Hirola (Beatragus hunteri)
L'hirola (Beatragus hunteri) est un mammifère artiodactyle appartenant à la famille des Bovidae. Originaire d'Afrique de l'Est, cette magnifique antilope est l'unique espèce du genre Beatragus. La population mondiale d'hirola est estimée à 300-500 animaux et aucun spécimen ne vit en captivité. Selon la Liste rouge de l'IUCN, "la perte de cette espèce serait la première extinction d'un genre de mammifère en Afrique continentale dans l'histoire de l'humanité moderne". L'hirola est également appelé Damalisque de Hunter.

© Jana Ohrner - iNaturalist

L’hirola est une antilope de taille moyenne, présentant une morphologie adaptée à son habitat de savane aride. Les adultes mesurent généralement entre 100 et 125 cm au garrot et leur longueur corporelle varie de 150 à 200 cm. Leur poids oscille entre 80 et 120 kg, les mâles étant généralement plus massifs que les femelles.
Le pelage de l’hirola est court et de couleur brun sable, ce qui lui permet de se camoufler efficacement dans les hautes herbes de son environnement. Une bande plus claire longe son ventre, et un cercle blanc distinctif entoure chaque oeil, donnant à l’animal une expression caractéristique. Cette "lunette" blanche est un trait unique qui différencie l’hirola des autres antilopes africaines. Une des caractéristiques les plus remarquables de l’hirola est la présence d’une crête de poils plus foncés courant le long de son cou et de son dos. Cette crête, plus développée chez les mâles, joue probablement un rôle dans la communication visuelle et la reconnaissance intra-spécifique. La queue est relativement longue, mesurant entre 30 et 50 cm, avec une extrémité touffue et noire.
Les cornes de l’hirola sont présentes chez les deux sexes, bien que celles des mâles soient généralement plus épaisses et plus longues. Elles sont en forme de lyre, légèrement torsadées, et peuvent atteindre 70 cm de longueur. Ces cornes servent à la fois à la défense contre les prédateurs et aux combats entre mâles durant la période de reproduction.
L’anatomie de l’hirola est adaptée à la course et à l’endurance. Ses membres sont longs et fins, ce qui lui permet de se déplacer rapidement et efficacement à travers la savane. Ses sabots sont particulièrement adaptés aux terrains secs et sablonneux, assurant une bonne adhérence et une grande stabilité sur les sols meubles.

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L'hirola est endémique du sud-est du Kenya et du sud-ouest de la Somalie. Son aire de répartition historique est estimée à environ 17 900 km² au Kenya et à environ 20 500 km² en Somalie. Au Kenya, l'hirola est présent entre Garsen, Bura et Galma Galla/Kolbio sur une superficie d'environ 8 000 km², mais ses effectifs et son aire de répartition continuent de décliner. Son statut actuel dans le sud-ouest de la Somalie n'est pas connu, mais son ancienne aire de répartition a été gravement affectée par des conflits civils et militaires prolongés qui ont continué jusqu'à fin 2016.
Il existe une petite population transloquée dans le parc national de Tsavo Est, en dehors de l'aire de répartition naturelle de l'espèce, issue d'une translocation de 30 animaux du district de Garissa effectuée en 1963. On pense que la plupart d'entre eux ont péri peu après leur libération et que la taille de la "population fondatrice effective" n'était que de 11 à 19 animaux animaux. Dix autres spécimens ont été transloqués à Tsavo Est en 1996.
Les hirolas vivent dans les zones semi-arides de buissons épineux, les prairies arbustives ouvertes, les forêts claires et les savanes luxuriantes. Leur habitat de prédilection est la prairie ouverte, saisonnièrement inondée, parsemée de petits arbustes et d'arbres, sur des sols bien drainés, avec de courtes touffes d'herbes feuillues formées par le feu ou par le pâturage combiné de la faune sauvage et du bétail.

© Manimalworld

L’hirola est une antilope herbivore spécialisée, dont l’alimentation repose essentiellement sur des graminées et des herbes trouvées dans son habitat naturel. Il est principalement un brouteur (grazer), bien qu’il puisse occasionnellement consommer certaines plantes ligneuses et feuilles en fonction de la disponibilité des ressources.
L’alimentation de l’hirola varie en fonction des saisons. Pendant la saison des pluies, il privilégie les jeunes pousses de graminées riches en nutriments et en eau. Ces plantes lui fournissent l’énergie nécessaire pour ses activités quotidiennes et assurent une hydratation suffisante, réduisant ainsi son besoin de boire fréquemment. En saison sèche, lorsque la végétation devient rare, il adapte son régime en consommant des espèces plus ligneuses et en exploitant les quelques plantes encore disponibles.
Ce bovidé est principalement actif tôt le matin et en fin d’après-midi pour se nourrir, évitant ainsi les heures les plus chaudes de la journée. Cette stratégie lui permet de minimiser la perte d’eau et d’énergie, essentielle à sa survie dans les conditions arides de la savane.
Son système digestif est adapté à la fermentation des fibres végétales. En tant que ruminant, il possède un estomac à quatre compartiments qui lui permet d’extraire efficacement les nutriments de la cellulose. Cette adaptation est cruciale pour maximiser l’efficacité de la digestion et pour survivre dans des habitats où la qualité de la nourriture est variable.

© Joshua Rains - iNaturalist

L’hirola suit un cycle de reproduction saisonnier, avec des naissances principalement concentrées à la fin de la saison des pluies. La période de rut se déroule entre mai et août, lorsque les ressources alimentaires sont encore relativement abondantes. Les mâles deviennent alors très territoriaux et adoptent un comportement agressif pour défendre leur territoire et leurs femelles. Les combats entre mâles impliquent généralement des affrontements avec les cornes, où chacun tente de démontrer sa force. Le vainqueur établit sa dominance et obtient le droit de s’accoupler avec les femelles présentes sur son territoire.
Une fois fécondées, les femelles connaissent une gestation d’environ huit mois. La mise bas a généralement lieu entre mars et mai. La femelle donne naissance à un seul petit, qui pèse environ 10 kg à la naissance. Comme chez de nombreuses antilopes, le nouveau-né reste caché dans la végétation pendant les premiers jours de sa vie pour échapper aux prédateurs. La mère reste proche et le nourrit régulièrement jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour suivre le troupeau. Le sevrage intervient entre quatre et six mois, mais les jeunes hirolas restent avec leur mère pendant plusieurs mois supplémentaires avant de devenir complètement indépendants. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle vers l’âge de deux ans, tandis que les mâles doivent souvent attendre un peu plus longtemps avant d’avoir l’opportunité de se reproduire.
L’hirola a une espérance de vie moyenne de 10 à 15 ans à l’état sauvage, bien que certains individus puissent vivre jusqu'à 20 ans en captivité dans des conditions optimales. Sa longévité est influencée par plusieurs facteurs, notamment la prédation, les maladies, la disponibilité des ressources alimentaires et les pressions anthropiques telles que la chasse et la destruction de son habitat. Les jeunes sont particulièrement vulnérables à la prédation, ce qui réduit leur taux de survie dans la nature.

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L’hirola est un animal diurne qui passe la majorité de son temps à brouter et à se déplacer à la recherche de nourriture et d’eau. Son comportement social est structuré en petits groupes, généralement composés de femelles avec leurs petits et de quelques jeunes mâles. Les groupes de mâles adultes sont plus rares, et les individus dominants tendent à vivre seuls ou à défendre des territoires bien délimités.
Les hirolas sont territoriaux et marquent leur territoire avec des sécrétions glandulaires et des excréments. Les mâles défendent activement leur domaine contre les intrusions, particulièrement en période de reproduction. Lorsqu’un rival s’approche, l’individu dominant peut adopter des postures menaçantes, racler le sol avec ses sabots ou même engager un combat.
Bien que l’hirola puisse courir à grande vitesse pour échapper aux prédateurs, il privilégie souvent la vigilance et l’alerte précoce. Ses grands yeux et ses oreilles mobiles lui permettent de détecter les menaces à distance, et il émet un sifflement caractéristique pour avertir les autres membres du groupe.

© Wolfgang Dreier - BioLib

L’hirola est une proie pour plusieurs prédateurs naturels dans son habitat de savane aride et de prairies ouvertes d'Afrique de l'Est. Les principaux ennemis de cette antilope incluent :
* Lion : Le lion (Panthera leo) est le princpal prédateur de l’hirola, il chasse aussi bien les adultes que les jeunes. Les lions chassent en groupe et exploitent leur force pour capturer ces antilopes.
* Léopard : Le léopard (Panthera pardus) est un opportuniste qui cible surtout les jeunes hirolas ou les individus affaiblis. Sa capacité à traquer discrètement et à attaquer par surprise en fait une menace sérieuse.
* Guépard : Le guépard (Acinonyx jubatus) est un félin extrêmement rapide. Grâce à sa vitesse exceptionnelle, il est capable de capturer les jeunes et les adultes, bien qu’il préfère généralement des proies plus petites et plus abondantes.
* Hyène tachetée : La hyène tachetée (Crocuta crocuta) est une chasseuse redoutable lorsqu'elle est en groupe. Elle peut parfaitement s'attaquer aux jeunes comme aux individus adultes.
* Lycaon : Le lycaon (Lycaon pictus) chasse principalement en meute. Grâce à sa technique de chasse coordonnée, il peut s'attaquer à un hirola adulte en le poursuivant jusqu'à l'épuisement.
* Chacals : Les chacals (Canis mesomelas, Canis aureus) ciblent principalement les jeunes et les individus affaiblis.
* Python de Seba : Bien que rare, le python de Seba (Python sebae) peut attaquer des jeunes hirolas, en les étouffant avant de les ingérer.
* Crocodile du Nil : Le crocodile du Nil (Crocodylus niloticus) représente une menace lorsque les hirolas s’approchent des points d’eau, les attaquant lorsqu’ils traversent ou s’abreuvent.

© Gwili Gibbon - iNaturalist

La chasse, les maladies, la sécheresse, la perte d'habitat, la prédation et la concurrence avec le bétail menacent l'hirola. De plus, l'absence de protection efficace dans de nombreuses zones de son aire de répartition actuelle la rend vulnérable au braconnage. Le développement de l'élevage bovin, aggravé par la peste bovine et la sécheresse, constituent des menaces constantes. La situation de l'hirola reste préoccupante, compte tenu de son déclin extrêmement rapide et des graves problèmes politiques et environnementaux qui pèsent actuellement sur son aire de répartition naturelle.
L'hirola est aujourd'hui considéré comme une espèce hautement menacée. Il est inscrit dans la catégorie "En danger critique" (CR) sur la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN.
Il s'agit de l'une des antilopes les plus menacées d'Afrique, et l'extinction de l'hirola représenterait la première extinction historique d'un genre de mammifère endémique d'Afrique. Des recommandations pour la conservation à long terme de l'hirola au Kenya ont été incluses dans un plan d'action pour la conservation et un rapport d'évaluation de la conservation. Ces recommandations font désormais partie intégrante du plan de conservation et de gestion actuel de l'hirola au Kenya (Hirola Management Committee 2004) et sont mises en oeuvre par le Kenya Wildlife Service, en collaboration avec le Comité de gestion de l'hirola et les ONG locales de conservation. Malgré ces efforts, les effectifs ont continué de décliner dans toute leur aire de répartition. Ils sont rares, voire disparus, dans la réserve nationale d'Arawale, qui a été soumise à l'empiètement des broussailles. Des mesures de conservation communautaire et de lutte contre le braconnage doivent être mises en place sur une grande partie de l'aire de répartition restante, mais l'insécurité constitue désormais un grave problème dans cette région. Il faudrait envisager la création d'aires protégées à Galma Galla et l'extension de la réserve nationale de primates de Tana vers l'est afin d'inclure au moins 300 km² d'habitat privilégié pour les hirolas.
Des efforts de conservation intensifs, menés par le Northern Rangelands Trust, sont maintenus dans la réserve communautaire d'Ishaqbini, notamment des patrouilles régulières par des équipes de gardes forestiers dévoués. Malgré cela, le déclin des hirolas a continué. En août 2012, un sanctuaire à l'épreuve des prédateurs (3 000 ha) a été créé à Ishaqbini et peuplé de 48 hirolas des environs. Cette initiative semble porter ses fruits, les effectifs augmentant chaque année, atteignant 97 à 103 en février 2016.
Les hirolas n'existent plus en captivité, le dernier étant mort en 2002.

Auteur: Joseph Smit

L’hirola appartient à l’ordre des Artiodactyla, qui regroupe les mammifères ongulés possédant un nombre pair de doigts. Il fait partie de la famille des Bovidae, qui comprend une grande diversité d’antilopes, de buffles et de chèvres. Longtemps classé dans le genre Damaliscus, qui inclut aujourd’hui les sassabis et les topis, des études morphologiques et génétiques ont révélé des différences significatives justifiant la création d’un genre distinct : Beatragus.
Les analyses génétiques récentes confirment que Beatragus et Damaliscus ont divergé à partir d’un ancêtre commun il y a 2,5 à 3 millions d’années, durant le Plio-Pléistocène. Cette divergence s’explique par une spécialisation écologique différente, l’hirola ayant évolué pour s’adapter aux environnements semi-arides de l’Afrique de l’Est, tandis que les Damaliscus se sont diversifiés dans les savanes plus humides.
L’hirola est un exemple fascinant de survivance évolutive, représentant la dernière lignée d’un ancien groupe d’antilopes africaines. Son histoire phylogénétique témoigne de millions d’années d’adaptation à un environnement en changement, mais son avenir est aujourd’hui incertain. Son statut de fossile vivant et son importance évolutive font de sa conservation une priorité absolue pour préserver un pan unique du patrimoine biologique africain.

© Jan Ebr & Ivana Ebrová - iNaturalist

Nom commun | Hirola |
Autre nom | Damalisque de Hunter |
English name | Hirola Hunter's hartebeest Hunter's antelope |
Español nombre | Hirola Antílope de Hunter Damalisco de Hunter |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Alcelaphinae |
Genre | Beatragus |
Nom binominal | Beatragus hunteri |
Décrit par | Philip Lutley Sclater |
Date | 1889 |
Satut IUCN | ![]() |
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
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