Le crocodile de Cuba (Crocodylus rhombifer) est un crocodile appartenant à l'ordre des crocodiliens de famille des Crocodylidae. Il forme le genre Crocodylus avec onze autres espèces. Ce reptile est l'une des espèces les plus menacées d'extinction en raison de sa petite répartition.
Le crocodile de Cuba est une espèce de taille moyenne atteignant en moyenne 3,5 m de long. Des spécimens de 5 m ont néanmoins déjà été signalés. L'apparence de ce crocodile est très similaire au crocodile américain. La tête est courte et large dotée d'une crête osseuse présente derrière les yeux. Chez les adultes, on peut également remarquer une arête médiane s'étendant entre les yeux vers le museau. La mâchoire, fortement armée, est composée de 66 à 68 dents coniques pointues.
Les orteils sont courts et les pattes sont très musclées surtout à l'arrière, ce qui indique une espèce passant plus de temps sur la terre ferme par rapport à la plupart des autres crocodiliens. Les juvéniles ont les yeux clairs qui deviennent foncés avec l'âge. L'une des caractéristiques du crocodile de Cuba est les motifs jaunes et noirs présents sur la face dorsale, caractéristique propre à l'espèce et qui à conduit à son surnom de crocodile nacré.
HABITAT
Le crocodile de Cuba est une espèce endémique à l'île de Cuba. C'est l'espèce qui a la plus petite aire de répartition historique chez les crocodiliens. On le trouve aujourd'hui dans deux régions de Cuba :
- Les marais de la Cienaga de Zapata dans le nord ouest du pays
- Le marais de la Cienaga de Lanier sur l'île de la Jeunesse au sud-ouest de Cuba.
Originellement, le crocodile de Cuba vivait également dans les îles Caïmans et dans les Bahamas mais a aujourd'hui totalement disparu de ces îles.
Ce reptile fréquente les marais d'eau douce, mais supporte assez bien un certain degré de salinité.
ALIMENTATION
Le crocodile de Cuba se nourrit principalement de poissons et de tortues. Occasionnellement, il lui arrive de s'attaquer à de petits mammifères. Les dents arrière de ses mâchoires sont plus larges que celles de l'avant, une adaptation lui permettant d'écraser les carapaces des tortues dont il se régale. Ce crocodile est connu pour ses capacités à évoluer sur la terre ferme et une capacité à sauter. On sait également qu'il peut se nourrir de mammifèresarboricoles en sautant hors de l'eau avec l'aide de puissants coups de queue sous la surface lui permettant de saisir sa proie dans les branches d'arbres en surplomb.
REPRODUCTION
La reproduction du crocodile de Cuba n'est pas très connue de nos jours. Si certains rapports suggèrent que le nid est confectionné dans un trou creusé par la femelle, les crocodiles en captivité construisent généralement le nid sur un monticule de terre et de branchages. Il est possible que la stratégie de nidification se fasse en fonction des circonstances et des disponibilités du matériel pour construire le nid. Une couvée normale compte généralement entre 30 et 40 œufs.
Dans la nature le crocodile cubain peut fréquemment s'hybrider avec une autre espèce, la saison de reproduction du crocodile américain chevauchant celle du crocodile de Cuba. Dans tous les cas, on pense que les hybrides sont réellement fertiles et cela représente un danger pour la pureté génétique de l'espèce, spécialement dans les programmes d'élevage en captivité. Les changements de stratégies de nidification reflètent peut-être la preuve de l'hybridation.
MENACES
Le crocodile de Cuba est l'une des espèces les plus menacées du Nouveau Monde en raison de sa petite aire de répartition. La population totale dans les marais de Zapata a été récemment estimée entre 3 000 et 6 000 animaux dans une section de 300 km² dans la partie Sud-ouest du marais.
Les programmes de protection et d'élevage réalisés dès les années 1950 ont permis une amélioration des effectifs, mais l'avenir de l'espèce demeure toujours incertain. Ce crocodile souffre notamment de l'introduction d'espèces exogènes (venu d'un autre pays) comme le caïman à lunettes, le braconnage ainsi que la destruction de son habitat. En outre, les informations sur l'écologie de l'espèce dans son milieu naturel sont encore trop fragmentaires pour entreprendre des programmes de réintroduction viables.
Les fermes d'élevage établies dans les années 1950-1960 pour la peau et la production de viande produisent un nombre relativement important d'animaux chaque année pour satisfaire la demande. Une des fermes d'élevage a obtenu l'accord de la CITES pour la commercialisation des peaux. Le problème est que ces élevages ont conduit à l'apparition d'hybrides qui, une fois relâchés dans la nature, constituent une menace sur l'avenir de l'espèce. Il a été suggéré que tous les animauxhybrides devraient être rassemblés et isolés afin de minimiser tout risque supplémentaire.
CONSERVATION
Des rapports récents ont indiqué que la population de crocodiles de Cuba est en progression, la population des marais de Zapata ayant été estimée à environ 3 000 individus. Des mesures actives sont en cours afin de s'assurer que cette population reste bien protégée dans son environnement naturel. Une autre priorité est l'établissement d'une population sauvage de remplacement.
STATUT
Même si les rapports de conservation du crocodile de Cuba semblent plutôt positifs, l'espèce reste néanmoins très vulnérable. L'aire de répartition réduite dont dispose ce crocodile n'aidant pas à son évolution. Le crocodile de Cuba est aujourd'hui inscrit à l'Annexe I de la CITES. La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie ce crocodile dans la catégorie en danger critique (CR).
SOUS-ESPÈCES
Le crocodile de Cuba est une espèce dite monotypique ne comprenant aucune sous-espèce connue.