs considèrent que les variations observées (taille, coloration, courbure des cornes) sont principalement dues à l’adaptation locale et à la fragmentation des populations plutôt qu'à une réelle séparation génétique. L'IUCN reconnaît aujourd'hui officiellement deux sous-espèces : Nanger dama dama et Nanger dama mhorr. Cependant, la distinction de Nanger dama ruficollis reste encore utilisée dans certaines publications et bases de données zoologiques.

Auteur: Magalhães - Wikimedia Commons

Nom commun | Gazelle dama |
English name | Dama gazelle Addra Gazelle |
Español nombre | Gacela dama |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Antilopinae |
Genre | Nanger |
Nom binominal | Nanger dama |
Décrit par | Peter Simon Pallas |
Date | 1766 |
Satut IUCN | ![]() |
Bioparc - Zoo de Doué la Fontaine
Liste rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals (2nd ed.). Academic Press.
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