Le crocodile de Johnston (Crocodylus johnsoni) est un crocodile appartenant à la famille des Crocodylidae. Il forme le genre Crocodylus avec onze autres espèces. Ce reptile est une espèce endémique au nord de l'Australie qui partage son aire de répartition avec le crocodile marin.
Le crocodile de Johnston est un crocodile de petite taille ne dépassant que rarement les 3 m pour les mâles et 2,1 m pour les femelles. Son poids moyen est d'environ 90 kg. La forme du museau est exceptionnellement étroite et effilée pour un crocodile. La dentition est également particulière dans la mesure où elles sont acérées contrairement au crocodile marin chez qui elles sont obtuses. Les mâchoires sont dotées de 68 à 72 dents.
Les pattes de ce crocodile sont bien musclées et les orteils sont palmés, adaptation pratique pour une vie quasi aquatique. La queue est longue et puissante. La couleur du corps est brun clair avec des bandes plus foncées sur tout le corps ainsi que la queue. Certains spécimens sont dotés de bandes distinctes ou de taches sur le museau.
Les écailles du corps sont relativement grandes et les plaques osseuses du dos sont lourdement blindées et unies. La partie extérieure des pattes et les flancs sont couverts de petites plaques arrondies et enflées à l'aspect granulaire.
HABITAT
Le crocodile de Johnston est une espèce endémique vivant au nord de l'Australie. On le rencontre généralement dans le Territoire du nord, dans le Queensland et en Australie occidentale.
Le crocodile de Johnston fréquente diverses zones d'eau douce comme les lacs, les marécages ou les méandres morts des fleuves. On peut également l'observer dans des zones d'eaux peu salées en amont des réseaux hydrographiques et dans les ruisseaux. Généralement il évite les zones côtières où la salinité est élevée mais aussi parce que la compétition avec le crocodile marin rend l'habitat beaucoup moins favorable.
ALIMENTATION
Le crocodile de Johnston a une forme de museau faisant penser à celle du gavial suggérant une adaptation primaire à un régime alimentaire piscivore. Les poissons sont certainement manipulés avec plus de facilité. Cependant, une grande variété de proies est également comprise dans le bol alimentaire de notre crocodile.
Le crocodile de Johnston privilégie la chasse à l'affût surgissant d'un mouvement rapide sur sa proie lorsqu'elle se trouve à sa portée. Il se nourrit rarement pendant la saison sèche en raison du manque de proies, des températures basses la nuit et à la réduction des habitats disponibles permettant une chasse favorable.
REPRODUCTION
Chez le crocodile de Johnston, le mâle atteint généralement sa maturité sexuelle lorsqu'il atteint la taille de 1,5 m. La parade nuptiale a lieu dans les premiers mois de la saison sèche, c’est-à-dire vers le mois de mai. La ponte se déroule entre juillet et septembre selon la région géographique. Certaines recherches démontrent que les femelles au sein d'une même population nichent habituellement dans la même période à 3 semaines près.
Il arrive que de nombreux nids soient construits très près des autres. Les œufs sont généralement pondus la nuit, 6 semaines après l'accouplement à une profondeur de 12 à 20 cm de la surface. Une température idéale pour les œufs se trouve entre 30 et 33 degrés. Une ponte compte généralement 13 œufs mais peut varier de 4 à 20 œufs. La période d'incubation est comprise entre 75 et 85 jours.
Des études sur les effets de température ont montré que les œufs incubés à 32 degrés produisent des embryons mâles, tandis que ceux incubés de quelques degrés en-dessous et au-dessus de cette température produisent des embryons femelles.
Pendant la période d'incubation, les œufs sont vulnérables face aux prédateurs surtout si les parents ne veillent pas sur le nid. Un varan, par exemple, est capable de repérer un nid établis dans les 24 à 48 heures. En moyenne, pour tous les nids moins d'un tiers des œufs survivent jusqu'à l'éclosion. La mère retourne au nid à la fin de la période d'incubation afin de prendre ses petits dans sa gueule et les emmener dans l'eau. Elle restera auprès d'eux pendant une période variable après quoi, les juvéniles commenceront à se débrouiller seuls. Lorsque le crocodile marin est présent sur l'aire de nidification, il arrive que la femelle abandonne sa progéniture avant que les petits n'ont éclos. Face à un crocodile marin, le crocodile de Johnston n'a quasi aucune chance d'en sortir vivant.
Seulement 1% des nouveau-nés atteindront leur maturité. La prédation et les inondations pouvant détruire pratiquement tous les nids et les petits avant qu'ils arrivent à l'âge adulte. Les juvéniles qui arrivent à survivre ont déjà été observés revenant sur même coin où ils sont nés pour pondre à leur tour.
MENACES
Il existe des données assez précises sur les populations de crocodiles de Johnston. La chasse a longtemps été la principale cause de mortalité pour l'espèce surtout vers la fin des années 1950. La chasse intensive de ce crocodile (au même titre que celle du crocodile marin) a provoqué une baisse drastique des populations jusqu'à ce que des mesures soient prises dans les années 1960 et 1970.
Aujourd'hui, le crocodile de Johnston est protégé et même si le braconnage persiste encore, la principale menace dont doit faire face notre crocodile de nos jours, c'est la destruction de son habitat. Récemment, des espèces envahissantes telles que le grenouille Goliath ont conduit à une mortalité significative d'adultes et de juvéniles sur des populations vraisemblablement en bonne santé. La menace de ces grenouilles n'a pas encore été correctement établie, mais il est probable que les plus petites populations de crocodiles pourraient être réellement menacées à long terme.
CONSERVATION
Il existe des programmes d'élevage à des fins commerciales afin d'éviter le braconnage des spécimens sauvages. Des études de suivi et de gestion avaient été lancées dans les années 1970 et sont actuellement toujours en cours. Ces recherches sont précieuses à long terme afin de connaître la dynamique des populations de crocodiles Johnston ainsi que d'autres recherches sur la biologie, la physiologie et le développement de l'espèce.
STATUT
De nos jours, la population sauvage de crocodiles de Johnston est estimée à environ 50 000 à 100 000 individus. L'espèce est inscrite à l'Annexe II de la CITES. La Liste rouge des espèces menacées de l'IUCN répertorie le crocodile de Johnston dans la catégorie préoccupation mineure (LC).
SOUS-ESPÈCES
Le crocodile de Johnston est une espèce dite monotypique. Il n'y a aucune sous-espèce reconnue.
SAVIEZ-VOUS QUE ?
* Le nom vernaculaire johnsoni vient du nom de Robert A. Johnston qui est le premier européen à avoir découvert l'espèce. Ce dernier a transmis un spécimen à Gérard Krefft qui en fit la description détaillé. Lors de la description du spécimen, Krefft fit une erreur en écrivant johnsoni en omettant le T. Suivant les règles de la Commission internationale de nomenclature zoologique c'est le premier nom décrit, johnsoni, qui fut conservé.