Le margay est un petit félin admirablement bien modelé, un peu plus grand qu'un chat domestique. Il mesure entre 42 et 79 cm de long (tête-corps) pour un poids allant de 2,6 à 9 kg. La queue mesure de 30 à 51 cm de long. Le mâle et la femelle sont semblables en taille et en apparence.
La couleur du pelage du margay varie du jaune fauve au brun grisâtre. La fourrure est marquée de plusieurs rangées de taches sombres et de rosettes ouvertes. La tête, le cou et la gorge portent des lignes noires, et le dos des oreilles est noir avec une tache blanche centrale. Sa longue queue plutôt touffue est marquée par des anneaux. La fourrure du margay est relativement épaisse et douce.
Souvent confondu avec l'ocelot (Leopardus pardalis), dont il est physiquement proche, le margay se distingue pas sa taille plus petite, son corps plus mince, ses yeux proportionnellement grands et sa longue queue, qui, contrairement à l'ocelot, est plus longue que la patte arrière. Le margay se distingue difficilement de l'oncille (Leopardus tigrinus), dont il diffère par sa taille légèrement plus grande, ses grandes taches et son aspect moins robuste.
Les griffes du margay sont longues et pointues. Rétractées au repos, elles peuvent sortir automatiquement sous l'action de muscles réflexes lorsque l'animal est excité. L'une de ses caractéristiques physiques particulières réside dans son extrême souplesse. Ses pattes arrière sont munies d'articulations spéciales leur permettant de pivoter sur 180°. Cette caractéristique lui permet de descendre d'un arbre ou d'une branche la tête la première sans bondir.
HABITAT
L'aire de répartition du margay s'étend des basses terres tropicales du Mexique jusqu'au sud du Brésil et du Paraguay, en passant par l'Amérique centrale et le bassin amazonien. Ses limites les plus méridionales atteignent le nord-est de l'Argentine, le centre-nord de l'État du Rio Grande do Sul au Brésil et le nord de l'Uruguay, le long de la forêt riveraine. Sa présence dans la partie nord-est du Brésil est limitée au domaine de la forêt atlantique. On le rencontre généralement entre 0 et 1 500 m d'altitude, mais on l'a rarement observé jusqu'à 3 000 m dans les Andes. Bien que l’espèce ait une aire de répartition très large, sa zone d’occupation est considérablement plus petite. Il existe un enregistrement de l'espèce au Texas, mais sa présence aux États-Unis est incertaine. Le dernier margay vu aux États-Unis a été repéré au Texas dans les années 1850.
Le margay habite les forêts tropicales et subtropicales. Bien que parfois signalés en dehors des zones boisées, comme dans le cacao ou les plantations de café ombragées, le margay est plus fortement associé à un habitat forestier que n'importe quel autre chat tropicale d'Amérique.
ALIMENTATION
Le margay se nourrit surtout d'oiseaux, de petits mammifères, de lézards et de rainettes qu'il capture pour la plupart dans les arbres.
Le margay a une excellente acuité visuelle et auditive. Même dans la pénombre des forêts tropicales, ses grands yeux peuvent repérer le moindre déplacement grâce à une couche de cellules réfléchissantes située derrière la rétine. De telles cellules sont également présentes chez les chats domestiques, ce qui explique la phosphorescence de leurs yeux quand ils sont directement frappés par la lumière.
Le margay doit en partie sa remarquable acuité auditive au large développement de ses oreilles et à leur mobilité : il a le réflexe d'orienter ses pavillons en direction du moindre bruit, ce qui permet ainsi de localiser une proie avec précision.
La dentition du margay est parfaitement adaptée à son régime carnassier, avec des canines acérées dont il se sert pour tuer ses victimes, généralement en les prenant à la gorge.
Chassant à l'affût, il est le seul félin, avec la panthère longibande d'Asie, capable de bondir sur une proie, sans avoir besoin de prendre auparavant un point d'appui sur le sol pour assurer son équilibre.
REPRODUCTION
Le margay se reproduit généralement d'octobre à janvier, bien qu'il soit possible que cette période se prolonge dans certaines régions équatoriales. Au début de cette période, le mâle quitte son territoire pour se mettre en quête d'une partenaire. La femelle reste sur le sien et s'accouple avec tous les mâles qui s'y présentent. Lorsque la femelle est en chaleur, elle sécrète un liquide dont elle asperge son territoire pour signaler à d'éventuels partenaires qu'elle est disposée à les accueillir. Mâles et femelles peuvent former un couple uni pendant la période de reproduction, en partageant le même territoire et en chassant ensemble. Ensuite, la femelle s'occupe seule de sa portée.
Au terme d'une gestation de 60 à 80 jours, la femelle donne naissance à 1 ou 2 petits dans une tanière située dans un tronc d'arbre creux ou un terrier. Les jeunes margays, qui sont entièrement aveugles à la naissance, ouvrent les yeux à environ 2 semaines, et commencent à quitter la tanière à environ 5 semaines. Le sevrage survient à environ 8 semaines, mais les petits n'atteignent leur taille adulte qu'au bout de 1 an et ne commencent à se reproduire que vers l'âge de 2 ou 3 ans.
L'espérance de vie du margay à l'état sauvage n'est pas connue. En captivité, ce félin peut vivre en moyenne jusqu'à 15 ans avec un âge maximal enregistré de 24 ans.
COMPORTEMENT
Le margay est un animal diurne qui chasse et se nourrit dans les arbres, où il passe ensuite la nuit à dormir à la fourche d'une branche ou dans un trou. Doué d'une exceptionnelle souplesse articulaire, c'est un véritable acrobate, qui peut se suspendre à une branche avec une seule de ses pattes arrières, grimper en spirale le long d'un troc à une vitesse vertigineuse, puis redescendre la tête la première. Aucun autre félin n'est capable de telles performances.
Le margay vit sur un vaste territoire qu'il marque en déposant des sécrétions odorantes et de l'urine sur les rochers ou les souches. Il y fréquente des endroits différents pour dormir, se reposer, chasser et dévorer ses proies. La femelle s'y aménage en outre une tanière pour y élever ses petits. Il arrive parfois que les territoires de plusieurs margays se recoupent. En général, cela n'entraîne pas de conflits, sauf en période de reproduction, car les mâles deviennent plus agressifs et les femelles défendent leur tanière avec beaucoup de férocité.
MENACES
Le margay était l’un des félins d’Amérique latine les plus exploités depuis plusieurs décennies. L'espèce a commencé à apparaître dans le commerce international à une époque d'inquiétude quant au niveau d'exploitation de l'ocelot, et les espèces de chats tachetés commercialisées étaient rarement vérifiées. La chasse illégale pour les marchés intérieurs ou pour le commerce clandestin des peaux serait un problème persistant dans certaines régions. Les menaces actuelles pesant sur cette espèce comprennent la perte de l'habitat, la fragmentation, les routes, le commerce illégal (animaux de compagnie et peaux - ils entrent parfois dans le commerce des animaux de compagnie) et les massacres en représailles (les animaux sont souvent abattus en raison de la prédation des volailles). Les populations, en particulier en dehors du bassin amazonien, sont gravement fragmentées et sont réduites par la conversion de l'habitat en plantations et en pâturages. L'espèce est sensible aux épidémies (à Tamaulipas, au Mexique, la menace de maladie est constante). Au Brésil, les populations de la forêt atlantique sont plus menacées que celles de l'Amazonie.
CONSERVATION
Le margay est une espèce menacée d'extinction classée en Annexe I de la CITES depuis 1992 interdisant tout commerce de cette espèce. La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie ce félin dans la catégorie quasi menacé (NT).
Cette espèce est protégée dans la majeure partie de son aire de répartition, la chasse et le commerce étant interdits en Argentine, au Brésil, en Bolivie, au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, en Guyane française, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Nicaragua, au Panama, au Paraguay, Pérou, Suriname, Uruguay et Venezuela. Les populations dans les zones protégées devraient être très faibles, probablement en raison de l'impact des densités plus élevées d'ocelots, les efforts de conservation devraient donc se concentrer en dehors des zones protégées. Des études plus approfondies sont nécessaires sur l'écologie, la démographie, l'histoire naturelle et les menaces du margay.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle de l'ITIS, il existe onze sous-espèces distinctes de margay :
- Leopardus wiedii amazonicus
- Leopardus wiedii boliviae
- Leopardus wiedii cooperi
- Leopardus wiedii glauculus
- Leopardus wiedii nicaraguae
- Leopardus wiedii oaxacensis
- Leopardus wiedii pirrensis
- Leopardus wiedii salvinius
- Leopardus wiedii vigens
- Leopardus wiedii wiedii
- Leopardus wiedii yucatanicus
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le margay doit son nom scientifique au prince de Wied, un explorateur et naturaliste allemand du XIXe siècle, qui dirigea une expédition au Brésil pour étudier ce mammifère dans son environnement naturel.
* Le mot "Margay" vient du tupi, une langue indienne.
* On confond souvent le margay avec l'oncille et l'ocelot, deux autres félins des forêts d'Amérique du Sud, qui fréquentent beaucoup plus souvent le sol.
* En Amérique du Sud, le margay est aussi appelé Chat tacheté à longue queue.
* Avant d'être classé définitivement dans le genre Leopardus, le margay faisait partie des espèces du genre Felis.