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Hippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus)


L'hippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus) était une espèce d'antilope appartenant à la famille des Bovidae dans la sous-famille des Hippotraginae. Cette espèce, autrefois présente en Afrique du Sud, a disparu à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle, victime de la chasse excessive et de la destruction de son habitat. Bien qu’elle soit peu étudiée en raison de son extinction ancienne, diverses descriptions et quelques spécimens conservés en musées permettent de mieux comprendre sa morphologie, son mode de vie et son évolution. L'hippotrague bleu est également appelé Antilope bleue.


Hippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus)
Hippotrague bleu (Hippotragus leucophaeus)
© Frank W. Lane - Arkive
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DESCRIPTION

L’hippotrague bleu était une antilope de grande taille, proche morphologiquement de l’hippotrague noir (Hippotragus niger) et de l’antilope rouanne (Hippotragus equinus). Les adultes mesuraient environ 1,5 mètre au garrot et pouvaient atteindre une longueur totale de 2,5 mètres, queue comprise. Leur poids était estimé entre 150 et 300 kg selon les individus et leur sexe, les mâles étant généralement plus massifs que les femelles.

Le pelage de l’hippotrague bleu était l’un de ses traits les plus distinctifs. Il présentait une teinte bleuâtre caractéristique, bien que cette coloration soit probablement due à un effet optique lié à la structure du poil et aux conditions d’éclairage. En réalité, la robe tendait vers le gris bleuté avec des nuances plus sombres sur le dos et plus claires sur les flancs et le ventre. La face était marquée par des motifs noirs et blancs, semblables à ceux observés chez l’hippotrague noir.

L’espèce était également reconnaissable à ses longues cornes annelées, présentes chez les deux sexes mais plus imposantes chez les mâles. Ces cornes étaient recourbées vers l’arrière, atteignant environ un mètre de longueur chez les individus les plus grands. Comme chez d’autres hippotragues, elles servaient à la défense contre les prédateurs et à l’établissement d’une hiérarchie sociale au sein des troupeaux.

Les membres de l’hippotrague bleu étaient longs et puissants, adaptés à la course et aux déplacements dans les prairies et savanes de son habitat naturel. Ses sabots étaient larges et robustes, facilitant les déplacements sur divers types de terrains, y compris les sols meubles et les plaines herbeuses.


Hippotragus leucophaeus
Hippotragus leucophaeus
Source: Muséum national d'Histoire naturelle
CC0 (Domaine public)

HABITAT

Historiquement, l'hippotrague bleu était endémique à l'Afrique du Sud, où elle était confinée à une zone limitée de la côte sud-ouest du Cap et où elle était apparemment peu commune. L'espèce a été signalée pour la première fois en 1719 par Kolbe, et a été décrite par Pallas en 1766 à partir de matériel de provenance incertaine. Sa répartition historique est donc basée sur quelques signalements, dont seulement deux peuvent être considérés comme raisonnablement précis : Thunberg le 20 janvier 1774 et Le Vaillant en mars/avril 1783. Un signalement supplémentaire en 1783 fourni par Sparrman beaucoup plus à l'est à Krakeel River dans le Langkloof peut refléter une peau transportée, étant donné que cet endroit est à des centaines de kilomètres à l'est des autres signalements.

Cependant, bien que l'on pense que l'aire de répartition historique récente est limitée par les emplacements de Caledon, Swellendam et Bredasdorp, dans le Cap occidental, des preuves archéologiques suggèrent une distribution antérieure beaucoup plus large : au début du dernier glacier (70 000 à 35 000 ans avant le présent), on le trouvait dans les prairies des basses terres du Cap, au sud de la ceinture plissée du Cap, depuis l'actuelle Grahamstown (ferme "Uniondale") à l'est jusqu'aux environs de la baie de Saldanha à l'ouest. Une distribution similaire a été déduite pour le début de l'Holocène (environ 10 000 ans avant le présent). À la fin du Pléistocène (18 000-10 000 ans avant notre ère), l'analyse des peintures rupestres révèle que l'espèce était présente au nord jusqu'aux parties orientales de la province de l'État libre d'Afrique du Sud.


ALIMENTATION

Comme la plupart des antilopes de la sous-famille des Hippotraginae, l’hippotrague bleu était un herbivore strict. Il se nourrissait principalement d’herbes hautes et de graminées, sélectionnant les espèces végétales les plus nutritives en fonction des saisons. Son régime alimentaire était adapté aux prairies tempérées et aux savanes côtières de la région du Cap, où il trouvait une végétation abondante.

Son système digestif était spécialisé pour extraire un maximum de nutriments des plantes riches en fibres. En tant que ruminant, il possédait un estomac compartimenté lui permettant de digérer efficacement la cellulose. Il passait ainsi une grande partie de son temps à ruminer après avoir brouter.

L’hippotrague bleu était probablement un consommateur opportuniste, capable de modifier son régime alimentaire en fonction des ressources disponibles. Durant la saison sèche, il pouvait consommer des herbes plus coriaces et des plantes riches en eau pour pallier le manque d’humidité. Comme d’autres hippotragues, il pouvait survivre plusieurs jours sans boire en tirant l’eau nécessaire à son métabolisme directement de son alimentation.


REPRODUCTION

Peu d’informations précises existent sur la reproduction de l’hippotrague bleu, mais on suppose que son comportement reproducteur était similaire à celui des autres espèces du genre Hippotragus.

La reproduction était probablement saisonnière, avec des naissances coïncidant avec la période des pluies, lorsque la nourriture était plus abondante. Les mâles adultes établissaient des territoires qu’ils défendaient activement contre les rivaux. Lors de la saison de reproduction, ils engageaient des combats pour l’accès aux femelles en utilisant leurs cornes pour se livrer à des affrontements ritualisés. Ces combats étaient rarement mortels, mais pouvaient occasionner des blessures.

Après l’accouplement, la gestation durait environ 8 à 9 mois, à l’issue desquels la femelle donnait naissance à un seul petit. Le nouveau-né était capable de se lever et de suivre sa mère quelques heures après la naissance, ce qui était crucial pour sa survie face aux prédateurs. Durant les premières semaines, il restait caché dans la végétation tandis que la mère revenait régulièrement pour l’allaiter.

Le sevrage intervenait vers l’âge de 6 mois, mais les jeunes restaient souvent proches de leur mère jusqu’à leur maturité sexuelle, qui survenait vers 2 à 3 ans. Les femelles rejoignaient généralement un troupeau reproducteur, tandis que les jeunes mâles pouvaient être exclus et former des groupes de célibataires avant de revendiquer un territoire propre.


COMPORTEMENT

L’hippotrague bleu vivait en groupes, composés de plusieurs femelles et de leurs petits sous la protection d’un mâle dominant. Les troupeaux comptaient généralement entre 10 et 30 individus, mais certaines observations suggèrent que des rassemblements plus importants pouvaient se produire lors des migrations saisonnières vers des zones plus riches en ressources.

L’espèce était diurne, passant la majeure partie de la journée à brouter et à se déplacer sur son territoire. En période de forte chaleur, elle cherchait de l’ombre sous les arbres ou réduisait son activité pour économiser son énergie.

L’hippotrague bleu était un animal méfiant et vigilant, toujours prêt à fuir face à un danger. Il pouvait courir à grande vitesse sur de longues distances pour échapper aux prédateurs. Ses principaux ennemis naturels étaient les lions, les léopards, les lycaons et les hyènes, bien que la chasse excessive par les colons européens ait été le principal facteur de sa disparition.


TAXONOMIE

L’hippotrague bleu a été décrit scientifiquement à partir de spécimens collectés avant son extinction. Les premiers naturalistes européens, notamment ceux voyageant dans la région du Cap au XVIIIe siècle, mentionnaient l’existence d’une grande antilope bleutée, mais il fallut attendre le XIXe siècle pour que des analyses plus détaillées soient menées sur les quelques restes conservés dans des musées.

L’espèce a été classée dans le genre Hippotragus, aux côtés de l’hippotrague noir et de l’antilope rouanne. Cependant, sa position exacte dans la phylogénie des antilopes a longtemps fait débat en raison du nombre limité de spécimens disponibles. Certains chercheurs ont avancé l’hypothèse qu’il s’agissait d’une sous-espèce de l’antilope rouanne, mais les études morphologiques ont confirmé qu’il s’agissait bien d’une espèce distincte.


EXTINCTION

L’extinction de l’hippotrague bleu est principalement attribuée à la chasse intensive menée par les colons européens au XVIIIe siècle. Son habitat naturel étant limité à une petite région d’Afrique du Sud, la destruction des prairies côtières et la pression de la chasse ont rapidement réduit ses effectifs. Contrairement à d’autres antilopes africaines, il ne bénéficiait pas d’une vaste aire de répartition qui aurait pu lui permettre de survivre ailleurs.

Les derniers individus auraient disparu entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Aujourd’hui, seules quelques peaux et ossements sont conservés dans des musées européens, et l’hippotrague bleu demeure un exemple frappant de l’impact humain sur la faune sauvage avant même l’essor des préoccupations écologiques modernes.

Considéré comme tatalement disparue, l'espèce est aujourd'hui inscrite dans la catégorie "Espèce éteinte"' (EX) sur la Liste rouge de l'IUCN.


CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communHippotrague bleu
Autre nomAntilope bleue
English nameBluebuck
Español nombreHipótrago azul
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreArtiodactyla
Sous-ordreRuminantia
FamilleBovidae
Sous-familleHippotraginae
GenreHippotragus
Nom binominalHippotragus leucophaeus
Décrit parPeter Simon Pallas
Date1766



Satut IUCN

Eteint (EX)

VOIR AUSSI


* Antilope rouanneAntilope rouanneAntilope rouanne (Hippotragus equinus)

* Hippotrague noirHippotrague noirHippotrague noir (Hippotragus niger)


SOURCES

Arkive

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Muséum national d'Histoire naturelle

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

The Sixth Extinction

Harper, F. (1945). Extinct and Vanishing Mammals of the Old World. American Committee for International Wildlife Protection, Special Publication No. 12.

Smithers, R. H. N. (1983). The Mammals of the Southern African Subregion. University of Pretoria.

Gentry, A. W. (1978). "Bovidae." In Evolution of African Mammals, edited by V. J. Maglio & H. B. S. Cooke. Harvard University Press.

Kingdon, J. (1997). The Kingdon Field Guide to African Mammals. Academic Press.

Mohr, E. (1967). The Asiatic Wild Horse. J. A. Allen & Co.

Rookmaaker, L. C. (2004). The Zoological Exploration of Southern Africa 1650-1790. A.A. Balkema.

Patterson, B. & Wilson, D. E. (1992). Mammal Species of the World: A Taxonomic and Geographic Reference. Smithsonian Institution Press.