Ours polaire (Ursus maritimus)
L’ours polaire (Ursus maritimus) est un ursidéLes ursidés (Ursidae) que l'on trouve dans les régions arctiques. Il est, avec l'ours kodiak, le plus grand des carnivores terrestres figurant au sommet de la chaîne alimentaire. L’ours polaire est également appelé Ours blanc.
Doté d’un corps massif caractéristique et d’un long cou, l’ours polaire est considéré comme étant le plus gros carnivore terrestre. Un mâle adulte mesure entre 2,40 et 2,60 m de long pour un poids compris entre 500 et 600 kg. La femelle est deux fois plus petite que le mâle pesant entre 200 à 300 kg. L’ours polaire mâle atteint sa taille adulte vers l’âge de 8 ou 10 ans alors que la femelle cesse de grandir vers l’âge de 5 ou 6 ans. Une femelle gravide, c’est-à-dire qui va donner naissance, peut peser de 400 à 500 kg juste avant d’entrer dans sa tanière de mise bas à l’automne. Le record de poids pour un ours polaire recensé est actuellement de 1 102 kg
L’ours polaire possède un corps plus long que celui de l’ours brun. Son cou et son crâne sont plus longs, mais ses oreilles sont plus petites. Comparé à l’ours brun qui a un profil concave, l’ours polaire a un museau proéminent. Les canines sont larges, et les surfaces de broyages de ses dents jugales sont irrégulières, ce qui témoigne de son adaptation à un régime carné. Les griffes de cet ours sont brunâtres, courtes, assez droites, très pointues et non rétractiles.
L’ours polaire est immédiatement reconnaissable à sa fourrure blanche qui lui permet un bon camouflage dans le paysage arctique. La fourrure blanche des adultes semble de couleur crème à jaune contre la blancheur éblouissante de leur habitat, la banquise arctique. Elle semble blanche, et peut jaunir de l’oxydation du soleil. Les poils du manteau externe de l’ours sont transparents et creux. La fourrure et la peau sont huileuses et très hydrofuges, ainsi elles peuvent facilement évacuer l’eau et sécher très rapidement. À la différence d’autres mammifères arctiques, tels que le renard polaire, l’ours blanc ne change pas son pelage pour une couleur plus foncée en été. Sous son pelage blanc, l’ours polaire a une peau complètement noire ce qui lui permet d’absorber l’énergie lumineuse de façon optimale.
L’ours polaire peut vivre jusqu’à 35 ans à l’état sauvage. Il ne dépasse généralement pas les 25 ans. On estime que la mortalité adulte annuelle varie entre 8 et 16 %. En captivité, une femelle de 45 ans était encore vivante au zoo de Detroit en 1999.
L’ours polaire a principalement recours à son odorat sensible durant la chasse. Il peut localiser les trous d’aération des phoques, couverts d’une couche de glace et de neige d’une épaisseur de 90 cm ou plus situés à une distance pouvant parfois atteindre un kilomètre. Sa vue et son ouïe sont apparemment similaires à celles de l’être humain.
Généralement, l’ours polaire se déplace lentement et à grands pas à une vitesse de 5 ou 6 km/h. Il peut atteindre la vitesse de 40 km/h en pleine course. Un ours immature peut courir rapidement sur une distance de 2 km, alors qu’un ours plus âgé aura tendance à s’épuiser plus rapidement en raison de sa masse de graisse plus imposante qui entraîne une trop grande augmentation de leur température corporelle.
L’ours polaire un très bon nageur. Pour nager, il n’utilise que les pattes antérieures comme rames, tandis que les pattes postérieures lui servent de gouvernail pour se diriger. Ce n’est pas un champion de l’apnée, mais peut rester sous l’eau pendant plus d’une minute et il garde les yeux ouverts lors de ses plongées.
L’ours polaire préfère ordinairement les territoires comprenant une combinaison adéquate de banquises, d’eau libre et de terre ferme. La banquise lui sert de refuge et d’aire de chasse, tandis que l’eau lui permet d’atteindre sa proie favorite lorsque, souvent présents en grand nombre, les phoques remontent à la surface. Enfin, la terre ferme lui permet de s’abriter, et il peut y établir sa tanière et compléter son approvisionnement alimentaire quand les phoques viennent à se raréfier ou s’il éprouve le besoin de se nourrir de végétaux. C’est un mammifère maritime plutôt que marin, considéré comme indigène de la côte de l’océan Arctique. Il y a ordinairement des phoques annelés dans tout son habitat, mais il ne vit pas dans toutes les régions fréquentées par ceux-ci.
L’ours blanc est présent dans toutes les régions côtières de l’Arctique circumpolaire. Bien qu’il fréquente rarement la zone de glace de plusieurs années de la banquise couvrant le centre du bassin polaire, on a déjà signalé sa présence très au nord, à 88º de latitude nord. Parfois, on l’observe plus au sud, comme à Terre-Neuve, dans le golfe du Saint-Laurent et dans le nord de la Scandinavie (Finnmark). Les populations les plus nombreuses se trouvent sur l’île Wrangel et l’ouest de l’Alaska, le nord de l’Alaska, l’archipel arctique canadien, le Groenland, à Svalbard en Terre de François-Joseph et le centre nord de la Sibérie.
L’ours polaire est un animal classé parmi les carnivores. Il est considéré comme un mammifère marin, car son existence dépend de la mer et des phoques. Son régime alimentaire se compose surtout de phoques annelés, de phoques barbus, de phoques communs, de phoques à crête et de phoques du Groenland. Dans certains cas, il peut aussi s’en prendre aux morses, bélugas ou encore aux narvals.
En avril et en mai, l’ours polaire chasse les petits phoques annelés ou blanchons qu’il attrape dans leur tanière de naissance sous les amoncellements de neige qui couvrent les trous d’air des phoques. Quand l’ours a repéré une de ces cachettes, il s’avance silencieusement puis bondit d’un seul coup pour enfoncer la neige qui recouvre l’abri de la proie. L’ours polaire dévore surtout la graisse et la peau de ses victimes laissant aux charognards une bonne partie de la viande. Les jeunes phoques et leurs mères constituent la composante principale du régime printanier des ours blancs, sauf pour les oursons qui sont allaités.
En été, les ours polaires de certaines régions doivent s’en retourner vers la terre ferme. Ne pouvant chasser le phoque, ils vivent surtout de leurs réserves de graisse et essayent de conserver leur énergie en restant inactif plus de 80 % du temps. Les charognes ne sont plus boudées et ils mangent de l’herbe et des baies. Il a déjà été observé des ours plongeant pour cueillir du varech ou pour attraper des oiseaux en mer. Il existe peu de cas d’ours ayant tué ou mangé un caribou ou un bœuf musqué. En tant que prédateur carnivore et consommateur de poissons, l’ours polaire ingère de grandes quantités de vitamine A, qui sont stockées dans son foie.
Chez l’ours polaire, les mâles et les femelles atteignent leur maturité sexuelle à l’âge de 4 ou de 5 ans. L’accouplement a lieu pendant les mois d’avril et de mai, lorsque les ours blancs chassent les phoques sur la banquise. Cependant, comme pour les autres espèces d’ours, l'œuf fécondé ne s’implantera dans l’utérus et commencera à se développer qu’entre la mi-septembre et la mi-octobre.
La mère creuse sa tanière sur le versant sud de collines ou de vallées où les vents dominants du nord forment d’épais bancs de neige. La taille de l’abri varie, pouvant atteindre jusqu’à 2,40 m de largeur, 3,00 m de longueur et 1,20 m de hauteur. Quand ces tanières sont occupées, leur température peut être supérieure de 20°C par rapport à l’air extérieur.
Les naissances ont lieu entre la fin du mois de novembre et au début du mois de janvier, selon la latitude, après environ 6 mois de gestation. Dans la majorité des cas, une ourse polaire donne naissance à 1 ou 2 deux petits. Lorsque les conditions alimentaires ont été bonnes et que les femelles peuvent accumuler beaucoup de graisse avant de préparer leur tanière, on peut alors observer des portées composées de 3 petits. Des portées de 4 oursons peuvent voir le jour, mais en de très rares occasions.
À la naissance, un ourson polaire ne mesure que 25 cm de longueur environ et pèse moins de 1 kg. Il a les yeux fermés et sa peau est recouverte de poils si fins que certaines descriptions antérieures indiquaient qu’ils étaient nus. L’ourson ne quittera la tanière que vers la fin du mois de février et la mi-mars. Les premières ballades ne se résument qu’à un petit dégourdissement des jambes et leur permet de s’habituer au froid polaire. La famille restera près de l’abri familial durant les 2 prochaines semaines avant de commencer un très long voyage sur la banquise.
Les jeunes oursons resteront près de leur mère pendant 2 ans puis elle les chassera. Dans la plupart des régions, les oursons restent avec leur mère durant deux ans et demi de telle sorte que les femelles ne peuvent habituellement avoir une nouvelle portée que tous les 3 ans. Ce rythme de reproduction très lent explique pourquoi les populations réduites prennent tant de temps à se rétablir. La première année d’indépendance est sans doute la période la plus difficile de la vie d’un ours blanc. En effet, ces techniques de chasse sont encore inefficaces et il est probable que des ours plus gros s’emparent des rares phoques qu’il parviendra à capturer.
L’ours polaire est bien adapté à son milieu. Son épais pelage d’hiver, composé de jarres lustrés et d’un duvet dense, de même que ses épaisses couches de graisse sous la peau le protègent du froid. L’eau glisse sur les jarres, et, après une baignade, l’ours blanc, à la façon d’un chien, se secoue pour ne pas trop prendre froid. Les poils de sa fourrure sont translucides et réfléchissent le rayonnement solaire jusqu’à la peau noire qui absorbe la chaleur.
La fourrure blanche de l’ours polaire lui sert aussi de camouflage. Ce prédateur est d’ailleurs très habile pour se dissimuler, que ce soit sur terre, dans l’eau ou derrière les crêtes de glace sur la banquise, ce qui le sert bien quand vient le temps de chasser ou de fuir les chasseurs. Il a sur la plante des pieds de petites protubérances et cavités qui agissent comme des ventouses et l’aident à ne pas glisser sur la glace.
On estime la population d’ours polaire dans le monde à 20 000 ou 25 000 individus. L’ours polaire est inscrit sur la Liste rouge des espèces menacées de l’IUCN. En 1996, l’espèce était inscrite dans la catégorie Quasi menacé (NT). Le 14 mai 2008, l’ours polaire entrait malheureusement dans la catégorie vulnérable (VU).
En raison du changement climatique provoqué par le réchauffement global, la calote de glace sur lequel les ours blancs comptent pour leur survie fond à une vitesse sans précédent. L’ours polaire pourrait être conduit à l’extinction par le réchauffement global dans un délai de 100 ans à moins qu’il soit capable d’adopter un comportement semblable à celui de l’ours brun.
On estime que l’ours polaire pourrait disparaître d’ici un siècle à cause d’une réduction de la superficie et de la qualité de son habitat. L’United States Geological Survey (USGS) a publié une étude sur les ours polaires : si la fonte de la banquise dans l’Océan Arctique se poursuit, leur population mondiale, estimée à 22 000 individus, diminuera des deux tiers d’ici à 2050.
L’habitat des ours polaires est naturellement limité par l’étendue de la banquise et des plaques de glace dérivantes dont ils se servent comme plate-forme pour la chasse aux phoques. Leur survie est menacée par le réchauffement climatique qui restreint leur habitat en faisant fondre la banquise. Aucune solution alternative, telle que l’introduction de l’ours polaire en Antarctique, n’est actuellement pas envisagée.
Plusieurs cas de noyade, de cannibalisme ou encore d’individus à problème (des ours cherchant de la nourriture auprès des communautés humaines arctiques) ont été rapportés dans plusieurs régions où vivent les ours.
La pollution de matières toxiques répandues dans la mer est également une cause du déclin de l’ours polaire. Ces matières toxiques sont consommées par le plancton qui est consommé par les poissons, eux-mêmes mangés par les phoques. Ces derniers étant les proies de prédilection des ours polaires. En ingérant les animaux empoisonnés, les ours s’empoisonnent lentement chaque jour un peu plus.
On peut citer également l’exploitation du pétrole et du gaz comme menaces pour les populations.
Il est déjà arrivé que des ours polaires soient tués par des morses et des loups arctiques, mais cela est rare. Il arrive peu souvent, que des mâles adultes tuent des oursons. Ce genre de cas se produit généralement pendant une longue période de jeûne et que la faim se fait ressentir. Le principal ennemi de l’ours blanc c’est le chasseur. Ces dernières années, un peu moins de 1 000 ours ont ainsi été tués chaque année, dont 600 à 700 par des chasseurs inuits et amérindiens du Canada.
Les peaux d’ours blancs non tannées se vendent de 500 à 3 000 $ selon leur taille et leur qualité. Cela peut représenter une proportion importante du revenu d’un chasseur inuit. La valeur économique annuelle de la chasse et des peaux est estimée à environ un million de dollars au Canada. Ces grands mammifères sont très recherchés comme animaux d’exposition dans les zoos.
La viande de l’ours blanc peut être consommée par l’être humain et est aussi utilisée comme nourriture pour chiens. Cependant, elle peut contenir des trichines, parasites causant une maladie appelée trichinose. De plus, il peut être dangereux pour l’être humain et les chiens de consommer du foie de cet animal en raison de ses fortes concentrations en vitamine A.
Bien que l’ours polaire ne soit pas pour l’instant menacé d’extinction, certaines menaces communes à tous les grands prédateurs pèsent sur lui : l’empiétement de l’être humain sur son habitat, la chasse illégale et la présence de contaminants toxiques dans ses proies.
Le Service canadien de la faune (SCF) étudie l’écologie de l’ours blanc depuis 1961. Ce projet de recherche nous renseigne sur la taille, les taux de croissance et de reproduction et les déplacements des populations de même que sur les taux de contamination par les produits chimiques toxiques. Le SCF siège également à deux comités nationaux permanents d’étude de l’ours blanc, dont l’un est formé de scientifiques et l’autre de cadres supérieurs. Chacun de ces comités se réunit chaque année pour examiner les nouveaux résultats des travaux de recherche et les problèmes de gestion.
On ne peut assurer la conservation de l’ours polaire sans faire appel à la collaboration internationale. Depuis 1965, un groupe international de scientifiques spécialisé dans l’étude de ce grand mammifère a coordonné les activités de recherche et de gestion le concernant dans tout l’Arctique. Cinq pays (le Canada, le Danemark, la Norvège, les États-Unis et l’ex URSS) ont signé en 1973 un accord international sur la conservation de l’ours blanc à Oslo, en Norvège. Cet accord est entré en vigueur en 1976.
Actuellement, l’ours blanc est l’un des grands mammifères arctiques les mieux gérés. Si toutes les nations limitrophes de l’Arctique continuent à être fidèles aux termes et à l’esprit de l’accord d’Oslo, l’avenir de cet animal magnifique sera assuré.
* Nanuq est le terme inuit pour l’ours blanc, mais aussi le nom d’un esprit dans la mythologie inuite. Cet ours blanc particulièrement imposant est considéré comme le chef des ours polaires.
* L’ours polaire est un animal pouvant se croiser avec le grizzly. Le croisement des 2 espèces donne naissance à un hybride appelé pizzly ou grolar. Contrairement aux autres hybrides, le pizzly peut se reproduire.
* Pour bon nombre de scientifiques, l’ours polaire est une espèce monotypique. Pourtant l’Integrated Taxonomic Information System (ITIS) reconnaît deux sous-espèces :
- Ursus maritimus maritimus
- Ursus maritimus marinus.
* L’ours polaire est le symbole de plusieurs zoos, tel que celui de Saint-Félicien au Québec ou de Berlin avec Knut (aujourd’hui décédé) ou de régions comme le Groenland.
* La pièce de monnaie canadienne de 2 dollars comporte l’image d’un ours blanc. Il a été choisi comme mascotte pour les jeux olympiques d’hiver de 1988 à Calgary et pour l’université Bowdoin.
Nom commun | Ours polaire |
Autre nom | Ours blanc |
English name | Polar bear |
Español nombre | Oso polar Oso blanco |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Carnivora |
Sous-ordre | Caniformia |
Famille | Ursidae |
Sous-famille | Ursinae |
Super-famille | Ours |
Genre | Ursus |
Nom binominal | Ursus maritimus |
Décrit par | Constantine John Phipps |
Date | 1774 |
Satut IUCN |
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
|