Le cerf de Thorold est un grand cerf dont la taille moyenne se situe entre 1,90 et 2,27 m de long, de 1,20 à 1,30 m de hauteur d'épaule, pour un poids allant de 125 à 204 kg. Le dimorphisme sexuel est présent chez cette espèce, les mâles étant plus grands et plus lourds que les femelles. Les mâles sont facilement reconnaissables grâce aux bois qui ornent leur tête. Ceux-ci peuvent mesurer jusqu'à 1,40 m de long et peuvent atteindre un poids de 7 kg. Ces bois tombent chaque année vers le mois de mars puis repoussent pour atteindre leur pleine longueur vers la fin de l'été. Par rapport à la taille de l'animal, la queue est courte ne mesurant que 12 ou 13 cm de long.
Habitant du plateau tibétain, ce cervidé est doté de plusieurs adaptations pour cet environnement rude et froid. Son pelage brun est constitué d’un pelage long, épais et grossier lui procurant la chaleur nécessaire en hiver. Les pattes courtes et robustes sont munies de larges sabots parfaitement adaptés à l'itinérance dans le paysage accidenté. Le pelage d'été est plus sombre que le manteau d'hiver et les parties inférieures sont généralement plus crémeux en couleur. Le visage est plus sombre que le reste du corps, surtout chez les mâles, et contraste avec des marques blanches sur les lèvres, autour du nez et la gorge juste sous menton. Une autre caractéristique propre à l'espèce lui vient de ses oreilles plus longues que la plupart des autres cerfs et bordées de poils blancs.
HABITAT
Autrefois, le cerf de Thorold évoluait dans la partie Est du plateau tibétain. Actuellement, il vit en populations fragmentées dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du Gansu oriental et central, au sud du Qinghai à l'est du Tibet, à l'ouest du Sichuan ainsi qu'au nord-ouest du Yunnan.
Cette espèce habite les forêts de conifères, de rhododendrons, les broussailles de saules et les prairies alpines situées entre 3 500 et 5 100 m d'altitude. Comparé à d'autres cervidés du plateau Qinghai-Tibet, le cerf de Thorold est le plus susceptible à trouver des habitats ouverts.
ALIMENTATION
Le cerf de Thorold est un mammifèreherbivore dont le régime alimentaire se compose essentiellement de graminées, d'herbes, de lichens, de feuilles et d'écorce d'arbres et d'arbustes. En été, dans les prairies alpines, il peut manger beaucoup de carex.
REPRODUCTION
Chez le cerf de Thorold, la période du rut dure environ 80 jours entre fin septembre et fin décembre. À ce moment, les combats entre mâles font rage pour avoir accès aux femelles. Après une période de gestation estimée à une durée située entre 220 et 250 jours, la femelle met au monde un seul petit dont le corps est tacheté de blanc. Les jeunes faons sont capables de se tenir debout 40 minutes après leur naissance. Initialement, la mère les protège en les déplaçant dans différents endroits et leur rend visite deux fois par jour pour les allaiter. Après environ deux semaines, ils rejoignent le troupeau. Les taches commencent à s'estomper après environ six semaines, et les faons atteignent la couleur d'adulte à la fin de leur première année. Le sevrage survient à l'âge de 10 mois et la maturité sexuelle est atteinte vers l'âge de 15 mois.
L'espérance de vie du cerf de Thorold est de 21 ans en captivité, mais ne dépasse guère les 12 ans dans la nature.
COMPORTEMENT
Les années de chasse ont fait de ce cervidé un animal timide et méfiant, ce qui les rend difficiles à observer dans la nature. Le cerf de Thorold est un animal grégaire qui, en hiver, vit en troupeau pouvant contenir jusqu'à 300 individus. Lorsque l'été arrive, ces troupeaux se séparent et se déplacent vers des altitudes plus élevées. Les groupes se composent alors de femelles ou de célibataires comprenant entre 5 et 40 individus. Les mâles matures sont, quant à eux, solitaires. Malgré sa grande taille, il est extrêmement agile et escalade facilement les pentes rocheuses.
PRÉDATEURS
Le cerf de Thorold a peu de prédateurs naturels. Seuls le loup et la panthère des neiges sont actuellement connus pour s'attaquer à ce cervidé. L'homme reste néanmoins son pire ennemi. Dans la mesure où l'animal vit en troupeau, il peut compter sur la vigilance de chaque membre du groupe pour détecter les prédateurs. De plus, il est rapide, agile et peut se défendre avec ses sabots.
MENACES
Les populations de cerfs de Thorold ont sérieusement décliné à cause de la chasse, la concurrence avec le bétail, ainsi que la conversion et la fragmentation de leur habitat naturel. Aujourd'hui, ce cerf réside sur une infime proportion de son ancienne aire de répartition. Le cerf de Thorold est encore chassé pour sa viande, ainsi que pour ses bois. D’autres organes de l’animal sont très prisés pour la médecine traditionnelle chinoise.
CONSERVATION
Le cerf de Thorold est considéré comme une espèce menacée. Il est inscrit dans la catégorie Vulnérable (VU) sur la Liste rouge de l'IUCN.
Pendant les années 1970 et 1980, le gouvernement chinois a établi un certain nombre de fermes où les cerfs ont été élevés pour leurs bois, afin de réduire la pression de chasse sur les populations sauvages et éviter le braconnage. Aujourd'hui, le cerf de Thorold se produit dans deux aires protégées, Ja Ling et West-Sea dans la province du Qinghai, qui ont tous deux été créées spécialement pour la protection de ce cervidé. En outre, il est classé comme une espèce protégée en Chine. Bien que ces mesures soient importantes pour la conservation du cerf de Thorold, de nouvelles mesures ont été recommandées, telles que l'évaluation de l'état actuel des fermes gouvernementales, identifier les domaines potentiels de réserve, et la réalisation d'études écologiques à long terme.
REMARQUES TAXONOMIQUES
Le cerf de Thorold a traditionnellement été inclus dans le genre Cervus. Néanmoins, certaines preuves génétiques suggèrent que l'animal doit être placé dans un genre à part. Le genre monotypique Przewalskium fut ainsi créé.
Le nom scientifique actuel du cerf de Thorold ne semble pas totalement défini. En effet, l'ITIS considère comme valide Przewalskium albirostre alors que MSW et l'IUCN s'accordent tous les deux pour Przewalskium albirostris. Ainsi, le nom scientifique nommé ici est celui donné par la majorité des organismes taxonomiques actuels.