Crocodile d'Afrique de l'Ouest (Crocodylus suchus)
Crocodile d'Afrique de l'Ouest (Crocodylus suchus)
Le crocodile d'Afrique de l'Ouest (Crocodylus suchus) est une espèce de crocodile appartenant à la famille des crocodiliens dans la famille des Crocodylidae. Ce reptile était autrefois considéré comme une sous-espèce de crocodile du Nil. Aujourd'hui, des tests ADN ont démontré que le crocodile d'Afrique de l'Ouest est une espèce distincte. Le crocodile d'Afrique de l'Ouest est également connu sous le nom de Crocodile du désert.
Le crocodile d'Afrique de l'Ouest est considéré, à tort ou à raison, comme une relique témoigne de nos jours de l'ancien Sahara humide. Ce crocodile a longtemps été classé comme une sous-espèce de crocodile du Nil. Si ce dernier peut atteindre une taille de 5 m, le crocodile d'Afrique de l'ouest ne dépasse que rarement les 2,50 m de long. D'après des tests génétiques récents, il semblerait que ce crocodile du désert soit assez proche de ses congénères habitant au Sénégal ou en Côte d'Ivoire.
L'espèce fut décrite pour la première fois par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire en 1807. Il a découvert des différences entre les crânes de crocodiles momifiés et ceux de crocodiles du Nil. Cette nouvelle espèce fut cependant longtemps considérée comme une sous-espèce jusqu'en 2011 où une étude a démontré que ce crocodile appartenait en fait à une espèce à part et fut alors nommée Crocodylus suchus. Cependant, de nouvelles études semblent dorénavant nécessaires pour évaluer les spécificités biologiques de l'espèce.
HABITAT
Le crocodile d'Afrique de l'Ouest se rencontre surtout en Mauritanie et au Tchad. Ce crocodile semble avoir eu une aire de répartition plus étendue autrefois. Il a par exemple disparu de la Guelta de Tanzida au Maroc en 1950. Il aurait encore été rencontré en 1951 dans la Guelta de Tizgui Remz, au sud d'Assa, ainsi que dans celle de Taffagount, au sud d'Akka. C'est dans ces gueltas d'Afrique que quelques crocodiles, se sont retrouvés il y a quelques milliers d'années isolés par l'émergence et la progression du désert.
ALIMENTATION
Malgré le climat aride où vit le crocodile d'Afrique de l'Ouest, il semblerait qu'il se soit accoutumé à se nourrir essentiellement de poissons, d'oiseaux et de grenouilles, ce qui expliquerait également le peu de prédation sur les bétails et fournirait une explication quant à la coexistence pacifique entre autochtones et crocodiles. La capacité d'adaptation de ces crocodiles sahariens envers une région dépourvue de grandes proies apparaît bien comme la clé de leur survie dans ce milieu désertique.
MENACES
Le crocodile d'Afrique de l'Ouest est déjà une espèce en déclin et ses populations se réduisent en raison du commerce non réglementé pour les peaux ainsi que pour leur viande. Il est également menacé par les industries telles que l'industrie pétrolière.
CONSERVATION
Les exemplaires de Mauritanie semblent être relativement protégés par leur isolement, mais aussi par les habitants, ou du moins une partie d'entre eux dont ils illustrent le symbole de la précieuse présence de l’eau. Un programme de réintroduction devrait être entrepris au Maroc, notamment dans la région du Bas Drâa, là où subsistent des gueltas permanentes. Cette réintroduction cardinale pourrait aider à régénérer des écosystèmes largement détruits par l'élimination des prédateurs, dont le rôle au sommet de la chaîne alimentaire est reconnu aujourd'hui comme indispensable à l'existence de ces mêmes écosystèmes.
MYTHES
Les anciens Égyptiens adoraient Sobek le dieu crocodile associé à la fertilité, la protection et la puissance du pharaon. Les Égyptiens avaient une relation mitigée avec Sobek : parfois ils chassaient les crocodiles et parfois ils voyaient en lui un protecteur et une source du pouvoir pharaonique. Le crocodile d'Afrique de l'Ouest était connu pour être plus docile que le crocodile du Nil et fut choisi par les anciens Égyptiens pour leurs rites spirituels et y compris la momification. Une récente analyse ADN a démontré que les crocodiles momifiés dans les grottes de Thèbes, les grottes de Samoun et celles de la Haute-Égypte appartenaient à cette espèce.
Sobek était représenté avec un corps d'homme et une tête de crocodile. Le centre de son culte se trouvait à Arsinoé dans l'oasis de Fayoum connu sous le nom de Crocodilopolis par les Grecs. Un autre temple dédié à Sobek se trouve à Kom-Ombo et d'autres temples plus petits ont été construits à travers tout le pays.
Il y a des milliers d'années, le Sahara n'était pas un désert, mais bien une savane, verdoyante et fertile. Ces fleuves, le Nil en particulier, hébergeaient une population de redoutables crocodiles géants. Les pharaons protégeaient ces animaux, considérés comme sacrés. Après le déclin de l'empire des pharaons, les crocodiles ont perdu leur statut. Chassés des cours d'eau, incapables de survivre sur une terre de plus en plus désertique, ces grands reptiles ont disparu à jamais de l'Afrique du Nord. C'est du moins ce que l'on croyait. Mais les découvertes d'une jeune écologiste irlandaise, Tara Shine, sont venues semer le doute. En Mauritanie, à la frontière sud du Sahara, elle a retrouvé une population de reptiles géants, qu'elle croit être les descendants directs des crocodiles des Pharaons.