La civette-loutre de Sumatra (Cynogale bennettii) est une civette semi-aquatique appartenant à la famille des viverridés et l'unique membre du genre Cynogale. Elle est également appelée Cynogale de Bennett en référence à son nom scientifique qui rend hommage à Edward Turner Bennett, un médecin et zoologiste britannique.
La civette-loutre de Sumatra mesure entre 70 et 88 cm de long de la tête au bout de la queue. La couleur de son pelage varie du brun pâle au noir. La fourrure noirâtre est parsemée de poils gris, lui donnant un aspect givré. Les vibrisses, ou moustaches, sont très longues et très nombreuses.
La civette-loutre possède plusieurs caractéristiques qui conviennent à son mode de vie aquatique et à son habitat, telles qu'une large bouche, des pieds palmés à semelles nues et de longues griffes. Ses narines peuvent être fermées avec des volets, de même que ses oreilles. Sa dentition dispose de trois prémolaires, dont deux ont des bords dentelés. Les molaires sont larges avec de nombreuses arêtes. Cette civette est, à bien des égards, semblable à la civette de Hose (Diplogale hosei) mais a une queue plus courte et les parties inférieures ne sont pas blanchâtres.
HABITAT
La civette-loutre de Sumatra vit principalement en Thaïlande, à Sumatra et Bornéo. On en sait peu sur l'habitat de la civette-loutre et d'autres études sont nécessaires. Cette espèce est considérée comme étant largement confinée aux forêts marécageuses. De récents enregistrements démontrent néanmoins qu'elle peut également vivre en forêt sèche de plaine. Son habitat préféré semble être la forêt primaire de plaine, mais peut également être trouvé dans la forêt secondaire et les forêts de bambou. Toutefois, la persistance à long terme de cette espèce dans ces habitats est inconnue. Cette civette a aussi été observée dans les forêts marécageuses d'eau douce et dans les forêts de chaux, entourée de plantations d'acacias dans la zone de conservation de Bukit Sarang, au Sarawak. C'est un animal terrestre, mais il ne s’éloigne jamais de l'eau.
ÉCOLOGIE
Vu sa rareté et de sa nature secrète, les mœurs de la civette-loutre de Sumatra sont encore très mal connus de nos jours. Bon nombre de suppositions restent des hypothèses émises par les scientifiques et demandent à être vérifiées sur le terrain.
Comme la civette-loutre de Sumatra est semi-aquatique et connue pour se nourrir dans l'eau, on suppose que cette espèce se nourrit de poissons, de crabes, de mollusques, de petits mammifères et d'oiseaux. Il a été émis l'hypothèse que la civette-loutre guette sa proie, en rasant la surface de l'eau, comme un crocodile ou un alligator.
Le mode de reproduction de ce viverridé est très mal connu. Les femelles ont généralement entre deux et trois petits par saison. Les jeunes naissent sans poils givrés sur le dos.
Certains scientifiques rapportent que la civette-loutre de Sumatra est une bonne nageuse et est très bien adaptée à son mode de vie semi-aquatique. D'autres experts indiquent qu'elle n'est pas très rapide à la nage, et préférerait probablement faire fuir sa proie en grimpant à un arbre plutôt que de la poursuivre en nageant. Cette civette est étonnamment une habile grimpeuse. Cette créature est principalement nocturne et difficile à observer dans la nature.
MENACES
Il y a peu d'informations sur les tendances démographiques de la civette-loutre de Sumatra. La réduction de l'habitat de la forêt primaire a progressé très rapidement dans toute la région des plaines de Sumatra durant les vingt dernières années, ce qui a probablement réduit les populations de ce viverridé, et la menace persiste encore de nos jours. La conversion des forêts marécageuses en plantations d'huile de palme est une menace majeure. Il n'existe aucune preuve que la civette-loutre de Sumatra est spécifiquement chassée, mais comme pour les autres civettes, elle est exposée aux pièges placés au niveau du sol et qui sont pourtant destinés à d'autres espèces. Le nombre d'animaux capturés et les effets sur les populations, le cas échéant, sont inconnus.
STATUT ET CONSERVATION
La civette-loutre de Sumatra est inscrite en Annexe II de la CITES et classée comme En danger (EN) sur la Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN.
La conservation de cette espèce nécessite la protection de la forêt et l'habitat fluvial, et une protection contre l'exploitation illégale du bois et la chasse. Il est nécessaire d'étudier cette espèce pour déterminer sa tolérance aux habitats secondaires, y compris les zones riveraines dans les plantations et autres secteurs qui maintiennent la végétation naturelle, ainsi que pour évaluer sa distribution et le suivit de ses populations. L'absence de documents récents en Malaisie péninsulaire est très préoccupante, et il est très important de savoir si certaines zones protégées abritent encore cette espèce.
La civette-loutre de Sumatra se rencontre dans de nombreuses zones protégées dans toute son aire de répartition. Elle a notamment été observée dans le sanctuaire de faune de Samunsam dans l'ouest de Sarawak en 2000, le parc national de Kaeng Krachan en Thaïlande en 1998, la région de Bukit Sarang au Sarawak, le parc national de Way Kambas à Sumatra, le parc national de Danau Sentarum et le parc national de Gunung Leuser à Sumatra.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes de civette-loutre de Sumatra :