Décrit par Charles Darwin comme un animal élégant au long cou mince et aux jambes fines, le guanaco est le plus grand représentant des camélidés d'Amérique du Sud. Il mesure entre 1,50 et 2,25 m de long, de 1,10 à 1,15 de hauteur d'épaule (1,60 à 1,80 m de haut jusqu'à la tête), pour un poids allant de 100 à 120 kg. La taille de la queue varie de 15 à 25 cm de longueur.
Le pelage laineux est uniformément brun fauve sur le haut du corps. Son museau, son visage et ses oreilles sont gris noirâtre, tandis que le ventre et l'intérieur des pattes sont blancs. Certaines parties de ses flancs sont dénudées et permettent de disperser l’excès de chaleur. Sa fourrure est moins épaisse que celle des lamas et des alpagas.
HABITAT
L'aire de répartition du guanaco est large mais fragmentée. Elle s'étend du nord du Pérou au sud du Chili, en passant par l'Argentine, la Bolivie et le Paraguay, ainsi que sur les îles de Tierra del Fuego et Navarino. Des populations sauvages existent également dans les îles Falkland.
Le guanaco est une espèce montagnarde que l'on peut rencontrer jusqu'à 4 000 m d'altitude. Ce camélidé occupe une gamme d'habitats arides et semi-arides, comme les déserts arides ou arbustifs, les prairies à végétation riche, les montagnes, les forêts ou encore les régions pluvieuses proches des côtes. Alors que certaines populations sont sédentaires, d'autres font des migrations saisonnières, se déplaçant à basse altitude, pour éviter les hautes neiges et remontant en haute altitude en période de sécheresse.
ÉCOLOGIE
Le guanaco est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose principalement de graminées et d'arbustes. Néanmoins, ses habitudes alimentaires sont assez flexibles lorsque ses aliments préférés se font rares. Dans ce cas, il peut manger des lichens, des cactus et autres plantes succulentes. Il peut rester plusieurs jours sans boire tirant l'eau nécessaire à sa survie dans les aliments qu'il consomme.
Après une période de gestation comprise entre 345 et 360 jours, la femelle donne naissance à un seul petit. Cette longue période ainsi que l'environnement souvent rude où elle habite, oblige la femelle à être prête à s'accoupler à nouveau dans les deux semaines suivant l'accouchement. Le nouveau-né est en mesure de marcher et de suivre sa mère presque immédiatement après la naissance, et reste avec le groupe jusqu'à l'âge d'environ 13 à 15 mois. Il atteint sa maturité sexuelle entre l'âge de 12 et 24 mois. Après avoir quitté le groupe familial, les jeunes mâles passent entre 3 et 4 ans dans des groupes de mâles célibataires, avant de pouvoir prétendre à une éventuelle domination avec d'autres mâles. L'espérance de vie du guanaco est de 28 ans au maximum.
Le guanaco est étonnamment agile dans ses mouvements, et est capable de courir à des vitesses allant jusqu'à 56 km/h. Son sang est capable de transporter plus d'oxygène que les autres mammifères, ce qui lui permet d'évoluer aisément en haute altitude. C'est un animal grégaire qui vit en petits troupeaux composés d'une trentaine d'individus et de leurs petits dirigés par un seul mâle adulte. Les jeunes et les mâles non- territoriaux se retrouvent seuls ou en groupes exclusivement masculins, bien que des groupes de tous âges et sexes peuvent se former dans les populations migratrices durant l'hiver.
PRÉDATEURS
Les principaux prédateurs naturels du guanaco sont le puma et, pour les plus jeunes, le condor. Toutefois, il est doté de plusieurs techniques de défense. Il peut être très violent; mord, crache, frappe avec son cou et ses pattes arrière et peut aussi courir très vite. Cependant, l'homme, l'exterminant pour sa fourrure de qualité, constitue son ennemi le plus redoutable.
MENACES
Avant l'arrivée des Européens en Amérique du Sud, la population de guanacos était estimée à environ 50 millions d'individus. Par la suite, l'espèce a subie une baisse drastique, en particulier au cours du XIXe siècle, et aujourd'hui on ne compte plus que 600 000 individus, dont 90 % vivent en Argentine. Bien qu'il soit encore largement distribué, le guanaco n'occupe maintenant que 40 % de son aire de répartition d'origine, et les populations sont souvent fragmentées en petites sous populations relativement isolées les unes des autres, ce qui augmente le risque d'extinctions locales dans certaines régions.
Les principales menaces pesant sur le guanaco incluent la chasse excessive, le braconnage, la dégradation de son habitat ainsi que la fragmentation et l'isolement de ses populations à cause du développement humain et de l'utilisation de fils de fer barbelés. Le surpâturage et la sécheresse, peut-être liés au changement climatique, sont de nouvelles menaces dégradant son habitat naturel. La forte baisse du nombre de guanaco au XIXe siècle résulte sans doute en grande partie de l'introduction de moutons domestiques, qui monopolisent les meilleures zones d'alimentation et rivalisent ainsi avec le guanaco pour la nourriture. D'ailleurs, les éleveurs de moutons tuent souvent le guanaco, le considérant comme un concurrent pour leur bétail et une source possible de transmission des maladies. Pourtant, il se pourrait bien que se soit au contraire les maladies du bétail domestique qui menaceraient le guanaco plutôt que dans l'autre sens
CONSERVATION
Présent dans un certain nombre de parcs nationaux, le guanaco n'est actuellement pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN ainsi qu'en Annexe II de la CITES.
Bien qu'il soit relativement commun et largement distribué, et qu'il se produit dans un certain nombre de zones protégées, le guanaco est pourrait bien être dépendant de mesures de conservation efficaces pour sa survie à long terme. Bien protégé en vertu de diverses lois sur la majeure partie de son aire, la chasse et le commerce illicite persistent, le manque de fonds, les difficultés dans l'application de la législation, et le peu de motivation des populations locales pour participer à la conservation de l'espèce rendent difficile l'application d'une protection efficace.
Les priorités de conservation comprennent entre autres des enquêtes précises sur les populations existantes, une protection et une gestion adéquate pour son habitat, la réglementation des quotas de chasse, un meilleur contrôle du braconnage et une sensibilisation accrue du public. Sans actions rapides de la part de l'homme, ce camélidé pourrait rapidement disparaître sur une grande partie de son aire voire même disparaître totalement. L'utilisation durable des populations de guanacos sauvages peut offrir un certain espoir pour l'espèce, et peut également fournir une alternative aux pratiques agricoles traditionnelles dans certaines régions, en aidant à réduire le risque de surpâturage, et contribuer au développement rural.
REMARQUES TAXONOMIQUES
La taxinomie actuelle du guanaco ne semble pas encore très claire. Selon les statuts actuels de l'ITIS et MSW, l'espèce Lama guanicoe ne comporterait aucune sous-espèce.
Néanmoins, d'autres auteurs, tels que l'IUCN et NCBI répertorie cet animal comme une espèce distincte comportant au moins deux sous-espèces, mais ces données pourraient encore évoluer à l'avenir. À savoir qu'il est établi que le guanaco est l'ancêtre sauvage du lama domestique, tout comme la vigogne est celui de l'alpaga.
La liste ci-dessous répertorie les deux sous-espèces reconnues par l'IUCN et NCBI :