Le céphalophe de Jentink (Cephalophus jentinki) est un bovidésLes bovidés (Bovidae) appartenant au genre CephalophusGenre Cephalophus. Ce céphalopheLes céphalophes est une des plus grandes espèces de son genre. Originaire d'Afrique de l'Ouest, cette petite antilopeLes antilopes a été découverte et décrite en 1885, et aucune observation de cette espèce n'a été mentionnée pendant près de cinquante ans, probablement en raison de sa vie secrète dans les forêts denses.
Le céphalophe de Jentink est un mammifère mesurant de 1,30 à 1,50 m de long, environ 80 cm de haut pour un poids allant de 55 à 80 kg. Mâles et femelles ont des cornes lisses et droites, de couleur noire qui s'étendent vers l'arrière. Celles-ci sont plus longues comparées aux autres espèces de céphalophes et peuvent mesurer jusqu'à 20 cm de long. Wilson (2001) soutient que le céphalophe de Jentink est plus grand que le céphalophe à dos jaune (Cephalophus silvicultor), mais la taille des deux espèces est à peu de chose près similaire.
Le céphalophe de Jentink est facilement identifiable en raison de sa coloration frappante. La tête et le cou sont noirs. Les épaules grises et les pattes arrière sont d'un gris grisonnant. Une bande blanche passe par-dessus les épaules, entre les deux couleurs rejoignant la partie ventrale qui est également blanche. Sous chaque oeil, une grande glande pré orbitale est visible. Elle est utilisée pour marquer son territoire.
HABITAT
Le céphalophe de Jentink se produit en populations isolées en Sierra Leone, au Libéria et en Côte d'Ivoire. Ce céphalophe occupe principalement les forêts primaires, mais peut également être observé dans la forêt secondaire, les clairières, près des fermes et des plantations. De temps en temps, on peut également l’apercevoir en bord de mer. La diversité des arbres fruitiers et des abris très denses semblent être les exigences d'habitats primaires plutôt que le type de forêts.
BIOLOGIE
Comme la plupart des animaux de son espèce, le céphalophe de Jentink a un régime alimentaire principalement composé de fruits dont il peut se nourrir en toute sécurité dans son habitat impénétrable. Toutefois, lorsque les fruits se font rares, il s'aventure hors de la forêt la nuit pour se nourrir de noix de palmes, de mangues, de cabosses de cacao qu'il va chercher dans les plantations. Il a également été observé se nourrissant de jeunes pousses d'arbres et utilisant ses sabots pour déterrer les racines.
On ne sait pratiquement rien sur la reproduction du céphalophe de Jentink à l'état sauvage. La période de gestation est probablement similaire à celle du céphalophe à dos jaune, soit environ 8 mois. Les nouveau-nés pèsent entre 3,3 et 5,9 kg. Ils sont de couleur brun sombre avec des taches blanches autour des lèvres. Les jeunes céphalophes de Jentink ressemblent aux jeunes céphalophes à dos jaune. Le record de longévité pour l'espèce est de 21 ans.
La nature secrète et inaccessible de son habitat fait du céphalophe de Jentink, une espèce difficile à étudier. C'est un animal actif le jour et la nuit et est considéré comme territorial. Pour se reposer, il se cache dans la végétation dense, les arbres creux ou encore sous des troncs d'arbres tombés. Exceptionnellement, comparées aux autres espèces de céphalophes qui sont des animaux relativement solitaires, le céphalophe de Jentink se repose parfois en couple pendant la journée. Il est incroyable de savoir que ce bovidé est tellement discret, qu'il a survécu pendant de nombreuses années sur les pentes boisées et abruptes surplombant Freetown en Sierra Leone, une ville ayant plus d'un million d'habitants.
Ce bovidé est connu pour être la proie des léopards. D'autres espèces prédatrices comme les grands pythons chassent probablement cet animal.
MENACES
La plupart des forêts naturelles où vivait le céphalophe de Jentink ont aujourd'hui disparu convertie en terre agricole ou pour y construire des habitations. En Sierra Leone, par exemple, il ne subsiste plus que 6 % de la couverture forestière originelle. Les forêts restantes en Côte d'Ivoire et en Sierra Leone sont très fragmentées et restent sous pression, car l'homme continue de les saccager pour les terres agricoles, le bois de construction et le bois de chauffage ainsi que pour ses ressources minérales.
À cette menace s'ajoute également la chasse, car la viande de cet animal est très prisée dans les commerces. En effet, la plupart des espèces de céphalophes sont victimes de la chasse parce qu'ils sont facilement abattus ou capturés, faciles à transporter à pied, tout en ayant assez de viande pour être rentable. Dans de nombreuses régions, les céphalophes sont maintenant la principale composante du commerce des espèces sauvages, et il semble qu'ils soient chassés à des taux insoutenables.
Malgré son statut actuel sur la Liste rouge de l'IUCN, certains scientifiques pensent qu'en raison de cette chasse intensive, la perte progressive de son habitat naturel et le manque flagrant d'actions permettant de préserver cette espèce, le céphalophe de Jentink serait au bord de l'extinction. Sans actions efficaces, il pourrait totalement disparaître dans les prochaines années à venir.
CONSERVATION
Le céphalophe de Jentink est actuellement considéré comme une espèce fortement menacée. Il est inscrit dans la catégorie En danger (EN) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe I de la CITES.
Son inscription aux Annexes de la CITES limite le commerce international de cette espèce. Cependant, cela fait vraiment peu pour contrôler la chasse de cette espèce alors que normalement il est interdit de chasser des animaux sauvages dans certaines régions où le céphalophe de Jentink se produit. Contrairement à la Sierra Leone et la Côte d'Ivoire, le Libéria détient toujours certaines grandes zones de forêt, les plus grandes d'entre elles étant dans des parcs nationaux et des réserves forestières. Une protection accrue dans ces régions semble être essentielle à la survie de cette espèce, ainsi que des efforts de communication et d'éducation sur son sort et les méfaits que peuvent avoir sur elle une chasse incontrôlée.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le céphalophe de Jentink a été reconnu comme nouvelle espèce en 1884. Pourtant, il n’a réellement été décrit qu'en 1892. Pendant plusieurs décennies, aucune observation de cette espèce ne fut mentionnée. C'est en 1948 qu'un crâne fut découvert au Libéria et les premières observations de spécimens vivants remontent aux années 1960.
* Il n'y a actuellement aucune estimation sur les populations sauvages. En 1999, elles étaient estimées à moins de 3 500 individus, mais sont susceptibles d'avoir décliné à moins de 2 000 les années suivantes.