Hippotrague noir (Hippotragus niger)
L'hippotrague noir (Hippotragus niger) est une antilope majestueuse et emblématique des savanes boisées d'Afrique australe et orientale. Sa silhouette élégante, ses cornes incurvées spectaculaires et son pelage distinctif en font l'une des espèces les plus reconnaissables et les plus admirées de la faune africaine. Malgré que l'espèce ne soit pas considérée comme menacée par l'IUCN, l'hippotrague noir géant (Hippotragus niger variani) est néanmoins une des sous-espèces d'hippotrague noir étant actuellement au bord de l'extinction.

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L'hippotrague noir est une antilope de grande taille, caractérisée par un dimorphisme sexuel prononcé en termes de taille, de couleur et de développement des cornes. Les mâles adultes sont nettement plus grands et plus sombres que les femelles et les jeunes, et ils arborent des cornes beaucoup plus massives et courbées.
Les mâles adultes mesurent généralement entre 190 et 255 cm de longueur de la tête au corps, avec une hauteur au garrot de 115 à 140 cm. Leur poids varie considérablement, allant de 200 à 270 kg. Les femelles sont légèrement plus petites, avec une longueur de corps de 180 à 240 cm et une hauteur au garrot de 110 à 130 cm. Leur poids se situe généralement entre 180 et 230 kg.
Le pelage de l'hippotrague noir est l'un de ses traits les plus distinctifs. Les mâles adultes présentent une coloration noire ou brun très foncé, avec des marques blanches frappantes sur le visage, le ventre et les membres. Le contraste entre le pelage sombre et les marques blanches est particulièrement prononcé chez les mâles matures, leur conférant une apparence imposante. Les femelles et les jeunes ont un pelage brun roux, qui leur offre un camouflage efficace dans les habitats de savane. La coloration du pelage subit des changements au cours de la vie de l'hippotrague noir. Les jeunes naissent avec un pelage brun clair, qui devient progressivement plus foncé avec l'âge. Les mâles commencent à développer leur coloration noire caractéristique à partir de l'âge de trois ans, et le processus peut prendre plusieurs années pour se terminer.
Les cornes de l'hippotrague noir sont un autre trait distinctif, en particulier chez les mâles. Les cornes sont longues, incurvées vers l'arrière et annelées, avec des crêtes transversales bien définies. Chez les mâles adultes, les cornes peuvent atteindre une longueur impressionnante de 80 à 165 cm, tandis que chez les femelles, elles sont généralement plus courtes et plus fines, mesurant entre 60 et 100 cm. Les cornes sont utilisées par les mâles lors des combats pour la dominance et le droit de s'accoupler. Les mâles s'affrontent en se poussant et en se heurtant avec leurs cornes, et les combats peuvent être intenses et parfois blessants. Les cornes servent également de moyen de défense contre les prédateurs.
L'hippotrague noir possède un corps musclé et bien proportionné, avec des membres longs et fins adaptés à la course et au saut. Ses sabots sont durs et résistants, lui permettant de se déplacer facilement sur différents types de terrains. Sa tête est allongée et étroite, avec un museau pointu et des yeux grands et expressifs. Les oreilles sont grandes et mobiles, lui conférant une excellente ouïe.

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L'hippotrague noir était autrefois largement répandue dans les savanes boisées du sud et de l'est de l'Afrique, avec une population isolée, hippotrague noir géant (Hippotragus niger variani), dans le centre de l'Angola. Elle a été éliminée de vastes zones de son ancienne aire de répartition par la chasse et la perte d'habitat au profit de l'expansion des implantations agricoles et de l'élevage. Cette réduction de l'aire de répartition a été particulièrement marquée au Mozambique, où elle ne survit qu'en bon nombre à Niassa dans le nord, et dans la province occidentale de Gaza, au sud-est de la République démocratique du Congo et au nord-est de la Tanzanie. L'hippotrague noir a été réintroduit dans de nombreuses parties de son ancienne aire de répartition, mais il a également été introduit dans des zones où il n'était jamais présent naturellement, notamment au Swaziland.
Son habitat préféré est un mélange de savanes boisées et de prairies constitué de feuillus et d'arbres à feuilles caduques sur un sous-étage d'herbes rares qui sont éraillées au cours de la saison des pluies. Durant la saison sèche, les aires d'alimentation sont les prairies des plaines inondables qui produisent de nouvelles pousses après les incendies annuels, bien que de vastes plaines ouvertes sont généralement évitées.

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L'hippotrague noir est un herbivore sélectif, principalement un brouteur, qui se nourrit d'une variété d'herbes, de feuilles et de fruits. Son régime alimentaire varie en fonction de la saison, de la disponibilité des ressources et de la composition de la végétation dans son habitat. L'herbe constitue la base de son régime alimentaire, en particulier pendant la saison des pluies, lorsque l'herbe est abondante et nutritive. Il préfère les herbes courtes et tendres, mais il peut également consommer des herbes plus grossières et fibreuses en cas de besoin. En dehors de la saison des pluies, lorsque l'herbe se fait plus rare, l'hippotrague noir complète son alimentation avec des feuilles, des pousses, des fruits et des racines.
L'hippotrague noir est un brouteur sélectif, ce qui signifie qu'il choisit les parties les plus nutritives des plantes et évite les parties moins appétissantes ou potentiellement toxiques. Il utilise son odorat et sa vue pour localiser les sources de nourriture de haute qualité, et il peut parcourir de longues distances pour trouver les meilleures zones de pâturage. Ce bovidé est également capable de s'adapter aux changements saisonniers de la disponibilité des ressources alimentaires. Pendant la saison sèche, il peut se concentrer sur les zones où l'eau est disponible, car l'eau est essentielle à la croissance et à la survie des plantes. Il peut également modifier son régime alimentaire en fonction de la disponibilité des différentes espèces de plantes.
Cet animal a besoin d'un accès régulier à l'eau pour survivre, en particulier pendant la saison sèche. Il boit généralement de l'eau tous les jours, mais il peut survivre pendant plusieurs jours sans boire s'il a accès à de la végétation succulente. L'hippotrague noir préfère les sources d'eau propre et fraîche, comme les rivières, les ruisseaux et les mares.

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L'hippotrague noir présente un système de reproduction polygyne, où les mâles dominants s'accouplent avec plusieurs femelles au sein d'un troupeau. La reproduction est saisonnière, avec une période de reproduction qui coïncide généralement avec la saison des pluies, lorsque les ressources alimentaires sont abondantes. Pendant la saison de reproduction, les mâles dominants établissent et défendent des territoires, où ils tentent d'attirer et de retenir les femelles. Les mâles utilisent une variété de signaux visuels et olfactifs pour communiquer leur dominance, notamment des postures, des vocalisations et des marquages territoriaux. Les combats entre mâles pour la dominance peuvent être intenses et violents. Les mâles s'affrontent en se poussant et en se heurtant avec leurs cornes, et les combats peuvent parfois entraîner des blessures graves. Le mâle gagnant a le droit de s'accoupler avec les femelles présentes sur son territoire.
La période de gestation dure environ neuf mois. Les femelles donnent généralement naissance à un seul petit, bien que les naissances gémellaires soient occasionnellement observées. La mise bas a généralement lieu dans un endroit isolé et abrité, comme une zone de végétation dense. Les mères prennent soin de leurs petits avec diligence, les allaitant et les protégeant des prédateurs. Les jeunes sont capables de se tenir debout et de marcher peu de temps après leur naissance, mais ils restent dépendants de leur mère pendant plusieurs mois. Les jeunes commencent à consommer de la végétation solide à partir de l'âge de quelques semaines, mais ils continuent à téter leur mère jusqu'à l'âge de six à neuf mois. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle vers l'âge de deux à trois ans, tandis que les mâles l'atteignent vers l'âge de quatre à cinq ans. Cependant, les mâles doivent généralement attendre d'être plus âgés et plus forts pour pouvoir rivaliser avec succès pour l'accès aux femelles.
En milieu sauvage, la longévité de l'hippotrague noir est d'environ 16 à 20 ans, bien que certains individus puissent vivre un peu plus longtemps. En captivité, il peut vivre jusqu'à 25 ans, grâce à une alimentation régulière, des soins vétérinaires et l'absence de prédateurs naturels.

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L'hippotrague noir est un animal social qui vit en troupeaux de taille variable. La structure sociale des troupeaux est complexe et hiérarchique, avec des mâles et des femelles dominants qui exercent un contrôle sur les autres membres du groupe. Les troupeaux sont généralement composés de femelles, de jeunes et d'un ou plusieurs mâles dominants. Les mâles dominants sont responsables de la protection du troupeau contre les prédateurs et de la défense du territoire contre les autres mâles. Les femelles dominantes ont un accès privilégié aux ressources alimentaires et peuvent influencer les déplacements du troupeau.
L'hippotrague noir utilise une variété de signaux visuels, olfactifs et auditifs pour communiquer avec les autres membres de son espèce. Les signaux visuels comprennent des postures, des mouvements de la queue et des expressions faciales. Les signaux olfactifs comprennent le marquage territorial avec des sécrétions glandulaires. Les signaux auditifs comprennent des vocalisations telles que des grognements, des sifflements et des rugissements.
Ce bovidé présente une variété de comportements sociaux, notamment le toilettage mutuel, le jeu et le repos collectif. Le toilettage mutuel est un comportement important qui renforce les liens sociaux entre les membres du troupeau. Le jeu est un comportement important pour les jeunes, car il leur permet de développer leurs compétences physiques et sociales. Le repos collectif est un comportement important pour la sécurité du troupeau, car il permet aux animaux de se surveiller mutuellement.

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L'hippotrague noir, malgré sa taille, sa force et ses cornes impressionnantes, est la proie de plusieurs prédateurs redoutables dans son habitat naturel. Sa vulnérabilité varie en fonction de son âge, de sa condition physique, de la taille du troupeau et de la présence ou de l'absence de couverture végétale.
* Lions : Les lions (Panthera leo) sont les prédateurs les plus redoutables de l'hippotrague noir. Ils chassent en groupe et sont capables d'abattre des adultes en bonne santé. Ces félins utilisent souvent des embuscades pour surprendre leurs proies, et ils peuvent coopérer pour encercler et isoler un hippotrague du troupeau.
* Léopards : Les léopards (Panthera pardus) sont des prédateurs solitaires et opportunistes qui chassent une grande variété de proies, y compris l'hippotrague noir. Ils sont particulièrement efficaces pour chasser les jeunes, car ils peuvent les surprendre et les abattre rapidement. Les léopards peuvent également attaquer les adultes, en particulier les individus affaiblis ou isolés.
* Hyènes tachetées : Les hyènes tachetées (Crocuta crocuta) chassent en groupe et sont capables d'abattre des hippotragues adultes, en particulier lorsqu'ils sont blessés, malades ou âgés. Elles sont également connues pour voler les proies tuées par d'autres prédateurs, comme les lions et les léopards.
* Lycaons : Les lycaons (Lycaon pictus) sont des prédateurs très efficaces qui chassent en meute et peuvent abattre des proies beaucoup plus grosses qu'eux. Ces canidés chassent souvent les hippotragues en les poursuivant sur de longues distances jusqu'à ce qu'ils soient épuisés.
* Guépards : Les guépards (Acinonyx jubatus) sont les animaux terrestres les plus rapides au monde, et ils peuvent chasser les hippotragues sur de courtes distances. Cependant, les guépards sont relativement faibles et préfèrent chasser des proies plus petites et plus faciles à abattre. Ils sont plus susceptibles de chasser les jeunes hippotragues que les adultes.
* Crocodiles du Nil : Les crocodiles du Nil (Crocodylus niloticus) peuvent attaquer les hippotragues qui s'approchent des points d'eau pour boire. Ce sont des prédateurs d'embuscade, et ils peuvent saisir un hippotrague par surprise et le traîner sous l'eau.
* Pythons de Seba : Les pythons de Seba (Python sebae) sont des serpents constricteurs qui peuvent tuer les jeunes hippotragues en les étouffant. Les pythons sont plus susceptibles de chasser les jeunes hippotragues que les adultes.

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L’hippotrague noir a été éliminé de vastes zones de son ancienne aire de répartition par la chasse et la perte d’habitat au profit de l’expansion des implantations agricoles et de l’élevage. Le braconnage et les conflits armés constituent une menace majeure, en particulier pour les populations d’hippotragues noirs géants et ceux du Mozambique. Un nouveau déclin de la répartition et des effectifs de l’hippotrague noir pourrait se produire dans les parties les plus septentrionales de son aire de répartition à l’avenir, à moins que l’expansion des populations humaines et de l’élevage ne soit contrée par la mise en oeuvre de niveaux plus élevés de protection et de gestion de la faune sauvage dans des pays comme la Tanzanie, la Zambie, le Malawi et le Mozambique.
Un ancien bastion de l’hippotrague noir dans le nord du Botswana, près de la frontière de Caprivi, a été gravement touché par la construction de la clôture à buffles du nord, qui a affecté son accès à l’eau, provoquant une mortalité importante. La consanguinité, mise en évidence par une mortalité accrue des veaux, est un risque majeur dans de nombreux petits troupeaux privés d'hippotragues noir. La survie de l’hippotrague noir géant pendant la guerre civile angolaise (1975-2002) est très encourageante, mais sa survie reste précaire, car de nombreux angolais qui ont fui la réserve naturelle de Luando au milieu des années 1970 sont revenus dans les zones qu’ils avaient auparavant évacuées. Des cas récents d’hybridation de l’hippotrague noir géant avec l’antilope rouanne ont été signalés dans le parc national de Cangandala.

© Octávio Mateus - iNaturalist

De manière générale, l'hippotrague noir n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN. Néanmoins, une des sous-espèces, Hippotragus niger variani, est classée dans la catégorie En danger critique (CR) et est inscrite en Annexe I de la CITES.
Cette antilope est présente dans de nombreux parcs nationaux et terres privées, bénéficiant ainsi d'une protection contre la plupart des menaces qui pèsent sur elle. De plus, l'espèce est également bien représentée en captivité, permettant de conserver une population captive génétiquement saine en coordonnant l'élevage entre les différentes institutions.
L'hippotrague noir a été réintroduit dans de nombreuses parties de son ancienne aire de répartition, mais il a également été introduit dans des zones où l'espèce n'était jamais présente naturellement, notamment au Swaziland (réserve privée de Mkhaya), largement sur des terres agricoles privées et dans le parc du plateau de Waterberg en Namibie, et dans diverses provinces d'Afrique du Sud (État libre, KwaZulu-Natal, Cap-Oriental, Cap-Nord). La réserve de Luando et le parc national de Cangandala sont les principaux bastions de l'hippotrague noir géant.

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L'hippotrague noir appartient à la famille des Bovidae, qui comprend les buffles, les moutons, les chèvres et les antilopes. Il est classé dans le genre Hippotragus, qui comprend également l'hippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus), une espèce éteinte, et l'antilope rouanne (Hippotragus equinus).
On distingue généralement quatre sous-espèces d'hippotrague noir, qui se distinguent par leur morphologie, leur répartition géographique et leur génétique :
- Hippotragus niger anselli :(Groves, 1983) Hippotrague noir de Zambie, endémique de la Zambie, principalement dans le nord-ouest du pays. Son aire de répartition est relativement restreinte.
- Hippotragus niger niger :(Harris, 1838) Hippotrague noir du Cap, sous-espèce nominale présente en Afrique du Sud, Zimbabwe, Botswana et certaines parties du Mozambique.
- Hippotragus niger roosevelti :(Heller, 1910) Hippotrague noir de Roosevelt présent au sud du Kenya et Tanzanie
- Hippotragus niger roosevelti :(Thomas, 1916) Hippotrague noir géant, endémique à l'Angola.

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Nom commun | Hippotrague noir |
English name | Sable antelope |
Español nombre | Antílope sable |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Mammalia |
Sous-classe | Theria |
Infra-classe | Eutheria |
Ordre | Artiodactyla |
Sous-ordre | Ruminantia |
Famille | Bovidae |
Sous-famille | Hippotraginae |
Genre | Hippotragus |
Nom binominal | Hippotragus niger |
Décrit par | Edward Harris |
Date | 1838 |
Satut IUCN | ![]() |
* Antilope rouanneAntilope rouanne (Hippotragus equinus)
* Hippotrague bleuHippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus)
African Wildlife Foundation (AWF)
Liste Rouge IUCN des espèces menacées
Marie-France Grenouillet - Wildlife Photographer
Système d'information taxonomique intégré (ITIS)
Estes, R. D. (1991). The Behavior Guide to African Mammals. University of California Press.
Kingdon, J. (2013). Mammals of Africa. Volumes 1-6. Bloomsbury Publishing.
Skinner, J. D., & Chimimba, C. T. (2005). The Mammals of the Southern African Subregion (3rd ed.). Cambridge University Press.