Le narval (Monodon monoceros) est un mammifère marin appartenant à la famille des Monodontidae avec le béluga. Ce cétacé est l'unique représentant du genre Monodon. Seuls les mâles possèdent une corne torsadée pouvant mesurer jusqu’à 3 m. Jusque vers le début du XVIIIe siècle, on pensait que les exemplaires connus de cette corne appartenaient à la légendaire licorne d’où son nom de Licorne des mers. La rareté du narval et son habitat réduit ont contribué à la persistance de cette légende.
Le narval a une forme de corps conique et un cou flexible avec un corps bleu, noir, gris et blanc moucheté devenant plus flou sur le ventre. Les mâles les plus âgés peuvent être repérés par leurs corps blancs et moucheté de noir uniquement sur le dos. Les nouveau-nés sont gris virant au brun et n’ont le corps moucheté qu’une fois avoir atteint l’âge de 2 ans.
Le narval mesure en moyenne 5 m de long pour les mâles pour un poids de 1 600 kg. Les femelles, plus petites, mesurent 4,50 m pour un poids de 1 000 kg. La tête de ce cétacé est ronde et il possède des nageoires pectorales larges et arrondies. Il n’a pas de nageoire dorsale ce qui lui facilite la nage sous la glace. Le narval a une espérance de vie comprise entre 30 et 40 ans.
Célèbre pour sa longue défense, le narval a inspiré des légendes dans beaucoup de cultures et est aujourd’hui encore vénéré à travers le monde. Ce sont les Vikings qui ont apporté les premières défenses en Europe ou peut-être les Sibériens. Ils les ont amenées au sud. Elles étaient recherchées pour leur ivoire et pour le pouvoir de neutraliser le poison. Ce sont les scandinaves qui leur ont attribué le nom de narval qui veut dire baleine mangeuses de cadavres car ils pensaient qu’ils se nourrissaient de poissons morts.
La défense lisse et blanche est normalement un attribut que l’on ne trouve que chez le mâle. Il s’agit d’une excroissance issue de la dent maxillaire gauche qui dépasse par la lèvre supérieure sous une forme en spirale. Selon une bonne majorité de la communauté scientifique, cette défense pourrait être une caractéristique sexuelle secondaire. La plus grande défense jamais mesurée avait une longueur de 2,67 m mais elle ne dépasse guère les 2 m en moyenne.
À la naissance le narval n’a pas de corne mais deux dents situées sur le maxillaire supérieur. À un an, la dent de gauche perce la lèvre supérieure et devient une défense. Elle est creuse et contient des vaisseaux sanguins. Elle saigne beaucoup quand on la coupe mais se cicatrise aussi rapidement. Elle peut se briser comme du verre. Chez certains mâles, les deux dents vont se développer et ainsi former chacune une défense. Une seule femelle à deux défenses a été recensée à ce jour.
HABITAT
Le narval est un mammifère marin vivant exclusivement dans les eaux froides de l’Arctique. On l’observe très rarement au sud du 65e degré de latitude. Par contre, il pénètre bien plus au nord des mers et océans que n’importe quel autre cétacé.
La plus grande concentration de narval se trouve dans l’Arctique canadien oriental et au Groenland occidental. Il est surtout répandu dans le détroit de Davis, entre le Groenland et l’île de Baffin. Le narval peut néanmoins être observé dans les eaux d’Islande, de Svalbard, d’Alaska et de Russie.
Bien que l’on ait toujours pensé que le narval évolue traditionnellement en eau profonde, ce cétacé nage dans toutes les profondeurs demeurant tout de même près des banquises.
ALIMENTATION
En été, le narval se nourrit principalement de poissons. Le cabillaud arctique (Arctogadus glacialis) ainsi que la morue polaire (Boreogadus saida) sont les principales proies de ce cétacé. Il complète son régime alimentaire avec des calmars. En automne, par contre, seule une espèce de calmars (Gonatus fabricii) sert de proie au narval.
Pendant les autres périodes de l’année, le bol alimentaire du narval se constitue de flétans du Groenland (Reinhardtius hippoglossoides) ainsi que de calmars (Gonatus fabricii). De plus, le narval se nourrit de crustacés (Pasiphaea tarda, Hymenodora glacialis, Boreomysis nobilis). La basse diversité des espèces de proie observée indique que les narvals ont un régime restreint à travers toutes les saisons.
REPRODUCTION
La période de reproduction du narval débute entre mars et mai. Après une gestation de 15 mois, les femelles mettent au monde un seul petit qu’elles allaiteront pendant près de 12 mois. Généralement, la femelle du narval peut se reproduire une fois tous les trois ans, bien que l’on a observé qu’environ 20 % des femelles se reproduisent tout de suite après le sevrage de leur dernier petit. Le narval atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 6 ou 7 ans pour les femelles et à l’âge de 9 ans pour les mâles.
COMPORTEMENT
Le narval est un animal grégaire qui vit en groupe allant de 2 à 10 individus. Ces petits groupes peuvent parfois se rassembler pour former des troupes de plus d’une centaine de spécimens. Le narval est un animal très communicatif. Les cliquetis et les grincements sont les principaux modes de communication entre eux. Comme beaucoup de cétacés, le narval frappe violemment sa nageoire caudale sur la surface de l’eau et soulève sa tête et sa défense hors de l’eau.
Le narval est bien adapté à son milieu. Le fait qu’il soit dépourvu de nageoire dorsale lui facilite la nage sous la glace : cela lui permet d’échapper aux orques, en se tenant juste sous la banquise (ces grands prédateurs abandonnent leur chasse par crainte de heurter leur nageoire dorsale très sensible).
Le narval est un animal pacifique et se manifeste rarement. Il passe très peu de temps à la surface et peut rester jusqu’à vingt minutes en plongée. En été, il migre vers le nord et en hiver il revient vers le sud pour ne pas se retrouver emprisonné par les glaces. S’il arrive que quelques retardataires se trouvent piégés par les glaces, le narval fait dès le premier gel une large ouverture dans la glace qu’il entretient tout l’hiver en venant tourner en surface. Cela lui évite l’asphyxie. Pendant la migration, il nage rapidement et reste en surface. Il se repose à la surface pendant une dizaine de minutes, une partie du dos et une nageoire pectorale hors de l’eau puis repart.
MIGRATION
Tout au long de l’année, les narvals vivent en contact très étroit avec la banquise arctique. Ils suivent en fait la distribution des glaces en se déplaçant vers les régions côtières quand ceux-ci sont exempts de glace. Pendant les périodes de gel, les narvals s’éloignent des côtes et se déplacent en mer le long de la banquise.
Le cycle migrateur dans les eaux est du Groenland n’est pas bien connu. Apparemment les narvals émigrent au nord et au nord-est dans les gisements de glace de la mer du Groenland pendant les mois de mai à juillet. Certains d’entre eux émigrent vers l’est à proximité de l’archipel François-Joseph ou encore en extrême orient près des îles sibériennes. D’autres visitent également les fjords du Groenland du nord-ouest. Leur migration au sud en automne les mène à la mer du Groenland du Sud, à la mer de Barents ainsi qu’au détroit du Danemark.
MENACES
La principale menace qui plane sur le narval est sans conteste la chasse intensive dont il fait l’objet. Chassé par les Inuits comme aliment de subsistance, le narval est également chassé pour sa défense en ivoire. Le prix de l’ivoire issu des cornes de narval a augmenté sensiblement pendant les années 1970 pour ne cesser d’augmenter au fil des décennies suivantes.
Aujourd’hui, les produits principaux issus du narval sont l’huile et l’ivoire. Les grandes défenses des mâles adultes sont vendues au Canada comme souvenir. L’ivoire canadien du narval était souvent exporté vers le Royaume-Uni, puis souvent réexporté. L’interdiction de la CEE a fermé ce marché lucratif avec le Royaume-Uni. Cela a eu pour conséquence que les marchés se sont développés vers le Japon et la Suisse.
Si la chasse au narval demeure aujourd’hui une source importante de nourriture et de revenu pour les résidents des quelques communautés côtières de l’Arctique et du Groenland canadien oriental, le commerce des parties issues de ce cétacé est maintenant régulé par la CITES.
La dégradation de l’habitat du narval ainsi que la pollution sont deux autres menaces pesant sur le narval. Il y a aussi les ennemis naturels tels que le requin du Groenland, l’orque, l’ours polaire et parfois même le morse, bien que les taux de mortalité infligés par ces espèces ne semblent pas très élevés comparé aux effets néfastes de la chasse sur le narval.
PROTECTION
En 1976, des lois pour la protection du narval ont été instaurées dans les lois canadiennes de pêche. Elles prévoient notamment des quotas de chasse tout en protégeant complètement les femelles ayant un petit ainsi que les petits eux-mêmes.
Le narval est protégé aux États-Unis, bien que les Inuits soient exempts de ces lois afin qu’ils puissent chasser pour survivre. Il est entièrement protégé en Russie et en Norvège. Il est aujourd’hui inscrit à l’Annexe I de la CITES. En outre, le Groenland a instauré une interdiction sur toutes les exportations de produits du narval en 2006.
HISTOIRE
D’après les recherches de Lucie Arvy, le premier crâne de narval fut décrit en 1648. Ce cétacé fut reconnu comme apparenté au dauphin quand des scientifiques anglais reçurent en 1655 un crâne complet venu d’Islande. Il faudra attendre le XIXe siècle pour trouver des observations correctes de l’animal ainsi que des schémas qui ressemblent à la réalité.
De même on mit du temps à se mettre d’accord sur le nom qu’on lui donnerait : «narwhal» (vieux mot scandinave), «sea unicorn», «ceratodon», ou encore «licorne de mer». Le narval a été décrit par Carl von Linné (Linnaeus) dans son ouvrage Systema Naturae. Le nom comporte le radical wal provenant d’une langue nordique et signifiant baleine, ainsi que le radical nár du vieux norrois signifiant cadavre, en référence à la couleur grise du corps du narval, similaire à celle des marins noyés. Le nom latin Monodon monoceros est dérivé du grec et signifie "une dent, une corne".