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Cobaye à dents jaunes de Spix (Galea spixii)


Le cobaye à dents jaunes de Spix (Galea spixii) est un petit rongeur sud-américain appartenant à la famille des Caviidae. Il est originaire principalement du Brésil, où il occupe des milieux variés, allant des zones de savane aux paysages semi-arides de la caatinga. Cette espèce se distingue par sa grande adaptabilité écologique, qui lui permet de subsister dans des environnements difficiles et de profiter des ressources végétales locales. Animal discret et social, il est souvent observé en petits groupes dans la nature. Sa biologie et son comportement, bien que moins connus que ceux des cobayes domestiqués, présentent un intérêt particulier pour comprendre l’évolution des caviidés sauvages. L’étude de cette espèce contribue aussi à mieux saisir les interactions entre faune locale et écosystèmes sud-américains.


Cobaye à dents jaunes de Spix (Galea spixii)
Cobaye à dents jaunes de Spix (Galea spixii)
© Ronilton Senna - Wikimedia Commons
CC-BY (Certains droits réservés)



DESCRIPTION

Le cobaye à dents jaunes de Spix est un rongeur de taille moyenne. Sa longueur corporelle varie généralement de 18 à 25 centimètres, avec un poids qui se situe entre 200 et 400 grammes. Les mâles et les femelles sont morphologiquement très similaires, bien que les mâles puissent être légèrement plus grands et plus lourds. Le dimorphisme sexuel est donc minime. Il n'a pas de queue visible, une caractéristique commune à plusieurs membres de sa famille.

Sa fourrure est de couleur gris-brun sur le dos et devient plus claire, souvent blanche ou crème, sur le ventre. La zone autour de ses yeux et de ses oreilles est également plus pâle. Le pelage de l'animal est dense, ce qui offre une protection contre les variations de température de son habitat aride. Ses pattes sont relativement courtes, mais solides, et sont équipées de griffes non rétractiles qui l'aident à se déplacer sur les terrains rocailleux.

L'une de ses caractéristiques les plus distinctives est la couleur jaune ou orange vif de ses incisives, ce qui lui a valu son nom commun. Ces dents, en croissance continue, sont essentielles à son alimentation, lui permettant de broyer des végétaux coriaces. Le crâne de l'espèce est robuste, adapté à sa diète herbivore, et son museau est court et arrondi. Ses grandes oreilles lui permettent d'avoir une excellente ouïe, un atout important pour détecter les prédateurs.


Galea spixii
Galea spixii
© Frederico Acaz Sonntag - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

HABITAT

Le cobaye à dents jaunes de Spix est une espèce endémique de l'est du Brésil, avec une vaste aire de répartition. Sa présence s'étend du sud-est du Para et de l'est du Mato Grosso jusqu'à l'ouest de Bahia, et du Pernambouc au Rio Grande do Norte. Il occupe également le sud du Ceará ainsi que le centre-sud du Piauí et du Maranhão. Cet animal est principalement trouvé dans les forêts de broussailles épineuses semi-arides de la Caatinga et peut également s'adapter aux zones perturbées par l'agriculture. Les mâles et les femelles occupent des domaines vitaux qui se chevauchent, ceux des mâles étant légèrement plus grands, d'une superficie moyenne de 872 m² contre 632 m² pour les femelles.


Galea spixii distribution
     Répartition du cobaye à dents jaunes de spix
© Manimalworld
CC-BY-NC-SA (Certains droits réservés)

ALIMENTATION

L'alimentation du cobaye à dents jaunes de Spix est principalement herbivore et opportuniste. Il se nourrit d'une grande variété de plantes disponibles dans son habitat de la caatinga, incluant des herbes, des feuilles, des tiges, des graines et des fruits. Sa capacité à se nourrir de plantes coriaces et fibreuses est rendue possible par ses incisives robustes, qui lui permettent de mâcher et de broyer efficacement. En période de sécheresse, il peut également consommer les racines et les bulbes de certaines plantes pour accéder à de l'eau et des nutriments. Le régime alimentaire de cette espèce varie donc en fonction des saisons et de la disponibilité des ressources. En raison de la faible valeur nutritive de la flore de son environnement, le cobaye de Spix passe une grande partie de la journée à chercher de la nourriture.

Il est également coprophage, ce qui signifie qu'il mange ses propres fèces. Ce comportement est crucial pour sa digestion, car il lui permet de réabsorber des vitamines et des nutriments que son système digestif n'a pas pu assimiler lors du premier passage. La capacité de cet animal à s'adapter à une alimentation variée et à exploiter pleinement les ressources de son environnement est un facteur clé de sa survie dans des conditions climatiques parfois rigoureuses. Sa digestion est facilitée par un cæcum bien développé qui abrite des bactéries et des protozoaires spécialisés dans la dégradation des fibres végétales.


Cobaye à dents jaunes de spix galea spixii portrait.jpg
Portrait du cobaye à dents jaunes de spix
© Breno Figueiredo - iNaturalist
CC-BY (Certains droits réservés)

REPRODUCTION

La reproduction du cobaye à dents jaunes de Spix présente plusieurs particularités qui le distinguent des autres rongeurs. L’espèce est connue pour sa fécondité relativement élevée, ce qui compense sa vulnérabilité face aux prédateurs. La reproduction peut avoir lieu tout au long de l’année, bien qu’elle soit souvent influencée par la disponibilité alimentaire et les conditions climatiques locales.

La gestation dure en moyenne 48 à 50 jours, une durée relativement longue pour un petit rongeur. La femelle met bas à des portées de un à quatre petits, qui naissent déjà bien développés : ils ont le pelage complet, les yeux ouverts et sont capables de se déplacer dès les premières heures. Cette précocité réduit les risques de mortalité néonatale. Le sevrage intervient généralement vers trois semaines, mais les jeunes commencent à consommer des végétaux dès les premiers jours. Les mâles atteignent la maturité sexuelle autour de deux à trois mois, les femelles un peu plus tôt, ce qui favorise une reproduction rapide des populations. Dans la nature, ce cycle assure une certaine résilience face aux pressions environnementales. En captivité, les observations montrent que l’espèce conserve ce rythme reproductif élevé, ce qui en fait un modèle biologique intéressant pour l’étude de la physiologie reproductive des Caviidae.


Cobaye à dents jaunes de Spix Reserve Serra das Almas
Cobaye à dents jaunes de Spix dans la réserve naturelle de Serra das Almas
© Isabela Santiago - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

COMPORTEMENT

Le cobaye à dents jaunes de Spix est un animal grégaire et social, vivant généralement en petits groupes composés de quelques individus. Ces regroupements offrent une meilleure protection contre les prédateurs, car la vigilance collective permet de détecter les menaces plus rapidement. L’espèce occupe souvent des terriers naturels, des cavités dans le sol ou des abris formés par la végétation dense. Elle ne creuse pas systématiquement ses propres galeries mais exploite volontiers celles d’autres animaux. Le comportement quotidien inclut de longues phases d’alimentation entrecoupées de périodes de repos dans des zones abritées.

Comme beaucoup de rongeurs, il présente une communication basée sur des vocalisations brèves et variées, combinées à des signaux olfactifs. Les interactions sociales comprennent des comportements de toilettage mutuel, de hiérarchisation légère et parfois de compétition entre mâles. Bien qu’actif à différents moments de la journée, il privilégie souvent les périodes crépusculaires pour limiter le risque de prédation et profiter de températures plus clémentes. Sa stratégie repose sur la discrétion et la rapidité de fuite. L’espèce se montre généralement peu agressive, sauf en période de reproduction où les mâles peuvent manifester des comportements territoriaux. Ce mode de vie collectif et prudent reflète un équilibre entre besoins alimentaires, reproduction et survie dans un milieu naturel exigeant.


Cobaye à dents jaunes de Spix gros plan
Gros plan du cobaye à dents jaunes de Spix
© Isabela Santiago - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

PRÉDATION

Dans les milieux qu’il occupe, le cobaye à dents jaunes de Spix est exposé à une diversité de prédateurs, ce qui explique ses comportements de vigilance et de vie en groupe. Parmi ses principaux ennemis figurent les carnivores terrestres tels que le renard des savanes (Cerdocyon thous), l’oncille du Nord (Leopardus tigrinus) et parfois le jaguarondi (Herpailurus yagouaroundi).

Les rapaces, notamment les buses et les chouettes, constituent également une menace constante, capables de capturer les individus jeunes ou adultes. Les serpents constricteurs ou venimeux, fréquents dans les milieux sud-américains, ajoutent un danger supplémentaire.

Face à ces menaces, le cobaye à dents jaunes de Spix adopte plusieurs stratégies défensives : camouflage grâce à son pelage discret, immobilité face à un danger imminent, puis fuite rapide vers des terriers ou des fourrés. Le regroupement en petits clans accroît les chances de détection précoce des prédateurs. Dans certains cas, les individus produisent des cris d’alarme brefs pour avertir leurs congénères. La forte fécondité de l'espèce constitue aussi une réponse adaptative, lui permettant de maintenir ses effectifs malgré les pertes régulières.


Cobaye à dents jaunes de Spix juvenile
Cobaye à dents jaunes de Spix juvénile
© Joás - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

MENACES ET CONSERVATION

Le cobaye à dents jaunes de Spix n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est classé dans la catégorie "Préoccupation mineure" (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.

Ce statut s'explique par sa large distribution géographique, sa population présumée abondante, sa tolérance aux modifications de son habitat et le fait qu'il est peu probable que l'espèce connaisse un déclin suffisant pour justifier une catégorie de menace supérieure. De plus, le cobaye à dents jaunes de Spix est présent dans plusieurs aires protégées à travers son aire de répartition actuelle, ce qui renforce sa protection.


capybaraTAXONOMIE

L'histoire taxonomique du cobaye à dents jaunes de Spix est relativement complexe et a connu plusieurs ajustements. L'espèce a été décrite scientifiquement pour la première fois par le zoologiste allemand Johann Georg Wagler en 1831. Il l'a nommée Cavia spixii en l'honneur du naturaliste et explorateur allemand Johann Baptist von Spix, qui avait collecté les spécimens au Brésil.

L'inclusion initiale dans le genre Cavia a été reconsidérée au fil du temps en raison des différences anatomiques et morphologiques, notamment la structure crânienne et la dentition. Pour cette raison, l'espèce a été reclassée par la suite dans le genre Galea, qui a été établi en 1832 par Franz Julius Ferdinand Meyen pour accueillir les cobayes aux dents jaunes. Ce changement de classification reflète l'évolution de la science et l'utilisation de données génétiques pour affiner la taxonomie des espèces. Des études récentes ont confirmé le statut de Galea spixii en tant qu'espèce distincte, malgré sa ressemblance avec d'autres espèces du genre, comme le cobaye à dents jaunes commun (Galea musteloides).

L'espèce Galea spixii possède trois sous-espèces reconnues par la communauté scientifique. Elles sont principalement distinguées par leur aire de répartition géographique et de légères variations de taille et de coloration :

- Galea spixii palustris (Thomas, 1911)

- Galea spixii spixii (Wagler, 1831) (sous-espèce nominale)

- Galea spixii wellsi (Osgood, 1915)


Spix's yellow-toothed cavy (Galea spixii)
En anglais, le cobaye à dents jaunes de Spix est appelé
Spix's yellow-toothed cavy
© Henrique Anizio - iNaturalist
CC-BY-NC (Certains droits réservés)

CLASSIFICATION


Fiche d'identité
Nom communCobaye à dents jaunes de Spix
English nameSpix's yellow-toothed cavy
RègneAnimalia
EmbranchementChordata
Sous-embranchementVertebrata
ClasseMammalia
Sous-classeTheria
Infra-classeEutheria
OrdreRodentia
Sous-ordreHystricomorpha
FamilleCaviidae
Sous-familleCaviinae
GenreGalea
Nom binominalGalea spixii
Décrit parJohann Georg Wagler
Date1831



Satut IUCN

Préoccupation mineure (LC)

SOURCES

* Liens internes

iNaturalist

Liste Rouge IUCN des espèces menacées

Mammal Species of the World (MSW)

Système d'information taxonomique intégré (ITIS)

* Liens externes

Global Biodiversity Information Facility (GBIF)

Wikimedia Commons

* Bibliographie

Wagler, J. G. (1831). "Naturliches System der Amphibien, mit vorangehender Classification der Säugethiere und Vögel." München: J.G. Cotta’schen Buchhandlung.

Meyen, F. J. F. (1832). "Observationes de affinitate animalium quæ in itinere circa terram collegerat Dr. F. J. F. Meyen." Nova Acta Physico-Medica Academiæ Cæsareæ Leopoldino-Carolinæ, 16, 341–432.

Gray, J. E. (1872). "Notes on the genus Cavia, with the characters of two new genera of Hystricidae." Annals and Magazine of Natural History, 10(57), 145–148.

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Spotorno, A. E., et al. (2004). "Chromosomal evolution in caviomorph rodents (Hystricognathi, Caviidae)." Cytogenetic and Genome Research, 106(1), 137–144.

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