Le sanglier du Vietnam se distinguait par plusieurs caractéristiques anatomiques qui le différencient des autres membres de la famille des Suidae. Les spécimens connus proviennent principalement de quelques crânes et fragments dentaires découverts au Laos dans les années 1890 et au début du XXe siècle. Ces fossiles, bien que fragmentaires, ont permis aux scientifiques de reconstruire partiellement son apparence.
La particularité la plus notable est l'ampleur et la robustesse de ses joues, une caractéristique suggérée par le nom spécifique bucculentus (du latin "buccula", signifiant "joues"). Sa dentition robuste indiquait une adaptation à une alimentation variée, comprenant probablement des racines, des tubercules, des fruits et même des matériaux plus coriaces comme l'écorce ou des graines dures. Les canines étaient bien développées, comme chez d'autres suidés, probablement utilisées pour creuser le sol à la recherche de nourriture et pour la défense.
Les analyses des fragments fossiles suggèrent que le sanglier du Vietnam était légèrement plus grand que les sangliers modernes (Sus scrofa), avec un poids estimé entre 80 et 120 kg.
Son pelage était probablement dense et foncé, bien que cela reste hypothétique en l'absence de preuves directes.
HABITAT
Le sanglier du Vietnam était endémique d'une région montagneuse du Laos et du Vietnam, avec des signalements limités à certaines forêts d'altitude. Ces écosystèmes, composés de forêts tropicales denses et de zones semi-décidues, offraient une couverture idéale contre les prédateurs ainsi qu'une abondance de nourriture.
Historiquement, cet animal semblait privilégier les zones humides comme les marécages forestiers, les bords de rivières et les clairières riches en végétation. L'altitude de son habitat variait généralement entre 500 et 1 500 mètres, bien que des observations anecdotiques aient rapporté sa présence à des altitudes plus élevées. Ces zones, riches en biodiversité, présentaient un sol meuble idéal pour son alimentation et une diversité d'abris naturels.
Le statut taxonomique du sanglier du Vietnam est sujet à débat. L'espèce a été décrite à partir de deux crânes collectés en 1892, et un troisième crâne a été découvert en 1995 dans les montagnes Annamites du Laos. Cependant, des analyses ultérieures de l'ADN mitochondrial suggèrent que ces spécimens pourraient appartenir à une forme locale du sanglier eurasien (Sus scrofa). En raison de ces incertitudes taxonomiques et du manque d'informations fiables sur l'état de sa population, l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) a classé le Sus sanglier du Vietnam comme Données insuffisantes (DD) en 2008. Cependant, en février 2022, l'IUCN a révisé son statut à Éteint (EX), en raison de l'absence de preuves confirmant son existence continue et de la possibilité d'hybridation avec d'autres porcs sauvages.
La dernière observation documentée remonte aux années 1990, lorsque des restes d'un spécimen ont été identifiés. Depuis, plusieurs expéditions ont échoué à retrouver des preuves concluantes de sa survie.
TAXONOMIE
La taxonomie du sanglier du Vietnam a été longtemps débattue, en raison de la rareté des spécimens disponibles et des similitudes morphologiques avec d'autres suidés. L'espèce a été décrite pour la première fois en 1892 par le zoologiste français Pierre Heude, à partir de fossiles trouvés dans des grottes calcaires au Laos. Pendant un certain temps, certains chercheurs ont supposé que le sanglier du Vietnam était simplement une sous-espèce de sanglier eurasien ou qu'il était étroitement lié au sanglier de Java (Sus verrucosus). Cependant, des études morphologiques ultérieures ont confirmé qu’il s’agissait bien d’une espèce distincte. Toutefois, les preuves génétiques indiquent que le crâne récemment attribué au sanglier du Vietnam appartiendrait en fait au sanglier eurasien. Un débat persiste pour savoir si le sanglier du Vietnam représente soit une espèce unique, un hybride ou encore une forme eurasienne du sanglier avec des caractéristiques extrêmes du crâne. L'affaire n'est à ce jour pas encore résolue.
Sus bucculentus est probablement un nom invalide, synonyme de Sus scrofa, ou plutôt de Sus moupinensis. Cette dernière espèce reste toutefois provisoire, en attendant une étude plus approfondie de la différenciation taxonomique au sein du groupe des suidés sauvages d'Asie du Sud-Est. Dans l'attente d'une étude plus approfondie, Sus bucculentus est classé comme éteint jusqu'à ce que de meilleures preuves sur sa taxonomie soient disponibles.