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Serpent
Les serpents sont des reptiles appartenant au sous-ordre des Serpentes dans l'ordre des Squamates. Ces animaux figurent parmi les espèces les plus craints par l'homme, les légendes alimentant la peur alors qu'ils sont souvent inoffensifs. Les serpents sont des animaux étonnants et fascinants tant par leur morphologie, leur comportement et leur capacité d'adaptation dans tous les milieux naturels.
Bien que les fossiles de serpents soient assez rares vu la fragilité de leur squelette, des spécimens datant d'environ 150 millions d'années ont été découvert en Amérique du Sud et en Afrique. L'anatomie de ces fossiles montre que les serpents descendent des lézards terrestres ayant perdu progressivement les pattes du fait de leurs mœurs fouisseuses. Le serpent le plus ancien connu est Lapparentophis defrennei, une espèce terrestre qui vivait en Afrique du Nord, il y a 150 millions d'années. Par la suite, un autre fossile d'un serpent marin du genre Simoliophis a été découvert dans des régions d'Europe et d'Afrique du Nord autrefois immergés. Ce fossile date d'environ 100 millions d'années. D'autres fossiles découverts datant de 65 millions d'années témoignent que les espèce de serpents étaient alors plus nombreuses.
À l'époque où les serpents ont évolué, la terre subissait des changements majeurs. La plupart des espèces de serpents étant terrestres, les bouleversements tectoniques ont eu d'importantes répercussions sur leur répartition. En examinant la répartition actuelle des serpents, il est possible de déterminer, dans une large mesure, quand ils sont apparus et comment ils se sont répartis.
Les serpents modernes se sont largement diversifiés au cours du paléocène. Cela s'est produit lors de la radiation évolutive des mammifères, après l'extinction des dinosaures. Bien que la grande majorité des espèces ne se soit pas adaptée à temps et ont disparu, celles qui se sont bien adaptées ont proliféré, allant même jusqu'à évincer d'autres espèces. Les Colubridae, l'un des groupes les plus communs de serpent, s'est particulièrement diversifié grâce à la prédation de rongeurs, un groupe de mammifères particulièrement prospère.
L'anatomie des serpents a bon nombre de traits communs avec celle des autres vertébrés. Celle-ci est fondée sur les mêmes systèmes vitaux et présente les mêmes organes tels que le cœur, le foie, les poumons et les reins. Leur forme et leur disposition restent néanmoins différentes à cause de l'étroitesse de leur corps.
* Le squelette
Si le squelette du serpent semble compliqué, il est relativement simple comparé à celui des lézards ainsi que des autres reptiles. Celui-ci comprend un crâne, une colonne vertébrale et pour certains une ceinture pelvienne. Les vertèbres sont très souples et assez solide pour résister aux tractions imposées par les muscles. Sur chacune d'entre elles est rattachée une paire de côtes qui ne se rejoignent pas le long du ventre et s'écartent lorsque le serpent avale une grosse proie. On compte environ 400 côtes pour les grands serpents et 180 pour les petites espèces. Les côtes sont inexistantes sur les vertèbres caudales.
* Le crâne
Dans la mesure où les serpents sont démunis de tous membres leur permettant de tenir leur proie pour la manger, ils doivent l'avaler en entier. Si chez les espèces les plus primitives, les mâchoires ont une mobilité réduite, voire nulle les obligeant à se nourrir de proies très petites, les serpents les plus évolués ont la capacité d'ouvrir très largement leurs mâchoires pour ingérer de grosses proies. Le crâne est articulé de façon souple dont les os sont menus et capables de s'écarter les uns des autres lorsque les mâchoires sont grandes ouvertes. Le crâne de ces espèces est formé de manière que la mâchoire supérieure puisse librement se déplacer indépendamment du reste du crâne et la mâchoire inférieure n'est pas jointe au menton. Cette particularité permet au serpent d'accrocher ses dents dans la proie et de l'entraîner dans son œsophage. Les yeux ont des paupières soudées et transparentes qui leur confèrent un regard fixe.
* Les dents
Chez les serpents, le nombre de dents dépend de leur mode d'alimentation. Certaines espèces en ont une grande quantité alors que d'autres n'en ont presque aucune. Celles-ci sont disposées le long de l'os dentaire, des maxillaires et des os palatins. Au lieu d'être enracinées dans des alvéoles, les dents de serpents sont faiblement rattachées à la surface de la mâchoire. Les dents des serpents tombent facilement, mais sont rapidement remplacées tout au long de leur vie.
* Les crochets
Certaines espèces de serpents sont dotées de grands crochets pour injecter leur venin. Ces espèces sont divisées en deux groupes différents :
- Les opisthoglyphes dont un tiers appartiennent à la famille des Colubridae pouvant n'avoir qu'une paire de crochets situés à l'arrière de la bouche, ou deux de chaque côté.
- Les protérodontes appartenant aux Atractaspididae, aux Elapidae et aux Viperidae sont dotés de crochets antérieurs.
* Les organes internes
La particularité des serpents est qu'ils ont un poumon gauche atrophié, voire absent, sauf chez les boas et les pythons. Le poumon droit est lui bien développé, notamment chez les espèces aquatiques. Le système sanguin est similaire à celui de la plupart des animaux. Néanmoins, le cœur ne compte que 3 cavités au lieu de 4 et n'est doté que d'un seul ventricule partiellement divisé.
Le système nerveux du serpent se compose du cerveau et de la moelle épinière. Vu que le serpent n'est pas doté de membres, le réseau nerveux est simplifié, bien que l'organe de Jacobson et, chez certaines espèces, les fossettes thermosensibles soient innervées.
Les serpents n'ont pas de vessie. Les déchets filtrés par le rein sont excrétés sous forme d'acide urique, un composé blanc et cristallin, contenant très peu d'eau, ce qui permet au serpent de ne pas se déshydrater.
Les serpents sont des animaux ectothermes, leur température corporelle dépendant des sources externes comme le soleil. Pour la plupart des espèces, la température idéale avoisine les 30°C.
Qu'ils soient marins ou terrestres, les serpents se déplacent par reptation utilisant l'ensemble de leur corps pour se mouvoir. Certaines espèces dont le corps est important peuvent également se déplacer en ligne droite en alternant un mouvement avant de la peau et un ancrage des écailles du ventre qui sont orientées vers l'extrémité postérieure, suivi d'un mouvement vers l'avant de la partie interne du corps. La forme la plus spécialisée de reptation est le roulement ou le zigzag latéral qui n'est utilisable que sur des substrats mous et chauds tels que le sable dans le désert. Le reptile recourbe son corps en S pour ne toucher le sable qu'en deux endroits et fait glisser ces deux points de contact le long de son corps vers l'arrière en avançant vers l'avant.
Il existe plus de 2 900 espèces de serpents dans le monde dont l'aire de répartition s'étend depuis le cercle polaire arctique en Scandinavie jusqu'au sud en Australie et en Tasmanie. On les retrouve sur tous les continents du globe à l'exception de l'Antarctique. Les serpents évoluent autant en mer qu'en montagne jusqu'à une altitude de 4 900 m. Ils sont néanmoins absents dans de nombreuses îles telles que l'Irlande, l'Islande ou encore la Nouvelle-Zélande.
Contrairement aux oiseaux et aux mammifères, les serpents ne peuvent migrer ou se déplacer sur de longues distances restant ainsi à la merci des conditions climatiques qui règnent dans leur environnement. Chaque espèce s'est adaptée à son milieu pour pouvoir survivre. La température, la lumière et l'eau sont les composants les plus importants pour les serpents.
Toutes les espèces de serpents sont carnivores, mais mangent une grande diversité de proies allant des fourmis jusqu'aux antilopes. Le fait qu'ils n'ont pas de membres n'en fait pas pour autant de mauvais prédateurs. Certaines espèces peuvent se nourrir que d'un seul groupe d'animaux tels que les limaces ou des escargots, alors que d'autres sont plus généralistes et mangent à peu près tout ce qu'ils peuvent avaler.
Les poissons d'eau douce sont des proies potentielles pour de nombreuses espèces de serpents aquatiques ou amphibies. Les œufs de poissons offrent aux trois espèces de serpents marins l'alimentation nécessaire dont ils ont besoin. Les grenouilles, crapauds et salamandres sont également appréciés par bon nombre de serpents.
L'oophagie est pratiquée par un certain nombre de serpent qui mangent les oeufs à coquille molle tel que ceux pondus par les lézards ou encore d'autres serpents. Quelques-uns ayant un régime alimentaire plus varié gobent également les œufs d'oiseaux.
Si les petites proies dont se nourrissent les serpents peuvent être avalées vivantes, les plus grosses peuvent néanmoins résister et doivent donc être tuées avant d'être mangées. Certains serpents se servent de leur venin et d'autres de la constriction. Présent dans plusieurs familles, les constricteurs sont le plus souvent associés aux boas et aux pythons. Un constricteur étouffe sa proie, en enroulant son corps autour de sa victime, puis la serre, jusqu'à ce qu'elle cesse de respirer.
Selon les espèces, les techniques de chasse des serpents varient selon les proies convoitées et l'environnement où ils évoluent :
* La chasse passive
Certaines espèces de serpents ne recherchent pas leur nourriture, mais attendent simplement qu'elle vienne à eux. Les vipères, les boas et les pythons sont des exemples de chasseurs passifs. Ils ont développé leur technique de camouflage de façon à ne pas être vu de leur proie. Cette technique demande beaucoup de patience.
Certains serpents se postent aux endroits où les proies (souvent des mammifères) ont l'habitude de passer d'autres les attirent en se servant de leur queue colorée ressemblant étrangement à un vers ou à une chenille. Le serpent se tapit en se cachant dans le sable ou dans la végétation et se met en boucle afin que le leurre soit près de sa tête. Lorsqu'une proie apparaît, il agite sa queue pour l'attirer et la mord dès qu'elle s'en approche pour l'examiner.
* La chasse active
Pour certaines espèces de serpents, le meilleur moyen de se nourrir est de chercher sa pitance. Les espèces nocturnes traquent les lézards endormis dans les rochers ou dans la végétation. D'autres fouillent les terriers à la recherche de rongeurs. Les serpents malacophages traquent des escargots ou des limaces, en suivant leur trace de bave, et beaucoup d'autres chassent aussi à l'odorat.
La plupart des serpents sont solitaires et ne sont que très peu en contact avec leur congénère. Pour augmenter leurs chances de se reproduire, la femelle peut retarder la fécondation après l'accouplement en mettant en réserve des spermatozoïdes. Un grand nombre d'espèces sont ovipares et d'autres sont ovovivipares, l'incubation des œufs ayant lieu à l'intérieur du corps de la mère.
* Les serpents ovipares
Les serpents ovipares pondent des œufs, les laissant à la merci du climat environnant. Ceux-ci se développent mieux en milieu chaud. C'est d'ailleurs pour cette raison que les espèces ovipares se rencontrent plutôt dans les régions tropicales et subtropicales. Le nombre d'œufs par ponte varie en fonction de l'espèce et de la taille de la mère. Il va de un jusqu'à cent, dans le cas des grands pythons.
* Les serpents ovovivipares
Chez les serpents ovovivipares, les petits se développent dans le corps de la mère. Ils ne sont pas nourris grâce à un placenta comme chez les mammifères, qui sont vivipares, mais l'incubation des œufs a lieu dans les oviductes. Les espèces aquatiques comme les serpents marins sont ovovivipares tout comme de nombreux serpents arboricoles.
Les serpents ont beau être de formidables prédateurs, ils ne sont pas à l'abri d'être considéré comme d'éventuelles proies pour d'autres animaux. Face au danger, les serpents évitent le conflit et ont alors recours à différentes techniques de défense. Certaines de ces techniques sont passives telles que le mimétisme ou le camouflage et d'autres plus actives permettant d'intimider les prédateurs.
La vie cachée des serpents peut faire passer leur raréfaction inaperçue. À moins de faire d'une priorité leur protection plusieurs centaines d'espèces risquent de s'éteindre dans un proche avenir. La destruction de leur habitat est sans aucun doute la menace la plus grave dont doivent faire face ces reptiles. La destruction des espèces par l'homme par peur du serpent, la circulation et le commerce de peaux sont encore autant de menaces qui pèsent sur les serpents.
Les habitats naturels des serpents sont ravagés par l'activité de l'homme et les effets sont particulièrement dévastateurs dans les forêts tropicales de l'Amérique centrale et du sud, et de l'Asie du Sud-Est, où le défrichage pour l'agriculture implique l'abattage des arbres et le brûlis. De nombreuses espèces ont déjà été exterminées en grande partie parce que les serpents ne peuvent s'échapper des habitats détruits aussi facilement que les oiseaux ou les mammifères.
Les prédateurs des serpents délibérément ou accidentellement introduits par l'homme comme les chats, les chiens, les mangoustes ou les rats, font d'énormes ravages parmi les espèces insulaires qui sont très vulnérables. Le développement industriel et commercial, faisant fuir les proies des serpents, les prive de nourriture. Il faut également ajouter à cela la peur de l'homme face aux serpents qui les massacre à vue dans de nombreux pays qu'ils soient venimeux ou non. Dans certaines régions d'Amérique du Nord, la chasse aux crotales est même une activité de loisirs, organisée sous forme de battues.
Avec toutes les menaces dont doivent faire face les serpents, il ne fait aucun doute qu'ils ont besoin d'aide afin qu'ils puissent survivre. Le désir croissant de protéger les espèces en voie d'extinction doit désormais inclure la protection des serpents. À travers le monde, de nombreuses espèces bénéficient de quelques lois relatives à la protection des animaux dont la collecte, le commerce et l'exportation de serpents rares. Le problème afin de bien les protéger est que la recherche doit pouvoir bénéficier de fonds suffisants pour pouvoir combler les lacunes sur la connaissance de ces reptiles. Certaines espèces ne sont connues qu'à partir d'une poignée de spécimens.
Le serpent a toujours tenu une grande place dans les mythes et les légendes des différentes cultures antiques.
* Mythologie antique
Dans la mythologie phénicienne le Léviathan est présent dans les poèmes mythologiques de Ras-Shamra. Le Lucifer préchrétien était représenté par un serpent ailé. Dans l'Égypte ancienne, on retrouve le serpent peint sur les sarcophages, gravé sur des monolithes et dans les pierres des pyramides et des temples.
Dans certaines représentations le serpent se mord la queue symbolisant le cycle infini de la vie et de la mort. Par exemple, l'Ouroboros est un symbole très ancien que l'on rencontre dans plusieurs cultures sur tous les continents dont la plus ancienne connue est une représentation égyptienne datant de 16 siècles avant notre ère.
Chez les Grecs, le serpent python est l'hôte du temple de Delphes. Il représente le symbole de la sagesse philosophique, le pouvoir de la connaissance et du savoir. Le serpent est aussi un des attributs du dieu des médecins Esculape et d'Hermès qui le porte sur leurs caducées.
* Mythologie nordique
Dans la mythologie nordique, Jörmungandr est un grand serpent qui vit en mer et entoure Midgard, la terre des hommes au centre de laquelle se trouve la terre des dieux, Asgard. Thor tenta de pêcher Jörmungandr sans y parvenir afin contrer cette peur de l'anéantissement total. Le duel entre le Grand Serpent et le dieu du tonnerre se terminera avec la mort des deux protagonistes lors du Ragnarök. Le serpent est associé aux créatures du Mal et est devenu le fils de Loki, dieu du désordre et de la ruse.
* Mythologie hindoue
Dans la mythologie hindoue, on voit dans le Mahâbhârata, le pinaka, l'arc de Shiva, portant le Grand Serpent-arc-en-ciel enroulé sur une corde qui sert à tendre l'arc. L'arc-en-ciel représente un pont entre le ciel et la terre.
Chez les hindous, le serpent Kundalinî représente le canal d'énergie qui relie ensemble les sept chakras dans une double ellipse.
* Mythologie judéo-chrétienne
Dans les croyances judéo-chrétiennes, le serpent représente le Mal et la Tentation. On le retrouve également sous la forme d'un dragon marin nommé Rahab ou encore le légendaire Léviathan.
Paradoxalement, il représente aussi la guérison, sous la forme du Serpent d'Airain construit par Moïse, qu'il suffisait de regarder pour neutraliser le venin des serpents ardents.
* Mythologie amérindienne
Dans la mythologie andine le Quetzalcóatl est un serpent ailé représentant le dieu pacifique et le dieu éducateur. La tradition amérindienne attribue à Quetzalcóatl l'invention du tissage, de la céramique et du zéro, c'est-à-dire des mathématiques associées avec la précision que l'on sait, à l'astronomie.
* Mythologie tibétaine
Dans le bouddhisme tibétain, le serpent représente l'aversion, l'un des trois poisons de l'esprit avec l'avidité représentée par un coq et l'ignorance représentée par un cochon.
* Même s'ils ont mauvaise réputation, les serpents venimeux ne représentent qu'une minorité parmi tous les serpents.
* Environ 250 espèces sont considérées comme dangereuses pour l'homme, soit moins d'un dixième de toutes les espèces, et seule une cinquantaine sont potentiellement mortelles.
* Les serpents protérodontes peuvent mordre une proie, puis la relâcher pour éviter d'être blesser lorsqu'elle se débat. La proie ne peut aller bien loin, et le serpent suit la trace odorante qu'elle laisse derrière elle.
* La peur des serpents est appelée herpétophobie.
Nom commun | Serpent |
English name | Snake |
Español nombre | Serpientes |
Règne | Animalia |
Embranchement | Chordata |
Sous-embranchement | Vertebrata |
Classe | Sauropsida |
Ordre | Squamata |
Sous-ordre | Serpentes |
Décrit par | Carl von Linné (Linnaeus) |
Date | 1758 |
Les serpents, ces animaux fascinants |