Le suni de zanzibar est une petite antilope mesurant de 30 à 43 cm de haut pour un poids allant de 4 à 5 kg. Seuls les mâles sont dotés de cornes. Celles-ci sont noire, annelées, légèrement inclinées vers l'arrière et mesure de 6,5 à 13 cm de long.
Le pelage est généralement brun rougeâtre, plus sombre sur le dos que les flancs et les jambes. Le ventre, le menton, la gorge et l'intérieur des pattes sont blancs. Les narines sont au premier plan rouge, et l'on peut voir des anneaux noirs autour des yeux ainsi qu'au-dessus des sabots.
Son nom d'antilope musquée lui vient de l'odeur âcre d'une sécrétion musquée produite par ses glandes pré orbitales. Le suni de Zanzibar se distingue des autres petites antilopes par l'absence de touffes de poils longs sur la tête et les genoux.
HABITAT
Autrefois, le suni de Zanzibar était largement répandu dans les forêts et les bosquets des régions côtières et de l'arrière-pays du Kenya au KwaZulu-Natal en Afrique du Sud. Aujourd'hui, on le trouve exclusivement dans les régions côtières du sud-est de l'Afrique, allant du sud-est du Kenya jusqu'au Natal et au Transvaal. Il est présent notamment au Kenya, au Malawi, au Mozambique, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Il a également été enregistré sur l'île de Zanzibar et les îles adjacentes, mais pas sur Pemba.
Le suni de Zanzibar est un habitant des forêts côtières et des bosquets, des fourrés denses secs, des forêts de montagnes jusqu'à 2 700 m d'altitude et d'autres zones de broussailles épaisses. Dans certaines régions, il bénéficie probablement de l'expansion de l'habitat du bosquet secondaire qui a résulté de l'activité humaine (par exemple sur Zanzibar), et il colonise facilement les forêts dégradées.
BIOLOGIE
Le suni de Zanzibar est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose essentiellement de feuilles mortes, de bourgeons, de jeunes pousses, de fruits et de champignons. Cette antilope ne boit pas beaucoup dans la mesure où elle tire l'eau nécessaire à sa survie dans les aliments qu'elle consomme.
La reproduction de cette espèce n'est pas vraiment connue. La gestation est d'environ 183 jours après laquelle un seul petit est mis au monde. La femelle peut se reproduire vers l'âge de 8 à 9 mois, bien que les premières naissances n'arrivent pas avant 19 à 20 mois. L'espérance de vie de l'espèce n'est pas connue, mais elle peut être semblable à celle des autres antilopes du genre Neotragus, c’est-à-dire 8 ans environ.
Le suni de Zanzibar est un animal territorial. Les couples monogames vivent sur le même domaine et en excluent les autres adultes. Un territoire idéal mesure entre 1 et 4 hectares, et dans les régions pauvres en alimentation de 4 à 10 hectares. Bien que généralement observé seul, Lawson (1986) signalait que 77 % des animaux observés étaient des mâles adultes célibataires ou des femelles, et 12 % étaient des couples d'adultes. Généralement décrit comme timide et secret, le suni de Zanzibar est surtout actif en soirée ou encore la nuit. Il passe la journée à dormir dans les zones abritées et ombragées.
PRÉDATEURS
Comme bon nombre de bovidés, le suni de Zanzibar est la proie de plusieurs chasseurs carnivores dont les félins s'octroient la première place. Le lion, mais également les grands serpents et les rapaces se nourrissent volontiers de cette petite antilope. La coloration du pelage du suni lui fournit néanmoins un bon camouflage pour ne pas être repéré de ses ennemis. Lorsqu'un prédateur est repéré, le suni de zanzibar se fige et reste caché, ne s'enfuyant que lorsque l'assaillant se rapproche de trop.
POPULATIONS
Le suni de zanzibar se trouve à des densités de population relativement élevées dans les zones où il est assez commun comme sur l'île de Zanzibar ainsi qu'au parc national de Lengwe. En 1999, la population totale de cette antilope était estimée à environ 365 000 individus. Si la tendance est aujourd'hui stable dans la majeure partie de son aire de répartition, certaines sous populations sont néanmoins en déclins surtout dans les régions peuplées où la pression de chasse est très élevée ainsi que dans certaines zones protégées où la population de nyalas est en surnombre.
Autrefois, le suni de Zanzibar était probablement largement distribué dans les habitats boisés qui s'étendaient de la frontière du Mozambique jusqu'au sud et à l'est des montagnes de Lebombo, à St Lucia Estuary. Les populations actuelles se situent encore dans cette gamme, mais sont petites et isolées. Elles sont présentes dans les habitats sous arides dans les régions bioclimatiques du Bushveld, à des altitudes comprises entre 40 et 100 m d'altitude. Le nombre total de suni dans le KwaZulu-Natal est probablement inférieur à 1 000. La plus grande population d'environ 500 individus se trouve au Tembe Elephant Park. Les autres zones protégées qui contiennent des sunis sont Mkhuze , False Bay Park, et Ndumo.
MENACES
Le suni de Zanzibar est une espèce très adaptable qui résiste généralement aux pressions de chasse modérément élevées, bien que la chasse excessive ait probablement réduit leur nombre sur une grande partie de son aire au Kenya, et la chasse excessive localisée ne laisse que de faibles densités dans des domaines tels que la proximité immédiate de villages. La perte d'habitat pour l'expansion de l'agriculture ainsi que le braconnage et les chiens errants ont éliminé le suni sur une grande partie de son ancienne aire de répartition en Afrique du Sud où il est maintenant une espèce rare. Il est également menacé par la réduction de la couverture en arbustes causée par l'augmentation du nombre de nyala (Tragelaphus angasii) dans certaines zones protégées et parcs privés.
CONSERVATION
Le suni de Zanzibar n'est pas considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN, et n’apparaît actuellement sur aucune annexes de la CITES.
Son statut varie considérablement au travers de son aire. Il est notamment considéré comme vulnérable en Afrique du Sud, n'est pas menacé au Mozambique, rare au Zimbabwe, et stable en Tanzanie. L'espèce est également présente dans de nombreux parcs nationaux où elle bénéficie de la protection des parcs en vigueur.
En 1995, un total de 39 sunis élevés en captivité a été relâché dans une zone de forêt très dense dans le nord-est du parc national Kruger qui est censée comprendre un habitat convenable, mais au début de l'année 1998, aucune observation n'a permis de savoir si la réintroduction a été un succès ou non.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît quatre sous-espèces distinctes de suni de Zanzibar :