La civette palmiste de Jerdon (Paradoxurus jerdoni) est une civette appartenant à la famille des viverridés, souvent confondue avec la civette palmiste des Célèbes qui porte le même nom anglais à cause de la couleur brune de sa fourrure. Ce petit mammifère, originaire des Ghâts occidentaux en Inde, est également appelée Civette palmiste brune.
La civette palmiste de Jerdon est similaire en taille avec la civette palmiste commune. Un mâle adulte mesure entre 43 et 62 cm de long (tête-corps) pour un poids allant de 3,6 à 4,3 kg. La queue mesure de 38 à 53 cm de long. Actuellement, il n'existe aucune donnée en ce qui concernant le dimorphisme sexuel chez cette espèce.
Le pelage est de couleur brune sur l'ensemble du corps, mais plus foncé sur les jambes, les épaules, le cou et la tête. La couleur entre les deux sous-espèces existantes peut varier du brun pâle au brun foncé. Parfois, la queue de cette civette peut avoir une pointe légèrement jaune. Contrairement à d'autres civettes, la civette palmiste de Jerdon n'a pas de marques distinctes sur son visage. Elle peut être distinguée de la civette palmiste commune par la fourrure sur la nuque du cou, qui se développe dans le sens inverse comme chez la civette palmiste de Ceylan.
HABITAT
L'aire de répartition de la civette palmiste de Jerdon s'étend de la pointe sud des Ghâts occidentaux dans la réserve de tigres de Kalakkad jusqu'à la réserve de Mundanthurai à Castle Rock dans le Goa au nord. La civette palmiste de Jerdon vit dans les forêts tropicales de haute altitude des Ghâts occidentaux en Inde. Préférant les altitudes de 500 à 1 300 m. Elle n'est pas aussi rare qu'on ne le pensait auparavant et les dossiers d'observations de l'espèce dans le Kodaikanal et Ootacamund où elle était précédemment considérée comme disparue localement sont une indication de sa capacité à passer inaperçue.
POPULATION
L'état de la population est mal connu. La civette palmiste de Jerdon était le petit carnivore le plus souvent vu dans la réserve de tigres de Kalakad-Mudanthurai entre mai 1996 et décembre 1999. L'abondance de cette espèce a été peu documentée en raison de ses habitudes nocturnes et arboricoles. Ryley (1913) a constaté alors qu'elle semble être assez abondante dans le Coorg, mais pas aussi commune que la civette palmiste commune. Des études récentes suggèrent que cette espèce n'est pas aussi rare que ne l'on pensait être. Cette civette semble être assez commune dans certaines régions notamment au-dessus de 1 000 m dans la réserve de tigres de Kalakad-Mudanthurai dans les montagnes d'Agastya Malai et aussi celles d'Anamalai.
ÉCOLOGIE
La civette palmiste de Jerdon est principalement frugivore. Elle est d'ailleurs considérée comme le viverridé le plus frugivore de la famille avec un régime alimentaire composé de 97 % de fruits. Cette civette consomme de petits fruits multi graines, comme les baies, les drupes qui sont à forte teneur en eau. Son régime alimentaire se compose essentiellement d'espèces fruitières indigènes et certains fruits exotiques, tels que les bananes, la cardamome, le café, et les goyaves. Lorsque la disponibilité des fruits est faible, elle complète également son bol alimentaire avec des invertébrés (insectes, mille-pattes, escargots et des crabes) et rarement avec de petits vertébrés (rongeurs, d'autres petits mammifères, oiseaux et reptiles). Son système "non spécialisés", caractéristique des carnivores, et la stratégie alimentaire opportuniste, lui donne la capacité unique de faire face aux fluctuations de la disponibilité de la nourriture.
Les comportements d'accouplement spécifiques de cette espèce n'ont pas encore été étudiés. Actuellement, il n'existe aucune information sur le comportement reproducteur général de la civette palmiste de Jerdon. L'âge de la maturité sexuelle n'est actuellement pas connue pour cette espèce tout comme son espérance de vie.
La civette palmiste de Jerdon est un animal solitaire et nocturne. Elle se repose pendant la journée dans des arbres creux, dans les nids des écureuils géants de l'Inde (Ratufa indica) ou sur des branches. Comme d'autres viverridés, la civette palmiste de Jerdon est dotée d'une glande odorante anale qui produit un liquide dégageant une odeur âcre qu'elle utilise comme un mécanisme de défense contre les prédateurs et a même déjà été observée en train de se battre lorsqu'elle est acculée.
MENACES
La civette palmiste de Jerdon est menacée par la destruction de son habitat sue aux activités minières au Kudremukh (qui a depuis été fermé par le gouvernement), les projets hydroélectriques dans les montagnes d'Annamalai, et les plantations à grande échelle de café, de cardamome et de thé dans et autour des aires protégées. La chasse ne semble pas être une menace majeure pour l'espèce. Cependant, la chasse illégale est encore courante dans les plantations privées. Comme cette civette est hautement frugivore et arboricole, la fragmentation de l'habitat de la forêt tropicale est probablement la principale menace pour cette espèce. En raison de ses habitudes, elle peut néanmoins survivre dans les zones fortement envahies dans la mesure où elle trouve et des ressources alimentaires suffisantes, comme dans les plantations de café et de cardamome.
STATUT ET CONSERVATION
En raison de son abondance dans les zones perturbées et fragmentées, la civette palmiste de Jerdon n'est pas considérée comme une espèce menacée. Elle est inscrite en Annexe III de la CITES ainsi que dans la catégorie Préoccupation mineure (LC) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Avec une répartition très limitée, la perte et la fragmentation de son habitat, la capacité de son adaptation aux habitats perturbés, l'espèce est constamment testée et, pour le moment, elle semble être en plein essor. Mais la rareté des informations et des études spécifiques pour cette espèce laisse une certaine inquiétude sur l'état de la population dans certaines régions de son aire de répartition. Plus d'enquêtes sont nécessaires d'urgence pour déterminer la véritable abondance et la répartition de cette civette. Plus d'informations sur les menaces potentielles permettrait une plus grande certitude quant à son statut actuel.
SOUS-ESPÈCES
Selon la classification actuelle, l'ITIS reconnaît deux sous-espèces distinctes de civette palmiste de Jerdon :