Le Loup de l'Est ressemble au loup gris, mais il est plus petit que ce dernier. Des analyses génétiques récentes montrent que le loup de l'Est aurait des gènes du coyote et du loup rouge. Sa fourrure est de couleur fauve et rougeâtre derrière les oreilles, et il a de longs poils noirs sur le dos et les flancs.
Les mâles adultes pèsent entre 25 et 35 kg, et les femelles, de 20 à 30 kg.
HABITAT
Le loup de l'Est se trouve surtout dans la région des Grands Lacs et celle du Saint-Laurent, au Québec et en Ontario. Son aire de répartition actuelle s'étend sur environ 210 000 km², ce qui représente 42 % de son aire initiale au Canada.
On le trouve généralement dans des forêts mixtes et des feuillus dans la partie sud de son aire de répartition, et des forêts mixtes et de conifères dans le Nord.
ALIMENTATION
Le loup de l'Est se nourrit principalement de cerf de Virginie et d'orignal, ainsi que de caribou dans la partie nord de son aire de répartition.
Contrairement aux loups gris qui sont globalement de plus grande taille, le loup de l'Est ne s'attaquent que très rarement aux orignaux, même si ces derniers sont abondants dans son aire de répartition. Si ses proies sont généralement des cervidés, ce canidé capture aussi volontiers de plus petits mammifères ou des rongeurs tels que les castors, les rats musqués et les souris.
POPULATION
Sa répartition et sa classification taxinomique (s'agit-il d'une espèce ou d'une sous-espèce ?) sont encore à ce jour en grande divergence. La population du loup est estimée à 2 000 individus, dont 1 000 sont des adultes reproducteurs répartis en 50 meutes.
La densité de population la plus élevée est celle du sud-ouest du Québec et du sud-est de l'Ontario, en particulier dans le Parc Algonquin. Bien que cette espèce ait disparu des parties les plus au sud et les plus peuplées de son aire, et bien que la chasse de certaines populations locales ne puisse se poursuivre au rythme actuel, l'abondance générale de l'espèce semble être restée relativement stable au cours des années 1990.
ESPÈCE OU SOUS-ESPÈCE ?
Au cours de l'histoire, la communauté scientifique a changé d'avis au sujet de la classification du loup de l'Est. Les premières classifications réalisées ont considéré que ce loup était une espèce distincte. Ensuite, en se basant sur les études morphologiques, on a émis l'hypothèse que le loup de l'Est serait une sous-espèce de loup gris et on l'a alors désigné sous le nom de Canis lupus lycaon. D'autres encore considèrent qu'il s'agit plutôt d'un hybride, résultat de croisements entre le loup gris, le loup rouge et le coyote.
Les études moléculaires réalisées en 2003 suggèrent de nouveau que le loup de l'Est est bien une espèce à part entière du Nouveau Monde. Il ne faut pas le confondre non plus avec un autre canidé tel que le lycaon (Lycaon pictus).
MENACES
La mortalité résultant des activités anthropiques, comme la chasse et le piégeage, les accidents sur les routes, les développements industriels, agricoles et résidentiels ainsi que le manque de proies sont les principaux facteurs limitant pour l'évolution de l'espèce.
Des études génétiques récentes ont également montré que des croisements sont possibles entre le loup de l'est et le coyote, ce qui pourrait constituer une menace à long terme pour l'intégrité génétique de l'espèce.
PROTECTION
Le loup de l'Est est protégé en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du gouvernement fédéral. Il est protégé par la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune du Québec. Cette loi interdit de chasser les individus de l'espèce et de perturber leur habitat sans permis.
La stratégie pour sauvegarder ce loup en Ontario a été adoptée en juin 2005 et représente un premier pas vers la conservation des loups dans la province. Malheureusement, la stratégie ne procure pas une protection adéquate, en particulier pour le loup de l'Est, qui demeure la proie des chasseurs à peu près partout sur son territoire.
Voici, selon la SNAP-VO, les mesures que le gouvernement devrait prendre :
- Établir immédiatement un comité consultatif permanent sur les loups.
- Appliquer immédiatement l'interdiction de tuer les loups gris et les loups de l'Est dans tous les parcs nationaux et les réserves fauniques.
- Appliquer de suite l'interdiction de tuer les loups de l'Est dans leur habitat actuel et historique (par exemple, dans le corridor Algonquin-Adirondacks, qui représente une zone idéale pour le rétablissement de l'espèce).
- Élaborer une stratégie provinciale de conservation en vue de stabiliser et augmenter le nombre de loups de l'Est.
PARC DE LA MAURICIE
Le loup de l’Est est un animal important pour l’écosystème du parc national de la Mauricie au Canada. Il se nourrit de proies comme le cerf et l’orignal et aide ainsi à maintenir leurs populations à des niveaux acceptables. Cela permet de maintenir à la fois la diversité et la richesse de la végétation du parc, ainsi que l’intégrité écologique de l’écosystème forestier tout entier. On ne compte pas moins de deux meutes comprenant chacune entre cinq et dix membres qui errent sur les 536 km² du parc national. Malheureusement, leurs déplacements se font également en dehors des limites du parc où ils ne sont pas protégés. Ils sont alors victimes de piégeage, de la chasse et de la circulation routière. Sans compter que l’habitat naturel de ce loup continue de diminuer au profit de l’agriculture, de l’industrie du bois et de l’expansion urbaine.
Beaucoup de gens ont des perceptions erronées sur les loups et certains en ont même peur. D’autres les considèrent comme un super prédateur qui menace le bétail et les animaux sauvages tels que le cerf et l’orignal. Ces personnes ne réalisent pas l’importance de la présence de ce canidé pour la santé des écosystèmes.
Pour relever le défi de protéger le loup de l’Est, le parc national de la Mauricie se concentre actuellement sur la recherche, la surveillance et l’éducation. Une importante étude, menée en partenariat avec l’Université de Sherbrooke, sur seize loups portant des colliers émetteurs dans une zone de 3 500 km² a permis de savoir comment ces animaux vivaient. La zone comprenait des terres à l’intérieur et à l’extérieur du parc.
Les résultats confirment, entre autres choses, qu’il y a suffisamment de proies pour répondre aux besoins de deux meutes de loups et même d’en permettre leur croissance démographique. Pourtant quand les loups voyagent en dehors du parc, ils sont piégés et abattus à un rythme qui risque fort d’entraîner des baisses de population. Leur survie dépend donc de la collaboration régionale.
En utilisant les informations recueillies, les parcs nationaux du Canada peuvent prendre des mesures pour assurer la survie du loup de l’Est tels que l’élaboration d’une stratégie de conservation dans et en-dehors du parc et créer un programme d’éducation sur l’importance du loup pour les écosystèmes forestiers de la région. Tout ceci dans le but de changer les perceptions qu’ont les gens du loup.
Espérons que ces efforts permettront de stabiliser et même de croître les populations de loups de l’Est. Dans l’intervalle, les deux meutes sont toujours surveillées. Les parcs nationaux du Canada cherchent à comprendre comment les loups utilisent leur habitat à l’intérieur et à l’extérieur des réserves et de déterminer les effets à long terme des activités humaines sur les populations de loups.
Le parc national de la Mauricie continue aussi à sensibiliser les communautés locales et les visiteurs grâce à son programme d’éducation du loup de l’Est. Développé en collaboration avec Info-Nature Mauricie, le programme comprend des expositions, des conférences, des affiches murales, des brochures, des trousses d’enseignement et bien plus encore.